Dictionnaire de théologie catholique/VALENCIA (Grégoire de) I. Vie. II. Œuvres.

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 468-471).

VALENCIA (Grégoire de), jésuite espagnol (1549-1603).
I. Vie. II. Œuvres. III. Traits doctrinaux caractéristiques. IV. Le valencianisme.

I. Vie ;. —

Les points essentiels ont été bien fixés par le P. Hentrich. GregoT pou Valencia und der MolinUmus, 1928. Né en mars 1549, à Médina de ! Campo, de louis de Valencia et d’Elvira Vaca,

Grégoire y fit, au tout récent collège des Jésuites, quatre uns de grammaire et deux de philosophie, puis il s’en int terminer sa philosophie classique à

l’université de Salamanque, inscrit, le 13 novembre

1564, comme étudiant ès-arts, il fut, une demi-année plus tard, promu au grade de bachelier. Il passe alors à l’étude du droit. Conquis bientôt par le P. Ramirez, il prend la résolution d’entrer en religion et, le 23 novembre 1565, est admis comme novice au collège des jésuites de Salamanque. Envoyé au noviciat installé depuis peu à Médina del Campo, il n’y reste qu’un an, le R. P. Ruiz de Portillo qui l’avait reçu à Salamanque ayant, pour Grégoire -et trois autres novices, obtenu du général de l’ordre dispense de la seconde année.

Dès l’automne 1566, Grégoire de Valencia commençait à Salamanque, à l’âge de dix-sept ans et demi, ses études théologiques. Condisciple de François Suarez, qui lui répéta en privé les leçons philosophiques reçues de maître Martinez, il se révèle vite fort apte à philosopher. Lors d’une visite d’études, avant l’automne de 1568, le P. Gil Gonzalez d’Avila le désignait au général, ainsi que Suarez et trois autres, comme bon pour des études spéciales et pour, au terme de sa théologie, se préparer à enseigner la philosophie. En 1568, au début de l’automne, Valencia est envoyé à l’université de Valladolid où il poursuit sa formation de théologien. Il l’y achève, à l’automne de 1570. Suivirent, vraisemblablement, les deux années d’études spéciales : la première sans doute encore à Valladolid, la seconde à Salamanque.

Durant les deux années qu’il y passa avec Suarez, Valencia avait, à Salamanque, suivi les cours du dominicain Mancio qui, élève de Vittoria, lui avait succédé dans sa chaire de théologie. Thomiste compréhensif à la manière de François de Vittoria, Jean Mancio marqua sans doute Valencia de son empreinte. Peut-être, pense le P. Hentrich, ce dernier eut-il aussi pour maître l’augustinien Louis de Léon qui, en 1582, défendra le jeune de Montemayor attaqué par Raflez et inculpé de tendance pélagienne. Du moins avait-il eu, à Valladolid, ce préfet d’études jésuite, Miguel Marcos dont Prudence de Montemayor soutint plus tard les fameuses thèses. Comme Suarez, Valencia suivit encore les cours du jésuite portugais Henriquez, moraliste éminent mais thomiste très opposé, lui, au molinisme en marche. Il fut même son ami et un ami fidèle qui, plus tard, aiderait son ancien maître à rentrer dans la Compagnie qu’il avait quittée pour passer aux dominicains. I n autre jésuite, enfin, le P. Martinez, enseigna à Valencia la théologie à Valladolid : ce P. Martinez qui, au début de son initiation théologique à Salamanque, avait confié à Fr. Suarez le soin de lui répéter ses leçons de philosophie.

Rien pourvu de philosophie et de théologie, destiné à enseigner la théologie en Allemagne, Grégoire de Valencia partit pour Rome le 13 septembre 1572. Il y parvint à la mi-novembre, porteur d’une lettre au général, où le provincial rendait un beau témoignage de sa science et de son caractère. Mais François de Borgia venait de mourir. Le départ de Valencia pour l’Allemagne dut être différé Jusqu’au lendemain de l’élection du nouveau général. Il partit alors, après six mois de séjour à Home, où sans doute il avait enseigné un peu de philosophie. Il fit route avec les députés de la province « le Germanie supérieure, le provincial Hoffée et Pierre Canisius. ("est en Aile magne qu’il va désormais résider jusque vers les dernières années de sa vie. D’abord, durant deux ans, à l’université de DiUlngen, puis, de 1575 à 1597, à l’université d’Ingolstadt. Dès ses premières leçons à

Dillingen, le nouveau maître en théologie donna entière satisfaction a tous, aux étrangers, pourtant habitués à un enseignement plus populaire, mais sur tout aux scolastiques. heureux de recevoir enfin quelque chose, > comprendre. Sa métaphysique de

bon aloi enchante ces jeunes jésuites. Promu, au début de l’automne 1575, à la chaire de théologie de l’université d’Ingolstadt, il y enseigna dix-sept ans. Déchargé de ses cours, à l’automne de 1592, il poursuit et mène à bien la publication de ses Commentaires théologiques : l’essentiel de son œuvre écrite.

En janvier 1598, Aquaviva mandait à Rome, pour enseigner et diriger les études au Collège romain, le P. de Valencia. Poste de premier plan dans la première école de la Compagnie. Enfin.au début de 1600, échut au théologien l’importante et dure tâche de défendre, aux congrégations De auxiliis, le livre et la doctrine de Molina : d’abord devant les cardinaux puis devant Clément VIII. Labeur énorme de préparation et de discussion, d’autant plus épuisant, pour les théologiens jésuites, qu’ils devaient, sans être eux-mêmes autorisés à censurer la doctrine de Banez, se prémunir contre une surabondance de textes puisés par leurs adversaires dans les divers écrits de saint Augustin. À la fin de 1602, le P. de Valencia tomba, épuisé. Ses supérieurs l’envoyèrent à Naples, se refaire. Hélas ! trop tard. Le théologien espagnol y mourut, le 25 mars 1603, à l’âge de cinquante-quatre ans.

Les archives de la Compagnie marquent naturellement les côtés forts et les côtés faibles du P. de Valencia. Au total, il y apparaît comme un homme noble, droit, personnel sans excès, foncièrement religieux. Affectionné à ses parents et à ses proches, fidèle dans l’amitié, tout dévoué à la défense intellectuelle de la foi catholique en ces temps troublés : ce sont là des mérites de premier ordre. Sur les « procès de sorcellerie, qui se multipliaient depuis deux siècles, avec une intensité spéciale en Allemagne », « qui amenaient d’horribles tortures et d’impitoyables exécutions », on a présenté ici même, avec sa doctrine de bon sens, l’intervention courageuse et finalement efficace du jésuite Spée. Voir Spée, t. xiv, col. 2474-2477. Hélas ! comme en général les prédicateurs et théologiens de son temps, les juges religieux et surtout civils d’alors, Valencia manqua de ce sens intelligent et humanitaire qui, un demi-siècle plus tard, serait le fait de son confrère. Il ne sut pas, lui dialectiquement si fin, distinguer entre les sorcières criminelles et des milliers de pauvres innocentes qu’il eût dû, comme l’admirable P. Spée, contribuer à sauver. Les rapports, qu’il a lui-même rédigés en grande partie, des facultés de théologie et de droit de l’université d’Ingolstadt nous le montrent enfant de son temps et de son milieu : esclave de cette hantise collective de la sorcellerie criminelle qui, dans l’Allemagne d’alors, subjuguait plus ou moins tout le monde. Erreur regrettable, certes, mais qui laisse intacte sa droiture morale. Dans sa polémique contre les protestants, Valencia ne sut pas garder assez de retenue dans ses formules, répliquant un peu trop de la même encre à la violence verbale de ses adversaires. Dans leur correspondance avec le général, Pierre et Dietrich Canisius déplorent, singulièrement à l’endroit de J. Herbrand, son excessive âpreté. Cf. J. Janssen, L’Allemagne et la Réforme, trad. E. Paris, t. v, p. 449.

Malgré sa situation à part, sa renommée croissante comme maître et écrivain en théologie, la faveur de la cour de Bavière qui le traitait en ami et conseiller de Guillaume V, en guide et compagnon de voyage du comte Maximîlien I er, il sut rester humble et modeste. Ainsi en témoigne, dans un manuscrit biographique, son disciple et confrère le P. Gretser.

II. Œuvres. — 1° Inédits. — Renvoyons, pour les inédits de Valencia, aux indications du P. Hentrich, op. cit., p. 159-160. Il mentionne là ceux qu’il avait découverts, à la date de 1928, en menant sa recherche sur la vie et la signification philosophique du théo logien espagnol. Au n° 42 F de sa liste des écrits, Sommervogel signale un In libros Arislotelis de anima, de 1570, qu’il attribue au P. de Valencia, Bibliothèque, t. viii, col. 399. C’est l’œuvre de Jacobus Valentinus, ibid., col. 401. Le P. Hentrich estime avoir démontré de façon apodictique que G. de Valencia n’est pas l’auteur du De anima daté de 1570, à la bibliothèque de Loches. Ibid., p. 87-92.

Écrits publiés.

1. Caractéristique générale. —

Les écrits publiés de Valencia sont essentiellement théologiques. À très juste titre, il donne ce qualificatif aux Commentaires de la Somme de saint Thomas, où il a condensé l’ensemble repensé de ses publications antérieures. Théologiques, ils le sont par leur matière et par leur forme. Leur matière est ce donné révélé pris tel qu’il se présente, après des siècles d’élaboration, dans la Somme elle-même ; leur forme se trouve constituée par l’apport d’intellectualité surnaturelle qui résulte des preuves diverses : scripturaire, ecclésiastique, patristique et, en un certain sens, rationnelle. Valencia, comme les grands théologiens du xvie siècle, déploie un ample effort de recherche ou de réflexion positive surtout en ce qui regarde les textes des écrivains orthodoxes ou hérétiques : Commentarii theologici, t. i, prsef., vers la fin. Ample effort, par là même, de recherche critique, car, si les textes des Pères sont adoptés, ceux des hérétiques sont examinés et rejetés. Avec la preuve de tradition patristique, celle que Grégoire de Valencia exploite le mieux est celle de discussion rationnelle. Plus sobre que Suarez, et plus alerte, le théologien d’Ingolstadt ne se montre pas moins érudit que lui en ce qui concerne les productions des scolastiques postérieurs à saint Thomas : des créateurs et de ceux qui les commentent avec plus ou moins d’esprit inventif. Érudition digérée à souhait, qui aboutit à une vraie preuve théologique, soit qu’il s’agisse du révélé inaccessible, en soi, a notre raison naturelle, soit qu’il s’agisse du révélé accessible, de soi, à cette raison. Dans le premier cas, en effet, c’est un mystère, Dieu un et trine par exemple ou le Verbe incarné, qu’il s’agit de penser, si l’on ose dire, dans ce rapport d’analogie ou de secrète harmonie que les créatures de Dieu, vestiges ou images de son agir et de son être, révèlent et constituent. Est-ce là proprement philosopher ? Non, mais c’est opérer un travail rationnel allant, par la voie d’une analogie où communient raison et foi, à dépasser l’horizon de la pure raison humaine. C’est faire de la saine théologie scolastique. Dans le second cas, lorsqu’il s’agit d’une vérité naturelle surnaturellement révélée telle que la création des êtres ou simplement l’existence de Dieu, Grégoire de Valencia ne laisse pas de penser encore en théologien, puisqu’il mobilise les preuves script uraires et patristiques. Quand il en vient, comme saint Thomas, à la preuve de raison proprement dite, il n’oublie pas que c’est en vue de la foi qu’il met en jeu l’intelligence.

Quel jugement de valeur porter sur la forme théologique de ses écrits, singulièrement de ses Commentaires ? Cette forme est ici, comme chez les grands théologiens du xvie siècle, véritablement constituée. Spécialement riche de par les preuves patristique et scolastique, elle abonde aussi en textes bibliques, voire ecclésiastiques. Les diverses preuves proprement théologiques ne sont plus seulement indiquées, amorcées ou esquissées, mais amplement développées. Sans doute les théologiens bibliques ou positifs d’aujourd’hui doivent y trouver à reprendre, mais il y reste beaucoup à retenir.

2. Caractéristiques spéciales.

Les formes diverses des écrits publiés par le P. de Valencia se laissent, sans s’y montrer, découvrir dans la liste chronolo 4 71)

gique dressée par Sommervogel, t. viii, col. 389-398, n. 1-42 ; cf. aussi t. xi, 1940, n. 1-14. Ils se peuvent répartir ainsi : Actes publics, Controverse ou Polémique, Apologies et Discours, Traités doctrinaux, Recueil final, Commentaires théologiques.

a) Actes publics. — Ces Actes sont de simples relevés des thèses soutenues, à Dillingen la première fois, puis à Ingolstadt, sous la présidence de Valencia professeur ordinaire, sur diverses matières de cours, choisies soit à raison de leur importance absolue, soit à cause de leur importance relative, de leur situation polémique. Nous indiquerons les plus importantes en donnant entre parenthèses la numérotation chronologique de Sommervogel.

a. De predestinalione et reprobalione (1), Mayer, 1574, in-4°, 16 p. — Doctrinalement intéressant, ce premier écrit est bien du jeune professeur de Dillingen. En 1581, son collègue Engerd le mentionnera, dans les Annales d’Ingolstadt, parmi les œuvres de Valencia. Et celui-ci le rééditera, avec ses autres écrits antérieurs, sauf les sept pages d’Assertiones theologicæ de sacramentis Ecclesie in génère de 1589, Sommervogel, (32), dans ses De rébus fidei hoc tempore controversis libri de 1591, à Lyon. Ce qu’il enseignerait par la suite dans ses cours puis dans ses Commentaires, Valencia l’amorce en cette esquisse dirigée contre la prédestination-réprobation de Calvin. Si Dieu ne prédestine personne à cause de sa coopération à la grâce, il prédestine celui seul qu’il prévoit devoir coopérer. Aucune claire affirmation, toutefois, n’est encore émise d’une prescience divine certaine du libre avenir conditionnel. Hentrich, op. cit., p. 92-95.

b. De excellenti divinæ gratie natura (2), chez Sartorius, (de même que tous les suivants, sauf quelques exceptions), 1576, in-4°, 53 p. — Mentionné comme le précédent par Engerd en 1581 et réédité en 1591, ce deuxième écrit offre un intérêt pareil et de plus de portée. Tout en attribuant à Dieu une prévision du libre avenir conditionnel, Valencia n’en requiert pas la certitude comme base de réponse au problème de l’accord entre la providence divine et notre liberté. Ce qui est nouveau ici c’est sa théorie à la fois philosophique et théologique de l’autodétermination créée. Il accorde à notre âme appelée au surnaturel de se déterminer elle-même sans prémotion déterminante. Hentrich, ibid., p. 96-99.

c. De idotolatria (4), Wolfgang Eder, 1578, in-4°, 12 p. — Dans ses Commentaires, t. i, disp. I, q. i, punct. 2, col. 14, Valencia, pour illustrer d’un exemple sa thèse sur la nécessité d’une philosophie du révélé, c’est-à-dire d’une théologie scolastique, évoque ainsi, avec cet Acte public sur l’idolâtrie, les quatre écrits apologétiques et polémiques qui s’ensuivirent contre le luthérien Herbrand : docet fuies, idololatriam essr, dioinum honorem creatunv per se triburrr. Sed quid omnino sit honor, et quid proinde honor divinus, et quid sit item honorem alicui Iribuerr, non prorsus docel fides, cum id oporteat cognoscere ex principiis moralis philosophie. H arum igitur rrrum exacta intelligentia, (/uni curent hodie omnes serlarii. propemodum elinin insaniunt cum valu ni eos Ecclesie rullus rsse idolola-Irium. i/uibus nihil cum idololatria commune, id quod quinque libris contra tneptlas Ilerbrandi lutherani. salis superque demonstravimus. El plense sunt similibus rxemplis omnes eonlronersi ; r. qu : r nnbis cum novaloribus intercédant. Ce texte montre Valencia aux prises avec les sectaires du jour, un Herbrand par exemple, et fournit un spécimen de son flpreté verbale dans la polémique antl protestante. Les écrits dirigés contre Herbrand) pour distinguer de l’idolâtrie, le véritable culte catholique de l’eucharistie, des saints, des saintes images et drs reliques, sont mentionnés par Sommervogel aux numéros 5, (1. 8 et 9.

d. De vera et falsa difjercntia veleris et nome Legis (10) 1580, in-4°, 47 p. — Instituée contre l’erreur fondamentale des protestants d’après laquelle les promesses évangéliques seraient, à la différence de celles de l’ancienne Loi, indépendantes de l’observation des préceptes, cette dispute vise Luther, Calvin, Mélanchton, Kemnitz, le fameux Herbrand et leurs partisans.

e. De offtcio proprio Christi redemptoris et medialoris (15), 1583, in-4°, 55 p. — Acte apologétique antiprotestant.

I. De sacrosancto eucharistie sacramento (18), 1584, in-4°, 7 fol.

g. De scienlia Dei et predestinatione (19), 1584, in4°, 6 fol. — À ce thème déjà fort actuel et qu’il a fait discuter à Dilligen en 1574, Valencia revient souvent dans ses cours, ses écrits, en attendant de le traiter à fond dans divers passages de ses Commentaires, puis à Rome, aux congrégations De auxiliis. Ici, comme dans les thèses de 1574, reviennent les formules connues. Ce que sera notre libre avenir, Dieu le prévoit avec une certitude infaillible. Mais que serait-il dans telle ou telle condition ? Pas plus que précédemment, Valencia n’affirme qu’une pareille certitude soit requise pour accorder Providence divine et liberté humaine. Hentrich, op. cit., p. 71-87.

h. De pcenilenliæ sacramento, thèses theologicæ (22), 1585, in-4°, 21 p. ; De ordinis sacramento, thèses theologicæ (24), 1586, in-4°, 10 p. ; De légitima usu eucharistie in altéra tantum specie (25), 1587, in-4°, 81 p. ; Disputalio de natura et usu théologie, præserlim scholasticæ (26), 1587, in-4°, 65 p. ; Disputatio de indulgentiis (28), 1587, 52 fol. ; Disputatio de satis/aclione (30), 1588, 39 p. ; Assertiones theologicæ de sacramentis Ecclesiæ in génère (32), Wolfgang Eder, 1589, in-4°, 7 p. ; Disputatio de augustissimo ac Ircmendo altaris sacramento (35), 1589, in-4°, 19 p. ; Disputatio de gratia et juslificatione (34), Wolfgang Eder, 1589, in-4°, 33 p.

b) Controverse ou polémique. — Nous rangeons sous cette rubrique, en continuant à suivre l’ordre de Sommervogel, les ouvrages suivants :

Confulatio calumniarum, quas Hcrbrandus… in Apologeticum de idololatria… e/Judit (6), 1579, in-4°, 68 p. ; Explicatio l’crarum causarum, air… Hcrbrandus. .. susceptum de idololatria ecrtamen prosequi recusapcril (8), 1580, in-4°, 84 p. ; De idololatria contra sectariorum contumclias disputalio (9), 1580, in-4°, 415 p. ; De sacrosancto misse sacrificio contra… novatorum doctrinam (11), 1580, in-8°, 379 p.. Réplique de Herbrand, dans un ouvrage publié à Tublngue en 1581 ; Refulatio Apologie… Ilerbrandi lutherani, de eiiusis cur susceptum de idololatria ecrtamen drsererc instituent (12), 1581, in-8°, 140 p. ; Contra fundamenta duarum seelarum. ubiquelarie et sarramentarie, pro vera Christi presentia, non ubique, neque in cœlo tantum, sed in cœlo et in sanctissimo sacramento disputatio, 1582, ln-4°, 82 p. Cet opuscule s’insère dans une controverse entre Tubingue et Ingolstadt. llrcvis annolatio et Annotatio secunda… de controvrrsia ubiquetaria (16), 1583, in-l", 17 p.. et 1584, in 1°. 58 p. ; Defensio disputationis contra fundamenta duarum seelarum (17). 1581, ln-4°, 218 p. Au t. i, dis)). I, q. i, punct. 2, col. 1 1 de ses Commentaires, Valencia, afin d’établir en l’illustrant d’un exemple typique, la nécessité de cette philosophie du révélé qu’est la théologie scolastique, s’exprime ainsi Docet fides. unionem Verbi cum natura humana esse personalem, et hyposlaticam, et secundum bubsis iiniiam, ul eliam hit/mintur concilia. Sed que om nino ratio subsit lus VOCabulis, non expresse ipso fides expltcat, sed supponil deberc esse cognilum ex mêla

phusica seu philosophia. Quid vero ublquetarti ? 247 I

VALENCIA. DOCTRINES C A R A CT É HISÏ I o I ES

2472

Nimirum quia sine vero conccplu hypostasis et subsistentise, qucm docet philosophia, quiestionem theologicam de unione hypostatica, pcrinde ac cœcus loquitur de coloribus, tractant, lurpissime aberrant in explicanda vi lu/jus unionis, sicut docuimus in libris noslris contra ubiquitatem, in quibus vix potuimus a Schmidelino oblincre, ut saltem quid essel subsislenlia intelligeret. Édition des Dispulationes de controversiis christianse fldei (29) du cardinal Bellarmin, 1586-1593. Le P. Hentrich, qui a établi ces dates (1586 pour les t. i et ii, 1593 pour le t. ni), fait bonne justice de la prétendue altération doctrinale du texte de l’auteur. D’après Quesnel et Serry, "Valencia aurait substitué au Bellarmin banésien un Bellarmin moliniste. Documents en mains, le P. Hentrich réfute l’assertion et conclut que, si Valencia éditeur apporta quelques modifications au texte originel, ces modifications sont de peu d’importance. Peut-être, même, purent-elles consister en une atténuation de certaines formules anti-protestantes, voire « anti-lovaniennes ». Op. cit., p. 103-110. — Examen et refulatio præcipui mysterii doctrinte calvinistarum, de re eucharistica, cum responsione ad objectiones Antonii Sadeelis et Fortunali Crelii (31), 1589, in-4°, 212 p.

c) Apologies et discours. — Nous rassemblons, sous ce titre, divers écrits : Oratio in obitum ducis Alberti (Il bis), 1580. — Apologia de ss. missse sacriflcio (13), 1581, in-8°, 463 p. : exposée ici sous forme d’apologie contre un traité d’Herbrand, paru l’année précédente, la doctrine de Valencia sur la messe intéresse l’histoire de ce grand sujet. Cf. M. de la Taille, Mysterium fidei ; M. Lepin, L’Idée du sacrifice de la messe ; et ici même, art. Messe, t. x, col. 1177-1178. — Oratio de veris ac falsis rerum divinarum doctoribus discernendis (21), 1585, in-4°, 39 p.

Discours, Suppliques ou Exposés du P. de Valencia, relatifs aux controverses De auxiliis (42). Liévin de Meyer les a édités dans son Historiée controversiarum de divinse gratise auxiliis. Dans la 2e éd., Venise, 1742 : p. 256, supplique à Clément VIII pour que soient communiqués intégralement et en temps voulu aux défenseurs les chefs d’accusation ; p. 322, lettre à Clément VIII sur la méthode à prescrire pour que les controverses aboutissent ; p. 344-349, discours devant Clément VIII président, allant à montrer comment Molina n’attribue pas plus de pouvoir foncier au libre arbitre que ne lui en attribuait saint Augustin ; p. 353-355, 358-359 et 362, exposés oraux sur ce que peut ou ne peut pas le libre arbitre humain selon S. Augustin et selon Molina.

d) Traités doctrinaux. — Nous qualifions ainsi trois ouvrages importants où, sans préjudice de la controverse, domine l’exposition doctrinale.

a. Analysis fidei catholicse (20), 1585, in-4°, 434 p. Une grande partie de cet ouvrage est reproduite dans les Commentaires. Elle constitue un septième point dans la q. i de la disp. I du t. m. Ce point comprend huit sous-questions où Valencia établit la nécessité, conséquente au fait de la révélation chrétienne, d’une autorité infaillible, magislra et judex controversiarum fidei, humana divinitus inspiraia, bera Christi Ecclesia, s’exprimant, d’après l’Écriture et la Tradition, par le pape, les conciles, les décrets pontificaux, le consentement des docteurs de l’Église et des fidèles. Ibid., col. 130-380. Ce vaste développement qui représente un traité de l’Église catholique, correspond au seul art. 10 de la q. x de la IIa-IIæ. Valencia introduit lui-même en ces termes son punctum 7 : Etsi autem de his ipsis rébus in nostro libro analysis fidei multa scripserimus, tamen minime jam decere judicamus, disputationem talem prœterire in hoc opère, præserlim cum quædam interdum addiluri nunc simus.

b. Libri quinque de Trinilale (23), 1586, in-4°, 888 col. Ainsi que nous le montre la suite du titre, Valencia n’oublie ni ne néglige, jusque dans ce traité fort spéculatif, son rôle de défenseur de la foi catholique, en Allemagne surtout, en face de l’hérésie protestante : In quorum postremo, ajoute-t-il en effet, nominalim refutantur horribiles blasphemiie cujusdam pestilenlis libri non ita pridem de eodem argumenlo in Polonia edili.

c. De reali Christi prsesentia in eucharistia et de transsubstantialione panis et vini in corpus et sanguinem Christi, libri très (24), 1587, in-4°, 4 fol. et 264 p. La polémique n’en est pas absente : In quorum postremo nominatim respondetur Fortunato cuidam, Calvini discipulo. Il s’agit de ce Fortunat Crelius qui, en 1586, avait publié un écrit sur l’eucharistie ; il répliquera, en 1589, par un in-4° paru à Heidelberg, puis en 1590.

e) Recueil final. — De rébus fldei hoc lempore controversis libri (36), Lyon, chez Pierre Boland, 1591, in-folio de 905 p. Il contient, avec l’ensemble des écrits déjà publiés séparément et petit à petit par Grégoire de Valencia à Dillingen, puis à Ingolstadt, plusieurs opuscules nouveaux ou présumés tels. L’auteur les a revus et groupés de façon rationnelle, ajoutant deux index très riches : l’un des passages scripturaires, l’autre des matières traitées. L’ouvrage est dédié au duc de Bavière, Guillaume V.

f) Commentaires théologiques. — Commentariorum theologicorum tomi quatuor. In quibus omnes materiæ quæ conlinentur in Summa divi Thomse explicantur, Ingolstadt. Valencia livrait là, non plus un Becueil des écrits précédents, mais, repensée en fonction de la Somme théologique de saint Thomas et en pleine maturité intellectuelle, une théologie catholique universelle avec les éléments de philosophie rationnelle qui s’y trouvent impliqués. L’œuvre est dédiée à Guillaume V, duc de Bavière. Paru en 1591, le t. i comprend toute la première partie de la Somme (1520 colonnes in-fol.). Il fut réédité, sans changement, en 1592. La I » -II* forme le fond du t. n publié en 1592 (1400 col.). C’est la IP--II* qui fournit texte aux 2376 col. du t. iii, édité en 1595, et la III » avec son Supplément aux 2340 col. du t. iv, paru en 1597. Béédition de l’ouvrage à Venise, chez Zalter, en 1600, et à Lyon, chez Vincart, en 1600. À noter la 3e édition, revue par l’auteur peu de temps avant sa mort, de beaucoup supérieure aux précédentes, Ingolstadt, 4 vol., in-fol. ; et Lyon (Cardon) où elle reparut en 1609 ; Ingolstadt, 1611 ; Lyon (Cardon) en 1642, in-8° de 1172 p., 1619. Un abrégé par P.-B.-J. parut à Cologne.