Dictionnaire des proverbes (Quitard)/innocent

innocent. — C’est un innocent fourré de malice.

La Monnoye pense qu’au lieu d’innocent fourré de malice, on a dit primitivement innocente fourrée de malice, par équivoque d’une sorte de robe nommée innocente avec une fille ou femme qui fait l’innocente, la simple, et qui dans l’ame ne l’est point.

Donner les innocents.

La fête des innocents se célébrait autrefois d’une façon singulière. On tâchait de surprendre le matin, au lit, les jeunes personnes et de leur donner le fouet par forme de jeu. Cette indécente parodie du martyre qu’Hérode fit subir aux enfants de Bethléem et des environs, était désignée par l’expression donner les innocents, ou par le verbe innocenter dont Marot s’est servi dans l’épigramme suivante, qui indique jusqu’où pouvait aller l’abus de la chose ;

Très chère sœur, si je savois où couche
Votre personne, au jour des innocents,
De bon matin j’irois à votre couche
Veoir ce gent corps que j’aime entre cinq cents.
A donc ma main (veu l’ardeur que je sens)
Ne se pourroit bonnement contenter
De vous toucher, tenir, taster, tenter :
Et si quelqu’un survenoit d’aventure,
Semblant ferois de vous innocenter.
Seroit-ce pas honneste couverture ?

Aux innocents les mains pleines.

On dirait qu’il y a une providence qui protège les innocents et les imbéciles, les fait réussir dans leurs entreprises et ne les laisse manquer de rien. (Voyez le proverbe, Les sots sont heureux.)