Dictionnaire de théologie catholique/DOROTHÉE de Tyr (Saint)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.2 : DIEU - EMSERp. 259-260).

3. DOROTHÉE de Tyr (Saint). Personnage dont il est assez diflicile de justifier l’existence, au iv<- siècle, par quelque témoignage contemporain qui atteste la présence à Tyr d’un évéque de ce nom et son martyre en 362. Qu’il y ait eu, au ive siècle, un saint du nom de Dorothée, nous le savons par Eusèbe, H. E., viii, 1, P. G., t. xx, col. 740 : c’était un chambellan de l’empereur Dioclétien, qui mourut martyr en compagnie de Gorgonius, lors de la persécution de 304, à Nicoinédie ; mais il n’a été ni évéque de Tyr, ni simple prêtre, et Blondel a eu tort de l’identifier avec Dorothée d’Antioche. Qu’il y ait eu un prêtre de ce nom, nous le savons également par Eusèbe, H. E., vii, 32, P. G., t. xx, col. 721 ; mais il n’a été ni évéque de Tyr, ni martyr ; car très certainement, à défaut d’Eusèbe, saint Jérôme n’aurait pas manqué de le signaler dans son De viris. Qu’est-ce donc que ce Dorothée de Tyr ? 1787

DOROTHEE DE TYK

DOSITHKE

1788

Le.Martyrologe romain, à la date du 5 juin, mentionne, à Tyr, saint Dorothée, prêtre, confesseur sous Dioclétien, et martyr à l’âge de 107 ans, sous Julien l’Apostat. liaronius, retenant cette qualification de prêtre, a cru pouvoir l’identifier avec Dorothée d’Antioche, qui a bien été prêtre, mais prêtre d’Antioche, et dont rien n’assure qu’il ait souffert le martyre. Une des raisons qu’il en donne, Martyr, rom., Paris, 1645, p. 222, c’est que la liste des évêques de Tyr pendant le iv e siècle est connue et qu’elle ne renferme pas le nom de Dorothée. Il y est question de saint Méthode et de l’arien Paulin, auquel aurait succédé Zenon, dont le nom et la signature se trouveraient dans les actes du concile de Nicée en 325 et dans ceux du concile de Constantinople en 381. Cela ferait une belle longévité épiscopale. Baronius affirme en outre avoir lu dans la chronique manuscrite d’Anaslase le Bibliothécaire un passage où il est dit que saint Dorothée est mort à Édesse, en Syrie, à l’âge de 105 ans.

A vrai dire l’unique source, et encore est-elle fort tardive, de la fin du VIII e siècle ou du commencement du IX e, se trouve dans Théophane (f vers 813), Chronographia, en 316, P. G., t. cvm, col. 108. C’est là qu’il est question d’un saint Dorothée, évêque de Tyr, homme fort instruit, connaissant le grec et le latin. auteur d’une histoire des évêques de Byzance et d’autres villes, confesseur sous Dioclétien et Licinius, exilé une première fois, rentré à Tyr, d’où il alla assister au concile de Nicée, exilé une seconde fois à Odyssopolis dans la Thrace, où il subit la persécution de la part des officiers de Julien l’Apostat, et où il mourut martyr à l’âge de 107 ans. C’est sur ce témoignage de Théophane, dont ils retrouvent un écho dans les œuvres d’Anastase le Bibliothécaire, dans le Typicus de l’abbé de Saint-Sabas, dans le Synaxaire manuscrit de Constantinople, au juin, et dans le Ménologe de l’empereur Basile, au 9 octobre, que les bollandistes, Acta sanctorum, Paris, 1867, t. I junii, p. 427-430, s’appuient et ont inséré la notice De sancto Dorotkeo, episcopo Tyri, Odyssopoli in Tltracia martyrizalo. Ils distinguent ce Dorothée, évêque et martyr, soit de Dorothée d’Antioche, soit de l’eunuque qui fut chambellan de Dioclétien et martyr, soit du prétendu auteur de la Synopsis de vita et morte prophelarum, aposlolorum et disciptdorum Domini, soit de trois autres personnages du même nom. Loc. cit., p. 430, 582. Mais reste la difficulté de lui faire une place dans la liste des évêques de Tyr ; ils croient la résoudre en disant qu’il succéda à saint Méthode (f 311), ce que soutient aussi Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1749, t. il, col. 803, qu’il fut remplacé pendant son premier exil par l’arien Paulin, qu’il reprit son siège quand Paulin eut été transféré à Antioche, qu’il assista au concile de Nicée, qu’il mourut martyr, sous Julien l’Apostat, pendant son second exil, â Odyssopolis dans la Thrace, où son tombeau et sa mémoire sont honorés, et que sa fête, dans le calendrier de Constantinople, est marquée au 5 juin, date qui est celle du Martyrologe romain. Il eut pour successeur Zenon ; rien n’étant moins sur que le nom et la signature des évêques du concile de Nicée, Zenon, qui assista elfectivement aux conciles de Home, en 369, et de Constantinople, en 381, aurait été indûment rangé au nombre des évêques qui prirent part au concile de Nicée. C’est sur de telles données, qui sont loin d’être absolument décisives, que les bollandistes, avec tout l’Orient, comme ils disent, croient à l’existence d’un évêque de Tjr, du nom de Dorothée, mort martyr, en 362, et qu’ils lui ont consacré une notice.

Mais Tillemont, Mémoires, t. v, p. 658, et Cave, llist. hu., Genève, 1705, p. lOï-, formulent les plus expresses réserves sur le récit de Théophane, vu le silence d’h’usébe et de saint Jérôme. Pourrait-on aller

jusqu’à dire avec Mo’Baliffol, Lilt. grecque, Paris, 1897, p. 191, note 1, que « ce Dorothée, évêque de Tyr, n’a jamais existé ? » Nous ne le pensons pas. Sans doute, dans ce cas particulier, les bollandistes n’ont pas fait la pleine lumière et n’apportent pas une certitude absolue ; mais, malgré les difficultés qui persistent, leur opinion reste vraisemblable et peut être retenue jusqu’à plus ample informé.

Théophane, Chronographia, P. G., t. cvm, col. 108 ; Baronius, Martyrologium Romanum, Paris, 1645, p. 222 ; Acta sanctorum, Paris, 1867, t. I junii, p. 427-430, 582 ; Tillemont, Mémoires pour ftrrrtr à l’hist. ceci., Paris, 1702, t. v, p. 657658 ; Cave, Script, eccl. historia litteraria, Genève, 1705, p. 104 ; Le Quien, Oriens christianus, Paris, 1749, t. n, col. 803 ; Delitzsch, Diatribe de pseudo-Dorotlici et pseudo-Epiphanii vitis prophetarum, Leipzig, 1842 ; Lipsius, Die Apostetgeschichte und Apostellegenden, Brunswick, 1883, t. I, p. 193-205 ; Krumbacher, Geschiclite der byzantinischen Litteratur, Munich, 1890, p. 391 ; Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2— édit., col. 1232.

G. Bareille.

DORRON Charles, oratorien français, de Paris où il mourut en 1666. On a de lui : Pia exercilia ex S. Sa’iplura, Patribits et liturgiis deprompta, ceu considerationes qusedam quse menlem occupare possinl v.irca prsecipuareligionis christianse documenta et mysteria, in— 12, Paris, 1650, excellent choix de beaux textes, et un autre très bon ouvrage sur Jésus-CItrisl dans les Ecritures selon l’interprétation des Pcrcs, avec des réflexions de piété, in-4°, Paris, 1658.

Batterel, Mémoires, Paris, 1903, t. il, p. 503.

A. INGOLD.

DOSITHÉE, patriarche grec orthodoxe de Jérusalem dans la seconde moitié du xvn e siècle, le prélat le plus marquant de l’hellénisme, et le polémiste le plus ardent de l’orthodoxie grecque contre les latins. — I. Vie. II. Écrits.

I. Vie. — Il naquit le 31 mai 1641 dans le village d’Arakhovo, arrondissement de Calavrila (Péloponèse). A5exâëi6Xoç, Bucharest, 1715, p. 12. Le Quien s’est trompé en le faisant naître dans l’ile de Crète. Oriens christianus, t. m, col. 522. Plusieurs biographes le font descendre de l’illustre famille byzantine de Notaras. Papadopoulo-Vrétos, t. i, p. 196 ; Sathas, p. 379 : Mesoloras, Evu.6oXtwq, Ua.^àpzr^.y., p. 43. Ce titre de noblesse, inventé par ses admirateurs, est controuvé. Sa famille était d’une origine modeste, Démétracopoulos, IIf, o ? 0r, xat, p. 61 ; son père, d’après les documents consultés par Cyrille Athanasiades, s’appelait Scarpéti : tô ylvo ; SxapTÛTr,. Swt^p, t. xiv, p. 289. Orphelin à l’âge de 8 ans, il trouva un protecteur dans Grégoire Galanos. métropolite de Corinthe, qui l’avait tenu sur les fonts baptismaux. Celui-ci le plaça dans le monastère des Saints-Apôtres, non loin de sa ville épiscopale, et le jeune Dosithée y acheva ses premières études. Le patriarche Chrysanthe affirme qu’au sortir de l’enfance, il reçut le diaconat : TtapaX/.oiHa ; trjv Trai ? i/Y)v r|Xix(av, p. 12. Undocument autographe de Dosithée atteste qu’il fut ordonné diacre à 11 ans, ïœ-r.p, t. xiv, p. 290, bien que l’âge requis pour le diaconat par les canons de l’Église grecque soit de 25 ans. Sakellaropoulos,’ExxXr, ffia<r « xôv Shcotiov, Athènes, 1898, p. 84. Nous ne savons presque rien sur ses études et ses maîtres. Il visita Athènes en 1653, ce qui fait supposer à Sathas, p. 322, et à l’archimandrite Chrysoslome Papadopoulos, Nea Stcâv, 1907, t. v, p. 98, qu’il écouta les leçons de Nicolas Kéramevs, philosophe et théologien grec, mort en 1663. Dans le Tojao ; xap* ; > en parlant de lui, Dosithée écrit simplement : r.uzl ; ev xiitv è/p7)uaTtaa[>.î7 ajro-j |xaO/jTa :’, p. ty % ce qui veut dire, me semble-t-il, que dans ses polémiques avec les latins, il utilisa les matériaux recueillis par Kéramevs dans ses ouvrages.

En 1657, on le trouve pour la première fois à Constantinople, au métochion du Saint-Sépulcre, où Païsios,