Dictionnaire de théologie catholique/CYRILLE DE SCYTHOPOLIS

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.2 : CONSTANTINOPLE - CZEPANSKIp. 657).

8. CYRILLE DE SCYTHOPOLIS, hagiographe et historien byzantin du vie siècle, naquit en Palestine, dans la riante ville de Scythopolis, aujourd’hui Beisan, non loin du Jourdain, vers l’année 524. Comme ses parents étaient fort pieux et offraient d’ordinaire l’hospitalité à saint Sabas, ils laissèrent leur jeune enfant suivre la vie religieuse, d’abord dans son pays natal, ensuite dans les monastères de la Judée. A la fin de 543, Cyrille se retirait au couvent de Calamon, près de Jéricho, et, en juillet 544, il se faisait inscrire parmi les religieux de Saint-Euthyme. Le 21 février 555, après l’expulsion des moines origénistes de la Nouvelle Laure, qui avaient troublé, de leurs clameurs et même de leurs bandes armées, la Palestine pendant près de vingt ans, Cyrille était désigné pour habiter la Nouvelle Laure. Il y resta jusqu’aux premiers mois de l’année 557, où il s’était procuré une cellule à la laure de Saint-Sabas. C’est là, selon toutes les probabilités, qu’il mourut à une date qui n’est pas connue, mais qui ne doit pas être fort éloignée de 557.

Cyrille de Scythopolis passe aux yeux des connaisseurs pour un des meilleurs hagiographes grecs, peut-être même pour le meilleur. Il a laissé au moins sept vies de saints, éditées maintenant :
Vita S. Euthymii, dans les Ecclesiae græcae monumenta de Cotelier, édit. des mauristes, Paris, 1692, t. iv, p. 1-99 ; la recension de Métaphraste se trouve dans Cotelier, t. ii, et dans P. G., t. cxiv ; 2° Vita S. Sabbæ, dans Cotelier, op. cit., t. iii, p. 220-376 ; un russe, M. Pomjalovski, a reproduit l’édition grecque de Cotelier, en y ajoutant une ancienne traduction slave, in-8°, Saint-Pétersbourg, 1890, p. 1-533 ; 3° Vita S. Joannis Silentiarii, dans les Acta sanctorum, t. iii maii, en appendice, p. 16-21 ; 4° Vita S. Cyriaci, dans les Acta sanctorum, t. viii septembris, p. 147-158 ; 5° Vita S. Theodosii, dans Usener, Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, p. 105-113 ; 6° Vita S. Theognii, dans les Analecta bollandiana, 1891, t. x, p, 113-118, et dans le Pravosl. Pal. Sbornik, Saint-Pétersbourg, 1892, édition de M. Papadopoulo Kerameus ; 7° Vita S. Abramii, éditée d’après la version arabe dans Al-Machriq, Beyrouth, 1903, t. viii, p. 258-265 (voir aussi Analecta bollandiana, 1905, t. xxiv, p. 350-356 ; Bytantinische Zeitschrift, Munich, 1905, t. xiv, p. 509-518 ; Échos d’Orient, 1905, t. iii, p. 290-294), el d’après l’original grec par H. Grégoire dans la Revue de l’Instruction publique en Belgique, 1906, t. xlix, p. 281-296, et Kl. Koikylidès dans la Νέα Σιών, Jérusalem, 1906, t. iv. supplément, p. 1-7. Ces sept biographies aujourd’hui, chacune prise à part, un tout complet. Tel ne paraît pas avoir été le but de l’auteur, qui édita séparément la vie de saint Euthyme et celle de saint Sabbas et se proposait de grouper toutes les autres petites biographies dans un seul ouvrage. La mort ne lui laissa pas le temps de mener à bout son dessein.

Les ouvrages de Scythopolis constituent une source hors de prix pour l’histoire des querelles religieuses en Orient, pendant les ve et vie siècles, depuis le concile de Chalcédoine, 451, jusqu’après le concile des Trois-Chapitres, 553. Ils composent même souvent notre unique information pour les querelles monophysites et origénistes. Tous les critiques s’accordent à vanter son sens historique et sa grande impartialité.

Pour la vie et les œuvres de Cyrille de Scythopolis, voir Usener. Der heilige Theodosios. Schriften des Theodoros und Kyrillos, Leipzig, 1890, préface, et surtout F. Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im sechsten Jahrhundert, Munster, 1899, p. 1-25, où sa chronologie est particulièrement étudiée. Cf. Ul. Chevalier, Répertoire. Bio-bibliographie, 2° édit., t. i, col. 1097.

S. Vailhé.