Dictionnaire de théologie catholique/PSAUMES (Livre des) .II. Théologie des Psaumes

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 13.1 : PRÉEXISTENCE — PUY (ARCHANGE DU)p. 564-582).

celui-ci soit un être individuel, ou qu’il représente Israël ; quand il s’exprime sur l’homme, c’esl pour montrer que sa véritable et seule tendance doit être dirigée vers Dieu : d’autre part, toute la révélation

sur les rapports entre Dieu ei l’ho le étant orientée

vers le.Messie, il n’esi pas surprenant que le psautier contienne une l’ouïe de données concernant le Messie,

dont le rôle sera de rapprocher encore davanl

l’homme et Dieu.

I. DIEU.

Noms divins.


Les noms les plus fréquemment employés dans les psaumes pour designer Dieu, sont Elôhîm et Jahvé ; on a relevé plus haut (col. 1096) le nombre de fois que ces deux noms sont cités dans le psautier : ce nombre est sensiblement le même de part et d’autre.

Primitivement le nom propre et personnel de Dieu, Jahvé, était d’un usage plus courant ; mais au cours des siècles, surtout après l’exil, le nom de Jahvé a été remplacé par celui plus général d’Elôhîm (Dieu) et aussi par’Adônâi (Seigneur), en vertu du même scrupule théologique qui poussera les massorètes à mettre sous ce tétragramme divin, devenu de plus en plus imprononçable, les voyelles des mots’Adônâi et Elôhîm, afin de faire remplacer par les lecteurs le terme de Jahvé par ceux d" Adônâi ou d’Elôhîm.

A côté du pluriel de majesté ou d’intensité Elôhîm (Dieu), on trouve aussi fréquemment la forme plus simple d’El et plusieurs fois le singulier Elôah qui a servi à former directement Elôhîm (voir xviii, 32 ; l, 22 ; cxiv, 7 ; cxxxix, 19). Pareillement, à côté de la forme complète de Jahvé, on rencontre à plusieurs reprises une forme plus brève du nom personnel de Dieu, lah, notamment dans l’expression « Louez Dieu » : Alléluia qui se décompose en hallelu-Iah.

A ce nom sacré de Jahvé, est parfois adjoint le pluriel féminin sebâ’ôt, qui veut dire « armées ». L’on aboutit ainsià la formule, " Jahvé desarmées.Cette formule est très ancienne dans la Bible. C’est une appellation traditionnelle en Israël. Primitivement, elle se rapportait sans doute aux armées de combat, formées par Israël et dirigées par Jahvé ; elle finit, semble-t-il, par désigner simplement le Dieu d’Israël (ps. lix, 6) ou même le Dieu de toutes les puissances cosmiques, le Dieu du monde entier. En un seul endroit, nous lisons aussi Dieu des armées (ps. lxxxix, 9), avec le mot Elôhîm (Dieu) correctement mis à l’état construit Elôhê ; encore la formule « Dieu des années » est-elle précédée du mot Jahvé : « Jahvé, Dieu des armées. » Si bien que l’on peut se demander si le mot Elôhê n’a pas été ajouté pour éviter l’expression « Jahvé des armées ». C’est du moins le scrupule qui a fait introduire en notre texte actuel le mot d’Elôhîm, à l’état absolu, dans les psaumes suivants : lix, 6 ; lxxx, 5, 8, 15, 20 ; lxxxiv, 9, où nous lisons les formules, incorrectes au point de vue grammatical, Elôhîm sebâ’ôt et Jahvé Elôhîm sebâ’ôt. La vraie formule est celle de « Jahvé des armées », conservée en son état normal dans les ps. xxiv, 10 ; xlvi, 8, 12 ; xlviii, 9 ; lxix, 7 ; lxxxiv, 2, 13.

Plusieurs fois, l’expression « Jahvé des armées » est en relation avec cette autre formule » Dieu de Jacob » :

Jahvé des armées est avec nous ;

Le Dieu de.Jacob est pour nous une citadelle.

Iixiai I, S. 12.1

Jahvé [] des armées, entends ma prière ;

Prôte l’oreille. Dieu de Jacob. LXXXIV, ’M

Ou, plus simplement le parallélisme s’établit entre Jahvé et le « Dieu de Jacob » :

Heureux celui qui a pour appui le Dieu de Jacob,

(’'lui don ! l’espoir est en Jahvé, son Pieu, u i i, .">. i

IN disent : Jahvé ne voit pas ; l.iDieu de Jacob ne comprend pas.

(xciv, 7.)

Ces parai] élismes montrent que, pour le Juif, le Dieu qu’il nomme et auquel il s’adresse est un Ùieu vivant.

Mon âme a soil de Jahvé, Du Dieu vivant.

(xi.ji, 3.)

Mon âme soupire et s’épuise

Après les parvis, Jahvé.

Mon cœur et ma chair exultent

Après le Dieu vivant. LXXXIV, 3.)

Jahvé possède une personnalité vivante. La vie fait partie de sa nature. Et cette vie, Jahvé la communique aux siens :

Près de toi est la source de la vie ; Par ta lumière nous vovons la lumière.

ix.xxvi, 10.)

Le Dieu vivant, source de vie, Jahvé s’est manifesté à la race israélite depuis les grands ancêtres. C’est le Dieu d’Abraham, ps. xlvii, 10, aussi bien que le Dieu d’Isaac et de Jacob, ps. cv, 7-10. Mais il est incontestable que le psalmiste a une prédilection pour l’expression « Dieu de Jacob », l’ancêtre Jacob ayant marqué peut-être davantage la race, à qui il a donné son nom d’Israël.

Je chanterai les louanges du Dieu de Jacob, (r.xxv, 10.)

A ta menace, Dieu de Jacob, ’Ils se sont endormis ceux qui montaient des chevaux’[(lxxvi, 7. » Sonnez de la trompette à la nouvelle lune, A la pleine lune, au jour de’nos fêtes’; Car c’est un précepte pour Israël, Une ordonnance du Dieu de Jacob. (lxxxi, 4-5.)

L’expression « Dieu de Jacob » est même devenue stéréotypée, à ce point que l’on nous parle du « nom du Dieu de Jacob », ps. xx, 2, de la « face du Dieu de Jacob », ps. xxiv, 6.

D’autres noms traditionnels sont appliqués à Dieu. Tout d’abord’Adônâi, qui signifie < Seigneur » (littéralement « mes Seigneurs » ). Ce terme se lit une cinquantaine de fois dans le psautier. Mais on rencontre aussi les formes plus simples d’où a été dérivé le terme d’Adonaï : le singulier’Adôn, par exemple dans ce passage où il est en correspondance avec Elôah :

Devant la face du Seigneur (’Adôn) tremble, ô terre, Devant la face du Dieu (Elôah) de Jacob (exiv, 7),

et le pluriel’Adônîm (ps. viii, 2, 10 ; cxxxv, 5 ; cxxxvi, 3 ; exiv, 7 ; « Seigneur de toute la terre », xcvii, 5).

En second lieu’Eliôn qui veut dire « Très-Haut ». Tantôt il est en apposition à Elôhîm et signifie alors « Dieu très haut » (ps. lvii, 3 ; lxxviii, 56) ; tantôt il est employé seul (ps. ix, 3 ; xxi, 8, etc.). Des trois passages où on le trouve avec Jahvé (ps. vii, 18 ; xlvii, 3 ; xcvii, 9), le premier et le troisième semblent justement avoir voulu gloser le mot’Eliôn par le terme de Jahvé, tandis que dans le deuxième passage, Jahvé est sujet de la phrase.

Le troisième nom est saddai, dont le sens le plus probable est « Tout-Puissant » ; rappelons à ce sujet le passage de l’Exode, vi, 2-3, dans lequel on nous rapporte ces mots de Dieu à Moïse : " Je suis Jahvé. Je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob comme’El saddai, mais sous mon nom de Jahvé je ne me suis pas fait connaître à eux. » Le mot de saddai se rencontre dans le psaume archaïque et malheureusement très abîmé, lxviii, 15, et dans le ps. xci, 1, où il fait parallèle à’Eliôn :

Assis à l’abri du Très-Haut (’Eliôn),

A l’ombre du Tout-Puissant (Saddai) demeure.

(On pourra comparer l’usage des noms divins, Elôah, . Elôhîm, saddai dans Job ; voir P. D lionne, Le livre de Jab. p. lu sq.)

Jahvé (ceu qui est ou celui qui fait être) se présente, d’après les noms qu’on loi donne dans le psautier,

comme le Dieu qui régit Israël et le monde | Jahoé de »

, u m trfândi i do toute la terre, il est

fols le rrès Haut t’Eliôn) et ! < Tout Puissant Nul limite qu’il n’j ait déjà, impliquée dans

nis divins toute une théologie. SI le lecteur juif ne pouvait en expliciter le contenu, du moins avait il

timent d’un Dieu personnel et transcendant, d’un Dieu fort et puissant, nu. uni U prononçait le nom sacré p.ir excellence, Jahvé

Existence.

L’Israélite n’a pas besoin qu’on lui prouve l’existence de Dieu, si le psalmlste f.iit appel au créatures pour monter jusqu’à Dieu, c’est bien plutôt afin de célébrer la louange de leur Créateur,

ur en établir solidement l’existence :

., , notre Seigneur, combien glorieux

I st ton nom par toute la terre. imii. J. i

is cieux racontent la gloire de Dieu, 1 t le firmament l’oeuvre de ses mains.

La jour BU jour en.innonce la nouvelle.

El la nuit.i la nuit en révèle la connaissance.

n’est p.is une nouvelle, m.les paroles,

pont on n’entende pas la v, .j.

Unis toute la terre s’en répand le bruit.

usqu’a l’extrémité du monde les accents, (xrx, 2-5.)

Aussi est-ce une pure folie que de nier Dieu devant le témoignage de toutes les œuvres divines :

L’Insensé a dit dans son coeur :

Il n’y 41 point de Pieu.

i iv, 21 i m. 2. 1

Tu m’as réjoui, Jahvé, par ce que tu as [ait.

Devant les œuvres de tes mains |e tressaille. Qu’elles sont grandes, tes œuvres, Jahvé I

nhicn profonds sent tes desseins : I.’homme Stuplde ne le sait ; 1 t l’insensé ne le comprend pas, i<u..">-7.i

Monothéisme. Ce Dieu est un Dieu unique :

Qui est Dieu en dehors de Jahvé,

I.t qui est un rocher, sinon notre Dieu ? (xviii, .12. 1

Toi seul, tu es Dieu.

Jahvé des armées, qui est comme toi ? (lxxxix, 9.)

tu es grand, Jahvé, I.t tu as lait des merveilles, toi seul.

1 1 wwi. 10 ; cf. cxxxv..">.)

pendant, il faut bien reconnaître que, dans les formules, cette unité et cette transcendance divines nous sont présentées comme si d’autres divinités pouvaient subsister à côté de Jahvé qui les surpasserait indeur :

le 1 Heu des dieux le Seigneur di s seigneurs.

i< xxxvi, 2-3.)

Mais ( ci hénothéisme n’est qu’apparent. Le psalmiste ne reconnaît aucune réalité aux autres divinités.

dieux des peuples ne (sont que néant, (xcvt, 5.)

.r lui. néant et idoles, c’est tout un et, à l’instar . ains de l’Ancien Testament (Os., viii,

—.. 1-16 ; [s., XL, 18 sq : m i : vi ; Bai.,

vi. 7 ïq. S q>. m-w i. il fait éclater sa verve satirique contre ces idoles de vanité et de néant :

Leurs Idol *, i’< si de l’argent et de l’or

re des m fins de l’homme. I.lles ont uni I ne parlent point ;

voient point ; l’entendent point ; ne s.-nteiii point : ont’des mains et ne touchant point ; irehent point. . 1-7 ; cf.. wv. 15-17.)

i.i malédiction pesé sur ceux qui se prosternent

devant ces idoles :

Ils selon ! comme elles, ceux qui les uni (ailes

Ions ceux qui se conlient en elles. CXXXV, 18 I

Et voici la recommandation pressante de Jahvé :

I conte, mon peuple ; je le l’ordonne.

Israël, puisses in m’écoutei ! N’aie point de dieu étranger

I 1 ne le prosterne pas devant un autre dieu ! Mol, |e suis.l.ihv, , ton Dieu.

Qui t’ai fait monter du pays d’1 gypte, (lxxxi, 9 11.)

Anthropomorphismes.

Cette lutte contre les idoles, cet te affirmation farouche de l’existence et de la transcendance divine épurent sans doute la notion que les Israélitese taisaient de Jahvé ; toutefois, le genre poétique adopté par le psalmiste admet beau boup d’anthropomorphismes. Le poète compare volontiers Jahvé a un héros et il lui prête des sentiments el des gestes humains.

Les veux de.lalive son ! sur les justes.

Et ses oreilles sont attentives à Unis cris. XXXIV, 16.)

Alors il se réveilla, .lalivc, comme un homme endormi.

Comme un héros qui était subjugué par le viii, Et il frappa ses ennemis par derrière

I I d’un Opprobe éternel il les couv i il. iiwuii. 65-66. i

I B droite de Jahvé a montre sa foiee ;

La droite de Jahvé m’a exalté. (cxviii, 16.)

I.’auteur sacré, du reste, n’est pas dupe de ces images. S’il les emploie, c’est par métaphore et elles sont toujours engagées dans un contexte dont la poésie confine au sublime. Par exemple, quand il parle du

vêtement de.lahvé. l’on se rend vite compte que celle manière de parler, bien loin de le tromper, n’est que l’expression d’un état d’âme sensible a la beauté de la nature :

Mon âme. bénis.lahvé.

.lahvé, mon Dieu, tu es grand II ;

De splendeur et de majesté tu es revêtu ;

II s’enveloppe de lumière emnme d’un manteau ;

Il déploie les cieux comme une tente ; | hautes.

Il établit dans les eaux (supérieures) ses chambres

U fait des nuages son char ; Il s’avance sur les ailes du vent ; Il fait des rafales ses messagers, Du feu qui dévore son ministre.

II a fixé la terre sur ses bases :

Elle sera inébranlable toujours et à jamais. (CJV, 1-â.i

Lorsqu’il fait allusion à la « face », à la « droite », au bras », à la « main » de Jahvé, le morceau poétique ou ces anthropomorphismes prennent place ne risque nullement, tant son élévation est belle, de nous donner le change sur la véritable conception du psalmiste. Telle cette description :

>’est toi qui domines l’orgueil de la mer ;

Quand ses (lots se soulèvent, c’est toi qui les apaises ;

i’esl toi qui as écrasé, comme un blesse, Ftahab.

Par la force de ton bras, tu as disperse tes ennemis.

A toi sont les cieux, a loi aussi la terre ;

Le monde et sou contenu, c’est toi qui les fondas ;

Le Nord et le Midi, c’est toi (pli les Cleas ;

i.e Thabor et l’Hermon tressaillent a ton nom.

V toi est la puissance avec la vaillance ;

I orte est la main ; élevée est la droite ;

La justice et l’équité sont la base de ton troue

La faveui’t i., lidélité précèdent ta face.

[LXXXIX, 10-15.)

II en va de même de la colère qui s’empare de Jahvé : c’est une manière de décrire l’orage avec ses ténèbres et ses éclairs, avec ses nuées et ses bourrasques. La fumée monta dans ses narines ;

Le feu dévora par sa bouche J

Des charbons enflammés en jaillirent.

Il abaissa les tiens et descendit, Et nue nuée était sous ses pieds ; Il monta sur un chérubin et vola ; Il plana sur les ailes du vent ; Il lit des ténèbres son manteau ;

l’ont autour <le lui était l’épaisseur des nuées.

De la splendeur devant lui ont jailli

La gicle et les charbons de feu ;

.lahvé tonna dans les cieux

Et le Très-Haut lit entendre sa voix l].

Il envoya ses flèches et les dispersa,

Il lança ses foudres et les mit en déroute.

| ( wiii, 9-1 5. |

Citons encore cette seconde partie du ps. xxiv, qui forme, à elle seule, en quatre petites strophes, un tableau achevé de l’entrée de Jahvé dans son temple sous la forme d’un héros victorieux :

() portes, élevez vos sommets ; Surélevez-vous, entrées antiques ; Et le roi glorieux entrera.

Quel est ce roi glorieux ? C’est Jahvé, le fort, le héros, Jahvé, le héros du combat,

O portes, élevez vos sommets ; Surélevez-vous, entrées antiques ; Et le roi glorieux entrera.

Quel est ce roi glorieux ? C’est Jahvé des armées ; C’est lui le roi glorieux. (xiv, 7-10.)

Il n’y a pas davantage à s’arrêter aux comparaisons que les psalmistes établissent souvent entre Jahvé et le roc, le rocher, la forteresse, le bouclier, etc., pour montrer la sécurité dont l’on jouit auprès du Dieu en qui on se confie. Ces formules de style sont très fréquentes dans le psautier. Il suffira de citer ce début de psaume :

Jahvé est mon roc et ma forteresse [1 ;

Mon Dieu est mon rocher où je m’abrite ;

Il est mon bouclier et la corne de mon salut,

Ma citadelle et mon asile sauveur. (xviii, 3-4.)

Éternité.

Aucun concept n’est plus difficile à exprimer peut-être que celui de l’éternité de Dieu. Le psalmiste en affirme l’existence et, quand il cherche à nous en donner l’idée, il le fait par voie d’opposition avec notre vie et sa durée, nos changements et nos transmutations. Rien de plus délicat, d’ailleurs, que ces images de notre existence fugace, en regard de la plénitude qui est le propre de Dieu.

Jahvé [] tu demeures [] de génération en génération ; Avant que les montagnes ne fussent nées Et que la terre et le monde ne fussent enfantés, D’éternité en éternité tu es, ô Dieu.

Oui, mille ans a tes yeux

Sont comme le jour d’hier ] et la veille de la nuit.

Le sommeil les anéantit le matin.

Ils sont comme l’herbe qui disparaît.

Le matin elle fleurit et pousse ;

Le soir elle se fane et se dessèche.

Oui, tous nos jours s’en vont [] ;

Nos années s’évanouissent comme un son.

Les jours de nos années [] s’élèvent à soixante-dix ans.

Et, s’ils sont vigoureux, à quatre-vingts ans.

Mais leur total » n’est que peine et vanité.

Car il passe vite et nous nous envolons ! (xc, 1-10.)

Un autre psaume compare notre monde à un vieux vêtement qui tombe en lambeaux, tandis que Jahvé demeure immuable, éternellement semblable à lui-même :

Ne m’enlève pas au milieu de mes jours. Toi dont les années durent d’âge en âge. Jadis lu as fondé 1 i terre, Et les cleUX sont l’œuvre de tes mains.

Ils passeront et toi lu de.neures !

Eux tous tomberont en lambeaux Comme un vêlement.

Comme un habit tu les changeras et ils changeront.

Il Mais les années seront suis fin. (cil, 25-28.)

L’immutabilité éternelle s’affirme dans le passage suivant :

Jahvé déjoue le plan des nations,

Il réduit a néant les desseins des peuples.

Son plan, à lui, subsiste à jamais,

Les desseins de son cœur d’âge en âge. (xxxiu, 10-11.)

Science. —

L’intelligence divine s’étend à tout : elle « voit ce qui est élevé et ce qui est bas, ps. cxxxviii, 6 ; elle « sait les pensées de l’homme », ps. xciv, 1 1 ; elle « sonde les reins et les cœurs », ps. vii, 10 ; elle « connaît les secrets du cœur », ps. xliv, 22.

Le psalmiste nous représente Jahvé épiant du haut du ciel tout ce qui se passe sur terre :

Du haut des cieux, Jahvé regarde ! II voit tous les fils de l’homme. Du lieu de son séjour, il considère Tous ceux qui habitent la terre.

C’est lui seul qui a formé leur cœur,

Qui connaît toutes leurs actions ;

Point de roi qui vainque par le nombre des troupes.

Ni de guerrier qui se sauve par la grandeur de sa force.

Le coursier est impuissant pour la victoire, Et avec toute sa vigueur ne peut se sauver. Voici, l’œil de Jahvé est sur ceux qui le craignent [J Pour délivrer leur âme de la mort ( ]. (xxxiii, 13-1’. ». i

Les impies ont beau faire : ils n’échapperont pas à cette vigilance de Dieu ; rien n’est plus sot que leur langage :

Ils disent : « Jahvé ne voit pas ; Le Dieu de Jacob ne comprend pas. Comprenez, vous, les plus stupides du peuple Et vous, insensés, quand serez-vous avisés ?

N’entendrait-il pas celui qui a planté l’oreille,

Ou ne verrait-il pas celui qui a fait l’œil ?

Celui qui châtie les nations ne réprimanderait-il pas.

Lui qui apprend à l’homme la science ?. (xciv, 7-10.)

C’est une très belle réplique aux insensés : la science divine surpasse infiniment la nôtre, qui ne peut exister que par celle de Dieu. Cette science est mise en relation avec la présence de Dieu en toutes choses et particulièrement dans le plus intime de nous-mêmes. Nous sortons avec le ps. cxxxix de tous les anthropomorphismes qui demeurent dans les citations précédentes et nous entrons dans une conception extrêmement pure de la théologie la plus exigeante :

La parole n’est pas sur ma langue

Que déià, Jahvé, tu la connais toute…

Merveilleux pour moi est’ton’savoir

Si élevé que je n’y atteins pas. icxxxix, 4, 6.1

Et l’auteur se livre ensuite à une description détaillée de cette pénétration divine en tout son être, en toutes ses démarches, en tous ses actes. Voici, restituée par quelques corrections textuelles, cette description émouvante :

(lu irai-je loin de ton esprit. Et ou fuiraije loin de ta face ? Si je monte aux cieux. tu v es ; Si je me couche au sclieôl, t’y voilà.

Que jr prenne les ailes de l’aurore, l t que l’aille eux extrémité* de la terra, Là ->u>-i i.i main me conduit, l’t t.i droite me saisit

dis : u moins que l’obscurité me’couvre : il m |e’tais descendre’la nuit autour de mol, Même i< ta ténèbres æ sont pas obscures pour toi, li l.i nuit brille comme le jour)].

Je tr loue.t cause de toutes les uni % cilles, ’.le trouve’admirables tes caw

c’est toi qui as formé mes reins. Oui m’as tissé dés le sein > ! < ma mère.

Mon ftme tu connaissais d^pin^ longtemps’.

s n’étaient pas Cachés devant toi. iqne |e fus tait dans le secret,

dans ls profondeurs de la terre.

yeux voyaient tous mes jours. 1 t sur ton livre ils étalent tous inscrits ;

uns étaient Inscrits’et ii<-s. ^.mt qu’aucun d’eux n’existât.

tes pe ns ée s s, Mit importantes pour mol.

<> Dion, « pie leur total est élevé.

.le les compte, elles sont plus nombreuses que le sable.

.le m’éveille et j’en suis encore avec toi.

[(cxxxrx, 7-18. i

Le pralmiste, on l’a vii, fait allusion à un livre sir lequel sont inscrits les jours île chacun, et, on peut bien le deviner, les actions de tout homme ; c’est un livre de vie ». L’Exode, xxxii, 32, s’exprimait déjà de cette manière par la bouche de Moïse : « Pardonnez maintenant leur péché ; sinon effacez-moi de votre lire que vous avez écrit. » A quoi Jahvé répondait : « C’est celui qui a péché contre moi que J’effacerai de mon livre. > Cette conception se retrouve dans le psautier en deux autres endroits encore. La première fois, dans un passage, où un glossateur a bien vu qu’il s’agissait du t livre des vivants » ou du « livre de vie ».

M ; i vie agitée, toi. tu lis inscrite ; Mes pleurs ont été mis dans une outre.

. I m. 9.)

Une réflexion, qui s’est glissée ensuite dans le texte,

mais à la fin du verset, précise sous forme interroga u « la vie agitée > du psalmiste a été inscrite : ’ce pas dans ton liv rt ?.dit le glossateur à Dieu.

La seconde fois l’auteur sacré appelle la malédiction

sur ses persécuteurs :

Donne-leur iniquité sur iniquité.

i’ils n’aient point de part à ta justice I

Ou’ils soient effaces du livre des vivants. Ct qu’avec les justes ils ne soient point inscrit-,

[ii.xix, 28-29.)

science de Dieu, à qui tout est présent et pour qui tout est inscrit comme sur un livre, est illimitée :

Notre Seigneur est grand et très puissant

on intelligence II n’y a pas de mesure. ( « mm

Puissance. —

Le psalmiste vient de nous déclai. vii, 5 que la puissance appartient à Dieu : Tout ce qu’il veut, il le fait. ps. < x.’.', . Cette puissance, il l’a manifestée dans la création. Aussi quand l’t uteur sacré considère les œuvres de Dieu, il s’écrie devant Jahvé :

disent la gloire de t’n Il proclament ta puissance. nxi.v, 4.)

n de plus impressionnant parmi les œuvres de Jahvé que les montagnes : l<ur majesté tranquille conduit le psalmiste jusqu’à Dieu :

Il affermit lesmonl sa force

Il est ceint de puissance. axv, 7.)

Par sa puissance Jahvé règne à jamais, ps. i.xvj, 7.

Allssi voit on aSSOCiei.1 celle puissance de Jahvé, son

règne et s.i majesté :

Jahvé règne, de majesté il est vôtu ; u est vêtu, Jahvé, de puissance, Jahvé de puissance’s’est ceint.

Plus que les vota des grandes eaux,

Plus que les vagues de la mer il est puissant

Il 1 st puissant dans la hauteur. Jahvé.

[(x< m. 1, 4 ; et. wi. 10 ;. 10. 1

sur la 1 royauté - de Jahvé, voir ps jccvi, xcix ; c i. 1 ; cxxvi, lOj i M i, 2. 8° Bonté et justice. In même texte rapproche la

puissance, la honte et la justice de Dieu ;

La puissance est a Dieu, 1 t a loi Jahvé la honte. Oui, toi, tu rends chacun selon son œuvre. nxii. 12-13.)

La justice n’est pas nommée, niais c’est bien à elle qu’il Incombe de rendre à chacun selon ses œuvres.

Le sentiment de la justice est l’un de ceux qui sont le plus avères au mur de l’Israélite ; rien ne lui répugne tant que les Iniquités des méchants et des impies ; indiN Idus ou nations seront soumis à un jugement et à un châtiment dans la mesure OÙ ils auront transgressé la justice. Le psalmiste aime à se représenter ce Jugement :

"Voici’Jahvé sié^e pour toujours ;

Il a dressé son trône pour juger ;

1.1 lui, il juge le monde avec justice ;

Il juge les peuples avec droiture, (ix, 8-9.)

Dieu protège le juste ; car il aime le droit, ps. xxxvii,

1.’impie guette le juste

Et cherche a le faire mourir ;

Jahvé ne l’abandonnera pas en sa main

Et ne le laissera pas condamner en son jugement.

[(xxxvii, 32-33.)

On peut donc dire qu’il y a une harmonie préétablie entre Jahvé et celui qui pratique la justice. « Jahvé m’a récompensé selon ma justice ; Jahvé m’a rendu selon ma justice », dit le ps. xviii, 21, 25.

Un mot peut résumer les conceptions du psalmiste :

28

Jahvé est juste en toutes ses voies. (cxt.v, 170

Et il ajoute aussitôt :

Et bon en toutes ses œuvres.

Bonté et justice, ce sont les attributs que le psautier aime à réunir, ps. ciii, 17. L’auteur sacré s’adresse à Jahvé :

La justice et l’équité sont la base de ton trône ;

la honte et la fidélité précèdent ta face, (ixxxix, 15.)

La boute et la fidélité se sont rencontrées ;

La justice et la paix se sont embrassées ;

La fidélité a germé de la terre,

El la justice a regardé du haut des deux.

[LXXXV, 11-12.)

On ne conçoit pas la bonté divine sans la justice, ni la justice sans la bonté. Cependant, avec quelle prédilection le psaJmistt (liante la bonté de Jahvé I On Sent bien que s’il fait appela la justice divine pour punir les méchants et les Impies, c’est parce qu’ils ne veulent pas s (. r< peut il et quitter 1( tirs voies de perdition, c’est parce qu’ils continuent d’opprimer les faibles et les mail < ureux. Mais pour les fidèles, pour les dévots, pour les justes, bonté el justice divines vont b pair : « ontinuc ta bonti a ceux qui te connaissent

Et ta Justice a ceux qui ont le coeur droit, (xxxvi, u.)

Aussi le poète qui a composé le ps. xxxvi magnifict-il ces deux attributs de Dieu :

Jahvé’comme’les cieux est la bonté ;

Ta fidélité’va’jusqu’aux nues.

Ta justice est comme les montagnes de Dieu.

Tes Jugements comme’le vaste Océan.

L’homme et l’animal tu les sauves ;

Jahvé, combien précieuse est ta bonté. ixxxvi, » -s. i

D’autres auteurs lui font écho :

Élevée jusqu’aux cieux est ta bonté.

Et jusqu’aux nues ta fidélité. (lvii, 11 ; cf. c.viu, 5.)

Daus le psautier on ne voit que bonté universelle de Dieu, une bonté qui se traduit en faveur et en miséricorde :

Auprès de Jahvé est la bonté. (cxxx, 7.1

Jahvé est bon envers tous,

Et sa miséricorde est sur toutes ses œuvres, (cxi.v, 7. i

La terre est remplie de la bonté de Jahvé. (xxxiii, .">. i

Ta bonté est meilleure que la vie. (i.xiii, 4. i

Universelle, cette bonté est également éternelle : Jahvé, ta bonté est éternelle. (cxxxviii, 8.)

C’est pourquoi le psalmiste ne cesse de proclamer la fidélité de Jahvé, en même temps que sa bonté, ps. xxv, 10 ; lvii, 4 ; lxi, 8 ; lxxxix, 2, 25, 29, 34 ; xcvni, 3 ; cxxxviii, 3. Une bonté éternelle, ps. xxv, (3 ; c, 5 ; evi, 1 ; cvii, 1, est une bonté fidèle. Aussi n’y a-t-il rien d’étonnant que parfois revienne comme un refrain ou comme une réponse à des litanies cette courte phrase : « Car sa bontéest éternelle. » Ps cxxxvi, 1-26 ; cf. cxviii, 1-4, 29.

Le Juif ne pouvait, en effet, oublier qu’en un jour solennel Jahvé lui-même s’était écrié devant Moïse : « Jahvé ! Jahvé ! Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve sa grâce jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la révolte et le péché. » Ex., xxxiv, 6-7. Ces mots, il les retrouvait dans son psautier, lxxxvi, 15, et il les voyait exaltés en une magnifique comparaison, celle de la miséricordieuse bonté d’un père pour ses enfants :

Jahvé est miséricordieux et compatissant. Lent à la colère et riche en bonté []. Il ne nous traite pas selon nos péchés. Et ne nous rétribue pas selon nos iniquités.

Mais, autant les cieux sont élevés sur la terre. Autant’s'élève’sa bonté sur ceux qui le craignent ; Autant l’Orient est loin de l’Occident, Autant il éloigne de nous nos fautes.

Comme un père est miséricordieux pour ses enfants, Jahvé est miséricordieux pour ceux qui le craignent. Car lui, il sait de quoi nous sommes formés, II se souvient que nous ne sommes que poussière.

L’homme, ses jours sont comme l’herbe ;

Comme la fleur des champs il fleurit ;

Qu’un souffle passe sur lui et il n’est plus ;

Et le lieu qu’il occupait ne le connaît plus, (cm, 8-1(5.)

Les bontés de Jahvé, tant envers sa race qu’envers lui, l’Israélite s’en souvenait et le psalmiste les lui rappelait, ps. xxv, 6 ; lxxviii, 38. Et c’est pourquoi le fidèle pouvait répéter avec l’auteur sacré : « En ta bonté, j’ai confiance, Jahvé », ps. xiii, 6. Et encore :

Lorsque je disais : » Mon pied chancelle »,

Ta bonté, Jahvé, me soutenait, (xerv, 18.)

Création, providence, gouvernement divin.

Si nous unissons ces trois concepts, ce n’est pas que le psautier les confonde, c’est parce qu’ils sont très sou vent imbriqués. Le psalmiste détaille les œuvres que Dieu a créées, unis c’est pour affirmer aussitôt, ou bien que Dieu s’en occupe, ou bien que toutes les créa tures célèbrent la louange divine, ou bien que Dieu se trouve ; derrière toutes les manifestations de la nature. C’est à la parole divine que l’auteur du ps. xxxin attribue la création, et, dans cette œuvre divine, il discerne une activité générale de tous les attributs de Dieu.

La parole de Jahvé est droite,

Et toute son œuvre il l’a faite dans la vérité.

Il aime la justice et l’équité ;

La bonté de Jahvé remplit la terre.

l’ar la parole de Jahvé les cieux ont été faits, Et par le souffle de sa bouche toute leur armée. Il rassemble comme en un tas les eaux de la mer ; Il place en des réservoirs les océans.

Toute la terre craint devant Jahvé ;

Tous les habitants du monde tremblent.

Car lui, il a dit et tout s’est fait ;

Lui, il a ordonné, et tout a subsisté. (xxxiii, 4-9.)

Il est difficile de s’exprimer d’une manière plus formelle au sujet de cette dépendance totale du monde vis-à-vis de Dieu qui l’a tiré de rien, uniquement par la parole qui appelle tout à l’existence.

D’autres psaumes viendront nous décrire en des strophes d’une haute inspiration, l’intervention de Dieu dans la nature. Les phénomènes les plus divers, Dieu les produit encore par sa parole toute-puissante :

II envoie son ordre sur la terre ;

Avec rapidité s’élance sa parole.

Il répand la neige comme de la laine ;

Il saupoudre le givre comme de la poussier ».

Il projette sa grêle comme par morceaux ; Devant sa froidure les eaux se gèlent ; Il envoie sa parole et il les fond ; Il fait souffler son vent et les eaux coulent.

[(cxLvn, 15-18. i C’est toi qui as partagé, par ta puissance, la mer, Brisé les têtes des dragons sur les eaux.

C’est toi qui as fracassé les têtes du Léviathan, Qui l’as donné en pâture au peuple’des* bètes fauves. C’est toi qui as fait jaillir la source et le torrent ; C’est toi qui as mis à sec des fleuves intarissables !

A toi est le jour, à toi aussi la nuit ;

Car c’est toi qui as créé la lumière et le soleil.

C’est toi qui as fixé toutes les limites de la terre.

L’été et l’hiver, c’est toi qui les as établis.

[(lxxiv, 13-17.)

Outre le ps. xciii, que nous avons déjà cité, il faut mentionner encore le ps. civ, dans lequel l’auteur nous fait assister à une véritable féerie d’activités humanodivines ; son regard se porte successivement sur toutes les créatures et il en trace un portrait d’une variété remarquable. Extrayons-en ce simple passage :

Eux tous, ils attendent de toi

Que tu leur donnes leur nourriture en son temps.

Tu la leur donnes, ils la saisissent,

Tu ouvres ta main ils sont rassasiés de biens.

Tu caches ta face, ils sont dans l’épouvante ;

Tu reprends leur souffle, ils expirent ;

Tu envoies ton soufflu, ils sont créés ;

Et tu renouvelles la face de la terre. (civ, 27-30.)

Rien n’échappe à ce gouvernement général du monde, ni à la providence particulière de Dieu :

Il compte le nombre des étoiles, Toutes il les appelle par leur nom… C’est lui qui couvre les cieux de nuages, Qui prépare la pluie pour la terre.

st Un qui i.nt germer do ^imh rai Im montagnes lit de* plantes pour la m sa m da l’homme’il lui qui donne eu bétail > i nourriture, Vax petits du corbeau qui appellent, (cxlvii, i. 8-9.)

, ud le psalmiste veut peindre l’Intervention de Jahvé dans le tonnerre, il atteint a on sublime, qu’aucun p >ète n’a pu dépasser :

Jahvé de* petits de bélier » ’: Donnée i Jahvé gloire et pnlasanna ; Doonea a Jahvé la gloire <l « - ion nom ; Vdorea Jahvé en des vêtements sacres.

La viii iir Jahvé sut les eaux [I tonne, La Dira da gloire sur les vastes eaux. i i voix de Jahvé est puissante !  !. majeatueuse. . i de Jahvé brise les cèdres.

lahvé i-ri-., - les eédrea du Liban,

Il les (ait bondir, tris le ve.ui [J, le jeune buffle,

La votai de Jahvé tait jaillir des éclairs ; La voix de Jahvé (ait trembler le désert.

i tait trembler le désert de Cadés. La vote da Jahvé lait tournas or los ehénes ; i.i i u de Jahvé’dépouilla les forêts, n.ins son temple, tous disent su gloire’.

La gloire de Jahvé tronc sur le’inonde’;

Jahvé tronc DOtnme roi pour toujours.

QlM Jahvé ilonne la puissance a sou peuple !

QoM Jahvé bénisse son peuple dans la paix ! (.xxis.i

Dans ce psaume, M. K. Causse, L*s plus vieux chants Bille, Paris. l<ij. ;, p. 94, a vu « un hymne au vieux Vahvé naturiste, le Dieu qui se manifeste au milieu de npête et dis flammes de feu ». Et il ajoute ces dérations, qui sont tout à fait dans le Heure de

. ibid., p 95 : Value tonnant au-dessus de
céleste et faisant retentir sa voix sur le monde

Épouvanté, tandis que les béni hâéldhtm se rassemblent autour de lui p >ur lui rendre gloire, c’est là une représent ition myth.jlo, 41que très primitive, et dont les p’.ions plus abstraites et plus épurées du jud lisC p >stprophétique n’ont pis encore atténué la vigueur. Devant les cataclysmes de la nature, et particulièrement devant l’orage, l’homme a éprouvé une ém>tion religieuse profonde, un grand sentiment de terreur et d’admiration. C’est pourquoi, dans la plupart d ?s reliuions anciennes, comme chez les non-civile nos jours, le Dieu suprême est le Dieu de l’atmosphère et de la lumière, qui apparaît armé du tonnerre et de l’éclair au milieu des nuées.

Il nous est imp >ssihle d’admettre ces considérations ; nous paraissent hors de propos. S’il est un psaume ùtion technique est achevée, c’est bien Lp- xxix. 1. 1 description du tonnerre et de L’orage d ins le Liban et le désert de Cadès est d’une majesté unique. Qu >i d’étonnant qu’un écrivain en rep irte sur Jahvé et sur « la voix de Jahvé » f.-ts : " msommes la en face d’une mentalité >gique qui s’affirme en d’autres endroits du psautier : tout rapporter a I)ieu des phénomènes de la cria lion. Qu’y a-t-il la de spécifiquement naturiste ? I’faudrait soutenir que l’écrivain sacré est dupe i ! métaphores, d-- son poème, de sa technique I.iissonslui son âme de p tête ; reconnaissons-lui la sublimité de pathétique. On dirait bien plutôt d’une orchestration puissante, que d’une représentât ion « très primitive’. Ajoutons que le début « lu psaume, comme la Snal d’une composition a usage liturgique ;

on remarquera qu’au premier stique, au lieu de béni’html (ils de Dieu i)qnies1 l’expression employée par Job. ii. i. alors que le texte hébreu, porte béni’iltm is choisi l’interprétation des Septante béni im ( petits de béliers |. Terminons par cet appel a la louange universelle.

Toute la création est conviée a proclamer la majesté

du nom de Jahvé :

Louai Jahvé des deux. Louez-le dans les hauteurs ;

loue/ le. nlls tous, sis ailles.

l.oueL-lc. vous tous, son année.

I ouc/-le. soleil et lune ;

Loue le. VOUS toutes, étoiles île lumière ;

Louez-le, deux îles deux.

Louez-la, eaux supérieures tau iicssus des deux).

Qu’Us louent le nom de Jahvé,

Car, lui, il a commandé et ils fiirent créés :

II les a établis.1 jamais, pour toujours ;

Il a donné un statut qu’ils ne’transgresseront’pas.

Loue/ Jahvé, de la terre,

Monstres et vous tous, océans.

l’eu et grêle, neige et nuages,

Souffle de l’ouragan, exécuteur de sa parole.

Montagnes et vous toutes, collines. Arbres à (ruits, et vous tous, cèdres, Animaux et vous tous, bestiaux. Reptiles et oiseaux ailes.

Rois de la terre et vous tous, peuples. l’rinces et vous tous, gouverneurs de la terre. Jeunes gens et vous aussi jeunes filles. Vieillards et enfants.

Qu’ils louent le nom de Jahvé, Car son nom, seul, est élevé ;

Sa majesté est sur toute la terre,

El il a élevé une corne pour son peuple, (cxi.viu, 1-13.)

10° Les ministres de Dieu.

Dans le concert de louange qui monte vers Jahvé, nous venons de voir les anges appelés à jouer leur rôle. En un autre passage, le psaliniste s’adresse de nouveau à eux : le contexte montre nettement que pour lui l’expression « Jahvé des armées », que nous avons signalée plus haut, aie sens de « Jahvé, Seigneur des armées célestes » :

Bénissez Jahvé, vous ses anges,

Héros vaillants qui accomplissez ses ordres [] !

Bénissez Jahvé, vous toutes, ses armées,

Ministres qui accomplissez sa volonté ! (cm, 20-21. 1

Le psautier contient peu de renseignements sur les anges. Sans doute faut-il les reconnaître sous l’appellation de « fils de Dieu » que l’on trouve dans le passage suivant :

Qui ressemble à Jahvé parmi les fils de Dieu’.'

LXXXIX, 7.)

Les Septante et la Vulgate, ps. viii, 6, les déclarent supérieurs à l’homme. Ils ont comme mission, on l’a vu, d’accomplir la volonté de Dieu. Cette mission, ils la remplissent soit en répandant le malheur contre les Israélites infidèles, ainsi que dans une répression apocalyptique :

Il lança contre eux l’ardeur de sa colère,

La fureur, la rage et la détresse,

Mission d’anges de malheur. ii.xwui. 49.)

soit en protégeant celui qui s’est assis à l’ombre du Très-Haut :

Il ne fondra pas sur toi, le malheur,

E1 le dommage ne s’approchera pas de ta tente.

Car i sis an^cs il a ordonné pour toi

De I garder dans toutes tes voies.

Sur leurs mains ils te porteront,

De peui que ton pied ne heurte contre la pierre.

Sur le lion et la vipère tu marcheras,

Tu écraseras le lionceau ci le serpent. (xci, 10-13.)

L’ange de Jahvé campe

autour de ceux qui ! « craignent et il les délivre.

Quant à ceux qui attaquent Les fidèles de Jahvé, l’ange les poursuit, ps. xxxv. 6. Nous n’avons aucune donnée, dans le psautier, qui nous permette de préciser la nature de ces anges.

Des démons ou du diable, il n’est pas question dans le texte hébraïque. Là où la Vulgate (et les Septante) lit, ab incursu, et dumonio meridiano (xc, G), l’hébreu doit se traduire : « Ni la contagion qui dévaste en plein midi » (xci, 6). Là où la Vulgate lit : quoniam omnes dii genlium dsemonia (xcv, 5), l’hébreu doit se traduire : « Car tous les dieux des peuples sont des idoles » (xevi, 5). Là où la Vulgate porte : qui facis angelos titos spiritus (cm, 1), l’hébreu doit se traduire : « Il fait des rafales ses messagers » (civ, 4). Là, enfin, où la Vulgate dit : Et diabolus stet a dextris cjus (cvm, 6) l’hébreu se traduit : « Et qu’un adversaire se tienne à sa droite » (cix, G).

II. L’HOMME.

Nature de l’homme. —

L’anthropologie du psautier n’est pas différente de celle des autres livres de l’Ancien Testament. « Les auteurs sacrés n’ont jamais eu l’intention de nous faire une théorie complète du composé humain. Trois termes toutefois ont à cet égard une importance spéciale : ce sont les mots bâsâr, né/éS et rûah, traduits couramment par « chair », « âme » et « esprit ». L’identification du mot bâsâr est facile ; il désigne la chair, cette poussière, cette boue terrestre organisée par Yahweh en un corps humain, Gen, ii, 7. » J. Touzard, Le développement de la doctrine de l’immortalité, dans Bévue biblique, 1898, p. 209.

Le mot rûah se présente une quarantaine de fois dans le psautier ; mais la plupart du temps il a le sens de « vent ». i, 4 ; xviii, 11, 16, 43 ; xxxv, 5, etc. Lorsqu’il s’applique à l’homme, il désigne ou bien la partie supérieure de l’âme qui est le siège de l’affliction et de l’abattement, xxxiv, 19 ; li, 19 ; lxxvii, 4, des sentiments religieux et moraux, li, 12, 13, 14 ; xxxii, 2 ; lxxviii, 8 ; cxliii, 10 ; ou bien le principe de vie qui peut défaillir, cxlii, 4 ; cxliii, 4, 7, ou s’évanouir, cxlvi, 4 ; en ce dernier cas, l’homme retourne à la poussière. Cet esprit de l’homme appartient à Dieu ; c’est lui qui l’insuffle à l’homme pour le faire vivre, c’est lui aussi qui le retire pour le faire mourir : mais ce n’est pas un cas spécial à l’homme ; tous les êtres vivants sont pareillement dépendants :

Tu caches ta face, ils sont dans l’épouvante ;

Tu reprends leur souffle, ils expirent.

Tu envoies ton souffle, ils sont créés ;

Et tu renouvelles la face de la terre. (civ, 29-30.)

C’est à la garde de Dieu que le psalmiste confie cette rûah, qu’on la prenne pour le principe de vie, ou pour la faculté de vie supérieure :

En tes mains, je remets mon esprit,

Tu m’as délivré, Jahvé. (xxxi, G.)

Le psautier emploie bien plus souvent le mot de néfés, qui veut dire « âme ». On peut se demander si après la mort la rûah, le souffle, l’esprit est rendu à l’homme ; la réponse paraît bien négative. Mais l’âme ne périt point, elle continue de subsister, ainsi que nous le verrons, et tandis que, Dieu ayant retiré son souffle de vie, le corps ou la chair s’en va au tombeau, la néféS ou « l’âme » ne disparaît point, mais s’en va au séjour des morts (scheôl).

Souviens-toi, ’Seigneur’, de ce qu’est la vie, Pour quel rien tu as créé tous les fds des hommes. Quel est l’homme vivant qui ne verra pas la mort, Soustraira son âme au scheôl ? (lxxxix, 48-49.)

Nous reviendrons plus loin sur cette idée du scheôl. Pour le moment, retenons cette loi universelle de la mort, et aussi la constatation assez amère de la misère de l’homme. Cette constatation, nous la retrouvons en d’autres passages. Nous avons déjà cité les ps. xc, 3-10, et ciii, 15.

Jabvé, qu’est l’homme pour que tu le connaisses ? Le fds de l’homme, pour que tu penses à lui ? L’homme est semblable a un souffle ; Ses jours sont comme l’ombre qui passe, (cxi.iv, 3-4.)

Fais-moi connaître, ô Jahvé, ma fin ; Et la mesure de mes jours quelle est-elle ? [] [JQuelques palmes tu as données à mes jours ; Et ma durée est comme un rien devant toi.

[]Comme un souffle se tiennent tous les hommes ;

[ ](’.omme une ombre l’homme s’en va ;

[]Pour rien il s’agite ; il amasse ;

Et ne sait pas qui recueillera. (xxxix, 5-7. i

La brièveté de la vie est dépeinte sous les images d’un souffle, d’une ombre, de l’herbe qui se flétrit, et aussi sous celle de la sauterelle qui disparaît :

Comme l’ombre qui décline je m’en vais ;

Je suis ballotté comme la sauterelle. (ax, 23.)

Soixante-dix ans, peut-être quatre-vingts, ce total de nos années « n’est que peine et vanité, car il pas^e vite et nous nous envolons ». ps. xc, 10.

Et pourtant un psaume, qui nous est familier, ne laisse pas de chanter la grandeur de l’homme en des termes incomparables. Le psalmiste, e’mu de tant de dignité, entonne la louange de Jahvé devant le spectacle que lui offre la splendeur de l’homme, centre de toute la création :

Quand je contemple [J l’ouvrage de tes mains, La lune et les étoiles que tu as formées, Qu’est donc le mortel que tu songes à lui. Et le fils de l’homme que tu t’en occupes ?

Car tu lui as fait manquer de peu d’être un Dieu, Et de gloire et de majesté tu l’as couronné. Tu le fais présider aux œuvres de tes mains. Tu as tout placé sous ses pieds :

Brebis et bœufs tout ensemble,

Et aussi bêtes des champs,

Oiseaux des cieux et poissons de la mer,

Ce qui sillonne les sentiers des eaux. (vm, 4-9.)

Vie religieuse et morale.

M. H. Wheeler Fcbirson, The inner Life of the psalmists, dans Thepsalmists, Oxford, 1926, p. 46, a essayé de définir en quoi consistait essentiellement la vie religieuse et mcrale de l’homme d’après le psautier et il écrit : « La note tonique du psautier semble être donnée dans ces mots du ps. l, 15 :

Appelle-moi au jour de la détresse Je te délivrerai et tu me glorifieras,

mots qui, ainsi que le dit Gunkel, résument brièvement toute la vie du fidèle. »

Nous ne pouvons souscrire à cette opinion. Sans doute, ce verset du ps. l nous offre l’une des pensées les plus chères aux psalmistes : Dieu ne se laisse pas appeler en vain par son fidèle ; il vient à son secours ; et le fidèle n’a rien de plus à cœur que de glorifier celui qui l’a délivré. Mais c’est faire trop dépendre la vie religieuse de l’Israélite de la détresse où il se trouve. Antérieurement à ces sentiments, il y en a d’autres plus calmes, et tout aussi vrais ; ils correspondent à un état d’âme plus général, indépendant de la détresse momentanée du pieux Israélite.

Pour nous, la vie religieuse et morale du psautier se résume bien mieux dans la strophe suivante :

Une seule chose j’ai demandé à Jahvé ;

Cela je le recherche :

Habiter dans la maison de Jahvé

Tous les jours de ma vie.

Afin de jouir de l’amitié de Jahvé

Et d’admirer son temple. (xxvii, 4.) deux derniers nota caractérisent fort bleu l’Idéal

du fidèle : jouir de l’amitié île Jahvé et admirer son temple. Nous retrouvons sous la plume du psalmlste ce que la religion nouvelle ne fera que mettre davantage en valeur : l’amitié de Jahvé. participer, en jouir. n’est-ce pas le principal de la vertu théologale par excellence ? Si l’auteur ajoute : et admirer son temple, c’est que, pour lui, le temple n’est pas seulement la construction de pierres dont s’émerveilleront un Jour lisclples même de Notre-Seigneur, c’est l’habitation de Jahvé. Sion, Jahvé a placé sa demeure, 12 ; su viii, 2-1 ; i xxvi, 3 : c’est la montagne où il fait sa résidence, ps. lxxiv, 2. De Sion.il protège les siens, ps. xx, 2, et bénit son peuple. Ps cxxviii, 5. t. Culte du temple. - Que le fidèle demeure à Jérusalem ou qu’il s’y rende en pèlerinage, e’est vers le sanctuaire que ses yeux se tournent : la. il sera sous la houlette du bon pasteur et n’aura rien à craindre. Volontiers, Israël m’compare au peuple du pâturage Je Dieu, au troupeau que vi main conduit, ps. xcv, 7 ; . sous la direction du pasteur qu’est Dieu, il parviendra à la maison de Jahvé, sans encombre, sans souffrances, s.ms embûche-. :

Jahvé est mon pasteur, je ne manque de rien ; Dans les prairies il me tait coucher.

— des eauv où l’on -e repose, il me conduit ; Il restaure mon âme.

Il me guide dans les bons chemina

caaæ de son nom [1.

Vvec moi sont ta houlette et ton bâton ;

IN me sauvegardent.

Tu M dressé devant moi une table, Kn face de mes ennemi- : Tu as oint d’nuile ma tête, vt i coupe est abondante.

Uui, la bonté et la faveur me poursuivent

Tous les jours de ma vie :

Et (’habiterai dans la maison de Jahvé

Pour de longs jours.

(xxiii, t-r>. i

S le Adèle désire la maison de Jahvé, c’est pour y trouver Dieu ; en réalité, ce qu’il poursuit, e’est le uerce intime avec Jahvé :

Jalrvé. tu es mon Dieu, je te cherche : M<>n âme a soif de toi ; Ma ehalr languit après toi. Comme une herbe desséchée [J, sans eau.

est ainsi que dans le sanctuaire je te contemplais, Pour voir ta puissance et ta gloire. ii.xiii, 2-3.)

Quoi de plus élevé que cette recherche de Dieu et que cette contemplation divine ! Le fidèle v trouve sa véritable félicité :

Heureux qui tu choisis et fais approcher,

Pour qu’il habite tes parvis ! il sera rassasié du bonheur de ta maison. De’la sainteté de ton temple. n.x. "..>

Aussi est-ce une vraie joie pour l’Israélite que de se rendre en pèlerin a Jérusalem. D’avance son âme exult

h me réjouis quand on me dit : Allons a la maison de Jahvé. - pieds se sont B’rusaient.

Jérusalem, bâtie comme une ville ou l’on’se réunit’ensemble ; t l.i qæ montent les tribus.

us <|.- [ah.

m wii. 1-3.)

sent, a travers le texte mutilé d’une partie du xxiv. quila vision qui attend les pèlerins les

soutient dans leur marche difficile. Voici comment nous restituons ces versets :

Heureux ceux dont la tores est en toi, Pèlerins de la vallée d, - larmes. ils placent les montées’dans leur oosur, ii le guide entonne les bénédictions’, lu vont de plus en plus vaillants,

Marchant veis I >u-n ilaus Sion. nxxxiv, 8-8.)

Le pèlerin ne peut qu’envier le Juif qui habite Jérusalem et qui peut se rendre chaque jour, et plusieurs

fois par jour, au sanctuaire divin :

Combien est aimable ta demeure, Jahvé des armées. Mon finie soupire et s’épuise Après tes parvis, Jahvé.

Mon CCBUT et ma chair exultent près le Dieu vivant.’Après’tes autels, Jahvé des armées. Mon roi et mon Dieu.

Même l’oiseau se trouve [] un nid. Où il dépose ses petits. Heureux ceux qui habitent ta maison, Où sans cesse ils te louent.

Car un jour dans tes parvis vaut mieux

One mille’dans les rues’Et se tenir au seuil de la maison de mon Dieu

Que séjourner dans les tentes []. fi.xxxiv, 2-5, 11.)

De ces pèlerinages le fidèle remportait dans sa province le souvenir réconfortant :

Voici ce que je me rappelle, en répandant

En moi mon âme :

Je me rendais en compagnie des’nobles’A la maison de Dieu,

En des accents de joie et de louange,

Tumulte de fête, (xlii, S ; cf.xi.m, 3-4.)

N’ul doute qu’au milieu de ces réjouissances, le pèlerin, comme le fidèle de Jérusalem, ne goûtât la présence divine :

Pour faire entendre la -oix de ta louange

Et pour raconter toutes tes merveilles, Jahvé,

J’ai aimé le séjour de ta maison.

Et le lieu où réside ta gloire. [(xxvi, 7. »

Voilà bien ce que cherchait avant tout l’âme de tout Israélite dans ses visites au sanctuaire de Sion : le lieu où réside la gloire de Jahvé. Là, on était sûr de rencontrer l’amitié divine, en présence du Dieu vivant. Splendide conception de vie religieuse, que l’on oublie trop souvent quand on parle de la piété du psautierl Et si proche de la religion nouvelle ! Rien de formaliste en ces accents du psalmiste, qui révèlent l’objet profond de sa contemplation intérieure, Jahvé :

La splendeur et la majesté sont devant sa face, l.a puissance et la magnificence dans son sanctuaire.

[(.xevi, 6.)

Si la fréquentation du Temple est avant tout satisfaction d’une vie surnaturelle, il n’en est pas moins vrai qu’elle s’accompagne de manifestai ions extérieures, communes à toute religion, mais particulièrement développées chez les Israélites, danses, processions, chants, musique, cf. ps. cxli.x et cl. En outre, le culte du Temple comporte un rituel, holocaustes, offrandes, accomplissement de vœux, sacrifices de toutes sortes. Le psautier n’a garde d’oublier cet aspect sacrificiel de la religion juive :

toi’convient’la louange’Jahvé’, dans Sion ;

Et on acquitte le vœu envers toi,

Oui entends la prii

Jusqu’à toi vient toute chair, ’A cause’des Iniquités. Nos transgressions pèsent sur Toi, tu les pardonnes.

(i.x, 2-4.)

.l’entrerai dans la maison avec des holocaustes ;

J’acquitterai envers toi mes voeux.

Pour lesquels mes lèvres se sont ouvertes

Et que ma bouche a prononcés dans ma détresse.

.l’apporterai des brebis grasses en holocaustes [],

.l’offrirai le bœuf et les boucs.

[(lxvi, 13-15 ; cf. lvt, 13 ; cxvi, 12-14, 17-19.)

C’est d’ailleurs l’ordre formel du psalmiste :

Donnez à Jahvé

La gloire de son nom ;

Apportez l’offrande

Et venez à ses parvis. (xevi, 8.)

Cependant il est indéniable que Jahvé réclame impérieusement le culte intérieur avant le culte extérieur. Une religion qui ne se traduirait que par des rites sacrificiels n’aurait pas sa faveur. Ce que Jahvé exige de ses fidèles, c’est, d’une part, l’adoration etlalouange et, d’autre part, la contrition et l’humilité du cœur en même temps que la pureté et l’innocence de l’âme. Voici trois beaux textes qui apportent sur ce sujet toute la clarté désirable. Dans le premier, Jahvé s’adresse à son peuple :

Ce n’est pas à cause de tes sacrifices que je te reprends ; Car tes holocaustes sont toujours devant moi. Je ne prends pas de ta maison le jeune taureau, Ni de tes bercails les boucs.

Car à moi sont tous les animaux de la forêt, Toutes les bêtes des’montagnes’par milliers. Je connais tous les oiseaux’des cieux’, Et ce qui se meut dans les champs m’appartient.

Si j’avais faim, je ne te le dirais pas ; Car à moi est le monde et tout ce qu’il contient. Est-ce que je mange la chair des taureaux ? Est-ce que je bois le sang des boucs ?

Offre à Dieu le sacrifice de louange

Et accomplis tes vceux envers le Très-Haut.

Et appelle-moi au jour de la détresse,

Je te délivrerai et tu me glorifieras. (i., 8-15.)

Par réaction contre une religion trop ritualiste et trop matérialiste, l’auteur du Miserere accentue davantage le sentiment intérieur qui doit animer le fidèle et fait écho à plusieurs diatribes des prophètes contre un culte sacrificiel sans âme et sans esprit :

Tu ne te plais pas au sacrifice []

Et si j’offre l’holocauste, tu ne l’accueilles pas.

(] Le cœur contrit et humilié, ’Jahvé’, tu ne le dédaignes pas.J (u, 19.)

Une glose a fort bien compris ce que voulait le psalmiste. Elle commente de la manière suivante : « Les sacrifices de Dieu, c’est un esprit contrit. » Voilà ce que Jahvé accepte favorablement, voilà à quoi il se plaît.

Le troisième texte se meut dans une atmosphère plus calme et plus irénique. Il spécifie quelles sont les conditions pour être admis dans le Temple et y goûter les joies spirituelles de" l’amitié et de la contemplation divines :

Qui gravira la montagne de Jahve.l

Et qui se tiendra dans sa demeure sainte ?

Celui qui a les mains innocentes et le cœur pur,

Qui ne porte point son âme vers le mal []. (xxiv, 3-4.)

Le ps. xv, qui est à rattacher directement au ps. xxiv, ne fait que préciser en quoi consistent ces conditions : innocence et pureté de cœur ; cf. aussi ps. xxvi, 5-6.

N’était-il pas possible de trouver en d’autres peuples qu’en Israël cet appel vers Jahvé et ces conditions de

vie pure de tout mal et capable de tout bien ? L’auteur du ps. lxxxmi a cru à cette possibilité ; cette idée l’exalte et il voit en pensée une multitude de peuples se rattachant à Jahvé. Le centre du culte étant à Jérusalem, il a comj osé un chant dithyrambique pour célébrer ce qu’on peut appeler. i ans aucune exagération, la maternité spirituelle de Sion ; on v perçoit cet enthousiasme uni versai iste que nous avons constaté dans le ps. lxmii et, malheureusement, comme dans ce dernier psaume un glossateur nationaliste et particulariste a apporté detels changements par quelques retouches textuelles que le chant en est devenu très difficile à comprendre. En voici un essai de restitution :

Jahvé aime les portes de Sion Plus que toutes les tentes de Jacob. On rapporte de toi des merveilles. Ville de Dieu.

Je compte Hahab et Babel Parmi ceux qui’connaissent Jahvé’La Philistie, Tyr, avec Coush. Ils sont nés, chacun, là.

A Sion ils disent : ’Maman’, Car chacun y est né []. Jahvé enregistre par écrit [] : Celui-ci est né là.

2. La Loi.

Avoir les mains innocentes et le cœur pur et ne point porter son âme vers le mal, qu’est-ce autre chose dans le concret que pratiquer la Loi qui a été donnée à Jacob et établie en Israël, ps. lxxviii, 5 ?

Pour célébrer la beauté de cette Loi, l’auteur sacré lui a consacré tout un psaume de 176 versets, psaume alphabétique, merveilleusement composé au point de vue technique, dont chacune des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu commence successivement huit versets, voirF. Zorell, S. J., Textkritisches zum 119. (118.) Psalm, dans Biblica, 1923, p. 375-380. Tout y est dit avec une plénitude et une variété qui prouve dans son auteur un véritable artiste.

A côté de ce long poème didactique, le psautier contient un chant délicieux dans sa brièveté :

La loi de Jahvé est parfaite ; Elle recrée l’âme. L’enseignement de Jahvé est sûr ; Il instruit l’ignorant.

Les préceptes de Jahvé sont droits ; Ils réjouissent le cœur ; Le commandement de Jahvé est clair ; Il illumine les yeux.

La crainte de Jahvé est pure ; Elle demeure à jamais. Les jugements de Jahvé sont vérité ; Ils sont tous équitables.

Ils sont plus précieux que l’or Et que beaucoup de métal fin. Et ils sont plus doux que le miel Et que le produit des rayons.

Aussi ton serviteur s’y attache ; A les garder il y a grand profit. Les erreurs qui les fera remarquer ?’1 Purifie-moi de celle que j’ignore. ixix, S-13.1

C’est un vrai bonheur que de méditer jour et nuit sur la loi de Jahvé, ps. i, 2. L’homme qui s’y prête,

Il sera comme un arbre planté

Auprès des.cours d’eau,

Qui donne son fruit en son temps

Et dont le feuillage ne se flétrit point.

Tout ce qu’il fait il réussira. (l, 3-4.)

Ici encore, il s’agit bien plus de culte intérieur, de culte en esprit et en vérité, que de pratiques extérieures.

I., Loi doit être inscrite dans le coeur du fidèle, ps wwii. 31. 1 -1 1 1 « .- n’est que l’expression « l> la volonté divine l i mettre en pratique, c’est avant tout taire i.i volonté de Dieu :

La victime et l’offrande, tu n’as pas désiré ;

M. u* tu m’. is’ouvert’K’- oreilles.

L’holocauste et le sacrifice tu n’as pas demandé !

b, je suis venu.

ie rouleau « lu lî re est écrit en mol

Tour que je I.ivm’tu volonté.

Mon Pieu tu as’reconnu’|| tu lui

l’intérieur île mes entrailles.

XL, T 9.)

Trois wrtiis. qui sont souvent prônées dans les paanmci. aident le Ddèle à garder lu loi et les commandements « le Jatavé, malgré toutes les difficultés’le cette tàcbe : ’/ La confiance en Jahvé, xxv, J. xxvii, S ; wiit. 7 : i. 6 ; lvi, 5, 12 ; etc. b) L’espérance en Jahvé, xxv, 3 ; xxxix, 8 ; m..">. etc. c I La crainte de Jahvé, xxv, 12 ; xxxiv, 10 ; air, 17 ; cxv, 11. Cette crainte n’a pas nécessairement un caractère servile. On peut même dire qu’elle est surtout inspiréepai l’amour et qu’elle attire l’amour et la familiarité de Dieu.

I i secret de Jahvé est pour eeu qui le craignent.

[(xxv, 14.) Jahvé prend plaisir en ceux qui le craignent,

I n ii ux <|iii espèrent en sa bonté. (ixiMi. 11.)

Jahvé est proche de tous eeu qui l’in « quent. De tous ceux qui l’invoquent avec sincérité.

II r, alise le désir de tous ceux qui le craignent, Il entend leur cri et les sauve.

Jahvé garde tous ceux qui l’aiment. ii xi. 18-20.1

Aussi nous dit-on que la crainte de Dieu est le priniiu le summum de la sagesse, i xi, lu. lidèle. confiant en Jahvé. qui espère en lui et qui tint, s’attache de toute son âme a la Loi ; il en garde toutes les prescriptions et peut s’écrier :

Alors je serai parfait et pur.

une multitude de péchés.

3. Le pêche. —

Le péché, pour le psalmiste. est une transgression de la loi de.Jahvé. un manque de confiance et d’espoir en Dieu, nie absence de crainte de Jahvé. Le péché comporte une souillure dont il faut se laver intérieur* ment. ps. n. 3. C’est un pesant fardeau, trop lourd à porter, ps. xxxviii, .">.

Les espèces de péché sont très diverses ; elles sont aussi varios que les ordonnances de la Loi. Certaines sont plus particulières aux fonctions spéciales remplies par des catégories d’individus c< mine les magistrats et les juges. [ 1V Lvrn, ixxxii, xerv.

li ps. w nous énumère quelques infractions réproutar Dieu et qu’évite le vrai fidèle ;

i qui marche innocent et pratique la justne ni dit la vérité en son coeur. Qui ne calomnie pas avec sa langue.’.'m ne fait pas de mal a son prochain

ne jette pas l’opprobre sur son voisin, "s’il a fait un vœu onéreux, il ne change point. H ne prête pas son argent â intér êt

ne reçoit pas de prisent contre l’innocent.

[fx. 2-5.)

Dans le ps. ci, nous voyons le lidèle dans l’exercice de sa vie morale et sociale. Le psalmiste indique comment il conçoit cette activité de chaque jour : en I d< - diverses infractions que commet le méchant, le juste qui pratique comme Dieu la honte et le droit détaille sa manière de faire :

1-a bonté et le droit’je garderai*

A cause de toi Jahvé [].’e serai attentif a la voie île l’innocence. !) qui se présentera à moi.

ixix. M.)

ii mr conduirai dans l’innocence de mon oosur,

l’Intérieur de nia maison

Je ne placerai devant mon regard

ueune intention scélérate.’Celui qui commet’dis tantes j’ai détesté ;

il ne s’attachera pas a moi.

Le pervers s’éloignera de moi ;

Le méchant, |e ne le connaîtrai pas.

Celui qui calomnie en secret son prochain ! i « lui là je l’exterminerai

Celui qui a l’œil hautain et le euiii orgueilleux, i i lui la |e ne le supporterai pas.

Mon regard sera sur les fidèles du pa s.

Pour qu’ils demeurent avec moi.

Celui qui marche dans la voie de l’Innocence,

i tlui-là sera mon serviteur.

Il ne demeurera pas à l’intérieur de ma maison.

Celui qui pratique la fourberie.

Celui qui dit des mensonges ne restera pas

Devant mon regard. (ci, 1-7.)

Le ps. i. contient cette diatribe contre le pécheur

Qu’aS-tu a jiarler de mes décrets

Ct à mettre mon alliance dans ta bouche.

Alors que tu hais la discipline

l.t ipie tu jettes mes paroles derrière toi ?

Si tu vois un voleur, tu deviens son ami, Cl avec les adultères tu fais cause commune. Tu livres ta bouche au mal. Ct ta langue tisse la I romperie.

Tu parles’honteusement* contre ton frère ;

Tu lances l’injure contre le fils de ta mère.

Voilà ce ipie tu as fait et je me suis tu ;

Tu t’es imaginé que j’étais comme toi. (i., 16-21.)

En plus des péchés individuels, il y a les péchés nationaux, les fautes d’Israèl contre son Dieu, dont il n’a pas reconnu les bienfaits :

Nous avons pécné comme nos pères,

Nous avons commis l’iniquité.

Nous axons fait le mal. (evi.

G.)

Tout le ps. evi, est un rappel des ingratitudes d’Israël. Dans le ps. i.xxmii, qui est l’histoire du pardon divin dans l’histoire d’Israèl. nous trouvons le même reproche :

lis n’ont pas gardé l’alliance de Dieu, Et sa Loi ils ont refusé de la suivre, El ils ont oublié les hauts faits El les merveilles qu’il leur avait fait voir.

idxxviii, (îo-ii.)

Aveu, repentir, appel à la pitié et à la miséricorde divine, tels sont les sentiments du fidèle qui veut se faire pardonner sa faute :

Pour moi. j’ai dit :

Jahvé, aie pitié de moi.

Guéris mon âme ;

Car j’ai péché contre toi. ixi.i, 3.)

Il n’est pas exagéré de dire que tout le psautier est rempli de cet appel a la pitié de Jahvé.

Des péchél de ma jeunesse ne te souviens pas. (xxv, (i.)

A cause de ton nom, Jahvé,

Tu pardonnes mon pèche, car il est grand, (xxv, 11.)’Secours’ma misère et ma peine

El pardonne tous nies péchés. ixx, 18.)

C’est que l’auteur du ps. r.xi.m, 2, déclare :

Aucun vivant n’est juste devant ta face.

L’Église a fait choix, dans le psautier, de sept psaumes destinés a devenir des formules de prière pour les jours de pénitence, de deuil et de calamité. Ces sept psaumes de la pénitence forment un ensemble, dont on peut souligner l’ordonnance logique de la manière suivante : Tout d’abord la tentation avec ses émois, ps. vi :

Mon aine est dans une grande épouvante ;

Mais toi, Jahvé, Jusque » à quand ?…

Reviens [], délivre mon âme ;

Sauve-moi à cause de ta miséricorde. (vi, 4-5.)

Puis la chute avec ses funestes conséquences, ps. xxxvin :

Il n’y a rien d’intact dans ma chair [] ;

Il n’y a rien de sain dans mes os [].

Oui, mes iniquités ont dépassé ma tête ;

Gomme un pesant fardeau, elle pèsent trop pour moi.

[(xxxviir, 4-.">.)

Ensuite la contrition après le péché commis, ps. li :

Aie pitié de moi, ’Jahvé’, dans ta bonté ;

Selon la grandeur de ta miséricorde efface mes péchés.

Lave-moi complètement de mon iniquité

Et de ma faute purifie-moi.

Car mes péchés, moi je les connais

Et mon iniquité est constamment devant moi.

Contre toi, contre toi seul, j’ai péché.

Et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux…

Ote mon péché avec l’hysope et je serai pur. Lave-moi et je serai plus blanc que la neige… Détourne ta face de mes péchés, Et toutes mes iniquités efface-les. (li, 3-6, 9, II.)

Voici l’appel vers le secours divin, suivi du pardon, ps. en, cxxx, cxliii. Le De profundis est un chefd’œuvre d’ardente supplication :

Des profondeurs je t’ai appelé, Jahvé, Entends ma voix.

Qu’elles soient attentives, tes oreilles, A ma voix suppliante !

Si tu observes les fautes, Jahvé, Qui donc subsistera ? Mais près de toi est le pardon, C’est pourquoi j’ai espéré.

Jahvé, mon âme a espéré ;

Et après ta parole j’aspire

Mon âme aspire après Ja’ivé,

Plus que les veilleurs après l’aurore.

Espère, Israël, en Jahvé,

Car près de Jahvé est la miséricorde.

C’est lui qui rachète Israël

De toutes ses fautes. (.cxxx, 1-8.)

Enfin s’épanouit le bonheur après le pardon, ps. xxxii :

Heureux celui dont la faute est pardonnée. Celui dont le péché est couvert. Heureux l’homme, à qui il n’impute pas, Jahvé, l’iniquité.

J’ai avoué’contre moi’Ma faute à Jahvé ;

Et toi, tu as effacé

L’iniquité de mon péché. (xxxii, 1-2, 5.)

4. Artisans d’iniquité et pauvres.

Un terme revient fréquemment dans le psautier, c’est celui de pô’alê-’âvén, que l’on peut traduire par « artisans d’iniquité ». Ce sont les méchants, les impies, les orgueilleux, les blasphémateurs, les oppresseurs. M. Sigmund Mowinckel en a parlé abondamment dans sa première étude sur les psaumes, parue sous le titre : Awân und die individuellen Klagepsalmen, Kristiania, 1921.

En négligeant les nuances, on pourrait résumer la thèse de M. Mowinckel de la façon suivante : le mot hébraïque’dvén a le sens de « magie, que n’a pas su découvrir le dictionnaire de Gesenius-Buhl ; les pô’alê-’âoên (que l’on traduit d’ordinaire par « artisans d’iniquité » ) sont donc des « magiciens ». De cette magie on retrouve des manifestations dans la croyance populaire israélite. Or, les psaumes individuels de plainte ont une grande ressemblance avec les psaumes babyloniens. Mais ces psaumes babyloniens sont tout imprégnés de formules et d’allusions magiques. Il est donc clair que la magie est également en vue dans les psaumes hébraïques. Ce sont des sorciers qu’il faut voir sous le mot générique d’ennemis. Les psaumes individuels étaient des psaumes liturgiques, qui portent encore la trace de leur destination cultuelle ; on se rendait au Temple pour accomplir les rites de purification contre la magie et ses funestes sortilèges. Dès avant la période des Machabées, quand on cessa d’employer les rites de purification contre la migic, on changea la destination des psaumes individuels de lamentation et, par des additions diverses, on leur donna un sens collectif.

A cela on peut répondre que sans doute la magie joue un grand rôle dans les psaumes babyloniens ; mais n’est-il pas hâtif d’en conclure, à cause de vagues ressemblances, que les psaumes hébraïques de plainte sont, eux aussi, de caractère magique ? Car il ne saurait échappsr à personne que la magie ne s’est aucunement développée dans la religion hébraïque comme dans la religion babylonienne ; les témoignages, contrôlés avec soin, sur l’existence d’une magie israélite se réduisent à peu de chose. Reste le mot hébraïque’âoén qui forme le point de départ de l’argumentation de M. Mowinckel. Est-on en droit de lui donner le sens de magie ? Nous ne le croyons pas. M. Mowinckel invoque deux versets des Nombres, xxiii, 21, 23, qu’il rapproche, et un passage de I Reg., xv, 23, où le mot’âoén serait en parallèle avec qésém, a divination ». Le rapprochement des deux versets des Nombres ne s’impose pas tellement qu’il faille recourir au sens de « magie » pour le terme’âvén, et dans le livre des Rois’âvén est en relation, plus probablement, avec le mot « péché » (cf. Dhorme. Les livns de Samuel, p. 135). M. Mowinckel traduit encore pô’alê-’âvén par magiciens, sous prétexte que cette expression s’applique à des gens qui causent du dommage à des hommes innocents et sans défense, qui les tuent, qui leur enlèvent leurs biens, qui les rendent malades, qui exercent dans l’ombre leurs pratiques perfides, qui agissent avec leur langue et des mots puissants, qui se servent de moyens et de gestes singuliers et leur attribuent une puissance particulière. Mais ce sont là des traits qui ne sont nullement spéciaux aux magiciens. Et encore faut-il dire que M. Mowinckel choisit des formules qui rendraient l’équivalence entre’âvén et magie plus naturelle et plus évidente. Il suffira de lire, par exemple les ps. xii et xli ; on n’y découvrira rien de magique, mais des lèvres trompeuses et des médisances dont la malfaisance n’a pas besoin pour agir efficacement de s’aider de pratiques magiques. Voir un minutieux compte rendu de la thèse de M. Mowinckel par M. E. Podechard, dans Revue biblique, 1923, p. 141-145.

L’on voit par là que rien n’est plus facile que de faire des thèses à propos du psautier. Le fidèle se sent écrasé sous le poids de ses fautes ; il s’imagine que son âme va descendre au scheôl ; il décrit son état comme une maladie qui le met à deux doigts des portes du tombeau. D’où la tentation de voir dans tous les psaumes semblables des morceaux composés par des malades qui vont chercher près de Jahvé, avec le secours de rites magiques, la santé qu’ils ont soi-disant perdue. Le fidèle se sent dominé et opprimé par une caste de gens sans aveu et de riches sans foi ni loi ; il oppose sa pauvreté à la richesse des méchants. D’où la tentation d’identifier fidèle et pauvre et de faire de ces pauvres une communauté qui s’oppose à la caste des méchants. Cette dernière thèse commande toute la première p ir Oc de l’ouvrage d’Is Loeb, I." littérature despauorts j.’ci Bible, Paris, 1892, el il f.mt constamment réa contre un esprit systématique qui dirige toute la discussion et en fausse les nombreuses données et les multiples renseignements Pourtant Loeb écrit, p 7 : misère tlu pauvre ». on le sait. est m >i( lé roi-llo el moitié Bctlve… Dans s. » misère et dans les souffrances qu’il endure de la part du méchant, il j a beaucoup d’illusion. Ir mal dont il souffre est a m titié imaginaire, un nul de poète, où il entre une forte dose de convention. > Cette constatation aurait dû garder l’auteur d’une systématisation qui nuit gravement a son >s< M Causse, Les pauvres d’Israël, Strasbourg, p. li>", proteste contre ces réflexions de Loeb : - souffrances de la pauvreté, même sous le ciel palestinien, ne sont pas nécessairement des fictions littéraires. D’accord. Mais il nous paraît que e’est une faute de perspective que de vouloir centrer toute la pieté juive du psautier sur une conception des i p. m ». Le psautier est le livre du fidèle, bien plus que le livre des pauvres. conçus comme un groupement. bien que le fidèle soit parfois réduit, par les procédés malhonnêtes des méchants, à la plus extrême pauvreté, t qu’il puisse être Jeté dans nn état lamentable de prostration par la considération de ses péchés. Je ne citerai qu’un exemple de ce gauchissement pratiqué par M Causse. Dans le chapitre qui concerne la communauté des pauvres (rien ne permet de traduire ainsi mblée dont il est parle, ps. xxii, 23 ; xxxv. 18 ; xi., 10-11), M. Causse écrit, p. 105 : « Il est seulement vrai que les pauvres dispersés dans le pays ivent unis par des liens très étroits. Ils sont une famille spirituelle. Ils souffrent ensemble et ils luttent ensemble pour le triomphe de la loi de Dieu. Ils consent la douceur infinie de l’union des âmes, l’union dans le culte et dans l’aspiration. » Et l’auteur cite a l’appui le ps. cxxxiii, dont nous pouvons donner la traduction critique suivante :

Voici, qu’elle est bonne et qu’elle est agréable La cohabitation des frères [].

comme une huile délicieuse sur la tête’Qui* descend sur la barbe.

if comme’la barbe d’Aaron qui descend sur le bord de ses vêtements.

tst comme une rosée de l’Hermon qui descend sur les monts de sion.

r c’est l.i que Jahvé a envoyé La bénédiction [] pour toujours.

Ce petit morceau est tout à fait charmant. L’écrivain sacré a trouvé de jolies comparaisons pour chanter la cohabitation fraternelle. Il n’y a rien de plus el c’est déjà beaucoup. M. Causse (op. cit.) commente d’abord assez rigoureusement le texte, puis peu à peu reprend son idée de la communauté des’anâvtm, qu’on n’aperçoit pas du tout dans le psaume, a moins de supposerquetout fidèle est un’ânâo : « Dans les paroles de ce psaume s’exprime un sentiment d’une douceur infinie : la joie de la communion des saints. I n sentiment dont nous ne retrouvons l’équivalent dans aucune antiquité… Les anciens. Grecs et Latins, ont écrit des pages exquises sur l’amitié, l’amitié qui unit des ni rencontrées sur le chemin de la vie, et que rapprochent certaines affinités de pensée et une commune manière de sentir et de vouloir. Mais ici il ne pas de quelques âmes mises à ptrt, il s’agit de toute une communauté religieuse. Tous les’an h<tm se sentent unis, ils sont vraiment frères par l’esprit. Les pauvres s’aiment entre eux, que cett, . communauté ne

soit pas encore organisée, peu importe, le fondement

est pose ; c’est déjà l’esprit qui Inspirera les groupe

ments des premiers chrétiens, el plus tard les ordres monastiqu s. » (C’est nous qui soulignons.) Dans ce commentaire, par ailleurs si sympathique,

la seule chose que nous n’admettrons point, Ce sont les mots qui ont été mis eu Italique, OÙ l’on dépasse, nous

semble t 11, le sens du texte.

5. Sanctions. Même coupable, le fidèle n’a pas de raison de se décourager, pourvu qu’il se repente el revienne près de Dieu solliciter le pardon au nom de Jahvé. Ainsi que le dit une glose du ps. ciii, : t Jahvé ne sévit pas pour toujours, ni ne se facile a jamais. » Dieu est miséricordieux et compatissant :

Il ne nous traite pas selon nos péchés.

Et ne nous rétribue pas selon nos iniquités.

(. m. to.,

Quand il compare son sort à celui du méchant, le juste ne peut en éprouver que de la sécurité :

Les souffrances sont pour le méchant ; Mais celui qui se confie en Jahvé La miséricorde l’entourera.

(xx vu. 10.)

Eux’montent’|] des chevaux ;

Mais nous, ’nous sommes forts’au nom de Jahvé ( ].

Eux s’inclinent et tombent ;

Mais nous, nous restons debout et fermes, (xx, 8-9.)

Pourtant les méchants et les impies semblent prospérer. Mais ce n’est qu’un bonheur passager :

Ne crains pas lorsqu’un homme s’enrichit. Lorsque s’accrott l’honneur de sa maison ; Car à sa mort il n’emporte rien, Et son honneur ne descend pas derrière lui.

Oui, son âme pendant sa vie est’bénie’. Et on’la’loue, car elle’se’fait du bien. Elle entre dans la lignée de ses pères ; A. jamais ils ne reverront plus la lumière.

L’homme dans la splendeur’ne dure pas’Il est semblable aux bètes qui périssent, (xux, 17-21.)

C’est dans le même ordre d’idées que se mcul l’auteur du ps. xxx vii ; le contraste entre le bonheur stable du juste et la réussite momentanée du méchant est flagrant :

N’e t’irrite pas au sujet des méchants’Et’n’envie pas ceux qui font le mal ;

Car comme l’herbe bientôt ils seront fauchés.

Et comme la verdure du gazon ils se flétriront.

Confie-toi en Jahvé et fais le bien ; Habite le pays et pratique la fidélité. Alors tu auras tes délices en Jahvé, Et il te donnera ce que ton cœur désire.

Encore un peu de temps et le méchant n’est plus. Et tu regarderas sa place et il ne sera plus. Mais les malheureux posséderont le pays Et jouiront d’une grande paix.

Le peu du juste vaut mieux Que l’abondance de nombreux impies ; Car les bras des impies seront brisés ; Mais Jahvé soutient les justes.

J’ai été jeune et je suis devenu vieux. Et je n’ai pas vu le juste abandonné []. Chaque jour il est généreux et il prête Et sa postérité sera en bénédiction.

[(xxxvii, 1-4, 10-11, 1C>-17, 25-26.)

De ce psaume alphabétique, mais aux pensées larges et dans un style qui se déploie, on rapprochera le r>s. ï. xxiii, qui ne le cède au précédent ni en élévation d’esprit, ni en perspicacité d’observation.

En regard de cette description du bonheur évanescent des impies, le psalmiste applique au Juste, en sa personne, une [mage qui donne bien l’impression de sa sécurité :

Et moi, je suis comme un olivier verdoyant

Dans la maison de Dieu.

.l’ai confiance en la honte de Dieu.

Toujours et a jamais.

1 1 Et j’espère eu ton nom, car il est bon

A l’égard de tes dévots. (lu, 10-11.)

Le juste n’a pas seulement ses délices en Jahvé. Ce n’est pas une vague promesse qui lui est faite quand on dit de Jahvé qu’il lui donnera ce que son cœur désire. Le ps. cxii chante, en effet, la prospérité de celui qui craint Jahvé :

L’opulence et la richesse sont dans sa maison.

Et sa justice demeure à jamais. (cxii. 3.)

Et voici qui met le pauvre en compagnie des notables du pays, fidèles eux aussi à Jahvé :

Il relève de la poussière le faible ;

Du fumier il retire le pauvre,

Pour’le’faire habiter [] avec les nobles de son peuple.

Il donne à la femme stérile une maison :

La mère avec des enfants est joyeuse. (cxiii, 7-9.)

Le psautier contient, plusieurs psaumes ou passages de psaumes dont les imprécations atteignent parfois une très grande violence, v, 11 ; xviii, 40-49 ; xxviii, 4 ; xxxv ; liv, 7 ; lv, 16, 24 ; lviii, 11-12 ; lix ; lxiv, 8-11 ; lxix, 23-29 ; lxxxiii, 17-19 ; xciv, 23 ; cix ; cxxxvii, 7-9 ; cxxxix, 19 ; cxl, 10-12. On ne peut évidemment juger de ces appels à la justice divine et à la vengeance en se mettant uniquement au point de vue chrétien, qui a placé le pardon des injures au premier rang des vertus du Christ. Le principe qui régit souvent les relations du Juif avec son adversaire, c’est celui du talion : œil pour œil, dent pour dent. Aussi n’est-il pas surprenant que, devant la trahison d’un ami. le psalmiste ait l’âme particulièrement révoltée :

Certes, ce n’est pas un ennemi qui m’insulte Et que je supporte ;

Ce n’est pas mon haïsseur qui s’élève contre moi Et de qui je m’écarte.

Mais c’est toi, homme de mon rang. Mon confident et mon ami. Ensemble nous avions un doux commerce Dans la maison de Jahvé []…

Car ils n’ont point de relâche

Et ne craignent point Dieu.

On étend les mains contre ses’amis’On viole son pacte.

Sa bouche est plus douce que le beurre,

Et son cœur’fait la guerre’.

Ses discours sont plus onctueux que l’huile.

Et ce sont des épées nues. (lv, 13-14. 20-24.)

Sur ces amis traîtres, sur ces persécuteurs des amis de Dieu, on attire la malédiction :

Mais toi, Jahvé, tu les feras descendre

Dans la fosse du tombeau.

Les hommes de sang et de ruse

N’atteindront pas la moitié de leurs jours [J. (lv, 21.)

D’autres fois, le psalmiste identifie les ennemis de Dieu avec ceux qui veulent exterminer le peuple choisi, la nation d’Israël ; et l’imprécation jaillit des lèvres du psalmiste qui voit l’injure faite à Dieu :

Jahvé, qu’il n’y ait point de repos pour toi ; Ne sois pas sourd, ni inactif, ô Dieu. Car voici tes ennemis s’ameutent ; Et tes haïsseurs lèvent la tête.

(.outre ton peuple ils trament un complot. Et ils conspirent contre tes protégés, ’Jahvé*. « Allons et supprimons-les comme nation. Et qu’on ne se souvienne pas du nom d’Israël [ ]..

[(lxxxui, j.-’).)

D’ailleurs, le psalmiste déclare lui-même la règle qui dirige toute sa pensée et tout son cœur : les ennemis de Jahvé, ce sont les siens propres ; on ne saurait leur accorder de pardon ; il faut qu’ils soient exterminés :

Puisses-tu faire mourir l’impie

Et éloigner de moi les hommes de sang !

Eux, ils te résistent avec perfidie ;

Ils prennent pour des mensonges tes pensées !

N’ai-je pas de la haine pour ceux qui te haïssent ?

Du dégoût pour ceux "qui en ont pour toi’?

Je les hais d’une haine absolue ;

Ce sont des ennemis pour moi. (cxxxix, 19-22.)

Voir la réponse apologétique à l’objection que l’on tire des psaumes imprécatoires dans A. Vaccari. art. Psaumes, dans Dict. apol., col. 493-495.

Vie future.

En dehors des sanctions terrestres,

y a-t-il une rétribution dans l’au-delà ? Peut-on parler d’une doctrine de la vie future dans le psautier ?

Cette question est dépendante de la réponse que l’on fait au problème qui lui est intimement lié : le psalmiste a-t-il envisagé un au-delà ? Sous quels traits le dépeint-il ?

Pour le psalmiste, comme pour de nombreux auteurs inspirés qui l’ont précédé, à la mort les âmes s’en vont au scheôl, voir Dhorme, Le séjour des morts chez les Babyloniens et les Hébreux, dans Revue biblique, 1907, p. 59-78, où tous les textes sont rassemblés et classés ; on lira aussi Touzard, Le développement de la doctrine de l’immortalité, dans Revue biblique, 1898, p. 207-241.

Le scheôl est conçu par le psalmiste à la manière d’un séjour souterrain, où les défunts mènent une vie fort diminuée et où ils sont comme des ombres (refaim), tels les mânes des anciens. Il est donc redoutable de tomber dans les filets du scheôl, dans les rets de la mort, dans les torrents de l’enfer. Ce séjour des morts, on l’appelle aussi’abaddôn, comme Job. xxvi. 6, et les Proverbes, xv, 11. C’est la terre de l’oubli, le puits profond. Pour signifier sa détresse et son désarroi, le psalmiste imagine qu’il descend déjà au scheôl :

Ils m’ont enveloppé, les filets de la mort

Et les rets du scheôl.

Elles m’ont atteint, l’angoisse et l’affliction.

Mais j’invoque le nom de Jahvé. (cxvi, 3.)

Les’flots’de la mort m’avaient entouré ;

Les torrents de l’enfer m’épouvantaient ;

Les filets du scheôl, m’avaient enlacé ;

Les pièges de la mort avaient été dressés contre moi.

[(xviii, 3-6.)

Dans le scheôl, l’on ne connaît plus personne. Du moins n’y a-t-on plus d’ami :

Tu as éloigné de moi l’ami.

Et’seules’les ténèbres sont mes connaissances.

[(lxxxviij, 19.)

Saisi comme dans un filet, le mort ne peut se dégager de ses liens ; il demeure attaché dans le scheôl :

Tu as éloigné de moi mes connaissances ;

Tu m’as rendu pour eux un objet d’horreur : ’.Moi’, je suis enfermé et ne puis sortir ;

Mon œil a dépéri par l’affliction. (ixxxviii, 9-10.)

Cette dernière strophe, et surtout le dernier vers, montre que l’auteur prend un style métaphorique pour dépeindre son état présent de prostration :

Mon âme est rassasiée de maux.

Et ma vie touche au scheôl.

Je compte parmi ceux qui descendent dans la fosse :

Je suis comme un homme à bout de force.

lu m’ai placé dans la puits profond.

Pans les ténèbres "a l’ombre de la mort* ;

sur mol s’est appesantie ta cotera,

il de toutes les vagues’j’ai été opprimé*. (Ibid, , i s

On ilir.iit vraiment d’une description de descente .m enfers. La peinture est tout à fait dans le stj le Ira ditionnel.

Dien n’esl pas étranger au scheol. i’.r n’esl pas un domain » ’qui lui échappe, rémoin cette strophe tirée du psaume qui célèbre la présence de Jahvé en tous lieux

nu ir-.ii-jt’loin tl « - Ion esprit, I I ou fuirai-je loin de ta (ace ?

f monte aux deux, tu j es ; Si k me couche au scheol, l*j voua, (cxxxix, 7-8.)

Cependant dans le scheol ne retentit plus la louange l< Dien. C’est vraiment le lieu du silence, abhorré pour un Israélite dont la principale joie était de s’adonner au culte de Jahvé :

m sont pas lis morts qui louent lah, Ni ceux qui descendent « t. ois le Heu du silence. (< xv, 17.)

t’appelle. Jahvé, chaque Jour ; Je tends les mains vers toi.

Pour les morts, fais-tu « les prodiges ?

I e* ombres (relalm) se lèvent-elles pour te louer ?

H.iconte-t-nn ta bonté dans le tombeau.

Ta liililite au séjour des morts f’abaddôn) ?

Tonnait-on dans les ténèbres les prodiges

I t ta justice <l ; iiis la terre île l’oubli ? n xxxviu. 10-13.) « .’iiel profit à mon saiiu

I t a ma descente dans la fosî

l-a poussière te loue-t-elle

1 t proclame- 1-elle ta vérité ? i. 10.)

Aussi la glose du ps. vi. 6 est-elle rigoureusement - la note générale, quand elle commente :

— la mort on ne se souvient plus de foi. Pans le scheol qui est-ce qui te loue ?

propos du ps. i.xxxviii. dont nous avons rapporté

_es essentiels, le P. Cales. Les psaumes des pis

de Coré, dans Iîech. de science relig., 192-1, p. 439,

résume en ternies excellents cette conception sur le

i : Après la mort, le scheol, sorte de gouffre souterrain où |, s âmes nuiieiit une existence engourdie. qui mérite à peine le nom de vie ; elles ne se souviennent de rien, ne louent pas Dieu et paraissent d’autre part oubliées par Dieu, soustraites a sa protection. Les défunts abandonnés sans sépulture et les morts de mort violente sont encore un peu plus délaissés et méprisés que les autres. Conception populaire assez vague et Bottante, nébuleuse doctrinale qui recèle. sans les distinguer encore, les limbes, le purgatoire et l’enfer… « Un tel psaume nous rend sensible comme nul autre, l’ombre qui pesai) sur la vie de l’ancien Israël et la valeur de la révélation d’une vie éternelle en Jésus Christ. > (Kirkpatrik). L’Ancien Testament nous instruit par ses lac unes en même temps que par

iseignenients posit ifs.

voici qu’une lueur se lève. Le psalmiste, qui avait décrit « in état d’affliction sous forme de de ! cente au scheol, envisage la possibilité- d’eu être délir une intervention de Jahvé :

tu as fait remonter Mon âme du sel eôl : ’Jahvé’, tu m’as ramené.i la vie. Alors que je descendais dans l<- tombeau. i. 10.)

uivant, ou l’on aperçoit que pour le psalmiste c’est toujours la né/éi, aine

et non la n)tili. V esprit. « pu descend au scheol t’a miséricorde est grande mu moi,

El tu délivres mon âme « lu scheol | ]. LXXXVI, 13.)

Ce qui n’était conçu que comme une métaphore par le psalmiste, tandis qu’il était encore en vie et qu’il se voyait sur le point de descendre ru scheol, est mainte

liant dépeint et affirmé comme une réalité DOUX lànii du juste qui a été saisi par les lilcts « le la mort. DeUX

textes, tout d’abord, en font roi ; quoique le premier

présente diverses gloses, le sens en demeure très clair : ie (ou et l’insensé périssent,

I t ils laissent a d’autres leurs biens.

Leur’tombeau’sera leur demeure à jamais.

Leur habitation de génération en génération

Ils appelaient, de leur nom. « les pays.

L’homme dans la splendeur ne dure pas. il « si semblable aux bêtes « pu périssent. Tel est leur sort | | à eux 1 1.

Comme un troupeau II la mort les fait paître [| ;

Le scheol c’est’leur demeure à eux*.

V f <iis Dieu déliurera /non àmc

De la puissance du scheol, car il me prendra, (xux, 11-16.)

Mais moi, je suis constamment avec toi ;

Tu m’as saisi la main droite ;

Par ton conseil, tu me conduis ;

Et’derrière loi, pur la main’, tu m’as prf 5. ( Lxxiii, 2 : i- : > I. i

Cette dernière phrase est une restitution conjecturale, qui remplace le texte hébraïque actuel, assez difficile à traduire grammaticalement ; le sens semble être le suivant : i El derrière la gloire tu m’as pris. L’atténuation est évidente, l’n lecteur a dû être choqué par le sens extrêmement réaliste du verset : Ei derrière l"i. par la main, lu m’as pris. Mais la signification fondamentale reste la même et M. Podecbard, en commentant ce texte, Revue biblique, 1923, p. 251, l’a bien mise en lumière : » Du sort des justes, l’essentiel seulement esl affirmé. On en sait moins long à leur sujet que sur la destinée des méchants. De celle-ci, la connaissance qu’on avait du clieol antique permettait de parler avec quelque détail, et surtout on pouvait insister sur la nécessité d’un châtiment d’outre-tombe pour les impies dont toute la vie ici-bas fut heureuse : l’injustice ne serait-elle pas criante si nulle part leurs crimes n’étaient punis ? Aussi s’étend-on avec complaisance sur ce sujet. A l’exception du seul ꝟ. 16, le ps. xlix tout entier n’a pas d’autre objet, et c’est encore le thème principal du ps. i.xxiii. Mais c’est par une voie quelque peu différente que les psalmistes sont arrivés à la connaissance de la vie future des justes. Ils ont moins conscience d’avoir droit à une récompense éternelle qu’ils ne sont frappés de ce qu’il y a de scandaleux dans la prospérité des méchants. Ils ne présentent pas la vie future comme un droit pour eux. ni comme le salaire du à leurs mérites, mais comme un don de la bonté divine. C’est surtout, semble-t-il. un besoin de leur cœur. Avec la foi à l’éternelle justice et a l’infinie bonté, c’est leur piété qui les élève aux espérances

d’outre-tombe. Leur attachement à Dieu est si pro

fond qu’il aspire a durer toujours, qu’il ne comprend pas la séparât ion et entend braver la mort : quel amour ne veut être éternel’? Aussi n’imaginent-ils pas cette nouvelle vie comme une accumulation de biens et de jouissances. Ils n’v conçoivent d’autre joie que celle de la société de Dieu, seul bonheur qu’ils aient apprécié sur terre.

<’, > qu’avait encore de lacuneux les deux textes précédents sur le sort du juste a |ires la mort. le ps. x i a y suppléer, tel encore l’intérêt qu’ont porté les lecteurs à ce passage des plus importants les a poussés a faire

quelques réflexions nu changements qui voulaient compléter encore le texte sacré et ces réflexions ou changements sont passés comme gloses dans notre psaume actuel, mais sans en changer radicalement le sens et sans en fausser la signification.

.Jahvé est ma part d’avoir et ma coupe [] ;

Les cordeaux sont tombes favorablement pour moi.

Oui, ’mou’héritage est bien beau pour moi.

Je bénis Jalivé qui m’a inspiré ;

Même la nuit mes reins m’ont averti.

J’ai placé Jahvé devant moi toujours

Parce qu’il est à ma droite, je ne chancellerai pas.

C’est pour cela que mon cœur se réjouit

Et que mon’foie’a tressailli.

Même ma chair demeure dans la sécurité.

Car tu n’abandonneras pas mon âme au scheôl.

Tu ne permettras pas à’ton dévot’de voir l’abîme.

Tu me feras connaître le chemin de la vie :

Rassasiement de joies devant ta face.

Bonheur à ta droite pour toujours. (xvi, 5-11.)

Cette fois, on ne nous parle même plus d’un séjour de l’âme du juste au scheôl ; car la phrase : « Tu ne permettras pas à ton dévot de voir l’abîme » précise que le fidèle échappera au sche.ïï. Au lieu de se diriger vers ce lieu ténébreux il prendra le chemin de la vie ; d’un mot on nous dépeint le bonheur du juste devant la face de Jahvé : joie jusqu’au rassasiement, bonheur éternel. Le P. Lagrange, Noies sur le messianisme dans les psaumes. C. Les fins dernières des particuliers, dans Revue biblique, 1905, p. 191, écrit : « Il s’agit d’échapper au Chéol et de ne pas voir l’abîme, non pas en continuant de vivre, mais en prenant le chemin de la vie où on est avec Dieu pour toujours. L’auteur s’applique au plus grave problème religieux ; il faut peser ses paroles et les prendre pour ce qu’elles disent… Quelle était exactement sa pensée ? Opinait-il alors que le Chéol n’était pas pour les justes, lui donnait-il le sens d’enfer, de lieu de tortures ? Peut-être. L’auteur songeait-il à un lieu intermédiaire ? Non, puisqu’il sera pour toujours auprès de Iahvé. Il a conclu, de son union avec Iahvé, que cette union serait éternelle ; il serait toujours avec lui, et par conséquent échapperait au Chéol où on ne le loue pas. Rien de spécialement cosmologique ; il n’est question ni de l’Éden, ni du ciel, mais seulement d’être avec Iahvé. Le psalmiste pouvait avoir une espérance plus précise : ressusciter aussitôt ou peu après la mort, sans que son âme ait eu le temps de descendre dans le Chéol. C’est la déduction la plus naturelle du texte interprété d’après les idées reçues et le texte des Septante n’a fait qu’insister en disant : « tu ne laisseras pas ton saint voir la corruption », car la corruption ne peut plus s’appliquer qu’au corps. — De sorte que la seule explication littérale du psaume, surtout d’après le grec, est celle des Actes (ii, 25-32 ; xiii, 35-37) : celui qui parle dans le psaume espère ressusciter, avant même d’être descendu dans le Chéol. »

Voir aussi pour tout ce paragraphe sur la vie future A. Durand, S. J., Les rétributions de la vie future dans les psaumes, dans Études, t. lxxxi, 1899, p. 328-318, et surtout M.-J. Lagrange, Le judaïsme avant Jésus-Christ, Paris, 1931, p. 313-363 (La rétribution dans la vie future).

III. LE MESSIE.

On trouvera à l’art. Messianisme une étude analytique des textes messianiques contenus dans le psautier. Sont successivement passés en revue les ps. n et ex du temps de David, col. 14211426 ; les psaumes préexiliens, soit ceux qui se rapportent au Messie personnel, xlv, lxxii, lxxxix, cxxxii, soit ceux qu’on a prétendus être des psaumes d’intronisation de Jahvé, xlvi, xlvii, xlviii, lxxv, lxxvi, xciii, xcix, soit ceux qui contiennent des fragments messianiques, lxviii, lxxxi, lxxxvii. col. 14551465 ; les psaumes exiliens ou postexiliens xxii, xevi, xcvn, xcvni, ainsi que des passages dans les ps. i, xiv, lxvii, lxxxvi, en, cxxvi, cxlix, col. 1505-1510. Une étude synthétique rassemble ensuite et compare entre elles toutes les données messianiques contenues dans les livres de l’Ancien Testament, et, spécialement dans le psautier, col. 1535-1552.

Essayons cependant de dégager une vue d’ensemble des prophéties messianiques, en ne faisant appel qu’aux psaumes que la majorité des critiques reconnaît comme messianiques et en rangeant les idées principales sous quelques rubriques

La promesse du Messie.

Cette promesse, nous la trouvons danse ps. lxxxix. Ce psaume se compose de deux poèmes amalgamés, dont le rythme est différent, le premier est une louange de la toute-puissance divine ( ?. 2, 3, 6-19) : nous en avons cité quelques larges extraits plus haut ; le second célèbre la royauté de David et de ses descendants (ꝟ. 4-5, 20-53). Dans ce second poème, qui seul nous intéresse présentement, on entrevoit que le pays est désolé :

Et maintenant tu as pris du dégoût et de l’aversion ;

Tu t’es indigné contre ton Oint ;

Tu as répudié l’alliance de ton serviteur ;

Tu as profané, par terre, sa couronne.

Tu as démoli tous ses remparts ;

Tu as mis sa forteresse en ruines ;

Tous les passants de la route l’ont pillé ;

Il est devenu un opprobre pour ses voisins.

[(lxxxix, 39-42.)

Cependant, on aperçoit que pour le psalmiste les promesses divines dépassent ce temps de la désolation :

Jusques à quand, Jahvé, te cacheras-tu ?

Et ta colère brûlera-t-elle comme le feu ?…

Où sont tes faveurs d’antan [],

Que tu juras à David dans ta fidélité ? (lxxxix, 47, 50.)

C’est qu’en effet les promesses ont été formelles ; et par là, s’ouvre la perspective sur le Messie à venir :

Il (David) m’appellera : « Mon père, [] Mon Dieu et le rocher de mon salut. Et moi, je le ferai premier-né, Souverain des rois de la terre.

A jamais je lui garderai ma faveur. Et mon alliance lui sera fidèle. Et j’établirai pour toujours sa postérité, Et son trône comme les jours des cieux.

Si ses fds abandonnent ma loi,

Et selon mes jugements ne marchent pas.

S’ils profanent mes statuts.

Et n’observent pas mes préceptes,

[]Je châtierai avec la verge leur transgression. Et avec des fléaux’humains’leurs péchés. Mais ma faveur je ne’détournerai’pas de lui. Et je ne ferai pas mentir ma fidélité.

Je ne profanerai pas mon alliance,

Et la décision de mes lèvres je ne changerai pas.

Une fois, je l’ai juré par ma sainteté.

Non je ne tromperai pas David.

Sa postérité a jamais existera.

Et son trône, comme le soleil, sera devant moi.

Comme la lune, il subsistera à jamais.

Et’pour toujours, comme’la nue sera inébranlable.

[(lxxxix, 27-38.)

Le ps. cxxxii contient également des promesses de Jahvé. Il semble même que » tout en visant, lui aussi, la restauration du trône de David, il favorise plus l’idée messianique personnelle, en parlant au singulier de la « corne » et de la « lampe » de David ». Lagrange, Notes sur le messianisme dans les psaumes, dans Revue biMifiic 1905, p. 57. En voici le passage essentiel ! quand laine vient de dire qu’il a choisi Sion comme résidence t comme demeure pour toujours :

s, - « prêtre*, |e les vêtirai de salut.

i t -.s dévots, certes, |ub ! leraat.

i.i. je ferai germer unieorne poui David,

Je préparerai une lampe pour mon oint.

— ennemis le les vêtirai de honte, ! t mit lui brillera’mon’diadème, " i 16-18.)

La dignité du Messie. Ris de David, ainsi que ! lo la promesse, et à ce titre roi. le Messie sera

u-Ni revêtu « lu sacerdoce, prêtre d’une manière spé

i.ile. à la minière île Melchisédech. L’auteur de 1*6jltre aux Hébreux tirera d’incalculables conséquences t d’admirables considérations de ce texte du ps. . qui appelle indiscutablement le Messie, le roijrêtre :

Oracle île Jahvc.i mon Seuneur : . tSSkds loi | ma droite.

ius « |u’.i ee que je place tes ennemis eau de tes pieds.

I.c sceptre île ta puissance

Jahve envoie. De Sion domine Vu milieu île tes ennemis.

Jahve |*a juré

l’.t ne s’en repentira pas :

Tu es prêtre à jamais

A la manière de Melchisédech.

Jahvé. a ta droite. [1 Au jour de sa colère [] Juge parmi les peuples.’Rempli de majesté’.

(<. i-2. 4-6 ; cf. n. 6.)

Fils de David, roi-prêtre, prêtre à la manière de Melchisédech. assistant du juge suprême, le Messie apparaît Fils de Dieu, dans un contexte tel que seule la filiation divine satisfera à cette appellation de Fils de Dieu, qui sera reprise au baptême de Christ" :

Jahvé’lui* a dit :

< Toi. ta es’mon fils :

Moi. aujourd’hui, je t’ai engendré.

e te donnerai les nations pour ton héritage F.t pour ta possession les confins de la terre. Tu les briseras avec un sceptre de fer : .ommele v.isedu potier, tu les mettras en pièces, (il. 7-0.)

La mission pacifique du Messie.

Deux psaumes se rapportent à la mission du Messie.

Le ps. xi.v est un épithalame. chant d’amour composé pour les noces d’un roi. Mais ce n’est évidemment pas comme tel qu’il est entré dans le psautier religieux : on v a vu très justement une allégorie de l’amour entre ssie et l’assemblée des fidèles, sans vouloir attribuer à chaque trait un sens symbolique. M. Podechard, Revue biblique, 1923. p. 29, en a tenté une heureuse restitution.

Le ps. Lxxii présente l’empire pacifique du Messie. On y remarquera, en effet, l’insistance que met l’auteur à nous parler de cette paix générale et permanente, et. d’autre part, l’extension de cette paix aux peuples du monde entier :

rcorde fl ton droit T-t ta nuire au fils du roi. Il jugera ton peuple avec justiie tes humbles avec droit.

f’n « r<. jours fleurira fl la paix Jusqu’ce qu’il n’v ait plus de lune. Et elle dominera d’une mer : < l’autre. F.t du fleuve aux confins de La terre.’Elle durera’aillant que le soleil | I.

I >e génération en génération,

i lie descendra comme la pluie sui hgazon,

Comme l’ondée <’de la terre.

Devant lui s’Inclineront [] ses ennemis ; IN lécheront la poussière

I es rois.le l’haisis el îles Mrs

apporteront des présents.

i.es rois de Scheba et de Saba

offriront un tribut.

l’.t tous les nus si prosterneront devant lui ;

Tous les peuples le ser Iront,

La passion du Messie. Quoi qu’il soit revêtu d’une telle dignité, le Messie ne manquera pas (le souffrir. L’un des psaumes le plus formellement messianiques et dont Jésus lui-même s’est appliqué le premier verset, Mattn., xxviii, 16, Marc, jcv, 34, le ps. xxii contient de tels détails sur la passion que de ra subir le Messie que, de tout temps, on l’a considéré comme d’une Importance capitale pour reconstituer le portrait du Messie. Malheureusement, en plusieurs endroits, le texte est assez mutilé. N’ous essayons de le restituer :

Mon Dieu, mon Dieu, ’regarde-moi’. Pourquoi m’as-tu abandonné, |] mon Dieu ? Je crie le jour et tu ne nie réponds pas, l’.t la nuit, et il n’y a pas de repos pour moi…

Moi je suis un vermisseau et non un homme, L’opprobre de l’humanité et le rebut du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi ; Ils s’éloignent [] et hochent la tête : « Il s’est tourné vers Jahvé. qu’il le sauve !

Qu’il le délivre, puisqu’il se plaît en lui ! »

Oui, c’est toi qui m’as tiré des entrailles.

Qui m’a mis en sécurité sur la poitrine de ma mère.

Vers toi je fus jeté dès le sein ;

Dés le ventre de ma mère, tu fus mon Dieu.

Ne t’éloigne pas de moi, car l’angoisse est proche.

Car personne ne vient à mon secours.

Des’adversaires’nombreux m’environnent ; Des’ennemis de ma chair’m’assiègent ; Ils ouvrent contre moi leur bouche, Comme un lion dévorant et rugissant [|.

Mon coeur est devenu comme la cire ;

Il se fond au milieu de mes entrailles.

Mon’palais’est desséché comme l’argile

Et ma langui s’est al lâchée à ma mâchoire [].

Car’, I elle m’entoure, la bande de malfaiteurs,

I lie assiège [| mes mains et mes pieds.

Je compte tous mes os ;

Eux regardent et nie contemplent.

Ils se partagent entre eux mes vêtements. Et sur ma tunique ils jettent le sort. Mais toi. Jahvé. ne t’éloigne pas ;

Ma force, a mon secours hâte-toi.

(xxii, 2-20.)

La résurrection du Messie.

Plus haut, dans notre paragraphe sur la vie future, nous avons interprété de l’âme du juste le passade suivant du ps. xvi, 10-11 :

Car tu n’abandonneras pas mon âme au sel col. Tu ne permettrai pas a’ton dévot’de voir l’abîme. Tu nie tiras connaître le chemin de la vie : Hassasiement de |oies devant ta I Bonheur a la droite pour loiiiours.

Les Septante ont cette variante : t Tu ne lais^ pas ton saint voir la corruption. Et cette variante, dont le sens est passé dans la Vulgate, est le témoin ou l’inspiratrice d’une tradition juivequi est devenue aussi une tradition cliiï-l icnne par le moyen de la Vulgate — tradition juive qui trouve son point d’application parfait dans la personne du Christ, comme le font remarquer les Actes, II, 25-32 ; XIII, 3.">-37. Le P. Lagrange ajoutait encore cette considération, Noies sur le messianisme dans les psaumes, dans Revue biblique, 1905, p. 192 : « Cepsaumeest un des passages de l’Ancien Testament qui forcent l’étude, à mesure qu’elle se fait plus attentive, à y reconnaître le pressentiment divin du Nouveau. » Les deux versets 10-1 1 du ps. xvi sont donc dans leur sens plénier et complet deux versets messianiques qui visent la résurrection du Messie ; l’âme du Messie ne devait pas être abandonnée par Jahvé au scheôl ; le corps du saint par excellence ne pouvait pas voir la corruption ; corps et âme, le Messie, par une résurrection immédiate, devait connaître le chemin de la vie où l’on goûte devant Dieu jusqu’au rassasiement toutes les joies et le bonheur éternel.

Sur ce texte du ps. xvi (Vulg., xv), la Commission biblique a rendu un décret, le 1 er juillet 1933, qui est ainsi libellé :

l’trum viro c.itholico fas Est-il permis à un catho sit, maxime data interprelique, étant donnée surtout

tatione authentica princil’interprétation authentique

pum apostolorum (Act., ii, des princes des apôtres

24-33 ; xiii, 35-37) Verba (Actes II, 24-33 ; xiii, 33-37)

ps. xv, 10-11 : Non dered’interpréter les paroles du

linques animam meam in ps. xv, 10-11 : Non derelin inferno, nec dabis sanctum ques animam meam in infer tuum videre corruplionem. no, nec dabis sanctum tuum

Notas mihi fecisti vias vitse, videre corruplionem. Notas

sic interpretari qmsi auctor mihi fecisti vias vilse, comme

sacer non sit locutus de si l’auteur sacré n’avait pas

resurrectione Domini Nostri parlé de la résurrection de

Jesu Gliristi. Resp. — NegaNotre-Seigneur Jésus-Christ,

tive. Rép. — Non.

IV. CONCLUSION.

En guise de conclusion à notre exposé de la théologie du psautier, qu’il nous soit permis de rapporter l’opinion d’un historien et celle d’un théologien.

Tout d’abord voici ce qu’écrivait le P. Denifle, Die abendlàndischen Schriftausleger bis Luther iïber Justitia Dei (Rom., i, 17) und Justificatio, Mayence, 1905, p. x, en parlant précisément du psautier : « Aucun livre de l’Ancien Testament n’a eu plus de commentaires, surtout depuis le début de la scolastique. Je me suis fréquemment trouvé en présence de ce fait que les théologiens, surtout les plus importants, qui devaient écrire sur les lettres de saint Paul, ont exposé d’abord le psautier. »

Et voici le témoignage de saint Thomas d’Aquin qui a commenté une grande partie du psautier et aussi les épîtres de saint Paul. Au début de son commentaire sur l’épître aux Romains nous lisons ces lignes : Sicut inter scripturas Veteris Testamenti maxime frequentantur in Ecclesia psalmi David, qui post peccalum veniam obtinuit, ita in Novo Testamento frequentantur epistohe Pauli, qui misericordiam consecutus est, ut ex hoc peccatores ad spem erigantur. Quamvis possit et alia ratio esse, quia in utraque scriptura fere tota theolo-Gi. E continetur doctrina, éd. Marietti, Turin, 1929, p. 2, col. 2. En tête de son commentaire, sur le psautier, saint Thomas d’Aquin remarque que la matière de ce recueil est universelle ; et il en donne ce motif : Quia cum singuli libri canonicæ Scripturae spéciales materias habeant, hic liber generalem habet totius theologise, puis il conclut : Et hsec est ratio, quare magis frequentatur psalterium in Ecclesia quia continet totam Scripturam, t. xiv, Parme, 1863, p. 1 18.

En vérité, si le psautier a été tant lu et tant commenté dans la sainte Église, c’est bien parce qu’il contient un résumé de toute la sainte Écriture, et aussi l’exposé le plus complet de presque toute la théologie. Si, après avoir été le livre de la prière juive, il est

devenu celui de la prière chrétienne, c’est parce qu’il exprime, sous les formes les plus variées, les sentiments de l’âme religieuse, en face de son Créateur.

Noos ne pouvons songer a dresser ici la liste des commentaires du psautier qui ont été faits par les Pères ou par les théologiens scolastiques. Les différentes patrologies et les bulletins de littérature patristique et scobistique renseigneront ceux qui veulent entreprendre ces études de théologie positive.

Parmi les ouvrages d’ordre général, il faut mentionner soit les articles d’encvclopédie comme VV. T. Davidson ( Dict. o the. Bible) ; Kittel ( Realencyklopàliej ; Pannier ( Dicl.de la Bible) ; Vaccari (Dict. apolog.) ; soit les manuels d’introduction comme Brassac, Cornill, Driver, Gautier, Lusseau et Collomb, Pope, Renié, Stade, Verdunoy.

Les études qui se rapportent plus spécialement aux sujets que nous avons traités ont été citées au cours de notre article.

En dehors de ces études, il y a lieu de mentionner : W. E. Barnes, The Psalms, 2 vol., Londres, 1931 ; Bickell, Carmina V. T. metrice, 1882 ; Bird, A commentarg on the Psalms, Londres, 1927 ; H. Birkeland, ’Ant und’ânâw in den Psalmen, Oslo, 1933 ; Briggs, A critical and exegetical commentarg on the Book of psalms, 2 vol., Edimbourg, 1906 ; A. Bruno, Der Rliglhmas der alttest. Dichtung, Leipzig, 1930 ; W. W. Gannon, The 68lh Psalm, Cambridge, 1923 ; Cheyne. The Book of psalms, 1888 ; Ed. Courte, Le ps. XXII… Paris, 1932 ; A. Crampon, Le livre des psaumes suivi des cantiques du bréviaire romain, Paris, 1925 ; C.-G. Cumming, The Assyrian and Hebrew hgmns of praise, New-York, 1934 ; L. Diirr, Psalm 110. im Lichte der altorientalischen Forschung, Munster-en-W., 1929 ; B. Duhm, Die Psalmen, Fribourg-en-B., 1899 ; B. Duhm, Die Psalmen, Tubingue, 1922 ; M.-B. d’Eyragues, Les psaumes traduits de l’hébreu, Paris, 3e éd., 1905 ; Fillion, Les psaumes commentés selon la Vulgate et l’hébreu, Paris, 1893 ; R. Flament, Les psaumes traduits en français sur le texte hébreu, 2’éd., Paris, 1898 ; Glaire, Le livre des psaumes, Paris, 1888 ; H. H. Gowen, The Psalmi or the Book of praises, Londres, 1930 ; H. Gunkel, Die Psalmen, Goettingue, 1926-1928 ; E. Hugueuy, Psaumes et cantiques du bréviaire, 4 vol., Bruxelles, 19161927 ; P. Humbert, La relation de Genèse I et du ps. lOi avec la liturgie du nouvel an israélite, dans Rev. d’hist. et de phil. relig., 1935, p. 1-27 ; G.-C. Keet, A liturgical studg of the Psalter, Londres, 1928 ; A.-F. Kirkpatrick, The Book of psalms, Cambridge, 1906 ; R. Kittel, Die Psalmen, Leipzig, 1922 ; J. Knabenbauer, S. J., Com/neniarius in psalmos, Paris, 1912 ; Ed. Koenig, Die messianischen Weissagungen des A. T., Stuttgart, 1923 ; Ed. Koenig, Die Psalmen, Giitersloh, 1927 ; J. Koenig, Théologie der Psalmen, Fribourg-en-B., 1857 ; M.-J. Lagrange, Le messianisme chez les Juifs (150 av. J.-C. à 200 apr. J.-C), Paris, 1909 ; S. Landersdorfer, Die Psalmen, Ratisbonne, 1922 ; Le Hir, Les psaumes traduits de l’hébreu en latin, avec la Vulgate en regard, 1876 ; Lesêtre, Le Livre des psaumes, Paris, 1883 ; M. Lôhr, Psalmenstudien, Berlin, 1922 ; G. Marschall, Die Gotlloscn des I. Psalmenbuches. Munster-en-W., 1929 ; A. Médebielle, L’expiation dans l’A. T., Rome, 1924, p. 236-245 ; Meiss et Houde, Les psaumes traduits de l’hébreu, Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Marit. ), 1926 ; A. Miller, Die Stellung der Aszese in den Psalmen, Beuron, 1933 ; S. Mowinckel, Psalmenstudien : I. Awdn und die individuellen Klagepsalmen, Oslo, 1921 ; IL Dos Thronbesleigungsfest Jaliwds und der Ursprung der Eschatologie, 1922 ; III. Kullprophetie und prophetische Psalmen, 1923 ; IV. Die technischen Termini in den Psalmenùberschriflen, 1923 ; V. Segen und Fluch in Israëls Kult und Psalmendichlung, 1924 ; VI. Die Psalmdichler, 1924 ; E. Pannier, Psalterium juxla hebraicam veritalem, Lille, 1908 ; E. Pannier, Le nouveau psautier du bréviaire romain. Traduction sur les originaux, Lille, 1913 ; H. Perennès, Les psaumes traduits et commentés, Saint-PoI-de-Léon (Finistère), 1921 ; dom P. de Puniet, Le psautier liturgique à la lumière de la tradition chrétienne, 2 vol., Paris, 1935 ; M. Sales, O. P., Il libro dei Salmi, Turin. 1934 ; H. Schmidt, Die Thronfahrt Jahves, Tubingue. 1927 ; le même, Das Gebet der Angeklagten im A. T., Giessen, 1928 ; le même, Die Psalmen, Tubingue, 1934 ; J. M. P. Smith, The religion of the Psalms, Chicago, 1922 ; A. Schulz, Kritisches zum Psalter, Munster-en-W.. 1932 ; L. Soubigou, Dans la beauté rayonnante des psaumes. Anthologie des psaumes, Paris, 1932 ; J. W. Thirtle, The nu, Londres, 1904 ; 1. Tletenthal, Sonun nloriiun in psaimta mm nesitanicat, Puis, 1912 ; il..m B. l bach, P/ itsaltrri, 2°1-, Moutsenat, 1932 ; SI . f/i>mr> </ iv Psiilms, Londres, 1928 ; J. Weber, tautit r i/ii ten.iir, ’romain, Paris, 1932 ; 1 r. Wutx, l’salmrn, Munich. ! "_’.. ; 1 r. Zorell. S. J., Einfahrung M, lrik und dir Kuiisl/nr/nrn <nr hrdrnlsr/M ji Psn/menMunstei <mi. 191-1 : le même, l’sallrrium ri hrbrui’latinum, Rome, 1928

P. Swwi


PSELLOS Michel, célèbre polygrapha byzantin du m siècle (1018 mars 1078).
I Nie
II. Écrits se rapportant aux sciences ecclésiastiques,
III. Doctrine,

I. Vie.

Né Constantinople en 1018, d’une modeste famille bourgeoise, Constantin Psellos, qui prît plus tard le nom de Michel en revêtant pour quelques mois seulement l’habit monastique, reçut une éducation soignée, grâce à l’intelligente ténacité de sa mère, rhéodote. Il parcourut le cycle régulier dos études primaires et secondaires de l’époque ; mais, à l’Age

iie ans. pour subvenir aux lu-soins de sa famille, il <lut interrompre ses études et prendre un poste de { « actionnaire en Anatolie. La mort de sa sœur aînée lui permit bientôt de parfaire son instruction et de s’initier a tout le savoir de son temps. Merveilleusement doue au point de vue intellectuel, d’une curiosité sans bornes, d’une souplesse et d’une faculté d’assimilation prodigieuses, il devint en peu de temps le savant universel, pour qui l’antiquité classique dans tous ses domaines et les sciences sacrées n’eurent bientôt plus

rot. Cette science encyclopédique, il la dut moins

maîtres qu’a son labeur personnel. A son époque, ’et. la haute culture était en pleine décadence à

ince. Plus que tout autre de ses contemporains, il contribua bientôt a sa restauration, en collaboration

m s illustres maîtres ou condisciples qui ont nom Mauropous, Nïcétas de Byzance, Constantin l.ikhoudis, Jean Xiphilin de Trébizonde.

l’île fois ses études terminées, la science du droit. qu’il avait acquise connue les autres, lui permit de prendre une place au barreau de la capitale. Nommé ensuite juge à Philadelphie.il ne resta pas longtemps a ce poste. Son condisciple et ami. Constantin l.ikhoudis.

u ministre de l’empereur Michel V le Paphlagonien (1041-1042), le tit venir a la cour avec le titre-de

.iir. impérial. Dés lors, son ascension dans les

honneurs fut des plus rapides. Sous Constantin Monomaque (1042-105 I > il devint l’une des personnalités les plus en vue de l’empire. Il se vit décerner les titres enviés d’hyperiime (Excellence) et de consul des philosophe

  • . ûrTotT’, ; tcïjv qHXooôqxov, en menu temps qu’on

lui confiait la chaire de philosophie à l’université de

tantinople restaurée (10-15). Neuf ans durant, il

pa brillamment cette charge, tout en gardant son

.i la cour. Avec son ami Jean Xiphilin. recteur de

le de droit, il contribua puissamment à la renais de l’université d’État.

tait encore a la cour quand le cardinal Humbert’s du pape saint Léon IX vinrent a Constan ple pour traiter a la fois d’un.- alliance politique

Normands d’Italie et de la reprise de la

munion ecclésiastique avec le patriarc.it œcuménique, interrompue depuis plusw urs années, sûrement

is 1°I3. En cette affaire, son rôle ne fut p..s de premier plan. Il était évidemment du côté de l’empereur, et nous savons par ledit synodal de Michel Céru (10 juill. 1054) que le consul des philosopht trouvait au nombre des ambassadeurs que Constantin

imaque dut envoyer a Michel Cérulaire pour flé.hirla colère du patriarche, a la suite de l’excommuni m lancée par le cardinal Humbert, et la révolte populain qui s’ensuivit. Cf. Charles Will. Acta ri

la quee de contr rt hitinx

mposila exstant, Leipzig, 1861, p. 166.

Au demeurant, notre philosophe ne paraît pas avoii

ajoute grande importance a cette querelle ecclesias tique, et il lapasse complètement sous silence dans sa Chmnographie. C’est a peine s’il lui clonne une inen

tion dans {’Eloge funèbre de Michel Cérulaire,

Cette affaire, du reste, nilui laissait aucun bon sou Venir. A peine, en effet, les légats du pape étaient ils partis que sa loi lune pâlit. Sis.unis l.ikhoudis. Mail ropOUSet Xiphilin encoururent la disgT àee de Constan tin Monomaqiie et embrassèrent la vie monastique.

Poursuis i lui-même par l’en le d’implacables ennemis,

il ne larda pas a rejoindre Xiphilin dans son couvent

du Mont-Olympe. Admis au nombre des moines sous

le nom de Michel, qui devait lui rester, il se dégoûta

vite de cet te nouvelle existence. Aussi mtarda t il pas

à rentrer à Constantinople, après la inorl de Constan tin (1054). L’impératrice Théodora (1054 1056) lui lit

le meilleur accueil et recourut à ses conseils. Toujours en butte aux Intrigues « les coiuiisans.il ne put s’établir à la cour et n’y parut qu’à de rares intervalles. Mais, sous les successeurs de Théodora : Michel VI Stralioticos (1056-1057), lsaac Comnène (1057-1059), Cons tantin DOUCUS, son ancien condisciple < 1059-1067), Eudocie et Romain 1 Diogène (1067-1072), et même au début du règne de Michel Vil Doucas, son ancien élève, son rôle dans la vie politique de Hv/ance fui de tout premier plan, et il occupa durant tout ce temps les charges les plus importantes de l’État. Négociateur entre Michel Y 1 et lsaac Comnène révolté, premier ministre de ce dernier après la retraite de Constantin l.ikhoudis, il contribue pour une large part à l’éléva tion au trône de Constantin Doucas. qui en fait son conseiller intime et son commensal. A Romain IV Diogène, qui, sans l’éloigner, lui témoigne quelque défiance, il répond par une conjuration dont il est l’âme et qui fait perdre le sceptre au malheureux vaincu de Manzicourt au profit de Michel VII Doucas (1071).

Il semble qu’avec l’élévation de Michel, sou ancien élève, qui lui doit le trône, la fortune de l’sellos va atteindre son apogée. Ironie du sort, ou plutôt justice immanente ! Après les premières faveurs, la disgrâce humiliante ne tarde pas à le frapper. Michel VII lui préfère bientôt comme premier ministre l’intrigant Nikiphoritzis (1(171-1072). et c’est dans l’obscurité et l’isolement, et peut-être dans une gène voisine de la misère que le » consul des philosophes termine son existence en mars 1078. D’un des derniers actes de sa vit’politique nous n’avons pas à le louer. Ce fut lui, en effet qui. d’accord en cela avec son ancien condisciple et ami Jean Xiphilin. devenu patriarche (1063-1075), lit repousser par le nouvel empereur Michel VII les propositions d’union religieuse portées par les ambassadeurs du pape Alexandre II. Cf. art. CONSTANTI-NOPLE (Église <l<->. t. iii, col. 1375.

De son vivant comme après sa mort, la réputation de Michel l’sellos comme savant et comme philosophe fut immense, et son influence intellectuelle a été sérieuse et durable sur la littérature byzantine en ses diverses branches. De nos jours on admire surtout le littérateur et l’artiste : mais historiens et d’il iques sont sévères, dans leurs jugements, tant pour la vie publique que pour le caractère privé de ce prodigieux polygraphe. Il faut reconnaître en effet qu’en l’sellos l’homme n’est pas a la hauteur du savant et de l’artiste. I.e moins qu’on puisse dire de lui, c’est qu’il manque totalement de caractère et qu’il est un des plus grands vaniteux que l’histoire des lettres connaisse Ayant VéCU à la cour et quelle cour ! - la plus

grande pari le de sa vie, du courtisan il a la grande t ai. qui consiste a changer avec le vent qui souffle d’en haut, on le voit par exemple tour a tour accusateur et

panégyriste du patriarche Michel Cérulaire. qui paraît avoir eu de lui médiocre estime, bien qu’il lui ail cou lie