Dictionnaire des proverbes (Quitard)/Claude

claude.Être bien Claude.

L’empereur Claude a donné lieu à cette expression proverbiale, qu’on applique à un niais, à un idiot. Affligé, pendant son enfance, de maladies graves et opiniâtres, il ne fut jugé propre à aucune fonction. Auguste, son grand-oncle maternel, n’en faisait pas le moindre cas ; et Antonia, sa mère, qui le traitait d’ébauche et d’avorton de la nature, disait, toutes les fois qu’elle voulait taxer quelqu’un de bêtise : Il est plus imbécile que mon fils Claude. Une telle opinion se trouva souvent confirmée par les sottises qu’il fit dans le cours de sa vie. Il prenait si peu garde à ses actions et à ses paroles, qu’il médita un édit pour permettre de soulager, à table, le ventre et l’estomac de l’incommodité des vents, et qu’il s’écria un jour en plein sénat, à propos de bouchers et de marchands de vin : Je vous le demande, pères conscrits ; qui peut vivre sans andouillettes ? Malgré des disparates si extraordinaires, il ne manquait pas d’instruction. Il inventa, dans sa jeunesse, trois nouvelles lettres qu’il fit ajouter dans la suite à l’alphabet, et dont il fit adopter l’usage pour les livres, actes publics et inscriptions de son temps. Il s’appliqua à la littérature, et composa plus de cinquante volumes, parmi lesquels se trouvaient les mémoires de sa vie, une apologie de Cicéron et deux histoires, l’une des Étrusques, l’autre des Carthaginois. Le philosophe Sénèque, qui l’avait loué pendant sa vie, le peignit, après sa mort, métamorphosé en citrouille dans l’Apocoloquintose. Et cette satire contribua beaucoup à accréditer les idées défavorables attachées au nom de Claude.