Dictionnaire de théologie catholique/SCHORRER Christophe

SCHORRER Christophe, naquit à Rottenburg en 1603. Entré dans la Compagnie de Jésus à vingt ans, il enseigna la philosophie et le droit canon à Dillingen ; devint recteur à Lucerne en 1643, puis à Dillingen, provincial de Haute-Allemagne en 1650, assistant du général de l’ordre pour la Germanie en 1652. Après être resté vingt ans à Rome dans ces fonctions, il fut de nouveau recteur à Munich eu 1665-1668 et 1671-1674. C’est là qu’il mourut en 1678.

De son activité littéraire il y a surtout lieu de retenir, outre un manuel scolaire de droit canonique, trois ouvrages de spiritualité : Theologia ascetica sire Doctrina spiritualis universa, Rome, 1658, in-4° ; 2e édit. en 2 vol., Gratz, 1720 ; Synopsis seu textus theologiæ asceticæ, Dillingen, 1662, in-16° ; Summa perfectionis christianæ, Prague, 1663 ; 4e édit., Munich, 1668. in-4°. La Synopsis et la Summa résument la Theologia ascetica qui est utilisée ici d’après l’édition de 1720 en 2 volumes. Dans celle-ci, Schorrer se donne pour but d’exposer l’ensemble de la doctrine spirituelle qu’il est un des premiers à nommer « théologie ascétique ». Cf. J. de Guibert, Theologia spiritualis ascetica et mystica, Rome, 1937, n. 3, 7. Il y explore tout le domaine qu’on distingue aujourd’hui en ascèse et en mystique, regarde vers l’illumination, la passivité, t. i, p. 236-238, la contemplation infuse, p. 259, et parcourt successivement les trois voies (comparées aux trois degrés d’humilité de saint Ignace), qui conduisent jusqu’à l’union divine, au suprême motif de toutes les vertus, le bon plaisir de Dieu, tout comme aux visions, révélations, etc. Les moyens qu’il propose pour y parvenir, c’est que la volonté s’exerce à la « destination « (droiture d’intention), à la « simplification » (unique désir du bon plaisir divin), à la « dénudation » des créatures et de soi-même (même des grâces datis datæ), à la conformation, à la transformation, à l’union, etc. cf. t. ii, p. 179 sq. Longuement, avec clarté et en psychologue, il traite de la tentation, du discernement des esprits, de la consolation et de la désolation. Ibid., p. 71-121. Il insiste pour que la mortification soit modérée et sanctionnée par l’obéissance. P. 161. L’homme — et c’est capital pour lui — doit se guider en tout d’après une conscience droite, qu’il appelle velut vicaria Dei in terris, p. 122-123.

La psychologie et la fermeté du bon sens de Schorrer ne dédommagent pas néanmoins de l’absence d’un exposé sur la grâce habituelle et sacramentelle. Il serait inconcevable aujourd’hui de renvoyer le lecteur en une page, p. 157, aux ailleurs qui traitent de la messe et de l’eucharistie.

Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. iv, col. 313 ; Sommervogel, Bibl. de la Comp.. de Jésus, t. vii, col. 864-865 ; t. ix, col. 1791 ; Sotwell, Bibl. scriptorum Soc. Jesu, p. 145 ; B. Dühr, Geschichte, der Jesuiten, t. ii, iii, passim.

A. Rayez.