Dictionnaire des proverbes (Quitard)/fier
fier. — Fier comme Artaban.
Cette comparaison proverbiale, qu’on applique à une personne ridicule par l’exagération de sa fierté, date seulement du dix-septième siècle, et elle fait allusion au caractère orgueilleux d’Artaban, personnage d’un roman de la Calprenède, qui obtint alors une grande vogue. C’est à tort qu’on l’a rapportée à une époque antérieure, en la fondant sur le trait historique du roi des Parthes, Artaban IV, qui jura de poursuivre la guerre contre Rome jusqu’à ce que le dernier Romain ou le dernier Parthe eût péri, et qui, dans l’ivresse d’un succès, prit le double diadème avec le titre de grand roi.
Fier comme un pou.
Cette comparaison méprisante est une abréviation de cette autre, aujourd’hui inusitée : Fier comme un pou sur son fumier. Le mot pou y figure comme synonyme de coq. Voici un passage de la vie de saint Hilaire où il a la même signification. « Quand Hilaires fu entrez ou concile, le pape li dist : Tu es Hilaires li gauz ; et Hylaires li respondist : Je ne suis pas galz, c’est-à-dire poux, mais je suis de France, et ne suis mie nez de geline. » (Vita ss. mss. ex cod. 28, s. Vict. Paris, fol. 28, vo, col. 1.)
Fier comme un pou, se dit d’un homme qui se glorifie dans sa turpitude. C’est ainsi qu’on dit encore : Gallus cantat in suo sterquilinio ; proverbe du moyen âge qui fut peut-être présent à l’esprit de Napoléon lorsque, voulant adopter l’aigle pour enseigne impériale, il répondit à ceux qui lui conseillaient de prendre le coq gaulois : Non, non ; c’est un oiseau qui chante sur le fumier.
Fier comme un pou sur une gale.
Dans cette comparaison, à laquelle peut avoir donné lieu la précédente encore plus ancienne, Fier comme un pou sur son fumier, le mot pou ne désigne plus le coq, mais l’insecte qui s’engendre de la malpropreté. On trouve dans Le pédant joué de Cyrano de Bergerac (act. ii, sc. 2), Se carrer comme un pou sur une rogne.