Dictionnaire des proverbes (Quitard)/luron
luron. — C’est un luron.
« Ce mot très caractéristique, très populaire, sans être trop trivial, et que Désaugiers, toujours si correct, a souvent employé dans ses jolies chansons, ne se trouve dans aucun dictionnaire. Il y a plus : on ne lui connaît aucune analogie immédiate, et la lettrine lur, qui exprime une des racines les plus gracieuses et les plus fluides que puisse articuler la voix humaine, est tout à fait inusitée chez nous comme initiale. Je ne serais pas éloigné de croire que luron est fait de ce mimologisme commun du chant et de la danse, de ce trala deri dera, qui supplée aux paroles, et quelquefois à la musique dans les fêtes joyeuses du peuple, et qui a fourni aux vieux chansonniers, entre autres gais refrains, luron, lurette et lalure. Un luron ne demande qu’à chanter et à danser. Ma lurette est devenu, dans ce sens, un nom de femme. Dans le langage grivois, on appelle une fille de mœurs suspectes, une landarirette, une luronne. Ménage n’aurait pas manqué de tirer luron de l’italien lurcone, un homme de plaisir, un voluptueux, un gourmand. S’il n’avait pas l’origine que je lui attribue, je le chercherais plus volontiers dans les langues du nord. C’est à elles que nous devons son complément godelureau, littéralement un bon lureau, ou un bon luron. Nous avons conservé cette dernière expression en adoptant l’autre. » (M. Ch. Nodier.)