Dictionnaire de théologie catholique/REDERS Norbert

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 13.2 : QUADRATUS - ROSMINIp. 302-303).
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REDERS Norbert, frère mineur allemand. Né à Paderborn le 6 juillet 1748, il fit ses études dans cette ville et entra dans l’ordre à l’âge de dix-huit ans. Il s’adonna avec assiduité à l’étude de la philosophie et de la théologie, qu’il enseigna ensuite à ses jeunes confrères dans différents couvents. Ainsi nous savons qu’il défendit le 3 juillet 1771 dans le Sludium de Halberstadt, avec Vigilance Schulte, une série de thèses

sur De Deo uno et trino, de vera religione, de Deo creatore, de creatura incorporea seu de angelis, decreatura adspectabili seu de exordio mundi primisque terræ incolis et de novissimo mundi terres/ris interitu. Depuis 1780 jusqu’à 1789 il fut lecteur de théologie au même Sludium, où il présida à peu près toutes les années une défense de thèses, qui parfois s’étendaient à des traités entiers de théologie et parfois se bornaient à des parties spéciales et déterminées de la dogmatique ou de la morale. Du texte de ces thèses, qui furent éditées dans Franzisk. Sludien, t. v, 1918, p. 108-115, il résulte que l’on enseignait au Sludium de Halberstadt, la théologie scolastique, et plus spécialement la théologie scotiste. Le P. Norbert Reders mourut à la fleur de l’âge le 15 janvier 1792. Dans ses disputes et ses controverses avec les protestants il s’est montré toujours discret et tolérant. Son attitude envers le catholicisme et la monarchie fut toujours claire et décidée : il considérait la monarchie comme la forme de gouvernement la plus heureuse, parce qu’elle était la plus paisible et il soutenait que l’Église catholique était la seule vraie, parce que seule elle était solidement établie et adéquatement démontrée. Ces principes sont d’ailleurs à la base de ses ouvrages.

Le P. Robert Reders est l’auteur d’un écrit intitulé Sonderbare Verehelichungsarl eines Katholiken, von einem Franziskaner als unerlaubl aus kalholisclien Grùnden enviesen, public dans Journal von und fur Dcutschland, 2e année, 1785, p. 121-137 ; on ne sait pas si cet article a paru à part. Il y défend l’unité et l’indissolubilité du mariage catholique. L’occasion de cet écrit fut la proclamation que Jean Michel Rust publia dans le Magdeburgischer Intelligenzzetlel, n. 92, du 16 novembre 1784. Ce dernier y divulguait qu’abandonné, malgré lui et sans aucune faute de sa part, par sa femme, pour empêcher que ses affaires domestiques, économiques et financières n’allassent à la dérive, il avait épousé le 26 décembre 1784, en présence de quatre témoins, une autre femme, avec laquelle il voulait mener une vie chaste, honnête et honorable et la laisser après sa mort son héritière universelle. Il priait en même temps ceux qui auraient des raisons et des arguments à faire valoir contre cette union de les lui faire connaître dans les quatre semaines et de s’abstenir après de toute critique désagréable et déplaisante. Ayant pris connaissance de cette invitation par un protestant, le P. Norbert Reders composa son traité dans le but de regagner le pauvre égaré à la vérité, de mettre à nu ce fait exorbitant et de démontrer l’illicéité du mariage de Rust.

D’une plus grande importance est un autre ouvrage du P. Reders, où il prend position dans les luttes philosophiques de son époque : Apologie, aus kutholischen Grundsàlzen, des 7len und 8len Paragraphs des weisen Religionsedikt Konig Friedrich Wilhelms von Preussen, wider das ersle berlinische Fragment ùber Au/klârung und wider aile unler dem gemissbrauchten schiinen Namen der Philosophie versteckle deistische und socinianische Proselytenmacher. Ein Wort zut Beherzigung aller treuen katholischen Unterlhanen Sr Kônigl. Majestdt von Preussen, Halberstadt, 1790, in-8°, 371 p. L’occasion de ce livre fut l’édit de Frédéric-Guillaume 1 1 de Prusse, dans lequel il promulguait la liberté de religion et de conscience, assurait l’existence et la libre profession des religions existantes, réformée, luthérienne et catholique, condamnait les systèmes philosophiques de la religion, comme le déisme, le socinianisme, le naturalisme, le rationalisme et déclarait incompatible avec la conception de l’Église l’arbitraire absolu dans la doctrine. Cet édit donna lieu à la publication de deux Fragmente par le protestant André Riem, qui ouvrit par ces écrits les luttes en faveur de VAufklôrung. Dans le premier Fragment,

intitulé : Ueber Aufklurung. Ob sie dem Staale, der Religion oder ùbcrhaupl gefâhrlich seg und segn kiinne. Ein Wort zur Beherzigung fur Regenlen, Staalsmânner und Priesler. Erstes Fragment, Berlin, 1788, qui eut jusqu’à quatre éditions, il traite trois questions : 1. Le progrès des lumières ( Aufklurung) constitue-t-il un besoin de l’intelligence humaine ? 2. Jusqu’où va ce progrès ? A-t-il, oui ou non, des limites ? 3. L’État gagne-t-il ou perd-il à ce progrès ? A ce premier Fragment fit suite un second qui eut jusqu’à trois éditions. Contre ces Fragmente parurent un certain nombre d’écrits, qui attaquaient et réfutaient les théories préconisées par A. Riem. Parmi eux l’Apologie de Norbert Renders occupe une place d’honneur. Dédiée au roi de Prusse, elle est sans conteste le plus copieux de ces écrits. Au début il y a deux entretiens : le premier entre Luther et Socin et le second entre Luther, Socin et Calvin. Dans le corps de l’ouvrage le P. Reders reprend la division du premier Fragment d’A. Riem. Il examine d’abord si Y Aufklurung constitue un besoin de l’intelligence humaine en 20 paragraphes, dans lequels il soumet à une critique serrée et réfute autant de thèses du Fragment. La seconde partie : Jusqu’où va Y Aufklàrung et a-t-elle des limites ou non ? est très brève et se réduit à l’exposé d’un seul sophisme. La troisième partie : L’État gagne-t-il ou perd-il au progrès des lumières ? est la plus longue et comprend 48 paragraphes. Le P. Reders s’y constitue le défenseur de l’Église catholique et de la liberté de conscience et s’efforce de détourner de l’Église toute contrainte et persécution sous n’importe quelle forme. Il refuse d’admettre que l’esprit de l’Église catholique ait produit l’Inquisition et considère les empereurs Constantin, Théodose et Justinien comme des souverains pieux, sages et justes, même quand ils ont sévi contre les hérétiques. Il reconnaît dans l’édit de Frédéric-Guillaume II le même zèle pour la religion qui remplit les empereurs mentionnés, et il loue le roi de ce qu’il a suivi leur exemple. Le P. Reders se révèle encore dans cet ouvrage bon juge des différences qui existent entre les doctrines catholiques et protestantes et il condamne sévèrement le déisme, le socinianisme et toute philosophie, qui refuse de se soumettre à la sainte Écriture et à l’Église. Il est animé envers ses adversaires d’une grande tolérance qui cherche à opérer l’union entre les différentes Églises, non par la force ou la violence, mais par le raisonnement.

H. Hurter, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 547, lui attribue encore un ouvrage, dans lequel il aurait exposé la doctrine catholique sur les dix préceptes du décalogue et sur les sept sacrements et qui aurait été publié à Halberstadt, en 1787. G. Arndt ne mentionne toutefois pas cet écrit dans son article des Franzisk. Sludien, t. v, 1918, p. 117-130.

C. van Ess, Nnrberlus Reders, dans Gemeinniilzige Unlerhaltungen fur 1803, t. i, Halberstadt, 180.3, p. 170-173 ; J.G. Meusel, Lexikon derdeutschen Schriflsteller, l. xi, Leipzig, 1811 ; Wokor, Gcsclrirliir der norddeulschen Franxiskaner-Missionen der sâchsischen Ordensprovinz oom heiligen Krcuz, Fribourg-en-B., 1880, p. 105 ; P. Schla^cr, Totenbuch der sâchsischen r’ranziskaner-Ordensprmnnz vom lil. Kreuze, DUsseldorf, 1915, p. 12 ; If. Henke, Beurteilung aller Schriften, welche durch dos kônigl. preussische Religlonsedikl und durch andcre damit tusammenhUngende Religionsverfugungen ucranlatst stnd, Kicl, 1793, p. 201-207 et 222 ; Allgemeine deulsche Blogr., t. xxix, p. 756-757 ; II. Hurler, Nomenclator, 3e éd., t. v, col. 547 ; G. Arndt, Wissenschaftliche Tàtigkcit Im Franziskanerkloster zu Halberstadtum die Wende des

13. und 19. Jahrhunderls, dans Franzlskan. Sludien. t. v, 1018, p. 103-130.

A. Teetært.