Dictionnaire de théologie catholique/VAZQUEZ ou VASQUEZ Gabriel I. Vie II. Les livres

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 536-537).

VAZQUEZ ou VASQUEZ Gabriel, jésuite espagnol, l’un des principaux théologiens du xvie siècle (1549-1604). — I. Vie. II. Œuvres. III. Méthode. IV. Doctrine.

I. Vie.

Vazquez naquit le 18 juin 1519 a Villacs-CUsa de Haro, partie judiciaire de Belmonte, province de Cuença en Nouvelle (distille. Il fit ses études de latin au collège des jésuites à Belmonte et suivit lis ((uns de philosophie : i l’université d’Alcala, de 1565 à 1569. Un de ses professeurs de philosophie fut le célèbre dominicain Dominique Bafiez. Pendant sa quatrième année de philosophie, il entra au noviciat de la Compagnie de Jésus à Alcala de Henarès, le 10 avril 1569. Après son noviciat (1569-1571), qu’il fît à Alcala, Tolède et Sigùenza, il étudia la théologie à Alcala, en partie au collège de la Compagnie de Jésus, en partie à l’université (1571-1575). Pendant sa quatrième année de théologie, il soutint deux actes publics, le premier à Alcala, le second à Tolède, le 2 octobre 1575. En cette même année, il suivit à l’université les cours de langue hébraïque et acquit bientôt en cette langue une grande compétence.

Déjà durant sa seconde année de théologie, en 1572, Vazquez fut chargé de commenter aux étudiants de la Compagnie le De anima d’Aristote (il nous l’apprend : In I* m -II*, disp. LXXIX, n. 11). Après sa théologie, on l’envoya à Ocana pour y enseigner la morale pendant deux ans (1575-1577). Il écrivit alors son opuscule De restilutione. Pendant les deux années suivantes (1577-1579), il enseigna la théologie scolastique à Madrid. De là, il revint à Alcala, où il enseigna la même matière, d’abord aux seuls étudiants de la Compagnie (1580-1583), puis aux étudiants étrangers à l’ordre (1583-1585). Aux premiers, il commenta la P-II", aux autres, les neuf premières questions de la IIP de saint Thomas.

Le 30 juillet 1585, Vazquez fut appelé à Rome pour y remplacer le P. François Suarez, obligé de rentrer en Espagne pour refaire sa santé compromise. Avant son départ, il fit sa profession solennelle des quatre vœux en la chapelle du collège de Belmonte ; il avait alors 36 ans (22 septembre 1585). A Rome, la maladie l’empêcha de commencer ses cours avant le printemps de 1586. Avec le plus grand succès, il occupa sa chaire jusqu’en août 1591, en tout quatre ans et demi. En 1591, au grand regret des supérieurs et des élèves, il demanda à quitter Rome, non pour des motifs professionnels, mais en raison de malentendus nationaux ; voir R. de Scorraille, François Suarez, t. i, p. 286 sq. Rentré en Espagne, il séjourna pendant deux ans à Alcala, sans enseigner, occupé à la composition de ses livres. En 1593, il reprit son ancienne chaire d’Alcala, succédant au P. Suarez. En 1602, il fut incarcéré à Tolède par l’Inquisition. L’occasion de cette incarcération fut la présentation, dans le collège des jésuites d’abord et à l’université ensuite, d’une thèse du P. Louis de Torres (voir ci-dessus, l’article sur cet auteur) : « Il n’est pas de foi catholique que tel homme, par exemple Clément VIII, est le véritable successeur de saint Pierre ». Avec lui furent emprisonnés le P. Almazan, recteur du collège, le P. de Torres, auteur de la thèse, et le Fr. Diego de Onate qui l’avait défendue. Au bout d’un mois et demi, Almazan et Vazquez furent remis en liberté comme étrangers à la rédaction de la thèse. Vazquez conserva sa chaire d’Alcala jusqu’à sa mort, qui survint subitement à Jésus del Monte, maison de campagne du collège d’Alcala, le 30 septembre 1601.

Non moins que la science de Vazquez, ses contemporains louent ses vertus religieuses : humilité, obéissance, esprit de pauvreté, zèle des âmes. Certains se sont scandalisés plus que de raison de ses dissentiments et discussions avec son confrère François Suarez, dissentiments qu’on a bien des fois exagérés. Il est certain que les deux grands théologiens différaient d’avis en beaucoup de points et que leurs discussions manquaient parfois d’aménité. Lorsque parut le Dr câlin adoraiionis de Vazquez, Suarez rédigea une liste de quinze propositions qui lui semblaient condamnables. Vazquez rétorqua par une liste de trente-deux propositions qui, à son avis, étaient répréhensibles dans les enivres de Suarez ; cf. R. de Scorraille,

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op. cit., t. ii, p. 480-482. Vazquez réfute Suarez sous la mention anonyme peu flatteuse de recenliores quidam theologi. Suarez lui répond en le citant, sans le nommer, sous le titre peu aimable de quidam ; mais après la mort de Vazquez, il le combat en le nommant. Il n’y a pas à chercher sous ces discussions de l’envie ou de l’aversion, pas plus que sous les divergences qui opposèrent saint Augustin et saint Jérôme, saint Thomas et saint Bonaventure. Les deux théologiens s’estimaient beaucoup ; mais leur génie original et leur attachement à ce que chacun considérait comme la vérité les portait à une certaine intolérance intellectuelle, dont l’histoire de la théologie offre de nombreux exemples.

II. Œuvres.

Œuvres imprimées.

Elles forment 10 volumes in-folio, publiées en première édition à Alcala, de 1598 à 1617.

Commentariorum et disputationum in 7 am partem S. Thomse tomus I, 1598 : q. i-xxvi, de Deo et prsedestinatione. — In 7 a, D partem tomus II, 1598 : q. xxviilxv, de Trinitate, creatione et angelis. — In 7 am -7/ æ tomus I, 1604 : q. i-lxxxix, de actibus humanis et de peccato originali. — In 7° » >-77* tomus II, 1605 : q. xc-cxiv, de legibus, de gratia, de merito. — In 777 am partem tomus I, 1609 : q. i-xxvi, de unione hypostalica, contra adoptionem et servilulem Christi, de eultu adorationis. — In 777 am partem tomus II, 1611 : q. xxvii-xxxi et q. lxx-lxxi, de beata virgine Maria, de sacramentis in génère, de baptismo. — 7n ///a.m partem tomus III, 1613 : q. lxxiii-lxxxiii, de eucharistia ut særamento et sacriflcio. — In III &m partem tomus IV, 1615 : q. lxxxiv-xciii (sic), de pcenilentia tum virtute tum særamento ; on y ajouta le traité inachevé De matrimonio et sponsalibus ainsi que le De excommunicatione, œuvre de jeunesse. A ces huit volumes de commentaires, il faut ajouter : Paraphrasis et compendiosa explicatio ad nonnullas Pauli epistolas, 1612, et Opuscula moralia, 1617. Ce dernier volume comprend quelques questions choisies de la II 3 — II æ : de eleemosyna, de scandalo, de restitutione, de pignoribus et hypolhecis, de testamentis, de beneflciis, de redditibus ecelesiasticis.

Avant de commencer la publication de ses commentaires, Vazquez avait publié le De cultu adorationis, Alcala, 1594, in-4°. Toutes les questions traitées dans cet ouvrage ont été insérées dans le commentaire In 777 am partem, t. i (disp. LXXX, LXXXIX, XCIII-CXIII).

Comme on le voit, outre le De cultu adorationis, seuls les trois premiers volumes parurent du vivant de l’auteur. Les autres furent édités après sa mort, tels qu’il les avait laissés en manuscrit, sans retouches. Tous les traités étaient achevés, sauf le De mysteriis mise Christi, le 73e matrimonio et le De excommunicatione. Chacun de ces volumes fut réédité plusieurs fois, à Alcala, Ingolstadt, Venise, etc. (voir Sommervogel).

En 1617, le licencié Murcia de la Llama publia à Madrid : Patris Gabrielis Vazquez S, J. disputationes metaphysiese ex variis locis suorum operum ; ce sont des disputationes extraites littéralement des commentaires théologiques, réunies pour servir de livre de texte aux élèves de philosophie.

Œuvres inédites.

Sommervogel et Rivière (voir bibliographie) citent les suivantes : 1. Discurso acerca de las fuerzas (discours sur les forces), traité théologique et canonique pour la défense du pape.

— 2. Apologia pro jurisdictione ecclesiaslica adversus magistratus sœculares, in duas disputationes divisa. — 3. Censure de deux propositions à lui soumises par le P. Antonio Garces, sur la correction fraternelle et sur le mystère de la Trinité. — 4. Censure de 17 propositions. — 5. Dissertation sur une censure de 20 propo sitions de Molina. — 6. Dissertation sur les 15 propositions de saint Augustin présentées à la Congrégation de auxiliis par Clément VIII. — 7. -Mémorial des Pères de la Province de Tolède, du 24 novembre 1594, sur la question de auxiliis, présenté au tribunal de l’Inquisition, in defensionem PP. Societatis Jesu provinciæ Casteltanæ, signé par le P. Louis de Cuzman, recteur du collège d’Alcala, mais, comme le pense Rivière, rédigé par Vazquez. — 8. De correctione fraterna. — 9. Traité adressé au souverain pontife : Quæstio prima : utrum sit de fide hune numéro hominem, exempli causa Clemenlem VIII, esse verum papam. Qutestio secundo : utrum concilium générale légitime congregatum et procedens, sit infallibilis auctoritatis in rébus fidei et morum decernendis unie confirmationem Romani pontifleis. Il répond négativement à la première question et affirmativement à la seconde. — 10. Lettres diverses à Aquaviva, Hojeda, Miguel Vazquez.

Le P. Guillermo Antolin, Catàlogo de codices lalinos de la Real Riblioteca de El Escortai, t. n. p. 398, cite les traités inédits suivants : Tractatus de voto ; de juramento ; de ludo. Les archives de l’Université grégorienne possèdent un manuscrit contenant un commentaire de Vazquez In 7 am partem S. Thomse, q. viii-xxiii (Cod. 374 G. fol. 133r°-146v°). Voir sur ce manuscrit l’étude de Stegmiiller citée dans la bibliographie.