Dictionnaire des antiquités grecques et romaines/ACATUS, ACATIUM


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ACATUS, ACATIUM (Ἄκατος, Ἀκάτιον). — Petit bâtiment dont le nom se rencontre assez fréquemment dans les auteurs anciens, mais dont aucun n’a laissé une définition précise. Des divers passages où il en est question, il résulte que ce nom, resté indéterminé, comme chez nous ceux de barque ou d’embarcation, s’appliquait à des navires d’importance et de destination diverses. Hérodote[1] parle d’acates servant à transporter des grains ; Lucien[2] appelle de même un navire de charge pouvant contenir des passagers en grand nombre, des armes, des provisions, et en état de résister à une longue et pénible traversée ; mais, en général, ce nom désigne des bâtiments légers et surtout propres à la course. Tels étaient ceux dont se servaient les pirates, « légers, étroits, de facile manœuvre, embarquant, dit Strabon[3], environ vingt-cinq hommes, rarement capables d’en porter trente. » Thucydide raconte que les habitants de Mégare assiégée par les Athéniens, dans la guerre du Péloponèse, sortaient pendant la nuit pour exercer la piraterie ; ils transportaient sur une charrette jusqu’à la mer et faisaient rentrer de la même manière dans la ville, avant le jour, un de ces navires, que l’historien appelle ἀκάτιον ἀμφηρικόν, c’est-à-dire que chaque rameur y maniait deux avirons[4]. Quand Carthage fut réduite à toute extrémité par la révolte des mercenaires, elle arma les plus grandes acates qui se purent trouver[5] ; c’étaient par conséquent des navires qui n’avaient pas auparavant cette destination. D’autres témoignages prouvent encore que des acates servaient à la pêche[6], ou comme embarcations attachées à de plus grands vaisseaux[7], qu’elles naviguaient tantôt à la rame[8] et tantôt à la voile[9], et qu’elles étaient au besoin munies de gouvernails[10], d’ancres[11], et quand elles devaient combattre, d’éperons. Ce dernier trait leur est attribué par Pline[12], aussi bien que la poupe arrondie et courbée en dedans ; mais ce sont là des caractères qui ne les distinguent pas de la plupart des autres navires. Plutarque[13] appelle ἀκάτιον le bateau dans lequel se jeta César surpris à Alexandrie, d’où il gagna à la nage un bâtiment en rade, et Suétone, racontant le même fait[14], lui donne le nom de scapha ; il s’agit donc ici d’une chaloupe. Enfin, les poëtes grecs se servent quelquefois du mot ἄκατος en parlant de la barque de Caron, le nocher des enfers. On voit combien serait peu rigoureuse toute définition de l’acate. II. Acatium, Ἀκάτιον, Ἀκάτειος ἱστός, nom du deuxième mât (et sans doute aussi, dans les plus grands bâtiments, celui du troisième), par opposition au grand mât du milieu (ἱστὸς μέγας). Le nom venait vraisemblablement de ce que ce mât ressemblait par son gréement au mât unique des petites embarcations appelées acates, quand elles naviguaient à la voile.

De même, on appelait acatia, ἀκάτεια ἱστία, les voiles attachées à ce second ou troisième mât 15[15] [malus].

III. Acatus, Ἄκατος, était aussi le nom d’un vase à boire dont la forme rappelait celle d’une barque. C’est tout ce qu’on peut conclure des
Fig. 30-31. Vases on forme de bateau.
textes grecs où cette ressemblance est indiquée 16[16]. Au lieu de pied, ce vase avait peut-être, comme la phiale, un ombilic (ὄμφαλος) servant à le saisir 17[17]. La structure du navire appelé acate étant, comme on l’a vu plus haut, très-indéterminée, il est impossible de dire avec précision
Fig. 31. Vase servant aux libations..
quelle était la forme du vase du même nom. Ce vase n’était pas le seul d’ailleurs dont le nom fût dérivé d’une semblable analogie de formes [cymbe, cymbium, scapha, trieres] Nous en offrons ici deux exemples tirés de la collection du Louvre (fig. 30 et 31), sans prétendre reconnaître lequel des noms que nous venons de citer convient le mieux à chacun de ces vases. On en voit un presque entièrement semblable, servant à faire une libation (fig. 32), sur un vase peint de l’ancienne collection d’Hamilton 18[18]. De même, dans un passage d’Athénée 19[19], ce sont des acates de grande dimension que l’on prend pour les libations qu’on avait l’habitude de faire à la fin du repas. E. Saglio.

Bibliographie. O. Müller, Etrüsker, III, 4. 12 ; Hertzberg. De diis rom. patriis, Halæ, 1840, p. 37 et sq. ; Schwegler, Röm. Geschichte, I, p. 375, 395, 431 ; Preller, Rom. Mu. ob. p.422 ; Huschke. Das alte römische Jahr. Breslau, 1869, p. 14 et 117.

  1. ACATUS, ACATIUM. 1 VII, 186.
  2. 2 De ver. narr. I, 5.
  3. 3 XI, 758 B.
  4. 4 Thuc. IV, 47, et Schol. ad h. l.
  5. 5 Polyb. I, 73, 2.
  6. 6 Oppian. Hal. V, 154 Suid. s. v.
  7. 7 Heliod. V, 37, p. 249 ; Agathias, III, c. 21, p. 57 ; Acta apostol. XXVII, 2.
  8. 8 Thuc. l. c.
  9. 9 Xen. Hellen. VI, 2, 27 ; Pind. Pyth. XI, 60 Lucian. l. c.
  10. 10 Böckh, Urkunden über das Seewesen des attisch. Staates, XI. u ; Theogris, 457.
  11. 11 Thuc. VII, 59.
  12. 12 Hist. Nat. IX, 30, 49.
  13. 13 Caes. 64.
  14. 14 Caes. 64.
  15. 15 Xen., Hell. VI, 2, 27 ; Phrynic. ap. Bekker, Anecd. p. 19, 10. —
  16. 16 Athen. XI, 782 f ; Hesych. Άκατιον. —
  17. 17 Athen. XI, 502. —
  18. 18 D’Hancarville, Vases d’Hamilton, 1767, t. II, pl. 121. —
  19. 19 XV. 692, f.