Dictionnaire de théologie catholique/HYPNOTISME

Dictionnaire de théologie catholique
Letouzey et Ané (Tome 7.1 : HOBBES - IMMUNITÉSp. 186-190).
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HYPNOTISME.
I. Raison d’être et limites lie cet article.
II. Où en est la question de l’hypnotisme.
III. Documents olliciels s’y rapportant.

I. Raison d’itre et limites de r, i ; T article. — A quel titre un article sur l’hypnotisme peut-il figurer dans un dictionnaire de théologie catholique ?. quels titres l’hypnotisme intéressc-t-il le théologien ?

L’article Hi/pnolisinc du Dictionnaire apologétique (te la foi cntlwliqnr, t. il, col..’)3.3-534, signale en ((uelques mots l’intérêt que peut présenter l’hypnotisme pour l’apologiste catholique. L’hypnotisme figure aussi, en fait, au moins dans deux traités de la théologie morale, relui Des actes humaim et celui De la vertu de rdigion.

1° Le traité Des actes humains étudie, entre autres questions, les causes qui peuvent diminuer ou supprimer la liberté et par conséquent la responsalùlité. Or précisément l’hypnose passe pour un état pathologique où le sujet serait plus ou moins inconscient, plus ou moins livré à la volonté de l’opérateur. « Le sujet hypnotisé, dit Grasset, Le psychisme inférieur, 1906, p. 456-457, doit être déclaré irresponsable, et toute la responsabilité appartient à l’hypnotiseur. L’expert doit faire acquitter l’auteur inconscient du crime en vertu de l’article 64 (du Code pénal) Il n’y a crime ni délit, lorsque le prévenu… a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister.

a Quant à l’hypnotiseur, Garraud affirme, dans son Précis du droit criminel, qu’il doit être déclaré complice dans les termes de l’article 60 du Code pénal. Or nous savons que l’article 59 punit le complice de la même peine que celle prononcée par la loi contre le crime ou le délit commis par l’auteur principal ; ce qui permet de condamner l’hypnotiseur, tout en reconnaissant l’irresponsabilité de l’hypnotisé. Seulement il va sans dire que, pour soutenir l’irresponsabilité complète du sujet dans ce cas, il faut adopter la définition étroite et précise de la suggestion, telle que je l’ai donnée, et non la définition large et vaste de Bernheim.. Tout ce que je viens de dire ne s’applique qu’aux cas (tellement rares qu’on discute encore leur existence) dans lesquels l’hypnose serait complète et, par suite, la suggestion vraiment souveraine. »

D’autre part, le même traité comporte une étude sur le « volontaire in causa » et sur le « volontaire indirect », qui trouve également des applications dans l’hypnotisme. Si les actes accomplis dans l’état d’hypnose, ou en vertu de suggestions hypnotiques, ne sont pas complètement imputables en eux-mêmes, ne peuvent-ils pas l’être dans leur cause, in causa, dans le consentement donné à l’hypnotisation, dans l’abandon absolu à- la volonté de l’opérateur, quels que soient les actes qu’il puisse suggérer ? Si, cependant, l’hypnose en elle-même n’était pas un mal, et que l’on en puisse attendre quelque bien, son emploi donnerait lieu à une exacte balance des avantages et des inconvénients, des bienfaits tiu’on en espère et des méfaits qu’on en peut redouter, selon la formule du « volontaire indirect ». C’est ainsi que Lehmkuhl, TiKologia morulis, 3<’édit., 1886, t. i, p. 6l’.t, en note, pose le problème de la licéité de l’usage de l’hypnotisme ; A theologo quæri potest sitnc hoc, s/ siT iiiCMi.nn M. licitiim. Ncyandi ratio esse nequit, nisi aut 1) modus inducendi itlnm statum sit itlicitus, au ! 2) efjcctus ipsc aliquid illicitum contincal. In ymio iUicitum aliquid cogitari passe non videtur, nisi injuria aut superstitio. Injuriam ficri non sunio, sed conscnsum tum ejus qui agit, tum cjus qui patitur… Superstitio per se non inest, si in agendi modo et in effectibus, ut descripsi, sistitur… Eii’i-i ris vero estne ex se illicitus ? Jlabes privationem usus rationis, atque statum in quo facile… alterius nutum sine conscirntin et lihrrtate exsequaris. Quo igitur (jraviores atque hominem mngis non décentes efjcctus appareant, ro gravior causa requiritur ut talem statum inducerc liceat. neque unquam liccbil sine caulionc… At cautela adhibita et accedente sufjicienti causa, liccbil, maxime si vcrum est, morbos aliter non sanabiles ita curari passe.

2° L’hyiuintisme figure encore, mais cette fois avec le magnétisme animal, le somnnmbulisme et le spiritlMuc, dans le traité De la ucrlu de religion, parmi les pratiques où l’on peut soupçonner l’intervention diabolique. Certains auteurs, par exemple. Tanquerev, Si/nops ! ~ Iheologiiv dngn aticir, 1919. t. ii. p. 490-1’.t9, étudient cctle (luestion dans le traité De angetis. L’hypnotisme, succédant au magnétisme animal, et voisinant de très prés avec le

somnainbulismc, ne pouvait manquer d’alUrer l’attention (les théologiens. A tort ou à raison, il a passé, il passe peut-Otre encore, pour posséder des pouvoirs mystérieux, pour obtenir des elTets merveilleux. Suogeslion mentale, communicnlion à distance, télépathie, vision transopaque, prédictions, intuition des pensées d’autrui. voilà quelques-uns des « prodiges » attribués couramment à l’hj’pnotisme en 1894. Cf. abbé Schneider, L’hypnotisme, 1. 1, c. v. Or un certain nombre de ces phénomènes appartiennent aussi à l’occultisme, que l’on a tendance à confondre avec le spiritisme, et dont le nom seul suggère l’idée de pratiques qui se passent entre initiés dans des réunions secrètes, où l’on croit être en rapport avec le monde surnaturel. Cf. Grasset, L’occultisme hier et aujourd’hui, le merveilleuv prescientifique. C’est ce soupçon d’intervention diabolique dans l’hypnotisme qui a motivé diverses questions adressées soit à la S. C. du Saint-OlRce, soit à la S. Pénitencerie, et les réponses de ces Congrégations.’Voir plus loin.

II. Ou EN EST LA QUESTION D —, L’hYPNOTISME " ?

Nous n’avons pas l’intention de refaire ici l’historique de l’apparition, du développement et du déclin du mesmérisme, du magnétisme animal, du braidisme ou de l’hypnotisme : un dictionnaire de théologie n’est pas un dictionnaire de médecine, ni surtout d’histoire de la médecine. Il serait plus intéressant pour nous d’apprendre des médecins où en est aujourd’hui la question de l’hypnotisme. Or ils nous avertissent que < l’étude de ces états (hypnotisme, somnamlmlisme ) est en voie de révision, Dans les nombreux travaux qu’ils ont suscités, un petit nombre de faits seulement paraissent aujourd’hui à l’abri de la critique. En pratique, il convient d’observer la plus grande réserve à ce sujet. » D^ Henry Meige, art. Hystérie, tiré à part, 1911, p. 27-28. Les conclusions des observations de M. Babinski, notamment, bouleversent complètement les idées reçues dans le public non spécialiste au sujet de l’hypnotisme. « Babinski a démontré, écrit le T) Robert Vander Elst, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique, art. Hystérie, col. 539, que l’hypnotisme ne peut être opéré contre le gré du sujet ; qu’il n’y a pas amnésie complète, au réveil de l’hypnolisé, à l’égard des faits suggérés pendant le sommeil ; qu’il n’y a pas inconscience, même dans l’état léthargique ; que, dans le somnambulisme, le sujet ne perd pas le contrôle de sa volonté. »

D’autre part, l’emploi de l’hypnotisme en thérapeutique est à peu près, sinon complètement, abandonné ; « On le réserve, dit le D’^ Vander Elst, ibid., à la cure des petits accidents hystériques » ; il affirme même « qu’on n’hypnotise plus ». Ibid., col. 538. Les médecins, les vrais médecins du moins, n’y recourent aujourd’hui qu’en manière de traitement psychothérapique, comme ils font usage du courant faradique pour « guérir » les anesthésies ou paralysies purement fonctionnelles, ou les douleurs sine materia. Pour le traitement même des troubles hystériques, le D H. Meige écrit à la fin de l’article cité : « Enfin, on s’abstiendra de manœuvres hypnotiques, sauf dans quelques cas rarissimes, et encore… L’abus des pratiques de l’hypnotisme ne peut qu’être préjudiciable. On obtient d’excellents résultats par les interventions psychothérapiques à l’état de veille, sous forme d’explications, d’encouragement et de bons conseils. Le malade ne peut qu’y gagner, et le médecin pareillement. Nous devons tenir notre prestige et nos moyens de guérison, non pas d’un prétendu pouvoir mystérieux, mais de la confiance qu’inspire le savoir allié au dévouement. »

En définitive, que reste-til donc que soit l’hypnose ? Il reste qu’elle est non pas, à proprement parler, un

sommeil pathologique, arliliciellement provoqué, pendant leciuel le sujet serait absolument soumis à la volonté de l’opérateur, mais la suggestion du sommeil, faite à un sujet particulièrement suggestible, suivie d’autres suggestions. Le sujet reçoit la première suggestion, celle du sommeil, comme il reçoit les autres, comme il recevrait n’importe quelle suggestion ; et, s’il est de bonne foi, dans la mesure où le sommeil dépend de la volonté, de l’imagination, il réalise certaines conditions du sommeil, comme il réaliserait une anestliésie ou une douleur. Mais en réalité il ne dort pas, puisqu’il a conscience, plus ou moins nettement peut-être, mais il a conscience de ce qui se passe en lui, autour de lui. En somme, l’hypnose se réduit à deux choses : un tempérament suggestible, c’est-à-dire hystérique ou pithiatique, et une suggestion de sommeil. L’hypnotisme n’est donc, en réalité, qu’un procédé particulier de suggestion, qui consiste à préparer le sujet à recevoir d’autres suggestions en lui suggérant d’abord qu’on va l’endormir, donc le mettre dans un état où il ne sera plus maître de lui, mais totalement dépendant de l’opérateur.

La suggestion hypnotique n’étant ainsi qu’une forme particulière de la suggestion, nous sommes donc amenés à renvoyer à l’art. Suggestion l’étude et la solution de toutes les questions cju’elle pose devant le théologien moraliste : peut-on lui résister ? de quels effets est-elle capable ? dans quelles conditions son emploi est-il légitime ? etc.

III. Documents officiels de l’Église se rapportant, DE PRÈS ou DE LOIN, A l’HYPNOTISME.

La plupart des documents que nous allons citer et analyser, parus entre 1840 et 1856, ne se rapportent pas à l’hypnotisme, mais au magnétisme animal ; cependant, si l’on a pu dire que « toutes proportions gardées, l’hypnotisme est au magnétisme ce que la chimie est à l’alchimie, l’astronomie à l’astrologie, » abbé Schneider, L’hypnotisme, p. 1, on comprendra qu’ils puissent avoir pour nous plus qu’un intérêt rétrospectif et que nous puissions y découvrir des principes et des règles pratiques applicables à l’hypnotisme.

1° Le 3 juin 1840, à la question suivante posée au Saint-OfTice : Ulrum magnetismus generatim acceptus et in se censeri debcat licitus an illicitus ? la S. C. répondait : Remoto omni errorc, soriilegio, explicita aut implicita invocatione dœmonis, merus actus adhibendi média physica aliunde licita, non est moraliter vetitus, dummodo non tendant ad finem illicitum, aut quomodocumque pravum. Applicatio autem principiorum et mediorum pure pliysicorum ad rcs aut efjectus vere supernatundes, ut physice explicentur, non est nisi dcccptio illicila et hærelicalis. Cf. Gury-Ballerini, Compendium Iheologiæ moralis, 17"= édit., 1866, t. i, p. 276, note ; Bergier, Dictionnaire de théologie, 1852, t. IV, p. 180 ; Ojetti, Synopsis rerum moralium et juris pontificii, cdphabeiico ordine digesta, 1911, t. ii, n. 2331, col. 2134.

Le Saint-OfTice, qui d’ailleurs avait commencé sa réponse en renvoyant l’auteur de la supplique ad probatos auctores, cf. Bergier, toc. cit.. s’il ne résolvait pas ensuite directement la question posée, établissait du moins des principes qui pouvaient servir à la résoudre. Ils peuvent encore nous servir aujourd’hui. Qu’il s’agisse d’hj’pnotisme, de somnambulisme, de spiritisme ou d’autres phénomènes encore inexpliqués, pour juger de leur licéité, nous devons d’abord examiner si les moyens employés sont proportionnés aux résultats obtenus ou recherchés ; s’il ne s’agit que d’obtenir des effets naturels par des moyens proportionnés, la morale est sauve : s’il s’agit au contraire d’obtenir des effets merveilleux, vraiment surnaturels,

par des moyens naturels, de telles pratiques ne peuvent être approuvées.

2° Le 21 avril 1841, nouvelle réponse du Saint-Oflîce : Vsum magnetismi, prout cxponitur, non liccre. Cf. Denzinger-Bannwart, Enchiridion sijmboloram, 13<-édit., 1921, n. 1653.

3° L’exposé auquel se réfère cette réponse devait sans doute ressembler à celui que fit, le 19 mai 1811, dans sa consultation à la S. Pénitencerie, l’évoque de Lausanne et Genève. Voir le texte complet dans Gury-Ballerini, loc. cil., p. 282-286 ; dans Gousset, rhéologie morale, 8e édit., 1851, t. i, p. 565-567, et la traduction française dans le Dictionnaire de théologie morale de l’abbé Pierrot, t. ii, col. 255-256, dans le t. XXXII de V Rncijclopédie théologique de Migne, 1849. « Une personne magnétisée, laquelle est ordinairement du sexe féminin, entre <lans un tel état de sommeil que ni le plus grand bruit fait h ses oreilles ni la violence du fer et du feu ne sauraient l’en tirer… Alors, interrogée de vive voix ou mentalement (sans doute par le magnétiseur seul) sur sa maladie ou sur celle de personnes absentes, qui lui sont absolument inconnues (mais dont on lui met dans la main une boucle de cheveux"), cette magnétisée, notoirement ignorante, se trouve à l’instant douée d’une science bien supérieure à celle des médecins : elle donne des descriptions anatomiques d’une parfaite exactitude ; elle indique le siège, la cause, la nature des maladies internes du corps humain les plus difficiles à connaître et à caractériser ; souvent elle en prédit la durée précise et en prescrit les remèdes les plus simples et les plus efficaces… Aussitôt que la boucle de cheveux est seulement approchée contre la main de la magnétisée, celle-ci dit de qui sont ces cheveux, où est actuellement la personne de qui ils viennent, ce qu’elle fait : et sur sa maladie elle donne tous les renseignements énoncés ci-dessus avec autant d’exactitude que si elle faisait l’autopsie du corps… Tirée de cet état, … elle paraît complètement ignorer tout ce qui lui est arrivé ])cndant l’accès… » On voit, par cette citation, en quoi diflèrcnt, en quoi se ressemblent les phénomènes du magnétisme et les phénomènes de l’hypnotisme : ce qu’on demaiulait aux sujets magnétisés d’alors, c’était à peu près ce que l’on va demander aujourd’hui aux somnamlmles professionnelles extra-lucides. La S. Pénitencerie répondit, le l"’juillet 1841, exactement comme le Saint-Office : usum magnetismi, prout in casu cxponitur, non licere.

4° Mgr Gousset, loc. cit., p. 567, ne trouvant pas cette réponse " absolue », crut " devoir, en 1842. consulter le saint-siège sur la même ((uestion, demandant si, seposilis rci abusibu’i rcjectoque omni cum divnione joedcre. il était permis d’exercer le magnétisme animal, ou d’y recourir, en l’envisageant comme un remède que l’on croit utile à la santé. « Le cardinal de Castracane, grand-iiénitencicr, répondit à Mgr Gousset, en date du 2 septembre 1843 : « La question n’est pas de nature à être décidée de sitôt, si jamais elle l’est, parce qu’on ne court aucun risque à en différer la décision et qu’une décision prématurée pourrait compromettre l’honneur du saint-siège ; tant qu’il a été question de l’application du magnétisme à quelques cas jiarticuliers, le saint-siège n’a pas hésité à se prononcer ; mais à présent, n’c^l en général qu’on examine si l’usage du magnétisme peut s’accorder avec la foi et les bonnes mœurs.

5° Le 28 juillet 1847, le Salnl-OIIice renouvelait, en la modillant légèrement, sa déclaration du 23 juin 1840. Gf. Dcnzinger-Hannwarl, loc. cit. Le saintsiège se rrovait celle fois en état de porter une décision s’appliquant. non à quel(|U(s cas parllculicrs, mais n l’u.sage du magnétisme en général, car la leltre encyclique du 4 aoiU 18.56, qui rappelle et re produit la déclaration de 1847, la fait précéder de cette explication : verum, quia, præter particulares casus, de usu magnetismi generatim agendum erat, iiinc pcr modum regulæ sic statutum fuit.

6° Enfin, le 4 août 1856. le Saint-Office envoyait h tous les évoques une lettre encyclique ad magnetismi nhusus compescendos. Le texte complet est donné par Gury-Ballerini, loc. cit., p. 287-289 ; par LehmVuhl, loc. cit., p. 226-227 : par MuUer, Theologia moralis, 5’- édit., 1887, t. ii, p. 255-256 ; la plus grande partie s’en trouve dans Denzinger-Bannwart, n. 1653 1654.

1. La lettre encyclique caractérise en ces termes la nouvelle superstition qui se répand dans le monde : Novum quoddam superstitionis genus invehi ex phœnomenis magneticis, quitus haud scientiis phijsicis enuclcandis, ut par essef, sed decipiendis ac scducendis hominibus student neoterici plures, rati passe occulta, remota ac futura detegi magnetismi arte vel præstigio, prœsertim ope muliercularum quæ unice a magnetizatoris nulu pendent.

2. Elle rappelle d’une part les rcsponsiones ad peculictres cctsus quitus reprobantur tanquam illicita illa expérimenta quwad finemnon naturalem.nan hone.’-t.im, non debitis mediis assequendum ordinantur. et, d’autre part, la déclaration de principe et la règle générale portée le 28 juillet 1847.

3. Elle constate que la nouvelle superstition ne fait que grandir ; le magnétisme a dégénéré en divination, en somnambulisme, en spiritisme : ut. neglccto licilo studio scientiæ potius curiosa sectantes. ariolandi divinandive principium quoddam se nactos glorientur. Hinc somnambulismi et claræ intuitionis. uti vacant, prœstigiis, muUereulæ illœ… se invisibilia qmvque conspicerc effutiunt, ac de ipsa religionc scrmoncs instituere, animas mortuoruni evocarc, respousa accipere, ignota ac longinqua delegere aliaque id genus superstiliosa exercere… præsumunt, magnum quæstum sibi ac dominis suis divinando ccrto consecuturæ.

4. Les évoques devront donc s’employer qua paternæ curitalis monitis, qua severis objurgalionibus, qun démuni juris remediis adhibitis, à faire cesser ces abus du magnétisme.

Le principe général qui fait immédiatement découvrir l’illicéilé de pareils usages est rappelé encore en quelques mots : In hisce onmibus, quacumque demum utantur arte vcl illusione, cum ordinentur médit plnisica ad ejlectus non naturales, rcperitur deceplio omnino illicita et hærcticalis. Toutes les fois qu’il y a disproportion évidente entre les moyens naturels employés et les effets surnaturels recherchés, ou est dans l’erreur et dans le désordre.

7° Le dernier document olliciel qu’il nous reste à mentionner est jihis récent et se rai)porte <lirectement à la suggestion hypnoticpie, voire même à la suggestion sans (lualificalif. C’est une réponse, du 26 juillet 1899, du Saint-Office à la consultation d’un médecin catholique. IMIc se trouve dans Ojetli, loc. cit., col. 2135. Le médecin avait demandé : An liceid sibi partem habere in disputationibus quæ fiunt a societate scientiarum medicarum de suggestionibus in cura puerorum infirmorum. Agitur non de discutiendis tantum experimentis jam factis, sed ctiam de novis experimentis agendis, sive hœc rationibus ntituralibus explicar possint, sire non. On lui répondit : Qunad expérimenta jam fada permilti passe, modo absit periculum superstitionis cl scandali… Quoad nova expérimenta, si agatur de juctis quir i i : iriii naturæ vires privlergrediantur, non licere : sin vern de hoc dubil(dur. pnvmissa protesta’lione nullam partem haberi velle in lactis prarlernaturnlibus, liderandum, modo absit periculum scandnli.

En somme, on peut dire qu’une seule idée, toujours la même de 1840 à 1890, une seule préoccupation, se rencontre dans tons ces documents : prendre garde

à la supei’sUlioiT, prendre fjarde de délaisser les recherches vraiment scientifiques, qui sont lentes el l)énit)les, mais saines et sûres, pour satisfaire une vaine curiosité par des moyens qui ne peuvent être que décevants, si même nous n’y sommes pas le jouet des puissances de ténèljres : ut, neglecio licito studio scientise potius curiosa scciantes, ariolandi divinandive principium quoddam se nactos glnrieniur. Lettre encyclique du 4 août 1856. L’Église, en condamnant la superstition, atteint le charlatanisme, aussi opposé à la science qu’à la morale.

A, FONCK.

L Ouvrages de RrÉDECiNE. — 1° Sur l’hypnotisme. — 1. Généralités.

Art. Hypnotisme du Dictionnaire de médecine et de chirurgie pratiques, par Matliias Duval, IST-l ; du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales, par P. Richer et Gilles de La Tourette, 1889 ; de la Grande encyclopédie, par G. Lemoine, 1895 ; de la Pratique médicochirurgicale, par Bauer, 1912 ; du Dictionnaire apologétique de la loi catholique, par R. Vander Elst, 1912. — 2. Origines, notion du sommeil pathologique. — Braid, Neurypnologie (sic), 1843 ; trad. franc, de J. Simon, préf. de BrownSéquard, 1883 ; Llébcault, Du sommeil et des états analogues, action du moral sur le physique, 1866 ; A. Maury, Le sommeil et les rêves, 4e édit., 1878. — 3. Formes, technique et application. — D’Luys, Compte rendu de l’Académie des sciences, 1888 ; Dieulafoy, Pathologie interne, t. iii, iv classe, c. vi, § 4 ; Ch. Féré, Les hypnotisés et hystériques, considérés comme sujets d’expériences en médecine mentale, dans les Archives de neurologie, t. vi, p. 130 ; Grasset, Leçons, recueillies par Rauzier. Revue de l’hypnotisme, mai-juin 1889 ; voir aussi L’hypnotisme et la suggestion, c. jv : De.grés et variétés de l’hypnose ; Babinski, Grand et petit hypnotisme, dans les /irchives de neurologie, 1889. n. 49-50 ; Voisin, Semaine médicale, 1891, p. 304 ; Crocq, L’hypnotisme scientifique, un vol. de la Société d’études scientifiques ; D’Joire, Traité complet d’hypnotisme expérimental et de psychothérapie, 1914 ; Lyon, Clinique thérapeutique, p. 1148 sq. ; Albert Deschamps, Maladies de l’esprit et asthénies, Paris, 1919, p. 5.^6 sq. — 4. Hypnotisme et suggestion.

Grasset, L’hypnotisme et la suggestion, 1903 ; Bernheim, Hypnotisme, suggestion, psychothérapie, 1891 ; La suggestion dans l’étal hypnotique, dans la Beuue médicale de i’iîsl, 1884 ; Communie, au Congrès de Moscou, 1897 ; Rapport au 1 =’Congrès de l’hypnotisme expérimental et thérapeutique, Paris, 1890 ; Vires, L’hypnotisme et les suggestions hypnotiques, dans Nouveau Montpellier médical, 1901 ; Wundt, Hypnotisme et suggestion, trad. Keller, 1905 ; Déjerine, Séméiolngie des a//ections du système nerveux, 1914, p. 31-34 : hypnotisme, suggestion, persuasion ; Bajenoff et Ossipofi, La suggestion et ses limites, 1911. — 5. Conclusions médico-légales, pédagogiques, etc. — G. Ballet, Anglade, Vallon, etc. Traité de pathologie mentale, 1903, p. 35, l’hypnotisme cause de maladies mentales, p. 1488 sq.. la responsabilité des hypnotisés ; Babinski, Semaine médicale, 1910 (27 juillet) ; Bérillon, …méthode liypno-pédagogique, dans la Revue de psychothérapie, 1913 ; Ern. Dupré, L’hypnotisme devant la loi. Rapport au 13" Congrès international de médecine, Paris, 1900 ; Vibert, Traité de médecine légale (hypnotisme et viol), p. 371 ; Grasset, Traité de physiopalliologie clinique, t. iii, 1913, p. 222 sq.

2 » Sur les rapports de l’hystérie et de l’hypnose. — 1. Sur le fond de la question. — Babinski, //ypnodsme e/ hystérie, dans la Gazette hebdomadaire de mélecine et chirurgie, juillet 1891 ; Magnin, Les rapports de l’hypnotisme et de l’hystérie, danslaReujie de Z’/iyfjnodsme, juillet 1901 ; Vander Elst, Contribution apportée à la notion d’Iujstérie par l’étude de l’hypnose, thèse de Paris, 1908. Voir aussi Grasset, L’hypnotisme et la suggestion, c. vi, § 4 ; et les ouvrages cités plus loin sur la doctrine de la Salpêtrière et la conception de Nancy. — 2. Applications, traités de psychothérapie. — J. Camus et Pagniez, Lwlemenlet psychothérapie, Paris, ^901 ; Dubois (de Berne), Les psychonévroses et leur traitement moral, Paris, 1904 ; A. Thomas, Traité de pfyciiotlurapie, 1912 ; Burlure^ux, Traité de psycliothérapie, 1914 ; Janet, Les médications psychothérapiques, 1919 ; de Grandniaison, Revue de philosophie, 1912, t. xx, p. 366. Voir aussi Déjerine, préfaces des ouvrages précédents de Camus et Pagniez, de Dubois et de Thomas ; tous ces maîtres contemporains font une part de plus en plus restreinte à l’hypnotisme en thérapeutique. Et en effet (cl. notre thèse) les

hystériques seuls sont justiciables de l’hypnotisme. Or, ils sont déjà tout hypnotisés, en vertu de l’analogie entre l’hypnose et l’hystérie. Donc il ne reste dans la pratique qu’.-’) les suggestionner.

Sur l’hystérie.

1. Généralités. — Art. Hystérie

du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales (Grasset) ; de la Grande encyclopédie (Lemoine) ; de la Pratique médico-chirurgicale (Meige), 1912 ; du Dictionnaire apologétique de la foi catholique (Vander Elst), 1912 ; M. Lewandowski, Die Hystérie, Berlin, 1914. — 2. Histoire. I Origines de la notion d’hystérie (conçue comme névrose). — I Gec.rget, Physiologie du.< : gstème nerveux, Paris, 1821 ; Brachet. Nature et siège de l’hystérie, Paris, 1832 ; Briquet, I Traité clinique et thérapeutique de l’hystérie, Paris, 1859 ; 1 Ccsbron, Histoire critique de l’hystérie, thèse de Paris, 1909.

— 3. La « doctrine de la Salpêtrière ». — Charcot, Leçons du mardi à la Salpêtrière, 1885-1891, notamment les t. m I et ix ; Charcot et Richer, Hypnotisme chez les hystériques. I Archives de neurologie, 1881 ; Richer, Études sur la grande I hystérie, Paris, 1885 ; G. de La Tourette, Traité clinique el

thérapeutique de l’hystérie, t. i et ii. — 4. La conception de

Nancy ». — Beaunis, Le somnambulisme provoqué, 1886 ;

Amselle, thèse de Nancy, 1906 ; Hartenberg, L’hystérie et

les hystériques, Paris, 1910 ; voir aussi Liébeault, op. cit.. Bernheim, op. cit., et Liégeois, plus loin, comme la bibliographie des ouvrages cités de Dieulafoy, Grasset et Vander Elst (thèse). — ^. Les facteurs « mentaux « de l’hystérie. — Pierre Janet, État mental des hystériques, thèse de Paris, 2’édit., 1911 ; H. Collin, dans le Traité de pathologie mentale, déjà cité, p. 81 6-841 ; RoguesdeFursac, Traiiédepsyc/u’atrie, part. II, c. XVI, 1909 ; Krâpelin, Introduction à In psychiatrie clinique, trad. Devaux-Merklen, 1917, e. xxv (la folie hystérique ) ; Mairet et Salager, La folie hystérique, Montpellier. 1910. — 6. La « jeune » Salpêtrière. Les facteurs « émotionnels > de l’hystérie. — Le lithiatisme. — Alquier, Gazette des hôpitaux, ?, août 1908 ; Raymond, NéiTO.ses et psychonévroses, dans L’encéphale, janvier 1907 ; H. Claude, Rapport au Congrès de Genève-Lausanne, 1907 ; cf. Bulletin médical, 1907, n. 62, p. 723 sq. ; Déjerine et Gauckler, Manifestations fonctionnelles des psycho-névroses, Paris, 1911 ; Babinski, Démembrement de l’hystérie traditionnelle, dans la Semaine médicaZe, 1909 ; Revue de l’hypnotisme, janvier 1902 (Commimication à la Société de neurologie) ; Ma conception, 1906 ; Claude et Porak, Symptomatologie dite hystérique, dans L’encéphale, mai 1916. — 7. Conclusions morales, sociales, médico-légales, etc. — Schnyder, Rapport au Congrès de Genève-Lausanne, 1907 ; Fiessinger, Erreurs sociales et maladies morales, Paris, 1909 ; voir aussi G. Ballet, etc. Traité de pathologie mentale, p. 1482 sq. ; Grasset, Traité de physiopathologie clinique, t. iii, p. 86-90 ; Hartenberg, op. cit. ; G. Roussy, Hystérie de guerre. Journal des praticiens, 1918, p. 638.

Le magnétisme cmimal et l’hypnotisme.

Quelles que

soient, en théorie, les distmctions qu’on peut faire entre le magnétisme et l’hypnotisme, en fait, la bibliographie de l’un concerne celle de l’autre, car on les considère tiabituellement comme les effets connexes, physique et psychique, d’une même réalité sur le composé lumiain. Au reste, certains ouvrages de la présente nomenclature, notamment notre thèse, les ouvrages de Ribet, de Schneider et de Lapponi, cités plus bas, fourniront d’importantes références sur le magnétisme. Indiquons aussi Moutin, Le diagnostic de la suggesiibililé, Paris, 1896 (thèse où le caractère physique de l’influence suggestionnelle est dégagé des éléments psychiques).

IL Ouvrages de philosophie. — 1° Psychologie. —

1. Généralités. Principes. — Cardinal Mercier, Psychologie, 8’édit., Paris, t. ii, p. 208 sq. ; Mgr Farges, Études philosophiques, Paris, t. IV, Le cerveau et l’âme, p. 116 sq. ; Cours de philosophie scolastique, t. ii, § 206 : V hypnotisme ; Mgr Blanc, Philosophie scolastique, Lyon, t. ii, § 643 : l’hypnotisme ; % ill, la suggestion ; t. III, § 1274, Hypnotisme et sommeil naturel ; P. de La Vaissiére, Éléments de psychologie expérimentale, Paris, 1912, § 69 ; cf. la bibliographie (considérable) ; P. Boule, Reyiie des questions scientifiques, octobre 1910 et janvier 1911 : Le concept actuel d’hystérie. —

2. Psychologie comparée.

Joly, L’hypnotisme chez les animaux, dans la Revue de l’hypnotisme, 1891 ; Lépinay, ibid.. 1899, p. 180, et 1902, p. 146 ; CAcy, Année psychologique, 1893 : Ernst Mangold, Hypnod’snic und Katalepsie bei Tieren, thèse de léna, 1914. — 3. L’automatisme psychologique ; l’inconscient, etc. — Pierre Janet, L’automatisme psychologique. thèse de Paris (lettres), 1889 ; Les névroses (collection Flammarion), 1909 ; Dwclshauvers, L’inconscient (ibid.), 1916.

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HYPNOTISME — HYPOCRISIE

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Peillaube, Les images, Paris, 1912 ; W. C. de Sermyn, … Facultés cérébrales méconnues, Lausanne et Paris (Alcaii), 1911 ; D’Geley, De l’inconscient au conscient, Paris, 1919.

— 4. La suggestion. — Binet, La suggestibilité (Bibliothèque de pédagogie), 1900 ; Grocq, Les suggeslibilités. Revue de psychologie, juin-juillet 1898 ; R. Vander EIst, La suggestion, dans la Revue de philosophie, novembre 1910.

2> Morale, droit, pédagogie. — J. P. F. Schneider, L’hypnotisme, Paris, Lyon, s. d. ; X, Peut-on hypnotiser pour gagner sa vie ? dans l’Ami du cZergé, part, doctrinale, 1906, p. 64 ; V. Raymond, Guide des nerveux et des scrupuleux, 25’édit., Paris, 1920 ; P. de La Vaissidre, Psychologie pédagogique, Paris : voir la bibliographie de cet ouvrage ; Liégeois (de Nancy), De la suggestion et du somncunbulisme dans leurs rapports avec le droit civil, etc., Paris, 1889.

3° Métaphysique, Apologétique, etc. — 1. Ouvrages dus à des théologiens. — J. P. F. Schneider, op. cit. ; Ribet, La mystique divine, contre/açons diaboliques et analogies humaines, Paris, 1903, t. iv, c. xjv (hypnotisme) et suivants (interprétation, dangers de l’hypnotisme) ; J. Guibert, Étude sur rijypnotisme, faits, théorie, difficultés, Paris, vers 1894 (cf. bibliographie) ; P. Teilhard de Chardin, dans les Études, 20 janvier 1909 (à propos de Lourdes) ; P.Raymond, Les phénomènes anormaux de la vie psychique, dans les Études franciscaines, juillet 1910 ; A. Castelein, Les phénomènes de l’Iigpnolisme et le surnaturel. Paris, 1912 ; Duhaut, Traité des démons, hypnotisme, etc., Paris, 1915 ; L. Roure, Le merveilleux spirite, c. x, Paris, 1917 ; Ferret, Cause de l’hypnose, Paris, 1891 ; Mgr Farges, bibliographie courte, mais substantielle, dans la Revue pratique d’apologétique, 1909, t. IX, p. 719 ; Documents relatifs aux ordres du Saint-Offlce, 161(i., 1911, t. xir, p. 206. — 2. Études faites par des /aî(î « as(apologistesou adversaires de la foi). — D’Hélot, Le diable dans l’hypnotisme, Paris, 1899 ; D’Lapponi, L’hypnotisme et le spiritisme, Paris, 1907 ; D’Grasset, L’occultisme hier et aujourd’hui, 2’édit., Paris, 1908 ; Lombroso. Hypnotisme et spiritisme (collection Flammarion), 1010 ; Flournoy, F-sfirils et médiums, Paris, 1911 ; D’Osty, Lucidité et intuition, Paris, 1913 ; D’Charcot, La foi qui guérit, dans les Archives de neurologie, 1893 ; D’Janet, op. cit. (médications psyclmlogiques) ; D’Geley, o, >. cit. ; D’Vander Elst, art. Guérisons miraculeuses et Occultisme, dans le Dictionnaire apologétique de la foi catholique.

Nous avons fourni une bibliographie spéciale dans ces deux derniers articles. On trouvera aussi des références que nous ne pouvons détailler ici dans nos articles de la Revue de philosophie, 1911, t. xix, p. 65.$ : Phénomènes surnaturels et phénomènes nerveux ; dans la Revue pratique d’apologétique, 15 décembre 19Il et 15 septembre 1912 : Stigmatisation, extase ; dans la Revue du clergé frunçais, octobre 1912 : Possessions démoniaques.

R. Vandek Elst.