Dictionnaire des proverbes (Quitard)/noce

noce. — Allez-vous-en, gens de la noce,
noce. — Allez-vous-en chacun chez vous.

C’est le début et le refrain d’une vieille chanson. « Cette chanson, dont on ne connaît ni l’origine ni la date, dit M. A.-A. Monteil, nous a été sans doute apportée par les siècles précédents, comme les Contes des Veillées des bonnes gens, qui ne sont que les fabliaux du xiie et du xiiie siècle. On prétend qu’elle fut faite pour le mariage de l’économe roi Dagobert et de l’économe reine Berthilde, sa femme. »

Il ne s’est jamais trouvé à pareilles noces.

Il n’a jamais éprouvé un pareil traitement. — Cette locution est fondée sur un usage pratiqué jadis en Poitou, après les repas d’épousailles. Tous les convives, en sortant de table, n’avaient rien de plus pressé que de mettre leurs mitaines et de se donner les uns aux autres des coups de poing qui fesaient plus de bruit que de mal. C’était un exercice mnémonique, institué par la joie, pour rendre plus durable le souvenir de la fête dont on venait de jouir ; mais il dégénéra, dans la suite, au point de rappeler le combat des Centaures et des Lapithes aux noces de Pyrithoüs, rixa debellata super mero : ce qui en nécessita l’abolition. Rabelais n’a pas oublié cette singulière coutume dans la description qu’il a faite des noces du seigneur de Basché (liv. iv, chap. 14) : « Pendant qu’on apportoit vin et espices, coups de poing commençarent trotter. Chicquanous en donna nombre au prestre Oudart. Soubs son suppellis avoit Oudart son guantelet caché ; il s’en chausse comme d’une mitaine, et de daubber Chicquanous, et de frapper Chicquanous ; et coups de jeunes guantelets de touts coustez pleuvoir sus Chicquanous. Des nopces, disoient-ils, des nopces, des nopces : vous en soubvienne. Il fut si bien accoustré que le sang lui sortoit par la bouche, par le nez, par les aureilles, par les œilz. Au demourant, courbatu, espaultré et froissé, teste, nucque, dours, poictrine, bras et tout. »

Noces de mai, noces mortelles.

Proverbe fondé sur une superstition qui règne en plusieurs pays, particulièrement en Provence, et qui a été transmise des païens aux chrétiens, comme l’attestent ces vers d’Ovide, extraits du livre V du poëme des Fastes.

Nec viduæ, tædis eadem nec virginis apta
Tempora : quæ nupsit non diuturna fuit.
Hâc quoque de causà si te proverbia tangunt,
Mense malum maio nubere vulgus ait.

« Ce temps n’est pas favorable pour l’hyménée de la vierge ou de la veuve. Celle qui a pris alors un époux a cessé bientôt de vivre. Et, si les proverbes peuvent être ici de quelque poids, je rappellerai ce proverbe du peuple : Il est mauvais de se marier au mois de mai. »

Plutarque, dans la quatre-vingt-sixième de ses Demandes romaines, a recherché les causes de cette superstition ; et voici ce qu’il en a dit : « Pourquoi les Romains ne se marient point au mois de mai ? Est-ce parce qu’il est au milieu d’avril et de juin, dont l’un est consacré à Vénus et l’autre à Junon, déesses qui ont toutes deux la cure et la superintendance des noces, au moyen de quoi ils (les Romains) avancent ou retardent un peu. Ou est-ce qu’en ce mois-là ils font la cérémonie de la plus grande purgation ?… En ce temps-là, la prêtresse de Junon ou la Flaminea est toujours triste, comme en deuil, sans se laver ni parer. Ou bien est-ce parce que plusieurs des peuples Latins font oblation aux trépassés en ce mois ? et c’est pourquoi ils adorent Mercure en ce même mois, joint qu’il porte le nom de Maïa, mère de Mercure. » (Traduction d’Amyot.)