Dictionnaire de théologie catholique/SCHWARZ Ignace

1. SCHWARZ Ignace, jésuite et historien bavarois. — Né en 1690, entré dans la Compagnie en 1707, il enseigna la philosophie. En 1727, l’électeur Charles-Albert le nomma premier professeur d’histoire universelle à l’université d’Ingolstadt ; il y connut de grands succès et mena ferme la lutte contre les protestants ; à partir de 1740, il gouverna les collèges de Fribourg-en-Brisgau, Soleure, Lucerne et Elwangen ; il mourut en 1763.

De son œuvre philosophique, il faut retenir son Peripateticus nostri temporis, seu philosophus discursivus, per discursus symbolo-physicos, ad discursum, juxta sanctorum philosophorum exempla, pie curiosum instructus, pars I seu microcosmus, pars II seu macrocosmus, Fribourg-en-Brisgau, 1724 ; 3e éd., illustrée, Ingolstadt, 1755. Sous forme de dialogue entre Nelander et Leucotheus, Schwarz traite notamment : De principiis et principibus philosophiæ, de Deo rerum omnium principio, de anima, de corpore, de aure et oculo, de somno et somnio, de principiis physiognomiæ, de tempore et æternitate, de mundo cælesti, de magia (astrologica, diabolica, physica, artificiali), de brutorum discursu, de monstris, de libertate indifferentiæ etiam in statu naturæ lapsæ (attaque contre l’« hydre » janséniste).

Les plus appréciées de ses œuvres historiques sont les Collegia historica, seu quæstiones historiæ criticæ, Ingolstadt, 1734-1737, en 9 vol. Cet ouvrage se présente comme le manuel de l’étudiant catholique au xviiie siècle. Il a en effet l’intention de fournir les arguments nécessaires et adéquats qui permettront de répondre victorieusement à la science historique des protestants. Toutes les questions politiques, polémiques, juridiques, canoniques, dogmatiques ont été abordées par eux ; bien mieux, ils liassent pour historiens classiques. Il est grand temps de faire de l’histoire, non pas de s’attarder aux nomenclatures, aux statistiques, aux faits pour eux-mêmes ; il s’agit — et Schwarz a bien en ce domaine l’impression d’être un précurseur — de faire de la critique historique. Tout au long de ses neuf tomes, il ne poursuivra pas d’autre but que de donner à ses étudiants une méthode de travail et des cléments de recherche ; méthode et recherche qu’il applique lui-même à toutes les difficultés chronologiques que présentent les deux Testaments ; puis, successivement, après un savoureux traité de géographie générale, il expose l’histoire des royaumes de Gaule, d’Alsace, de Lotharingie et de Germanie (les prétentions impériales des historiens allemands sont confrontées avec les revendications françaises). Mais tout l’intérêt, on le sent, est concentré sur le drame protestant : la polémique protestante affleure à tout instant : influence de la Réforme sur les destinées de l’Empire romain germanique, rapports du spirituel et du politique sous la monarchie chrétienne et sous la monarchie protestante, décadence de Rome, doctrines des jésuites sur le tyrannicide et la soumission aux pouvoirs établis. Schwarz composa encore des Institutiones juris publici universalis naturæ et gentium, 1741, 3 vol. in-8° (résumé en un volume en 1743), réimprimées en 1760, ouvrage non moins apprécié que les Collegia.

On voit assez le trésor de connaissances accumulées dans les livres de Schwarz : tout ce qu’on pouvait savoir, au xviiie siècle, en fait de géographie, d’histoire profane et ecclésiastique, de controverses protestantes, de droit public, bref, les principales questions difficiles de l’époque ont été réunies là, discutées, leurs documents critiqués, leur interprétation donnée, les faux et les interpolations découverts ; mine inépuisable dont ne pourront plus se passer les exégètes, les historiens, les juristes et les controversistes.

Sommervogel, Bibl, de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 946-949 ; t. xi, col. 1791 ; E.-M. Rivière, Additions et corrections à la Bibl. de la Comp. de Jésus, Toulouse, 1911-1930, col. 1218 ; de Guilhermy, Ménologe de la Comp. de Jésus, Germanie, Ire série, t. ii, p. 340 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 1510-1511 ; B. Dühr, Geschichte der Jesuiten in den Ländern deutscher Zunge, t. iv b, p. 38 et passim ; Ch. Verdière, Histoire de l’université d’Ingolstadt, t. ii, Paris, 1887, p. 602.

A. Rayez.