Dictionnaire des sciences philosophiques/2e éd., 1875/Adéquat
par une société de professeurs et de savants
ADÉQUAT, se dit en général de nos connaissances et surtout de nos idées. Une idée adéquate est conforme à la nature de l’objet qu’elle représente. Mais quels sont les objets véritables de nos idées, ou, ce qui revient au même, quels sont les modes de notre intelligence auxquels le mot idée, conformément aux plus illustres exemples, doit être consacré particulièrement ? L’idée nous représente l’essence invariable et intelligible des choses, tandis que la sensation correspond aux modes variables, aux apparences fugitives. Par conséquent, plus elle est étrangère à la sensation, et épurée des affections de la sensibilité en général, plus elle est conforme à la nature réelle de la chose représentée, c’est-à-dire plus elle est adéquate. C’est dans ce sens que ce mot a été employé surtout par Spinoza, qui s’en sert très-fréquemment. Aux yeux de ce philosophe, la connaissance adéquate par excellence, la connaissance parfaite, c’est celle de l’éternelle et infinie essence de Dieu, implicitement renfermée dans chacune de nos idées (Eth., part. II, de Anima). C’est dans cette connaissance qu’il fait consister l’immortalité de l’âme et le souverain bien.