Dictionnaire des proverbes (Quitard)/école

école. — Révéler les secrets de l’école.

C’est apprendre aux étrangers ce dont les confrères seuls doivent être instruits. — Dacier rapporte l’origine de cette expression à la loi fondamentale de l’école de Pythagore qui défendait de communiquer aux profanes les dogmes de sa doctrine. Platon, Aristote, les épicuriens, les stoïciens, et presque tous les philosophes de l’antiquité avaient aussi dans leur enseignement plusieurs choses que leurs disciples étaient obligés de tenir secrètes.

Faire l’école buissonnière.

Cette expression, suivant les uns, fait allusion à la conduite de certains pédagogues qui, pour se soustraire à un droit qu’ils devaient payer aux chantres de l’église de Notre-Dame, allaient établir leurs classes en plein air, hors de la ville. Elle est venue, suivant les autres, de ce que les luthériens et les calvinistes, dont on ne tolérait pas les écoles, en avaient de clandestines qui se tenaient dans les halliers et les bois. Les deux explications se fondent également sur un arrêt du 5 août 1552, par lequel le parlement défendit tout enseignement que le chantre de Paris n’aurait pas autorisé, et particulièrement les écoles buissonnières. Mais l’expression est beaucoup plus ancienne que les faits auxquels on a voulu la rattacher. Elle existait au commencement du xiiie siècle et s’appliquait aux conciliabules secrets des Albigeois. Elle se trouve implicitement dans un passage de la Nouvelle de l’Hérétique (las Novas del Heretge), poëme du troubadour Izarn, missionnaire dominicain et inquisiteur employé à convertir ces hérétiques. L’auteur, parlant à un théologien de la secte proscrite, lui dit : Tu n’as garde de prêcher ta doctrine dans les églises, ni sur les places ; tu la prêches dans les bois, dans les broussailles et tes buissons.

Tu no vols demostrar ta predicatio
En gleyza ne en plassa, ni vols dir ton sermo,
Sinon o fas en barta, en bosc, o en boisso[1].

Si l’on veut assigner une origine historique à la locution, c’est là certainement qu’il faut la chercher. Mais n’est-il pas plus naturel de penser qu’on a dit Faire l’école buissonnière par la même raison qu’on dit Prendre ou Se donner campos, en faisant allusion aux escapades des écoliers villageois qui vont courir les champs et chercher des nids dans les haies et les buissons ?

  1. La pièce d’Izarn, composée d’environ huit cents vers alexandrins, a beaucoup d’importance sous le rapport historique. C’est une controverse qui contient la réfutation en forme et par conséquent l’exposé de la doctrine attribuée aux Albigeois. On y voit de quelle manière on s’y prenait pour convertir ces malheureux, et avec quel zèle à la fois absurde et barbare on renforçait les arguments par la terreur des supplices. Image parlante de l’ancienne inquisition.