Dictionnaire de théologie catholique/DOROTHÉE DE GAZA

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.2 : DIEU - EMSERp. 259).
◄  ?
?  ►

2. DOROTHÉE DE GAZA, auteur ascétique du VIe siècle. Né à Antioche et ayant reçu une excellente éducation, Dorothée embrasse la vie religieuse au monastère de Séridos, situé près d’un torrent entre Gaza et Ascalon. Là, il communiquait par l’intermédiaire de Séridos avec saint Barsanuphe, qu’une réclusion absolue séparait, non seulement du monde, mais encore des religieux du couvent, et il fut de saint Jean le Prophète le serviteur assidu pendant neuf années. Très préoccupé

de son avancement spirituel, il posait à l’un et à l’autre une foule de questions par écrit sur des textes de l’Écriture, des Pères ou sur divers points de théologie. Il nous est resté environ 95 modèles de ces questions et de ces réponses. Voir Doclrina xxi, P. G., t. lxxxviii, col. 1812-1822 ; t. lxxxvi, col. 891-902, et surtout Nicodème l’hagiorite, Bt’ëXoç 4, y X û>< P £A£( rw CT l Trspil/o’jcra à7ro-y. çtlcu ; … tôW… BapTavouçiVj y. où’Iwâvvou.., Venise, 1816, lettres cclii-cccxxxv, cccxxxvi-cccxlii, dxli-dxlii, et Éclios d’Orient, Paris, t. vii, p. 271 sq., 273 sq. Ces deux vieillards le prièrent ensuite de construire à ses fiais près du monastère un hôpital, dont il assuma la charge avec plusieurs jeunes moines, parmi lesquels saint Dorothée. A la suite de la mort de Jean le Prophète et de Barsanuphe, vers l’an 510, Dorothée quitta le monastère de Séridos et en construisit un autre, qui se trouvait entre les villes de Gaza et de Maïouma, au dire de Moschus, c. CLXvi, P. G., t. lxxxvii, coI. 3033. C’est là qu’il prononça ses Conférences spirituelles, d’un contenu mi-théologique, mi-ascétique, et qui ont joui d’une grande considération dans la vie monastique. Celles-ci furent adressées à ses religieux, vraisemblablement entre les années 540 et 560. P. G., t. lxxxviii, col. 1612-1844. On ne sait quand mourut Dorothée ; en tout cas il est faux qu’il ait vécu au viie siècle, comme le soutiennent tous les manuels de patrologie. Les bollandistes l’ont inséré dans les Acla sanctorum, t. 1 junii, p. 587-595, bien qu’ils avouent n’avoir pas trouvé trace de son culte.

Il ne faut pas confondre notre auteur avec un Dorothée, moine d’Alexandrie, qui écrivit un ouvrage en faveur du concile de Chalcédoine, sous Anastase I er, 491-518, Théophane, Chronicon, P. G., t. cviii, col. 360 ; ni avec un Dorothée, qui se révéla fougueux eutychien au concile de Chalcédoine, Mansi, Concil., t. vii, col. 61, 60, 68, 73-83 ; ni avec un Dorothée, qui fut sacré éve-il ne de deux sectes monophysites, vers l’année 565, Théophane, op. cit., col. 524 sq., etque saint Sophrone anathématise. P. G., t. i.xxxvii, col. 3192. C’est surtout avec ce dernier qu’on le confond parfois et saint Théodore Studite dut, au IXe siècle, se défendre à Borne des accusations lancées contre lui à ce sujet, / G., t. xcix, col. 1028, 1816 ; t. lxxxviii, col. 1613. Bien que ces deux personnages aient vécu à la même époque et que nous ignorions tout de Dorothée de Gaza après ses Conférences spirituelles, ce que nous savons de lui auparavant ne nous autorise pas à le confondre avec l’évêque monophysite.

Ivur les documents venant à l’appui de mes affirmations, je renvoie à mes divers articles des Echos d’Orient : Saint Dorothée et saint /osime, t. iv, p. 359-303 ; Les lettres spi>-ituelles de Jean et de Barsanuphe, t. vii, p. 268-276 ; Saint Barsanuphe, t. viii, p. 14-25 ; Jean le prophète et Séridos, t. viii, p. 154-160 ; Un mystique monophysite, le moine [saie, t. IX, p. 81-91.

S. Vailhé.