Dictionnaire de théologie catholique/LAZARE, moine grec

L. Petit
Letouzey et Ané (Tome 9.1 : LAUBRUSSEL - LYREp. 51).

LAZARE, moine grec et controversiste de la fin du xiiie siècle. — A. Ehrhard dans K. Krumbacher, Geschichte der byzantinischen Litteratur, 2e édit., Munich, 1897, p. 114, fait de Lazare un évêque dont il place l’existence dans la première moitié du xve siècle. C’est une double erreur. C. Simonidès affirme, il est vrai, que Lazare devint évêque, mais ceux qui connaissent les audaces de l’impudent faussaire savent quel cas il convient de faire de ses affirmations. Que notre polémiste ait vécu sous le règne de Michel VIII Paléologue (1261-1282), ses écrits mêmes le prouvent. Ils contiennent à chaque page des allusions transparentes au maître du jour, allié de l’Italien maudit, persécuteur de la foi orthodoxe, parvenu au pouvoir par le meurtre du souverain légitime, et ne s’y maintenant qu’en opposant un patriarche à l’autre pour mieux soutenir l’hérésie des Francs. Tous ces traits conviennent fort bien à Michel Paléologue et ne peuvent dans leur ensemble ne s’appliquer qu’à lui, comme l’a fort bien prouvé Ch. I. Papaioannou, l’éditeur des œuvres de Lazare, dans l’Ἐκκλησιαστικὸς Κῆρυξ, t. i, (1911), p. 344-348. A une objection soulevée par l’archimandrite Ézéchiel Bélanidiotes, ibid., p. 419-420, au sujet du métropolite Jean de Naupacte, destinataire de deux lettres de Lazare, et d’après laquelle il faudrait reporter la composition de ces lettres avant l’année 1232, Ch. Papaioannou, tout en maintenant ses premières affirmations, n’a su que répondre, ibid., 449-452, ne connaissant aucun prélat du nom de Jean qui ait occupé le siège de Naupacte sous Michel Paléologue. Nous sommes en mesure de tirer d’embarras le sympathique éditeur en lui signalant qu’effectivement vivait à Naupacte en 1272, c’est-à-dire à l’époque voulue, un évêque du nom de Jean. Voir Fr. Miklosich et Jos. Muller, Acta et diplomata græca medii ævi, t. iv, Vienne, 1871, p. 379. Par suite l’objection de l’archimandrite Ézéchiel tombe d’elle-même.

Il nous reste de Lazare cinq lettres et le début d’un ouvrage de controverse, qui dut avoir, à en juger par ce qui nous en reste, d’assez vastes proportions. La première lettre, adressée à l’évêque de Larissa, avait déjà été publiée par C. Simonidès dans son édition de Nicolas de Méthone, Londres, 1858, 2e édit., ibid., 1865, p. 215-218. C’est la seule que signale A. Ehrhard dans l’ouvrage cité plus haut. La seconde a pour destinataire le métropolitain de Thessalonique : la troisième, le moine Arsène, du monastère d’Acapniou, également à Thessalonique. Les deux autres sont adressées à Jean Xéros, métropolitain de Naupacte. Dans un dernier traité, dont le début seul subsiste, l’auteur essaie de montrer que les Latins étant hérétiques, on ne saurait entrer en communion avec eux sans trahir la vraie foi. Là comme dans ses lettres il s’élève avec vigueur contre l’union conclue au concile de Lyon. Tous ces opuscules ont été publiés par Ch. I. Papaioannou, d’après le ms. 34, fol. 45-61, de l’archevêché de Chypre, dans l’Ἐκκλησιαστικὸς Κῆρυξ, t. cit., p. 413-419, 443-449.

L. Petit.