Dictionnaire des proverbes (Quitard)/paon
paon. — Il est comme le paon qui crie en voyant ses pieds.
C’est ce qu’on dit d’un glorieux qui se fâche quand on lui montre ses défauts. — On prétend que le paon se met à crier à la vue de ses pieds, et que son cri, en pareille circonstance, n’est qu’un gémissement arraché à sa vanité. Cependant Buffon affirme que c’est là une supposition qu’on n’a pu faire qu’en prêtant nos mauvais raisonnements à cet oiseau, dont les pieds ne lui ont rien offert de difforme. Mais, que la chose soit vraie ou supposée, elle n’en a pas moins servi de fondement à la phrase proverbiale qui n’est pas de fraîche date ; car on trouve dans une chanson de Raimbaud de Vaqueiras ou Vacheiras, troubadour du xiie siècle, un passage curieux qui certainement y fait allusion, s’il n’y a pas donné lieu. Ce poëte dit à sa dame : « Le jour qu’Amour fit choix de nous deux, votre beauté m’inspira la fierté du paon, lorsqu’il contemple les brillantes couleurs de son plumage, et que, tout glorieux, il s’élève au haut des toits. Cet oiseau se livre à son orgueil jusqu’à ce que, baissant la tête, il aperçoive ses pieds, etc. »
Aquel orguelh li tre tro quel cap clina
Que ve sos pes, etc.