Dictionnaire de théologie catholique/NESTORIENNE (Eglise) II. Evangélisation de l'empire parthe

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 11.1 : NAASSÉNIENS - ORDALIESp. 87-89).

II. ÉVANGÉUSATION DE L’EMPIRE PARTHE —

Aucun document ne pi ;  ; met de déterminer avec précision, quand et comment le christianisme fut introduit dans le domaine des Arsàcides. Au moment où

les apôtres s'éloignent de Jérusalem pour répandre l'évangile, la frontière entre l’empire romain et celui des Par thés est, sur l’Euphrate, simple ligne de démarcation politique. L’influence hellénique s'étend à l’est comme à l’ouest de cette ligne, s' enfonçant bien avant jusqu’au cœur de l’Asie. Les Arsàcides, affaiblis par des dissensions familiales, n’imposent à leurs peuples qu’une domination assez lâche, et, tandis que l'étendue et les ressources de leur empire leur permettraient d'être pour Rome de redoutables adversaires, ils s’appliquent à vivre en paix avec elle.

Rien ne semble donc s'être opposé à une prompte pénétration en Perse de la prédication évangélique. Parmi les convertis de la première heure, à Jérusalem, le livre des Actes, ii, 9, cite des pèlerins parthes et mèdes, des Élamites et des habitants de la Mésopotamie. On sait que les Juifs étaient nombreux en ces régions depuis le temps de l’exil, et s'él aient répandus très loin à l’est de la vallée du Tigre. Il se peut que certains néophytes de la Pentecôte, rentrés dans leur pays, y aient travaillé à la constitution de communautés chrétiennes. Aucune cependant des Églises mésopotamiennes n’a, dans les siècles suivants, revendiqué si ancienne origine. Bien plus, il ne s’est formé aucune vraie tradition autour du merveilleux pèlerinage des mages, adorateurs de l’Enfant-Dieu. Le patriarche nestorien, Timothée I er, vers la fin du vme siècle, voulant, pour appuyer sa doctrine, affirmer aussi solennellement que possible l’antiquité de son Église, en place l'évangélisation à la période apostolique, dans un texte, que l’on voudrait pouvoir innocenter d’un vigoureux anachronisme : « Car nous possédions le christianisme avant que naquît Nestorius, cinq cents ans à peu près, vingt ans environ après l’ascension au ciel de Notre-Seigneur. » Ms. Boryia syriaque 81, fol. 326 sq. Lorsque le même patriarche écrit un peu plus haut : « Chez nous, il est vrai, il n’y eut jamais de rois chrétiens, si ce n’est au début, d’entre les mages », il n’y a pas d’allusion à une évangélisalion. Ce silence de la tradition relativement à une action évangélisa'.riee des mages est d’autant plus frappant, que les chrétiens de Perse les ont toujours considérés comme leurs compatriotes. Salomon de Bassorah, dans son livre intitulé L’Abeille, consacre un long paragraphe au voyage en Palestine des douze princes dont il donne les noms, quatre pour chaque don, et il ajoute qu’ils rapportèrent en souvenir un lange de l’enfant ; il ne dit pas qu’ils se soient faits les propagateurs du christianisme. E. A. W. Budge, The Book of the Bee, dans Aneedota Oxoniensia, Semitic séries, vol. i, part. 2, Oxford, 1886, p. 84 sq. Cf. inscription de Si-ngan-fou, infra, col. 199 sq.

Les prétentions de l'Église de Perse à l’apostolicité reposent sur le nom de saint Thomas. Le premier échelon de la tradition écrite est constitué par Origène, cité par Eusèbe, H. E., t. III, c. i, 1, P. G. A. xx, col. 216 : à la dispersion des apôtres, Tnomas a reçu la Parlhie pour son lot. D’Eusèbe, ceve donnée a passé, en s’amplifiant, dans ces textes légendaires sur l’activité et la mort des apôties, que l’on trouve en grec sous les noms d’Hippolyte, Dorothée ou Epiphane, chez les principaux chroniqueurs syriens, Michel le Grand et Barhébra ?us, chez Denys bar Salibi et Salomon de Bassoiah, en Occident même dans l'œuvre encyclopédique d’un Isidore de Séville et ailleurs ; cf. Th, Schermann, Prophetenund Apostellegenden…, dans Texte und Unlersuchungen, t.xxxi, Leipzig, 1907, fasc. 3. p. 272-276. Thomas y est donné comme prédicateur de l'Évangile chez les Parthes, les Mèdes, les Perses, les Hyrcaniens, les" Bact riens, les Margiens ou, dans les lexles les plus brefs, chez les Parthes et les Mèdes seulement.

Il paraît étrange après cela que les Actes de Thomas 161

NESTORIENNE (L'ÉGLISE), LES ORIGINES

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limitent aux Indes la prédication de l’apôtre. L’auteur

est un Syrien, qui sait reconnaître en Thomas » un

surnom, to’mo, qui signifie » jumeau » ; aussi a-t-il conserve le nom personnel, Judas, qui était celui de Thomas-Didyme suivant l’ancienne version syriaque, témoignant par ce détail qu’il écrivait dans un temps où l’ancienne version des évangiles n’avait pas encore été remplacée par la PeSitto. La date des Actes n’est pas certaine, mais il est liés vraisemblable qu’ils ont été composés vers le début du nr siècle, soit à Édesse (on a proposé de les attribuer à Bardesane), soit ailleurs en Haute-Mésopotamie. Peu après, saint Éphrem, dans Bickell, Curmina Nisibena, Leipzig, 1886, carm. 42, et saint Grégoire de Nazianze, or. xxxiii, n. 11, P. G., t. xxxvi.col. 228, attestent aussi que Thomas a prêché aux Indes. Entre les deux traditions, Indes et Parthie, l’opposition n’est pas aussi complète qu’il pourrait sembler. Ainsi qu’on l’a universellement reconnu depuis les observations de A. von Gutschmid, Bheinisches Muséum, Keue Folge, t. xix, 1864, p. 161-170, dans les Actes de Thomas le fond du tableau est parthe ; et c’est justice, puisque des princes parthes ont régné alors, pendant plusieurs siècles, sur l’Afghanistan et le nord-ouest de l’Hindoustan. Entre l’Inde gouvernée par des princes pari lies et la Parthie elle-même, on comprend que la tradition n’ait pas su distinguer.

Quelle qu’ait pu être d’ailleurs la zone d'évangclisation parcourue par saint Thomas, aucune liste de succession épiscopale ne remonte jusqu'à lui, et ce n’est même pas à lui que se rattachent les chefs de l'Église nestorienne dans leur litulature officielle, car ils se disent « assis sur le trône de l’apôtre Thaddée ». Thaddée l’apôtre, ou mieux Addaï, l’un des soixantedouze disciples, nous ramène à un autre courant légendaire, édessénien lui aussi. Mais les Actes de Thaddée ne font aller l’apôtre que jusqu'à Amid (Diarbékir), et la Doctrine d’Aadaï arrête celui-ci à Édesse. C’est Aggaï, disciple et successeur d’Addaï, qui ordonne des évêques s pour toute la Perse des Assyriens, Arméniens, Mèdes et des contrées voisines de Babylone, pour les Huzites, les Gèles, jusqu’aux confins de l’Inde et jusqu’au pays de Gog et de Magog. » J. fixeront, Les origines de l'Église d'Édesse et la légende d’Abgar, Paris, 1888, p. 69 sq.

Dans le texte le plus développé du cycle, Acta S. Maris apostoli, édit. J.-B. Abbeloos, dans Analecta bollandiana, t. IV, 1885, p. 43-138, c’est Mari, autre disciple d’Addaï et compagnon d’Aggaï, qui parcourt pour l'évangéliser la Mésopotamie orientale. Il prêche d’abord dans le triangle situé entre le Tigre et le Petit Zab, ayant Arbèles comme centre, puis il descend par la route qui longe les contreforts du plateau de l’Iran, traverse le Beit Garmaï, descend entre la Diyala et l’Adhem, fonde le siège de Kaskar dans la Basse-Mésopotamie, remonte en Susiane, évangélise la capitale, Séleucie-Ctésiphon, où il n’avait pu d’abord pénétrer, enfin se rend à Doura d’Qoni, où il meurt après avoir désigné pour lui succéder son disciple Pâpâ. Les Actes de Mari n’ont aucune couleur historique : leur auteur paraît uniquement préoccupé de démontrer l’origine quasi-apostolique des principales Églises dépendant de Séleucie. Leur faiblesse éclate en ce qu’ils donnent pour successeur immédiat

'i Mari ce Pâpâ, que nous trouverons sur le siège de

Séleucie dans la deuxième moitié du nr siècle seulement et le premier quart du iv". Les chroniqueurs Mari, Amr et Slibâ sont plus avisés en insérant après Mari, au début de leur liste patriarcale : Abrès (90107), Abraham (130-152), Jacques, son fils (172-190), Ahadabûhi (205-220), §ahlûpâ (223-244), séparés, comme on le voit, par d’assez longues vacances. Mais il faut avouer que l’authenticité de ces personnages

DICT. DE THÉOL. CATH.

est fortement suspecte, surtout celle des trois premiers, donnés comme parents de Notre-Seigneur par saint Joseph. M.G. West pb al, Untersuchungen ûberdie Quellen und die Glaubwùrdigkeit der Patriarchenchroniken des Mari ibn Sulaiman… l Abschnitt, Kircbhain, 1901, p. M, cité par Labourt, Le christianisme dans l’empire perse, p. 17, n. 2, conserverait les noms d’Abrès, Ahadabûhi et Sahlùpâ, sans doute parce que ce sont des noms, le premier persan, les autres syriaques, tandis qu’Abraham et Jacques sont des noms courants et communs.

Au total, il n’y a guère qu’un fait à retenir des documents relatifs aux disciples d’Addaï, c’est que l'évangélisatlon de l’empire parthe s’est faite à partir d'Édesse, où le christianisme était religion d'État dès avant le début du nie siècle. Il est certain également que cette évangélisalion était commencée avant que la ruine de l’empire arsacide fût consommée par la victoire d’Ardasir I" (226). Les témoignages de Terlullien, Adversus Judœos, 1, P. L., t. ii, col. 649 sq., et de Philippe, disciple de Bardesane, dans le Livre des lois des pays, Palrologia syriaca, part. I, t. ii, col. 607 sq., prouvent qu’il y avait alors des chrétiens en Perse, mais nous ne pouvons savoir quel était leur degré d’organisation. M. Labourt a écrit : « Tout nous porte à croire qu’avant l’avènement de la dynastie sassanide, l’empire perse ne contenait pas de communautés chrétiennes organisées », op. cit., p. 17 ; mais M. A. von Harnack trouve M. Labourt trop radical, Die Mission und Ausbreilung des Christenlhums in den ersten drei Jarhhundcrten. 3e édit.. I. ii, Leipzig, 1915, p. 148 et n. 3.

Un document, publié après le livre de M. Labourt, inclinerait à juger plus favorablement encore la question du développement du christianisme en Perse, au temps des Arsacides. C’est une chronique de l'Église d’Adiabène, retrouvée par M. Alphonse Mingana dans un manuscrit provenant de l'Église d’Eqrour, dans le Kourdistan. M. Mingana a publié et trad.it en français le texte de cette chronique, mutilée aux deux extrémités, sous le nom de Msihâ-zkâ, écrit dans une marge, qui serait à identifier avec l’auteur d’une « histoire ecclésiastique » mentionnée par Ébedjésus. Sources syriaques, t. i, Mossoul, 1907, texte, p. 1-75, traduction, p. 76-168. Cette chronique a eu la bonne fortune de trouver un répondant en Europe dans la personne de M. E. Sachau, qui en a publié une traduction allemande avec une intéressante introduction et des notes, Die Chronik von Arbela. Ein Beitrag zur Kenntnis des allés (en Christentums im Orient, dans Abhandlungen der kgl. preuss. Akademie der Wissenschaften, 1915, phil.-hist. Klasse, n. 6. Depuis lors, la plus grande autorité a été accordée à ce texte, en particulier par M. von Harnack, qui s’en est servi pour la quatrième édition de Mission und Ausbreilung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, Leipzig, t. ii, 1924, p. 683-691. Le P. Peeters, cependant, étudiant le témoignage de la Chronique d' Arbèles dans les récits hagiographiques, où d’autres textes donnent des moyens de contrôle, a présenté un certain nombre d’observations, qui nous engagent à user de la plus grande prudence dans l’utilisation de ses données. Le « passionnaire d' Adiabène », dans Analecla bollandiana, t. xliii, 1925, p. 261-304, en particulier p. 263 et 303 sq.

L’auteur de la Chronique, qui aurait écrit un peu après le milieu du vr siècle, mentionne sept évêques d’Arbèles avant la chute de la dynastie arsacide, dont le premier, Pëqïdà, aurait été disciple d’Addaï, ordonné par lui au début du n c siècle, en 104, d’après la chronologie restituée par M. Mingana, en 100 exactement d’après M. Sachau, p. 13. Les Juifs étaient nombreux en Adiabène et cela facilitait sans doute la

XL — 6 diffusion de la religion chrétienne ; en outre, dans celle région montagneuse, il devait être assez facile de se cacher, et il se peut que la province soit devenue de bonne heure un lieu de refuge pour beaucoup de fidèles, venus des provinces orientales de l’empire romain, où la persécution sévissait à l'état endémique. Il est certain d’autre part que l’Adiabène comptait au ive siècle une forte proportion de chrétiens, mais on aura peine à croire, sur le seul témoignage de la Chronique, p. 30, trad., p. 106, Sachau, p. 61 sq., qu’il y ait eu en Perse, dès l’an 224, « plus de vingt sièges épiscopaux ». Voici les dix-sept qui sont nommés Beit-Zabdaï, Karkâ d’Beit-Slok, Kaskar, Beit-Lapat, Hormizdardasir, Përat-d’Maysân, Henaytâ, Harbagelâl, Arzon, Beit-Niqator, Sahrqart, Beit-Meskenê, Hulvvân, Beit-Qatarâyë, Beit-Hazzàyë, Beit-Daylomâyë, Siggâr. Nisibe et Séleucie-Ctésiphon sont expressément mentionnées comme n’ayant pas encore d'évêques, « par crainte des païens ».

Sur les Actis de Thomas, voir É.Amarin, art. Apocryphes du Nouveau Testament, dans Supplément au Dictionnaire de la Bible, Paris, 1928, t. i, col. 501-504, avec une abondante bibliographie, à laquelle on pourra ajouter : J. N. Farquhar, The aposile Thomas in norlh India, dans Bulletin of the John Rylands Librarꝟ. 1920, t. x, p. 80-111.

Sur l’ensemble du paragraphe, Mari, p. 1-8, trad., p. 16 ; Amr et Sliba, p. 1-13, trad., p. 1-8 ; J. Labourt, Le christianisme dans l’empire perse sous la dynastie sassanide, Paris, 1904, p. 9-17 ; W. A. Wigram, An introduction to the history o/ the assyrian Church or the Church of the Sassanid persian empire (100-640 A. D.), Londres, 1910, p. 19-39, qui donne pleine confiance à Msiha-zka et aux Acta S. Maris.

Sur la Chronique d’Arbèles : Baumstark, Geschichle…, p. 135. Les observations du P. Pecters ne semblent pas avoir ébranlé la confiance du P. Zorell, son confrère, à qui l’on doit une traduction latine, plus accessible que la traduction française de Mingana, Chronica Ecclesiæ Arbelensis, dans Orienlalia christiana, t. viii, fasc. 4, n. 31, Rome, 1927, p. 141-204. On y trouvera, p. 148, l’indication de plusieurs travaux faits d’après la Chronique sur la diffusion et l’organisation du christianisme en Orient.


III. L'Église de Perse sous la dynastie sassanide (224-632). —

L’avènement d’Ardasir I er marque pour la Perse le début d’une nouvelle ère de puissance. Bêvant de rétablir l’ancien empire des Achéménides, le Boi des rois prend immédiatement comme pivot de sa politique extérieure la guerre contre les Bomains : dès 237, il réussit à s’emparer des deux boulevards de l’Occident à la limite du désert, Nisibe et Harràn. Quelques années plus tard, son successeur, Sapor I er, pousse ses armées jusqu'à Anlioche, assiège Édesse et réduit Valérien à une humiliante captivité, Après bien des alternatives de guerre et de paix, les dernières années de la dynastie sont remplies par le formidable raid de Chosroès II en 614 sur les territoires de l’empire byzantin, suivi de la foudroyante réplique d’Héraclius en 624. L'état de guerre presque continu entre Constanlinople et Ctésiphon a eu sur le développement du christianisme en Perse une influence considérable,

Il est pour la même époque un autre fait à peine moins important : 1a forte organisation du sacerdoce païen. Sasân, l'éponyme de la dynastie, élait prêtre du feu à Istakhr-Persépolis. Son petit-fils, Ardasir, magnifia autant qu’il le put sa religion, qui devint pour lui-même et ses successeurs une religion d'État. C. Huart, La Perse antique et la civilisation iranienne, Paris, 1925, p. 147-149. Conviction religieuse ou raison d'État, peu importe : les princes sassanides ont vu dans les mages les meilleurs auxiliaires de leur politique ; en conséquence, ils ont donné dans leurs conseils une part prépondérante aux chefs du magisme, c’est le plus souvent à leur instigation qu’ils ont persécuté les chrétiens.

Organisation des chrétientés.

Quoi qu’il en soit

de cette situation doublement défavorable, c’est sous la domination des Sassanides que l'Église chrétienne s’est développée et organisée en Perse. Les témoignages indiscutables manquent pour marquer les étapes de l'évangélisation : on devra tenir en tout cas, comme un minimum incontestable, les conclusions que M. von Harnack avait enregistrées avant la publication de la Chronique d’Arbèles, dans Die Mission, ele, 3e édit., Leipzig, 1915, p. 149-151. Les premières communautés furent fondées probablement en 260 par des captifs transportés de Cœlésyrie, qui avaient des prêtres et des évêques avec eux. Le fait est acquis pour Gondê-sabûr ou Beit-Lapat. La Chronique de Séert dit en outre que l’arrivée des captifs syriens fut l’occasion d’une rapide diffusion du christianisme en Perse, et signale que deux églises furent édifiées alors à Bewardasir, une pour les Grecs et une pour les Syriens. Palrologia orientalis, t. IV, p. 222 [12], (texte corrigé par Seybold, Zeitschrift der deulschen morgent ândischen Gesellschaft, L lxvi, 1912, p. 745 sq.). On doit conclure en outre des actes des martyrs qu’il y avait des chrétientés avant 325 à Nisibe, Karkâ d’Beit-Slok, Arbèles, Sahrqart, Darâ, Bët-Lasom, Kaskar.

Il y avait aussi une Église constituée à SéleucieCtésiphon avant la fin du iiie siècle : la. Chronique d’Arbèles lui donne comme premier évêque Pâpâ bar Aggaï, après avoir signalé que deux évêques d’Adiabène, Sahlûpâ et Ahadabûhi, avaient pris soin auparavant de la petite chrétienté non encore pourvue d’un pasteur spécial. La donnée sur Pâpâ correspond à celle relevée ci-dessus dans les Acta S. Maris, qui font de Pâpâ le successeur immédiat du disciple d’Addaï. Il semble en outre que la Chronique d’Arbèles, mettant en connexion avec Séleucie-Ctésiphon les deux évêques Sahlûpâ et Ahadabûhi, explique la présence de leurs deux noms dans la chronique de Mari, au début de la liste patriarcale, où cependant ils se trouvent en ordre inverse.

La Chronique de Séerl ne contient rien sur l’accession de Pâpâ au siège de Séleucie. La première fois qu’elle le cite, c’est dans un texte un peu troublant, où il est associé à Sahlûpâ, comme si tous deux avaient exercé ensemble le catholicat : « Au temps de Sahlûpâ et de Pâpâ, catholicos de l’Orient, et d’Etienne, patriarche de Borne… », P. O., t. iv, p. 236 [26]. Elle dit ensuite que sous Bahram II, Pâpâ endura de grandes souffrances, p. 238 [38 ], puis elle ne contient plus qu’une allusion aux difficultés qu’il eut avec les évêques et ses ouailles, au début de la notice sur son successeur, Simon I er bar Sabbâ'ë, p. 296 [86].

Mais l’histoire de Pâpâ ne saurait être traitée si brièvement, car il a tenu une place à part dans l’organisation de l'Église de Perse. Les diocèses, au début du ive siècle, étaient imparfaitement délimités, les élections épiscopales sans contrôle ; il n’y avait pas de patriarche à proximité devant qui porter les questions discutées. Pâpâ « forma le dessein de fédérer toutes les chrétientés persanes sous l’hégémonie de l'évêque des Villes Boyales ». Labourt, op. cit., p. 20 sq. Ceci n’alla pas sans difficultés. Deux récits de la controverse sont parvenus jusqu'à nous, l’un dans les actes de saint Miles, évêque de Suse, qui semble avoir été le chef de l’opposition, Et. Évode Assémani, Acta sanctorum martyrum orientalium et occidentalium…, part. I, Borne, 1748, p. 72 sq. ; P. Bedjan, Acta martyrum et sanctorum, t. ii, Paris et Leipzig, 1891, p. 266268 ; l’autre dans les actes du synode tenu par Dadiso' en 424, Synodicon orientale, p. 46-48, trad., p. 289292. Le premier de ces récits, comme il convient, donne raison à Miles, le second au contraire montre Pâpâ accusé injustement. Il est certain qu’un synode des