Dictionnaire des proverbes (Quitard)/pair

pair. — Entendre le pair.

Le pair des monnaies est ce qu’il y a de plus important à connaître dans les opérations du change. Il est la clef de tout le système monétaire ; et ce n’est que par là qu’on peut résoudre les questions de finance et de commerce qui ont pour objet l’appréciation des valeurs. Dès l’instant que le pair est établi, on convertit facilement en monnaie d’un pays une somme quelconque exprimée en monnaie étrangère, et réciproquement. Cette conversion résulte de la comparaison exacte du titre, du poids légal et de la valeur intrinsèque de l’unité monétaire d’un autre pays.

L’établissement du pair présentait autrefois en France beaucoup de difficultés, à cause de la multiplicité des monnaies, de leur variation continuelle et de l’altération que leur avaient fait subir Philippe-le-Bel, Philippe de Valois et Jean-le-Bon, trois rois que les historiens ont justement flétris du surnom de faux monnayeurs[1]. Ainsi il fut très naturel de désigner un habile changeur par l’expression il entend le pair, expression appliquée depuis, par une extension proverbiale, à tout homme qui montre de l’intelligence dans le maniement des affaires.

  1. Lors de l’avènement de Hugues Capet, on comptait en France plus de cent cinquante monnaies différentes, dont la plupart s’excluaient réciproquement, ce qui rendait presque impossible le commerce de province à province. La monnaie royale n’eut cours, dans tout le royaume, que sous le règne de Louis IX, qui eut seul le droit de l’aire frapper des pièces d’or et d’argent, en laissant à plus de quatre-vingts seigneurs celui d’en fabriquer d’une autre matière.