Dictionnaire de théologie catholique/DOCTEUR DE L'ÉGLISE

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 4.2 : DIEU - EMSERp. 121).

2. DOCTEUR DE L’ÉGLISE. -
I. Définition.
II. Principaux docteurs de l’Église.

I. Définition.

On appelle « docteurs de l’Église » les écrivains ecclésiastiques qui, non seulement à cause de leur sainte vie et de leur parfaite orthodoxie, mais encore et surtout à cause de leur science considérable et de leur profonde érudition, ont été honorés de ce titre par une approbation solennelle de l’Église.

Les « docteurs de l’Église » se distinguent donc des « pères de l’Eglise » (voir ce mot) pour trois raisons :


1° Il n’est point requis, pour être docteur de l’Église, d’appartenir à une époque très reculée, tandis que l’antiquité est une condition nécessaire pour le titre de « père de l’Église ».
2° Chez les docteurs de l’Église, la science doit briller d’un éclat vraiment extraordinaire, en sorte qu’elle soit, pour ainsi dire, la note particulière de leur mission ; chez les pères de l’Église, au contraire, il n’est point nécessaire que la science, tout en devant être remarquable et sure, atteigne ce degré exceptionnel.
3° Enfin, pour consacrer le titre de « docteur », il faut qu’une approbation plus solennelle intervienne de la part de l’Eglise, quoique la forme de cette approbation n’ait pas toujours été définie comme elle l’est aujourd’hui. Le pape seul ou un concile général peuvent conférer le titre de docteur de l’Église.

Les docteurs de l’Église occupent un rang liturgique à part dans le bréviaire et le missel. Dans l’office, ils ont une antienne propre à Magnificat : O doctor optime, Ecclesise sauctæ lumen. Béate N. Le missel leur réserve également une messe propre, de commun i doclorum : In medio Ecclesiae. A cette messe, le célébrant dit le Credo, en mémoire des services extraordinaires que le docteur a rendus à la foi chrétienne.

II. {{|Principaux docteurs de l’Église.}} —

Au premier rang des docteurs de l’église, et à un titre éininent que les siècles chrétiens ont consacré,
on compte quatre Pères de l’Eglise latine,
saint Ambroise,
saint Jérôme,
saint Augustin,
saint Grégoire le Grand,
et quatre Pères de l’Eglise grecque,
saint Athanase,
saint Basile,
saint Grégoire de Nazianze et
saint Jean Chrysostome.

En second lieu, sont honorés du nom de docteurs de l’Église
saint Léon le Grand (décret de Benoit XIV, 1754),
saint Hilaire de Poitiers (décret de Pie IX, 1851),
saint Pierre Chrysologue (décret de Benoit XIII, 17211),
saint Cyrille d’Alexandrie,
saint Cyrille de Jérusalem,
saint Jean Damascène (décret de Léon XIII, 1893),
Bède le Vénérable (décret de Léon XIII, 1899),
saint Anselme (décret de Clément XI, 1720),
saint Bernard (décret de Pie VIII, 1830),
saint Pierre Damien (décret de Léon XII, 1828),
saint Thomas d’Aquin (décret de Pie V, 1508),
saint Bonaventure (décret de Sixte V, 1588),
saint Alphonse de Liguori (décret de Pie IX, 1871),
saint François de Sales (décret de Pie IX, 1877).

Saint Léandre de Séville et saint Ildefonse sont honorés du titre de docteurs en Espagne et dans l’ordre bénédictin, comme le Vénérable Bède l’était chez les bénédictins avant le décret de Léon XIII. Saint Fulgence aurait le même titre en Espagne,

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E. Valton.