Dictionnaire des proverbes (Quitard)/prune
prune. — Ce n’est pas pour des prunes.
Ce n’est pas pour rien. — Sganarelle dit :
Si je suis affligé, ce n’est pas pour des prunes.
On fait venir cette expression du conte suivant, rapporté par La Monnoye : Martin Grandin, doyen de Sorbonne, avait reçu en présent quelques boîtes d’excellentes prunes de Gènes qu’il enferma dans son cabinet. Ses écoliers ayant trouvé sa clef, firent main basse sur ses boîtes. Le docteur fit grand bruit, et il allait chasser tous ses pensionnaires, si l’un d’eux, tombant à genoux, ne lui eût dit : « Eh ! monsieur ; on dira que vous nous avez chassés pour des prunes. » À ce mot, le bon doyen ne put s’empêcher de rire et il se calma. — Le sel de ce conte prouve que cette expression était déjà reçue, et qu’il faut en aller chercher l’origine encore plus loin. Elle est née, sans doute, de ce que les prunes étaient autrefois très communes et à vil prix, comme l’indique ce vieux dicton qu’on emploie ironiquement pour répondre à quelqu’un qui offre une chose ou les restes d’une chose dont il est dégoûté : Mangez de nos prunes, nos pourceaux n’en veulent plus.