Dictionnaire de théologie catholique/FLATTERIE

FLATTERIE. La flatterie est une louange exagérée ou déraisonnable. Considérée au point de vue de sa moralité, elle est une faute contraire à la vertu que saint Thomas désigne sous le nom d’affabilité. Sum. theol., IIa IIæ, q. cxv. Cette vertu qui se rattache à la justice a pour objet de régler correctement nos relations avec nos semblables et pour but de les ordonner en les rendant faciles et agréables aux autres, sans néanmoins porter atteinte ni aux convenances ni aux lois morales. La flatterie lui est contraire, comme la superstition l’est à la religion, par excès en ce qu’elle exagère le devoir de plaire et le préfère aux obligations plus importantes imposées par la justice, la religion ou la charité.

La flatterie n’est que vénielle ex genere suo ; flatter uniquement pour faire plaisir ou pour un but qui n’a rien de mauvais, n’est pas de soi contraire à la charité, donc n’est pas mortel. S. Thomas, loc. cit., q. cxv, a. 2. Accidentellement, elle peut devenir grave : 1° par son objet, c’est-à-dire par suite du caractère moral de l’acte dont on fait compliment : louer un acte coupable est évidemment contraire à la charité que nous devons à Dieu, puisque c’est outrager sa justice qui toujours condamne le péché, comme il est contraire à la charité qui est due au prochain puisqu’elle le porte au péché en le louant de ses fautes ; 2° par son but : quand on flatte le prochain afin de nuire à quelqu’un dans ses biens spirituels ou autres ; la faute commise peut devenir mortelle quand le préjudice causé est sérieux ; 3° par ses conséquences : quand la flatterie a pour résultat de porter au péché, même si ce résultat n’est pas expressément cherché. Elle constitue un scandale grave quand réellement elle est cause d’un péché mortel. Si le flatteur a prévu ce résultat et l’a provoqué sans raison suffisante, il en est moralement responsable. Cette influence malfaisante des flatteurs dont les paroles perfides poussent ou retiennent si souvent les hommes dans le péché leur a valu les anathèmes de l’Écriture, Prov., xxvi, 25, 28 ; xxviii, 23 ; xxix, 5, et le blâme énergique des moralistes. C’est aussi à cause d’elle que le flatteur (palpo) peut avoir comme tous les coopérateurs sa part de responsabilité dans les injustices qu’il fait commettre aux autres. Son influence étant de tout point semblable à celle du conseiller dont, les avis poussent au péché, sa responsabilité est la même, variable selon qu’elle est certaine ou douteuse, variable aussi selon que le flatteur est cause principale du dommage ou seulement coopérateur du principal auteur.

S. Thomas, Sum. theol., IIa-IIæ, q. cxv ; Jaugey, Prælectiones theologiæ moralis, Tr. de quatuor viriutibus cardinalibus, sect. ii, part. III, e. iv.

V. Oblet.