Dictionnaire de théologie catholique/TRILEA (Bernard de)

P. Glorieux
Letouzey et Ané (Tome 15.1 : TABARAUD - TRINCARELLAp. 779).

TRILEA (Bernard de). — Originaire de Nîmes, entra très jeune chez les frères prêcheurs. Il fut envoyé une première fois à Paris vers 1260-1265. On le voit, de 1266 à 1276, sous-lecteur et lecteur dans divers studia de l’ordre. Puis il retourne à Saint-Jacques pour y prendre ses grades théologiques. Il lit les Sentences en 1282-1284, et succède comme régent, dans la chaire des étrangers, à Hugues de Billom, de 1284 à 1287. Il devint en 1291 provincial de Provence. Déposé l’année suivante, il mourut le 4 août 1292 en Avignon, à son retour du chapitre de Rome.

On possède de lui, des questions sur le traité De sphera, de Jean de Sacro Bosco, quelques sermons de 1282, un commentaire sur l’Apocalypse (Avignon 88), des Questions disputées et des Quodlibets.

Ses Questions disputées portent sur la connaissance de l’âme, soit unie au corps, soit séparée (ces dernières dans deux mss : Vatic. Borgh. 156, fol. 77-116 ; et Nurenberg, Cent. I. 64, fol. 54-87). Ses Quodlibets sont au nombre de trois, le dernier incomplet mais devant peut-être se voir annexer les huit questions du Paris Nat. lat. 15 850, fol. 12-16. Grabmann présente comme hautement probable l’attribution d’un quatrième Quodlibet, conservé près des autres dans Florence, Nazion. 1153 A. 3, fol. 286-299.

La Tabula et le Catalogue de Laurent Pignon lui attribuent en outre des Postillas super Proverbia, super Cantica, Ecclesiasten, super librum Sapientie, super Johannem… item quæstiones de spiritualibus creaturis et potentia Dei ; …item quæstiones de differentia esse et essentiæ ; tous ouvrages perdus. Le Comment, in Sententias porté sous son nom, dans un ms. de Paris Mazarine 880 est postérieur à sa mort.

L’étude de ses Quodlibets permet d’enregistrer un « progrès très net dans la méthode, qui a acquis une fermeté remarquable, où l’on reconnaît l’influence de la Somme ; quelques progrès aussi dans l’usage des arguments d’autorité patristique. Surtout fidélité absolue à la doctrine de saint Thomas qui n’est cependant nommé nulle part ; par exemple pour la matière première, l’unicité de forme, la nature de la béatitude, la théorie de la connaissance. Souvent même beaucoup de ces questions quodlibétiques ne sont que du saint Thomas copié intégralement ; la Somme et les Quodlibets sont surtout exploités ». Bernard de Trilia ne laisse pas, d’ailleurs, de repenser les problèmes et de faire progresser parfois, en quelques points, la pensée de son maître.

P. Glorieux, Répert. des maîtres en théol…, t. i, 1933, n. 41 ; La litt. quodlibétique, t. i, p. 101-104 ; t. ii, p. 66 sq. ; M. Grabmann, Bernhard von Trilia O. P…, dans Divus Thomas, Fribourg, 1935, p. 385-399.

P. Glorieux.