Dictionnaire des mœurs/Texte entier/G

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G

Gain = L’homme délicat ne détermine le ſien ni ſur l’opinion de ſon mérite, ni ſur l’utilité de ſes ſervices : il s’en rapporte à l’honnêteté, ſi le ſentiment eſt ſon motif ; & à l’uſage, ſi l’intérêt eſt ſon objet.

Galanterie = Elle prouve quelquefois mieux l’amour que les ſerments ; mais elle n’en tient pas lieu.

Générosité = Qualité de l’ame qui exige l’eſprit, la réflexion, ou les ſacrifices noblement accordés, pour s’élever à la ſublimité ; elle n’eſt, ſans cela, qu’une vertu de tempérament.

Génie = Préſent de la nature ſupérieure à l’eſprit, à qui il eſt plus utile que ce dernier ne lui eſt néceſſaire.

Gentilhomme = Homme qui a des devoirs à remplir, des modeles à ſuivre ; & qui ſe diſpenſe des deux avec une audace qui tient du délire, ou avec une baſſeſſe qui excite la pitié.

Gentilhommiere = Séjour où les paſſions jouiſſent de toute la liberté que donne la nature, par une heureuſe groſſiereté qui équivaut à la philoſophie.

Goût = Le goût a commencé à corrompre les mœurs, en inventant les modes, & en perfectionnant les plaiſirs. Il n’a pas fait moins de tort à l’amour, en diſpenſant des ſentiments, & en autoriſant les faveurs.

Gouverneur = Homme honoré d’un grand titre dont il eſt rarement digne, ou d’un emploi important dont il eſt rarement capable. L’abus de ſes fonctions eſt, à-peu-près, le terme de ſa capacité.

Grace = Il n’eſt point rare de voir un homme accorder aiſément des graces, & refuſer de rendre juſtice ; & il n’eſt pas moins commun de voir le vice de ce caractère échapper au jugement de la multitude.

Graces = Il en eſt peu de naturelles ; mais chez quelques femmes on peut les regarder comme des copies tracées par un grand maître.

Gradation = Méthode néceſſaire pour prévenir l’envie, & pour perfectionner l’amour. En arrivant par degrés au trône de la fortune & au terme des deſirs, on ſe prépare une poſſeſſion plus tranquille & une jouiſſance plus douce : c’eſt la ſcience du cœur & de l’eſprit.