Dictionnaire de théologie catholique/VICTOR DE CARTENNA

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 673-674).

VICTOR DE CARTENNA, évêque et écrivain africain du ve siècle. — Nous n’avons pas d’autres renseignements sur ce personnage que ceux fournis par Gennade, De vir. illustr., 77. Nous ne connaissons donc rien de sa vie, sinon qu’il faut la placer sous le règne de Genséric (428-477), et la date de sa mort nous reste ignorée. Selon Gennade, Victor aurait écrit les ouvrages suivants :

1. Un long traité en un livre Contre les ariens ( Adversus Arianos), qu’il dédia au roi Genséric. L’historien avait trouvé, dans la préface du livre, ce renseignement. L’ouvrage semble définitivement perdu.

— 2. Un livre sur la pénitence publique, dans lequel il donnait une règle de vie aux pénitents, en s’appuyant sur l’autorité des Écritures. Parmi les apocryphes de saint Ambroise figure un De pœnitentia, P. L., t. xvii, col. 971-1004, dont l’auteur déclare lui-même porter le nom de Victor. Sans doute, dans deux des manuscrits connus de cet ouvrage, la composition est attribuée à Victor de Tunnunum, connu par ailleurs comme l’auteur d’une Chronique ; et quelques critiques font confiance à ce témoignage. Mais on peut croire que les copistes se sont trompés en identifiant un Victor qu’ils ne connaissaient pas autrement à l’auteur de la Chronique, et il y a beaucoup de chances pour que ce dernier n’ait jamais écrit sur la pénitence. D’autre part, le contenu du livre du pseudo-Ambroise correspond assez exactement avec ce que nous apprend Gennade sur l’ouvrage de l’évêque de Cartenna. Il est donc assez vraisemblable de voir en lui l’auteur de ce livre qui, écrit dans une langue brillante, mériterait d’être étudié à nouveau. — 3. Un petit livre adressé à un certain Basile pour le consoler de la mort de son fils. Gennade ajoute que cet ouvrage donne une instruction achevée sur l’espérance de la résurrection. Parmi les apocryphes de saint Basile de Césarée, nous possédons un traité rédigé en latin, intitulé De consolatione in adversis, P. G., t. xxxi, col. 1687-1704, qui n’a rien de commun avec l’évêque de Césarée, et qui, sans aucun doute, est une œuvre originale latine. On s’est demandé si l’attribution de ce livre à saint Basile n’était pas le résultat d’une confusion et si les copistes n’avaient pas pris le nom du destinataire pour celui de l’auteur. Dans ce cas, on pourrait être tenté de voir dans le De consolatione du

pseudo-Basile l’œuvre de Victor. Toutefois, cette hypothèse est difficile à admettre : Tandis que Victor consolait un père de la mort de son fils, l’auteur inconnu s’adresse à des lecteurs anonymes et il s’efforce, en utilisant le secours des Écritures, de les consoler non seulement de la mort de leurs proches mais de toutes les tristesses de la vie et spécialement des maladies. Suivant les bénédictins, qui en ont assuré la publication, le livre aurait été composé en Gaule, à une époque où la peste ravageait ce pays. P. G., t. xxxi, col. 155. Il n’aurait donc rien de commun avec Victor de Cartenna. — 4. Des homélies nombreuses, recueillies et groupées en livres par des frères soucieux de leur salut. Ces homélies ont complètement disparu.

Czapla, Œnnadius als Lilerarhistoriker, Munster, 1898, p. 151-153 ; F. Gôrres, Der echte und der fulscke Victor von Cartenna, dans Zeilschr. fur wissenschujtl. Théologie, t. xlix, 1906, p. 484-494.

G. Bardy.