Dictionnaire des proverbes (Quitard)/allemand
allemand. — Faire une querelle d’Allemand.
Faire une querelle sans sujet ou pour un très mince sujet. Ce que les Italiens appellent Pigliar la cagione del petrosello. Prendre la cause du persil.
Les Allemands, que Ronsard appelle la gent pronte au tabourin, c’est-à-dire prompte à faire du bruit, furent longtemps d’incommodes voisins pour la France, et se montrèrent toujours prêts à saisir le moindre prétexte pour faire des irruptions sur son territoire. De là est venue probablement notre expression proverbiale. Elle peut être venue aussi de ce que les seigneurs allemands, autrefois fort adonnés aux plaisirs de la table, se cherchaient dispute à tout propos, une fois qu’ils étaient échauffés par le vin. — On disait, au moyen âge : Li plus ireux (les plus enclins à l’ire ou à la colère) sont en Allemaingne.
C’est du haut allemand.
C’est inintelligible. Molière a dit (Dépit amour., act. ii, sc. 7) :
Mon père, quoiqu’il eût la tête des meilleures,
Ne m’a jamais rien fait apprendre que mes heures,
Qui, depuis cinquante ans, dites journellement,
Ne sont encor pour moi que du haut allemand.
On trouve dans plusieurs passages de Rabelais, notamment dans le prologue du livre 4 : N’y entendre que le haut allemand.
Cette expression est fondée sur l’ignorance générale où étaient nos pères du langage des habitants de l’Allemagne supérieure, avec lesquels ils n’avaient presque point de commerce. Ce langage, au reste, n’était pas toujours bien compris des habitants de l’Allemagne inférieure, comme l’atteste l’aventure des trois Bavarois, de tribus Bavaris, rapportée par Bebelius, au livre 3e de ses Facéties. Le pur saxon, ou le haut allemand, ne commença à prévaloir sur les nombreux dialectes germaniques et à devenir familier que par suite du choix qu’en firent les premiers écrivains de la réforme.