Dictionnaire des proverbes (Quitard)/Roger Bontemps

roger bontemps. — C’est un Roger Bontemps.

Cette dénomination proverbiale qu’on applique à un homme qui n’engendre point mélancolie et ne songe qu’à mener joyeuse vie, est, selon Le Duchat, une altération de réjoui, bontemps, deux épithètes qu’on donne à un bon compagnon ; et, suivant E. Pasquier, de rouge bontemps, parce que, dit-il, la couleur rouge au visage d’une personne promet je ne sais quoi de gai et non soucié. Fleury de Bellingen pense qu’elle est venue d’un seigneur nommé Roger, de la famille de Bontemps, dans le Vivarais, homme sans souci et grand amateur de la bonne chère. L’opinion la plus accréditée et la plus probable, est celle de l’abbé Lebœuf, qui en rapporte l’origine à Roger de Collerye. Ce poëte, qui fut prêtre et secrétaire de deux évêques d’Auxerre, Jean Baillet et François de Dinteville, à la fin du xve siècle et au commencement du xvie, avait pris le titre de Bontemps, justifié par la gaieté de son caractère et de ses productions. La première de ses pièces est un dialogue intitulé : Satyre pour l’entrée de la royne à Auxerre. Les vignerons de cette ville y discourent sur les usuriers. Bontemps, qui en est un des principaux acteurs, inspire la joie et la communique à tous les autres.

On a prétendu que la dénomination de Roger Bontemps concernait Pierre Roger, troubadour du xiie siècle, chanoine d’Arles et de Nîmes, qui abandonna ses bénéfices pour aller, de cour en cour, jouer des comédies dont il était l’auteur ; mais on n’a appuyé cette assertion d’aucune preuve.