Dictionnaire de théologie catholique/MACHABÉES (LIVRES DES) I. Contenu

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 9.2 : MABILLON - MARLETTAp. 35-38).

MACHABÉES (LIVRES DES). — I. Contenu. — IL Ganonicité (col. 1485). — III. Théologie (col. 1487). — IV. Histoire des livres (col. 1499).

I. Contenu de ces livres.

La Bible grecque contient quatre livres des Machabées. Le dernier est purement philosophique. — Chacun des trois autres dont les deux premiers seuls sont admis par l'Église comme canoniques, raconte, pour autant de périodes historiques d’inégale étendue, ce que les Juifs eurent à soulïrir, ou les luttes qu’ils eurent à soutenir, pour conserver, malgré l’oppression des Ptolémées ou des Séleucides, leurs institutions religieuses, et conquérir enfin pour un temps leur indépendance nationale et leur autonomie administrative.

Le troisième, dont le récit a pour objet particulier les faits les plus anciens, intéresse successivement les Juifs de Palestine et ceux d’Egypte. Ptolémée IV Philopator a battu à Raphia le roi de Syrie, Antiochus III le Grand. Visitant, à la suite de sa victoire, les principales villes de la Palestine, il prétend entrer dans le Saint des Saints du temple de Jérusalem, malgré la défense de la Loi et les prières du peuple tout entier. Dieu le frappe de paralysie temporaire. Mais il regagne l’Egypte en proférant contre les Juifs des menaces violentes, i-ii, 24. Moyennant apostasie de la part de tous les Juifs de son royaume, le tyran promet alors de leur accorder le droit de cité à Alexandrie ; et comme ils refusent cette faveur mise à un tel prix, il médite de les faire périr, ii, 26-m. Par son ordre les Juifs d’Egypte sont rassemblés dans l’hippodrome, les éléphants, enivrés de vin et d’encens pour les exterminer. Mais par la toute puissance de Dieu ému des prières de son peuple fidèle, deux fois le roi, frappé de sommeil et d’amnésie totale, oublie de donner l’ordre de lâcher sur les Juifs les bêtes furieuses, iv-v, 35. Il marche enfin lui-même avec les éléphants et toute son armée et arrive à l’hippodrome. Un des Juifs épouvantés, Éléazar, vieillard des plus considérés dans sa nation, invoque dans une longue prière le secours divin. Deux anges, visibles aux Égyptiens seulement, descendent du ciel, remplissant d’effroi tous les cœurs : et les éléphants se retournent soudain contre les soldats, v, 36-vi, 21. La colère du roi tombe et se change enfin en bienveillance outrée à l'égard des persécutés. Un édit est rendu en leur faveur, qui les comble d'éloges et reconnaît le Dieu du ciel comme père et protecteur des Juifs, vi, 22 -vu, 9. Ceux-ci obtiennent licence d'égorger ceux de leurs frères qui ont apostasie. Ils quittent Alexandrie pour regagner chacun son domicile dans le royaume, non sans avoir toutefois érigé à Ptolémais une stèle commémorative de leur délivrance et une « maison de prière ». vii, 9-23.

Ce récit, que l’on a pu très justement appeler un « roman patriotique », a été évidemment composé dans le but d' « exalter la fidélité religieuse des enfants d’Abraham » et de « glorifier la protection miraculeuse que le vrai Dieu accorde à ses pieux adorateurs ». (Reuss.) A quelle époque et en vue de quel besoin alors actuel, c’est ce que l’on étudiera plus loin, col. 1500.

Le deuxième livre traite de 1' « histoire de Judas Machabéc et de ses frères, de la purification du grand

temple et de la restauration de l’autel, des guerres contre Antiochus Épiphane et son fils Kupator, des manifestations du ciel en faveur des glorieux héros du judaïsme qui, malgré leur petit nombre, conquirent tout le pays et chassèrent la multitude des barbares, recouvrèrent le temple fameux par toute la terre, délivrèrent la ville et rétablirent les lois sur le point d'être abolies, grâce à la bienveillance que leur accorda le Seigneur, en toute sa bonté. » ii, 19-22. Renfermant beaucoup plus d'éléments historiques que le précédent, il débute par deux lettres écrites par les Juifs de Jérusalem à ceux d’Lgypte pour les engager à célébrer avec leurs compatriotes de Judée la fête commémorative de la nouvelle consécration du temple établie par Judas Machabée (I Mac, iv, 51), et les instruire de quelques faits sans doute ignorés d’eux, concernant la mort d' Antiochus Épiphane ; le feu de l’autel caché par les prêtres lors du départ pour Babylone et retrouvé par Néhémie ; le tabernacle, l’arche, l’autel des parfums, enfermés dans une caverne par le prophète Jérémie ; la bibliothèque, enfin, formée par Néhémie, des « livres relatifs aux rois et aux prophètes, et de ceux de David >. i-n, 18. Une préface expose ensuite le sujet du livre et la méthode suivie dans sa rédaction, ii, 18-32.

Le récit proprement dit donne alors, comme dans une première partie, quelque détail des événements intérieurs à Jérusalem : intrigues, désordres et persécutions qui amènent la révolte des Machabées. Sous Séleucus IV Philopator, successeur d’Antiochus III le Grand : la rivalité de Simon de Benjamin, préfet du temple, et d’Onias III grand prêtre, iii, 1-6 ; la tentative du ministre Héliodore pour s’emparer au profit du roi des sommes déposées dans le temple, iii, 7-39 ; une démarche d’Onias auprès de Séleucus en vue de mettre un terme aux excès de Simon. iv, 1-6. Sous Antiochus IV Épiphane, et dès son avènement à la mort de Séleucus : l’hellénisât ion des Juifs par Jason, frère d’Onias, après mainmise sur le souverain pontificat, iv, 7-22 ; puis, au bout de trois ans, l’intrigue de Ménélas, frère de Simon de Benjamin, qui dépossède Jason en faveur de son autre frère Lysimaque, détourne les objets d’or du temple et fait assassiner Onias III retiré dans un lieu d’asile, à Daphné, près d’Antioche, au grand chagrin d’Antiochus alors bien disposé pour les Juifs, iv, 23-38 ; peu après, la mise à mort de Lysimaque par le peuple révolté, le procès fait à Ménélas auprès du roi qui, circonvenu par un agent soudoyé, confirme le coupable dans sa charge, iv, 39-50 ; enfin la tentative avortée de Jason de reprendre le pouvoir, qui amène de cruelles représailles de la part d’Antiochus : le pillage et la profanation du temple, la cessation du culte national, la persécution à l’effet de convertir les Juifs au paganisme hellénique, le martyre infligé aux récalcitrants, v-vn.

Une deuxième partie expose les prodigieux succès obtenus par Judas Machabée pour la religion et l’indépendance, et jusqu'à la veille de sa mort, sur les armées des rois syriens. Sous Antiochus Épiphane, Judas, échappé aux massacres de Jérusalem, réunit une petite troupe de Juifs fidèles, attaque à l’improviste villes et bourgades, et remporte en bataille rangée deux premières victoires sur Nicanor et Gorgias, Timothée et Bacchidès, généraux habiles envoyés contre lui, en l’absence du roi alors en Perse, par Ptolémée, gouverneur de la Ccelé-Syrie et de la Phénicie. vin. A la nouvelle de ces désastres, Antiochus revient en hâte pour en tirer vengeance : mais, tombé de son char, il meurt frappé de la main de Dieu et repentant. ix. Judas Machabée s’empare de la ville sainte et du temple, lespurifieet y rétablit le culte légal et national. x, 1-9. Sous Antiochus Eupator, fils de l'Épiphane et un nouveau gouverneur, Lysias, Judas porte la guerre en Idumée, bat à nouveau, et avec le puissant secours de cinq cavaliers resplendissants, venus du ciel, Timothée et ses bandes asiatiques, l’enferme dans la place forte de Gazara et prend celle-ci d’assaut. x.

Lysias en personne s’avance alors, à la tête d’une formidable armée, contre Jérusalem. Judas et les siens soutenus encore par un auxiliaire céleste, le mettent en fuite. Le gouverneur offre la paix au nom du roi et garantit aux Juifs, en leur députant Ménélas, protection et libre exercice de leur culte. xi.

Judas et ses partisans parcourent ensuite le pays, châtiant les traîtres et les persécuteurs, battant les Arabes nomades, s’emparant de plusieurs places fortes et remportant encore une grande victoire sur les gouverneurs Timothée et Gorgias. Quelques Juifs ayant succombé dans le dernier combat, Judas fait offrira Jérusalem un sacrifice pour ces morts. xii.

Antiochus Eupator et Lysias, excités par Ménélas, se remettent campagne contre les Juifs. Grâce à la protection de Dieu, Judas les tient en échec, et ils traitent une seconde fois avec lui. xiii.

Sous Demétrius Soter, fils de Seulécus IV Philopator, un certain Alcime, juif hellénisant, réussit à obtenir du roi syrien la charge de grand prêtre. Nicanor, nommé gouverneur de Judée. vient à Jérusalem à la tête d’une armée pour l’installer au temple. Judas l’accueille et traite avec lui. Mais Alcime accuse Nicanor de trahison, et le roi mande au gouverneur de désavouer le traité. Nicanor tente alors de s’emparer de Judas, et n’y ayant point réussi, jure de raser le temple de Dieu, de détruire l’autel, et d’élever à leur place un temple et un autel a Bacchus. Il fait périr, à Jérusalem, un patriote fort considéré nommé Ragis, et sort en ordre de bataille contre Judas qui arrive avec les siens du voisinage de Samarie. xiv-xv, 21.

Judas, qui a vu en songe l’ancien grand prêtre Onias prier pour toute la communauté juive et Jérémie, le prophète de Dieu, lui remettre à lui-même une épée d’or pour, avec elle. exterminer ses ennemis, fait attaquer en invoquant le Maître des cieux. Les Syriens succombent. Nicanor reste parmi les morts. Judas lui fait couper la tête et le bras qu’il avait étendu contre le temple, pour les clouer à la citadelle. Une fête annuelle est décrétée en souvenir de cette heureuse journée de victoire. xv, 21-36.

Le récit s’arrête la, expressément. xv, 37-39.

Ce long récit, pour captivant qu’il soit, et circonstancié, n’a pas pour but premier de raconter l’histoire du premier Machabée. A ce point de vue strictement historique il ne se concilie même que difficilement avec celui du premier livre dont il va être question. Voir Dictionnaire de la Bible, Paris, 1912, t. iv, col. 494-497. Entrecoupé de réflexions de portée religieuse, morale, patriotique, personnelles à l’auteur, distribuant a profusion l’éloge ou le blâme, interprétant ainsi les faits au lieu de les rapporter simplement en les laissant parler d’eux-mêmes, il vise à montrer que Dieu, s’il punit justement les siens, et cruellement parfois, sous la main de leurs ennemis, sait néanmoins les protéger quand ils lui sont fidèles et les faire triompher des plus pressants dangers. De la sorte, il pense entretenir le courage des patriotes, leur zèle pour le culte et les observances juives, même si elles se trouvent proscrites, et leur attachement au temple de Jérusalem qui concrétise tous les souvenirs et tous les espoirs de la nation. Aussi s’arrête-t-il prudemment à la veille de la défaite et de la mort de Judas, craignant sans doute que la mémoire de ce désastre, cause occasionnelle d’une persécution d’Israël « comme il n’y en avait pas eu depuis l’époque des prophètes », I Mac., ix, 27, ne nuisit a l’effet désiré.

A quelle époque, à quelle distance des faits racontés ce livre fut écrit, à quel besoin moral actuel de la communauté juive il entendait subvenir, c’est ce que l’on dira plus loin.

Le premier livre des Machabées, composition historique de très grande valeur, rapporte l’histoire du peuple juif depuis l’avènement d’Antiochus Épiphane au trône de Syrie (an 137 de l’ère des Séleucides, 176-175 av. J.-C.), jusqu’à la mort de Simon, frère de Judas, « prince-gouverneur des Juifs, général et grand prêtre » (an 177 de l’ère des Séleucides, 135 av. J.-C.).

Apres quelques lignes d’introduction touchant les conquêtes d’Alexandre le Grand. sa mort et le partage de son empire, i, 1-9, le livre nous raconte comment Antiochus, a l’instigation de Juifs hellénisants, autorise à Jérusalem la pratique des coutumes païennes, pille le temple, met la ville a sac, y élève une citadelle avec garnison syrienne, frappe d’interdiction le culte du vrai Dieu et les observances de la Loi, impose le culte des idoles étrangères, laisse ériger un autel païen sur le grand autel de la cour du temple, punit de mort, enfin, et les possesseurs des livres saints et les fidèles observateurs du code moral et religieux d’Israël. C’est la colère (de Dieu) déchaînée sur son peuple, grande et véhémente ». i, 10-64.

Ces persécutions amènent la révolte de vaillants Israélites, les hasidéens, les plus dévoués parmi les stricts observateurs de la Loi juive. Sous le direction du prêtre Mattathias et de ses cinq fils, Jean, Simon, Judas, Éléazar et Jonathan, ils parcourent le pays, renversant les autels païens et punissant de mort, à leur tour, les apostats et les agents du monarque syrien, ii, 1-18.

Cette révolte s’accomplit pour le triomphe et le maintient de l’Alliance de Dieu avec les pères, qui ayant mis leur espoir en elle n’ont jamais succombé, ii, 19-70.

A Mattathias, mort en 146 (167-166 av. J.-C). succède Judas Machabée, qui poursuit victorieusement l’œuvre paternelle. Il bat successivement, d’année en année, les généraux d’Antiochus alors partis pour la Perse : Apollonius et Séron, Gorgias, Lysias. iii-iv, 30.

Il restaure le sanctuaire et le culte, reconstruit l’autel et le fait à nouveau consacrer par des sacrifices (an 148 = 165 av. J.-C). Jérusalem est ensuite fortifiée, iv, 36-61.

Des expéditions couronnées de succès sont lancées contre les peuples voisins ennemis des Juifs et alliés ou sujets des Syriens : Iduméens. Galaadites, Galiléens, Arabes, Nabathéens, Philistins d’Azot. v.

Antiochus meurt de chagrin à la nouvelle de ces événements et regrettant ses forfaits (an 149 = 163 av. J.-C). vi, 1-17.

Judas veut alors s’emparer de la citadelle syrienne dressée en face du temple. Antiochus Eupator envoie Lysias à la tête d’une formidable armée pour le distraire de ce dessein. Les Juifs battent en retraite à Beth-Zacharie, et les troupes royales assiègent Jérusalem. Le retour de Philippe, précepteur de l’Eupator, avec les restes de l’année de l’Épiphane refoulée en Perse, amène Lysias a traiter avec les assiégés ; mais le roi fait démolir le mur d’enceinte de la colline de Sion. v, 18-vi.

En 151 (161 av. J.-C), Démétrius Soter, qui s’est emparé du trône de Syrie, fait installer à Jérusalem, par Bacchidès, Alcime de la famille d’Aaron à titre de grand prêtre ; et la persécution reprend contre les hasidéens bernés de discours pacifiques. Judas tient à nouveau campagne contre les renégats, met eu échec Nicanor qui, outré de colère, jure de brûler le temple. Il détruit enfin l’armée syrienne et traite le cadavre de Nicanor tué au début du combat comme il a été dit au deuxième livre. Quelques mois durant, la Judée vit en paix ; un traité d’alliance est même conclu avec les Romains, vii-viii.

Mais, le premier mois de l’an 152 (octobre 161 av. J.-C), Bacchidès revient eu Judée avec vingt-deux

mille hommes, et deux mille chevaux. Les Juifs, qui ne sont que trois mille combat tant s, perdent courage et se débandent. Judas attaque pourtant avec les seuls huit cents hommes qui lui restent. Il met en fuite l’aile droite ennemie et la poursuit jusqu’auprès d’Azot en Philislie ; mais l’aile gauche se replie sur lui, et il succombe, ix, 1-22.

A Judas succède son frère Jonathan. Aussi souple politique qu’habile capitaine, celui-ci après une fuite prudente au désert et un léger revers éprouvé sur le Jourdain contre Bacchidès, sait utiliser au prolit de la religion et du pays judéens les compétitions qui surgissent tout à point entre prétendants au trône de Syrie. En attendant, il met en déroule le même Bacchidès, soutien d’Alcimus, sous les murs de Bethbasi, dans le désert, fait la paix avec lui, se retire à Machinas au nord de Jérusalem et de là, sept ans durant, « gouverne le peuple et fait disparaître les impies ». ! X, 23-73. En 160 (152 av. J.-C), un certain Alexandre Bala, soi-disant fils d’Antiochus Épiphane, dispute à Démétrius la royauté. Démétrius entend conclure alliance avec Jonathan, qui revient alors à Jérusalem, la rebâtit et la fortifie, x, 1-14. Mais Alexandre offre aussi son amitié et son alliance à Jonathan, lui confère la dignité et la charge de grand prêtre, le titre d’ami du roi, la pourpre (vêtement des souverains) et une couronne d’or. « Jonathan revêt la sainte étole, le septième mois de l’an 160 (avril 152) à la fête des tabernacles, puis rassemble des troupes et se procure une grande quantité d’armes. »

Démétrius renouvelle ses offres, cette fois magnifiques ; les Juifs les dédaignent et s’attachent à Alexandre, x, 15-47. Alexandre bat Démétrius, s’allie à Ptolémée VI Philométor, le reçoit à Ptolémaïs (Saint-Jean-d’Acre), où Jonathan comblé d’honneurs se voit nommé « général et gouverneur de province » (Judée), x, 48-66. Trois ans après, en 165 (148147 av. J.-C), le fils aîné de Démétrius, Démétrius II Nicanor, revendique à son tour la royauté. Son général, Apollonius, gouverneur de la CœléSyrie défie Jonathan en bataille rangée. Celui-ci assiège et prend Joppé, et poursuit Apollonius jusque vers Azot. Le sort du combat se décide en faveur des Juifs. Les Syriens en déroute pénétrent dans la ville. Jonathan les suit jusque dans le temple de Dagon qui est livré aux flammes. Alexandre le remercie, et lui décerne 1' « agrafe d’or, présent que l’on fait d’habitude aux princes, parents des rois ». x, 67-89. Cependant le roi d’Egypte, Ptolémée Philométor, rompt avec Alexandre, s’attache Jonathan, fait son entrée à Antioche, « et ceint le diadème d’Asie ». Alexandre est battu, s’enfuit en Arabie où il trouve la mort, et Ptolémée vainqueur meurt aussi trois jours après. Démétrius II devient seul roi, en 167 (146-145 av. J.-C), et hostile à Jonathan. Le hardi Machabée n’en a trop grand souci ; il fait pousser le siège de la citadelle syrienne, à Jérusalem, et se rend en personne à Ptolémaïs, où de riches présents lui gagnent les bonnes grâces de son ennemi. Il en revient confirmé dans sa charge de grand prêtre, avec franchise d’impôts pour les gens de sa nation et agrandissement de son gouvernement de Judée, xi, 1-37. Aussi soutient-il, par une troupe imposante d’auxiliaires juifs, Démétrius contre les insurgés d’Antioche et ainsi contribue à l’affermissement du trône royal. Mais, par la suite, Démétrius l’ayant « traité fort durement », il s’allie avec un certain Tryphon, créature d’Alexandre Bala, qui réussit à proclamer roi Antiochus VI Dionysus, jeune fils de son ancien maître et protecteur. Jonathan tient campagne contre l’armée de Démétrius détrôné et la met en déroute sur les bords de lac de Gennésareth. De Jérusalem il envoie des ambassadeurs à Rome pour renouveler l’alliance, à Sparte, en témoignage d’an cienne amitié et fraternité. XI, 38- xii, 23. Il parcourt le pays à la poursuite des Syriens fidèles à Démétrius, construit des forteresses en Judée, surélève les remparts de Jérusalem, isole par un grand mur la citadelle toujours occupée par une garnison syrienne. C’est alors que Tryphon, qui songe à se défaire du jeune Antiochus pour ceindre lui-même le diadème, trahit son allié, l’attire dans un guet-apens, à Ptolémaïs, s’empare de sa personne et réunit une armée pour envahir et se soumettre la Judée, xii, 24-53.

Simon, « frère de Judas et de Jonathan », prend alors en main « la cause d’Israël », rassemble des troupes, achève en hâte les retranchements de sa capitale, paie à Tryphon une forte somme soi-disant due par Jonathan et remet comme otages deux des fils de celui-ci à l’usurpateur. Mais Tryphon ne relâche point Jonathan ; il le fait enfin mettre à mort, irrité de se heurter partout à Simon et à son armée. Il tue aussi le jeune roi Antiochus et règne à sa place, xiii, 1-32. Simon continue à fortifier et à munir d’approvisionnements les forteresses de Judée, puis se rapproche de l’ancien roi Démétrius II lequel, puissant encore, lui reconnaît définitivement la suzeraineté de la Judée par exemption de tout impôt et concession de propriété pour toute forteresse par lui bâtie. Israël se reconnaît alors « affranchi du joug des païens ». C’est l’an 170 (143-142 av. J.-C), « l’an premier de Simon, grand prêtre, général et gouverneur des Juifs ». Aussitôt Simon assiège Gazara, sur les confins de la Philistie, s’en empare, la peuple de Juifs fidèles à la Loi, et y établit en résidence son fils Jean, nommé général de toutes ses troupes ; il expulse enfin de la citadelle de Jérusalem la garnison ennemie et « y fait son entrée le vingt-troisième jour du second mois de l’an 171 (mai 142 av. J.-C), avec des rameaux de palmier, au son des lyres, des cymbales et des harpes, en chantant des psaumes et des cantiques ». Il décrète que ce jourlà sera fêté chaque année, xiii, 33-53. Sous son heureux gouvernement, les Juifs jouissent de la paix. On renouvelle l’alliance avec Sparte et avec Rome. Une inscription sur tables d’airain, projetée « le 18 Eloul 172 (septembre 141 av. J -C), l’an 3 du grand prêtre Simon prince du peuple de Dieu », rappelle, dans l’enceinte du temple et au trésor, les éminents services rendus au peuple, au territoire, au sanctuaire, à la Loi par la glorieuse famille de Mattathias, spécialement par Jonathan et par Simon, xiv. En 174 (139138 av. J.-C), Antiochus VII Sidètès plus jeune fils de Démétrius Soter, recherche d’abord l’alliance de Simon contre Tryphon ; mais dès qu’il tient l’usurpateur à sa merci dans Dora, au bord de la mer, il refuse les secours du prince juif, lui reproche ses succès, exige mille talents pour les villes et districts conquis en dehors des limites de la Judée et menace de la guerre en cas de refus. Simon offre cent talents seulement pour Joppé et Gazara. Antiochus irrité dépêche contre lui Kendébéus, commandant de la province maritime, avec une armée. Jean et Judas, fils de Simon, attaquent cette armée près de Modéin, berceau de la lignée machabéènne, la mettent en pleine déroute et la poursuivent jusqu'à Azot. xv-xvi, 12. En l’année 177, au mois de Sabat (février 135 av. J.-C), le gendre de Simon, Ptolémée, fils d' Aboub, gouverneur de la plaine de Jéricho, voulant devenir le maître du pays, attire son beau-père et deux de ses fils, Mattathias et Judas, dans un fort et les fait périr au cours d’un festin. Il demande à Antiochus le gouvernement de Judée et envoie des hommes pour tuer aussi Jean à Gazara. Jean, averti à temps, fait exécuter les assassins, xvi, 11-24. Et c’est la fin du livre.

Il est tout à fait clair que le but principal de ce livre est de raconter à la manière d’une composition de caractère historique, avec le souci d'être exact et MAC1I U3ÉES (LIVRES DES), I WONII l II

1486

Qdèle « Uns le récit, la suite îles événement* qui marquèrent les efforts faits par la nation Juive pour reconquérir le pleine liberté religieuse et, autant que possible, l’autonomie politique, durant une période

aie quarante années, dans les limites territoriales des s regardées comme l’héritage des pères. w.. ;. !  : récit enfermé, en effet, dans la double cadre de données chronologiques et géographiques d’une remar quable exactitude. Mien que le sentiment d’une Providence divine ne soit nullement absent île la narration. celle-ci, d’autre part, se tient à la mise en œuvre, dans le rapport îles laits proprement liistori |Ues, des qualités tle valeur, de dévouement, d’habileté personnelles et naturelles des héros inachabeens ; jamais n’intervient, comme dans le deuxième livre, le miraculeux proprement dit.

H n’est pas moins vrai eependant qu’un souille religieux parcourt l’ouvrage, surtout dans s.i première moitié. L’expression îles regrets de voir profané, dévasté, aboli. tout ce que la nation avait de saint. . u. 7-13 ; m. I">. i. 11. ou de lallése des glorieux exploits et des succès positifs et réalisateurs de Judas, m. 3-9, et de Simon, xiv. 6-15,

e maintes fois jusqu’au lyrisme et rappelle les Psaumes : Les harangues et prières des prêtres ou des chefs dans le danger, ou avant le combat, respirent le plus pur amour de la Loi et du « lieu saint. ainsi que la plus mande confiance dans le secours du ciel, u. 1° - 19-68 ; m. 18-22 ; 50-53 ; iv, 8-11 ;

'. ; vii, 36-38 ; 41-42 ; ix. 14-46 ; xiii, 3-6 ; xi. 2.3. le sentiment d’un ^rand devoir moral et religieux

npli perce dans tous les récits de purification ou de restauration du pays et du temple, ii, 14-18 ; iv,

l ; v, 54 ; ix, xiii. 17. 18, 50-52 ; xi. 27 15,

avec le scrupule de réserver les droits de Dieu à propos de la démolition de l’ancien autel, iv, 45-17, ou de llelevation à la souveraine særilieature d’un prêtre qui n'était point de la race d’Aaron. xiv, 41.