Dictionnaire des proverbes (Quitard)/capon
capon. — Faire le capon.
C’est faire un acte de poltronerie ou de lâcheté, chercher à tromper, dissimuler pour arriver à ses fins ; et, dans un sens spécial, hanter quelque tripot afin d’y prêter à gros intérêts de l’argent aux joueurs.
Le terme de capon s’appliqua primitivement aux Juifs. Il y a une charte de Philippe-le-Bel qui appelle leur communauté Societas caponum, et le lieu de leurs assemblées Domus societatis caponum, maison de la société des capons ou chapons. On ne sait pas au juste pourquoi ils furent désignés ainsi ; mais les raisons qui firent depuis employer ce terme comme synonyme de poltron, lâche, fourbe, hypocrite, usurier, s’expliquent aisément par les habitudes de cette race autrefois proscrite et malheureuse. Il ne leur était pas permis de paraître en public sans une marque jaune sur l’estomac. Philippe-le-Hardi les obligea même de porter une corne sur la tête. Il leur était défendu de se baigner dans la Seine ; et quand on les pendait, c’était toujours entre deux chiens. En horreur au peuple qui leur fesait essuyer toute sorte d’avanies, exposés aux mauvais traitements des seigneurs qui voulaient les rançonner, victimes de l’avarice des princes qui les chassaient pour s’emparer de leurs biens et qui leur accordaient ensuite la permission de revenir moyennant de fortes sommes, les Juifs nécessairement devaient manquer de courage, opposer la ruse et l’hypocrisie à la violence, et chercher à réparer par l’usure d’iniques spoliations.