Dictionnaire de théologie catholique/CYRILLE (SAINT), évêque de Jérusalem

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.2 : CONSTANTINOPLE - CZEPANSKIp. 630-655).

2. CYRILLE (SAINT), évêque de Jérusalem, au ive siècle, père et docteur de l’Église. — I. Notice biographique. II. Ecrits. III. Doctrine.

I. Notice biographique. — 1o  Cyrille avant son épiscopat. — Rien de précis sur la vie du saint avant son ordination sacerdotale ; les données communément reçues sont approximatives ou conjecturales. Il naquit à Jérusalem ou dans les environs, vers l’an 313 ou 315. Ses écrits témoignent de la connaissance personnelle qu’il eut de l’état des saints lieux avant leur restauration, en 326, par les soins de l’empereur Constantin, Cal., xii, 20 ; xiv, 5, 9, P. G., t. xxxiii. col. 752, 829. 833 ; de l’éducation libérale et variée qu’il reçut, en particulier de sa grande application à l’étude des divines Écritures ; d’un genre et d’une méthode littéraire qui l’ont l’ait ranger parmi les théologiens de l’école d’Antioche. V. Schmitt, Die Verheissung der Eucharistie bei den Antiochenern Cyrillus von Jérusalem, etc., p. 3. D’après un synaxaire grec, cité par dom Touttée, P. G., loc. cit., col. 321, Cyrille fut d’al I moine ; assertion qu’il semble confirmer lui-même, Cal., xii, 33, col. 768, si toutefois l’on entend le terme de μοναζόντων dans un sens large, pour désigner des ascètes qui, sans se renfermer dans des déserts ou des monastères, se consacraient à une vie de continence perpétuelle et de perfection. Qu’il ait été ordonné diacre, à l’âge d’environ vingt ans, par saint Macaire de Jérusalem, pure conjecture dont le point de départ est un récit de saint Jérôme justement contesté et qui, de plus, repose sur un raisonnement inefficace. Delacroix, p. li. Mais il est certain qu’il reçut la cont lion sacerdotale des mains de saint Maxime, son prédécesseur sur le siège de Jérusalem ; a supposer qu’ils ont alors l’âge normal de trente ans. l’ordination aurait eu lieu vers l’an 343 ou 345. Quelques années plus tard, en 348, au début ou à la veille de son épiscopat, il prêcha les Catéchèses qui ont immortalisé son nom.

2o  Cyrille évêque. — Deux questions principales se rattachent à la promotion de saint Cyrille à l’épiscopat. D’abord, en quelle année se fit-elle ? La lettre, qu’il écrivit à l’empereur Constance au sujet d’une croix lumineuse apparue à Jérusalem le 7 mai 351, démontre qu’il était déjà évêque. D’après Tillemont et dom Touttée, dont l’opinion a été généralement suivie, la promotion (’tait récente ; elle avait eu lieu au début de cette même année ou sur la fin de 350, pas avant ; car l’année précédente, saint Maxime avait encore présidé le synode où saint Athanase, revenant du concile de Sardique célébré en 347, avait été admis à la communion ecclésiastique. La découverte des lettres pascales du grand patriarche d’Alexandrie a modifié ces calculs : le concile de Sardique se tint réellement en 343 et saint Athanase rentra dans sa ville épiscopale le 21 octobre 346, après avoir passé par la Palestine. Voir Arianisme, t. i. col. 1813, 1816. En outre, des corrections faites au texte de la Chronique de saint Jérôme, Eusebii chronicorum libri duo, édit. A. Schöne, Berlin, 1875, t. ii, p. 194, il semble résulter que saint Maxime mourut, non dans la douzième année du règne de Constance, mais dans la onzième (mai 347-mai 348). Appuyé sur ces données, le dernier historien de saint Cyrille,.1. Mader, a conclu, p. 11, que son élévation à l’épiscopat eut lieu dès 348. Le minimum d’âge requis étant de trente-cinq ans, il s’ensuivrait que la date approximative de sa naissance, habituellement fixée à l’année 315, devrait être reculée de deux ans. La lettre à Constance se rapporte, il est vrai, à l’année 351, mais rien ne prouve que Cyrille l’ait écrite au début de son pontificat ; l’expression de prémices épistolaires, dont il se sert, n. 1 et 7, col. 1165, 1174 prouve seulement que jusqu’alors il n’avait pas écrit à l’empereur.

Beaucoup plus obscure et plus grave est la seconde question, relative à la façon dont saint Cyrille parvint à l’épiscopat. Documents recueillis par dom Touttée, col. 295 sq. D’après saint Jérôme, Chronicon, an. 349, Acace de Césarée, métropolitain de Palestine, et d’autres évêques ariens auraient, après la mort de saint Maxime, offert le siège épiscopal à Cyrille, à condition qu’il répudierait l’ordination sacerdotale qu’il avait reçue des mains de cet évêque ; Cyrille aurai ! accepté et, après avoir administré pendant quelque temps comme diacre, il aurait reçu sa récompense, en obtenant par diverses manœuvres la destitution d’Héraclius que Maxime en mourant s’était donné pour successeur. Rufin, dans une phrase concise, semble insinuer la même chose : Cyrillus post Maximum sacerdotio confusa mm ordinatione susceplo. II. F.., 1. 1, c.xxiii. D’après Socrate, l. II. c. xxxviu. et Sozomène, l. IV, c. xx, Acace et Patrophile de Scythopolis auraient chassé Maxime et mis Cyrille à sa place. Théodoret, au contraire, raconte, l. II, c. XXVI, qu’après la mort de Maxime, Cyrille, vaillant défenseur de la doctrine apostolique, mérita d’être élevé à la dignité épiscopale. De leur côté, dans leur lettre au pape Damase, les évêques orientaux, réunis à Constantinople en 382, ne se contentent pas de reconnaître Cyrille pour évêque de Jérusalem : Ils affirment qu’il fut jadis ordonné canoniquement par les évêques de sa province ecclésiastique, κανονικῶς τε παρὰ τῶν ἐπαρχίας χειροτονηθέντα πάλαι. Sans aller avec G. Cave jusqu’à voir dans ces évêques orientaux des témoins cent fois plus dignes de foi que

saint Jérôme, centum Hieronymis hac in re lestes fide digniores, leur témoignage n’en semble pas moins décisif. Du reste, les récits de saint Jérôme d’une part, de Socrate et de Sozomène d’autre part, sont discordants, et le docteur dalmate se trompe manifestement quand il range Cyrille et les divers intrus qu’on lui substitua, sous la même rubrique d’ariens qui envahirent le siège de Jérusalem après saint Maxime : pont queni ecclesiam arriani invadunt, id est, Cyrillus, Eutycliitis, etc. Prévenu sans doute contre Cyrille, protégé des boméousiens et ami de Mélèce d’Antiocbe, le fougueux partisan de I’ùhooùctioç et de Paulin aura trop facilement accueilli les bruits défavorables que les adversaires de Jérusalem faisaient courir sur son compte dans le milieu constantinopolitain où Jérôme composa sa Chronique, vers l’an 380. Ces bruits défavorables ont pu naître d’une circonstance qui, sans être strictement démontrée, paraît hautement probable. Acace resté de fait évêque de Césarée, malgré la sentence de déposition prononcée contre lui au concile de Sardique, et comme tel métropolitain de Palestine, aurait concouru avec ses amis à l’élection et à la consécration de Cyrille, son condisciple peut-être. Il serait même possible que Maxime mourant eût désigné Héraclius pour son successeur, acte sans valeur canonique qui aurait pu ne pas recevoir l’approbation des ayantsdroit. Le fait, travesti ensuite par les adversaires de Cyrille, serait devenu le récit calomnieux dont saint Jérôme fut l’écho.

3° Premières années d’éjiiscopat ; lutte avec Acace de Césarée (348-3.77). — Pendant quelques années, saint Cyrille put vaquer librement à l’exercice de sa charge épiscopale. L’apparition d’une grande croix lumineuse dans le ciel, le 7 mai 351, fut pour le nouvel évêque et pour ses ouailles un puissant motif d’encouragement et de ferveur. Saint L’asile témoigne de l’état prospère où se trouvait cette Église, quand il la visita vers l’an 357 ; plus tard, en effet, à son compagnon de voyage tombé lourdement il rappelle le souvenir de ce grand nombre de saints et de serviteurs de Dieu qui, à Jérusalem, les avaient accueillis et vénérés. Epist., xlv, ad nionailixiii lapsum, n. 1, /’. (’., t. xxxir, col. 367. Mais le calme dont jouit Cyrille pendant cette période d’activité épiscopale ne fut que relatif ; déjà s’engageait entre lui et Acace une lutte fertile en tristes résultats. Il s’agissait des droits du métropolitain, jtepV |17)TponoXttcxûv Sixaliav, dit Sozomène, I. IV, c. xxv ; de la primauté, itep T.yr.v.wt, ditThéodoret, I. II, c. XXVI ; deux expressions qui semblent recouvrir le même point de controverse. Le ~" canon du concile de Nicée avait reconnu à l’évêque de Jérusalem une préséance de rang ou d’honneur, rvjv àxoXouQlav tf, î upric, sous réserve toutefois de la dignité’propre au siège métropolitain, rij : r-, ’, -’, i : iT(i>£o(iivoii toj oixefovi pt(o|iaTO(, Hefele, Histoire des conciles, S i’2, trad. nouv., Paris, 1907, 1. 1, p 560 sq. Le conllit " t ; » i i facile, l’évêque de Jérusalem prétendant sans doute, en conséquence de sa primauté d’honneur, non pas aux droite di m< tropolitain sur les autres évoques de Palestine, mais à une immunité de privilège pour son Église ; interprétation que l’évêque (b- <.. i autant plus d’énergie, qu’une ion du concile de N i ! avoir peu de valeur

aux u d’un antinicéen comme Acace, el que la tion d’ordre juridictionnel se compliquait d’une autre, d ordre doctrinal, plus ancienne et plus Intime, il Sozomène, l l. c xxv. Dan kcace, I lyrille soupçonna il ce qui s’] trouvai ! réellement, la tendance aux idées ariennei dans

l’auteur desCatéchi voyait un di fi usent la pat fait r< emblanci d nal ntn le Père et l<" Fils,

Le m< ir opolitain de l u i ita vaini ment l’éi qui di li ru ili mparaitre i

D1CT. DI 71u OL. CATUOL.

enfin, vers 357-358, il réunit une assemblée conciliaire où Cyrille fut déposé, comme contumace, dit Socrate, 1. II, c. xl ; pour avoir dilapidé les biens de l’Église et profané des objets, dit Sozomène, 1. IV, c. xxv. En réalité, Cyrille aurait, ’dans un temps de détresse extrême, vendu dans l’intérêt des pauvres, des vases et des ornements de son Église, fait qui, encore plus travesti, servit plus tard à indisposer l’empereur contre le saint. Théodoret, 1. II, c. xxvii. L’évêque déposé en appela de la sentence du concile acacien à un concile supérieur et moins partial, appel dont le bien-fondé fut admis par Constance. Entre temps, Cyrille dut céder à la force, débutant ainsi dans une vie douloureuse où, comme pour saint Athanase, les épreuves se succéderont presque sans interruption.

4° Cyrille en exil (358-378). — Le proscrit se rendit d’abord à Antioche, puis, comme le siège patriarcal était devenu vacant par la mort de Léonce, il poursuivit jusqu’à Tarse. L’évêque de cette ville, Silvain, l’accueillit honorablement, et, malgré les vives représentations d’Acace, lui permit d’exercer dans son diocèse les fonctions épiscopales, en particulier l’office de la prédication, où Cyrille avait beaucoup de succès. Silvain se rattachait, sous le rapport doctrinal, au groupe des évêques boméousiens ; c’est apparemment par son entremise que son hôte entra en relations directes avec les chefs de ce parti, Basile d’Ancyre, Georges de Laodicée, Eustathe de Sébaste. Au concile de Séleucie, qui s’ouvrit à la fin de septembre 359, il apparaît à leurs côtés. Théodoret, 1. II, c. xxii. Grâce à leur appui et à ses énergiques revendications, il l’emporte sur Acace et recouvre son siège. L’évêque de Césarée prit sa revanche l’année suivante au synode de Constantinople dont il fut l’instigateur et le maître. Voir Akianisme, t. i, col. 1829. Cyrille fut compris dans l’hécatombe qui se fit des boméousiens ; on lui reprocha d’être entré en communion, après qu’il avait été déposé, avec liasile d’Ancyre et Georges de Laodicée, et de s’être uni avec Eustathe de Sébaste et un autre évêque qui avaient tenté d’abroger les décrets d’un synode (inconnu d’ailleurs) de Mélitine, auquel Cyrille lui-même avait assisté. Sozomène, 1. IV, c. xxv. De ce second exil, qui dura jusqu’à la mort de Constance, l’histoire ne nous a transmis ni le lieu ni les circonstances, sauf un détail qui témoigne des rapports intimes du saint avec Mélèce d’Antiocbe, el permet de soupçonner qu’il séjourna, au inoins quelque temps, dans cette ville : quand il fut sur le point de regagner Jérusalem, un peu après le milieu de l’année 363, Mélèce lui confia le fils du grand-prètre de Daphné, converti à la foi chrétienne et qu’il fallait soustraire à l’aveugle fureur de son père. Théodoret, 1. III, c. xiv.

Cyrille (Hait à peine remonté sur bod siège, .

lin (le celle même année, quand, à l’instigation et avec

l’appui’le Julien l’Apostat, les Juifs essayèrent de relever le temple de Jérusalem, Sur la foi des oracles divins, prédisant que de ce temple il ne resterait pas pieu, gui pierre, l’évêque annonça l’échec de l’entreprise impie

liiilin. I. I, c. wxvii ; Socrate, I. III. c. w,

I. On sait jusqu’à quel point l’événement justii

foi et sa i Son activité, durant le coui du règne de.lovien et les premières années de celui de

.il. n-. pai concentne sur son diocèse. M

mentionm ni dans la supplique que présentèrent à Jovii d Basile <l Vncyre, Silvain de rarsi et cinq autres i synode acacien de Constantinople, ni parmi . qui - qui prirent pai t au concile tenu à Antii la présidence de Mélèce, dans l’automne di Voir AJMANisMK, t. i, col - n til le reconnaître

dan li KO <… dont le nom n ml. parmi

ceui d.s évêques orientaux auxquels le pape Li it, en rép députation qu’ils avaient en

pour adhérer au symbole de

III.

80

Nicée et traiter 1 1 < l’unité religieuse ? Socrate, 1. IV, c. xii, P. ( !, t. lxvii, col. 490. Dom Touttée ne le pense pas, appuyé sur des raisons qui ne manquent pas de valeur, diss. I, n. 70, col. "102, mais qui ne paraissent nullement décisives. Mader, p. 34. Sur ces entrefaites, la mort d’Acace, survenue à la (in de 365 ou au début de 3(16, laissa vacant le siège métropolitain de Césarée ; Cyrille mit à sa place Philumène ; celui-ci étant mort ou ayant été déposé par les ariens, l'évêque de Jérusalem conlia, en 367, le siège de Césarée à son propre neveu, appelé Gélase, recommandable par la pureté de sa foi, sa piété et sa science. Mais les ariens le chassèrent et lui substituèrent un des leurs, Euzoius. Cyrille lui-même dut, pour la troisième fois, quitter sa ville épiscopale, quand Valens proscrivit tous les évéques qui, déposés sous Constance, étaient remontés sur leurs sièges à l’avènement de Julien. Ce dernier exil, dont l’histoire ne dit rien, dura onze ans, de 367 à 378.

5° Dernières années de Cyrille (379-386). — La mort de Valens (9 août 378) et l’avènement de Gratien mit un terme à l’exil des évêques bannis. Saint Cyrille rentra dans Jérusalem sur la fin de 378, car il avait déjà repris possession de son siège, quand, le 19 janvier 379, Gratien associa Théodose à l’empire. Socrate, 1. V, c. III J Sozomène, 1. VII, c. il. Il retrouva son Église dans un état déplorable ; sous le gouvernement des évêques intrus qui l’avaient remplacé, tous les hérétiques du jour, ariens, macédoniens, apollinaristes, sans compter les sectes plus anciennes et le schisme produit par la querelle d’Antioche, s'étaient comme donné rendez-vous dans la ville sainte ; de là une perpétuelle surexcitation et division des esprits, que suivit une extrême licence de mœurs. Saint Grégoire de Nysse fut bien chargé par un concile asiatique, probablement celui d’Antioche en 379, de visiter les Églises d’Arabie et de Palestine, pour aviser avec leurs chefs des remèdes convenables, mais cette mission, accomplie dans un milieu et dans des circonstances si défavorables, demeura sans résultat immédiat. S. Grégoire de Nysse, Epist., il, de euntibus Hierosolymam ; iii, ad Eustathiam, P. G., t. xlii, col. 1012, 1017. En 381, saint Cyrille prit part au IIe concile œcuménique, I er de Constanlinople. Sozomène, 1. VII, c. vii, le cite parmi les chefs reconnus du parti orthodoxe, après les patriarches d’Alexandrie et d’Antioche ; mais cet historien ni les autres ne nous disent quel rôle il joua dans ce concile, ni s’il se trouva encore à la réunion complémentaire qui se tint l’année suivante dans la même ville et à laquelle assistèrent la plupart des membres du concile précédent, o nleXatoi -roûxtov. Théodoret, 1. V, c. vin. Voir Aiuan isme, t. i, col. 1846. Ce furent les Pères de cette nouvelle assemblée qui, dans leur lettre au pape Damase et aux évêques occidentaux réunis à Rome, rendirent à saint Cyrille ce témoignage solennel : « Nous vous faisons aussi savoir que l'évêque de l'Église de Jérusalem, cette mère de toutes les Églises, est le révérend et très chéri de Dieu Cyrille, lequel a été jadis ordonné canoniquement par les évêques de sa province, et a soutenu en divers lieux de nombreux combats contre les ariens. »

Tel est le dernier renseignement que l’histoire nous ait transmis sur saint Cyrille. Il semble cependant qu’il faille rattacher à son pontificat la réunion à l'Église des macédoniens de Jérusalem, et la soumission de quatre cents moines, attachés jusqu’alors au parti de Paulin d’Antioche ; conquêtes dues au concours de Rulin et de Mélanie l’ancienne, Hisloria lausiaca, c. cxviii, P. (', , , I. xxxiv, col. 1226, et prémices d’une restauration religieuse qui se poursuivit pendant les huit années de tranquille possession dont jouit l'évêque de Jérusalem après son dernier retour d’exil : Sicpe pulsus ecclesia et receptus, ail extremum sub

Theodosio principe oeto cmnis inconcussum episcopatum tenait, s. Jérôme, De viri » illustribtu, 30. On

conclut de ce témoignage que saint Cyrille mourut en 387, à l'âge d’environ 70 ou 72 ans, après trente-cinq on trente-sept années d'épiscopat, dont il avait passé de seize en exil.

Jugements des anciens sur Cyrille.

Des nombreux témoignages groupés par dom Touttée sous le

titre de Veterum lestimonia de S. Cyrillo, col. 293sq., il résulte que saint Cyrille fut très diversement apprécié par les anciens. Saint Epiphane le rattache au parti de Basile d’Ancyre, sans jamais prononcer le mot d’arianisrne dans les quelques passages où il est ami parler de lui. User., lxxiii, n. 23, 27. 37. Rulin l’accuse, I. 1, c. xxiii, d’avoir varié dans sa foi, et plus souvent encore dans sa communion : aliquandoin /ide, ssepius in communione variabat. Saint Jérôme, dans le passage cité de sa Chronique, traite plutôt de son élévation à l'épiscopat que de sa doctrine ; il n’en paraît pas moins prévenu contre son orthodoxie, puisqu’il le range simplement parmi les ariens qui envahirent le siège épiscopal de Jérusalem après la mort de saint Maxime. Socrate, 1. V, c. vin. et Sozomène, 1. VII, c. vii, le présentent, à l'époque du IIe concile œcuménique, comme un macédonien repentant et converti à la foi nieéenne. Au début du ixe siècle. Théophane rapporte dans sa Chronographie, à Tannée 335, que de son temps quelques-uns le jugeaient imbu de sentiments ariens, àpîtav&çpova, pour les raisons déjà dites : omission de l’d|xoov(710ç dans ses Catéchèses et attribution à l’empereur Constance de l'épithète EÙaeëe’cTaToç.

A ces témoignages, et autres postérieurs qui n’en sont que la reproduction ou l’exagération, s’opposent ceux des évêques orientaux réunis à Constantinople en 382 ; de Théodoret, spécialement versé dans l’histoire du patriarcat d’Antioche ; de Théophane, qui traite de calomnieuse l’imputation ci-dessus rappelée ; enfin des nombreux auteurs ecclésiastiques qui, dans leurs ouvrages, ont invoqué l’autorité de Cyrille. C’est à ce second groupe d’appréciations que se rattache la tradition officielle des Églises d’Orient et d’Occident, dont les livres liturgiques contiennent, au 18 mai, la mémoire du saint avec des éloges qui portent directement sur son orthodoxie. Acta sanctorum, Anvers, 1668, t.nmarlii, p. 625. Les Menées l’appellent, en reprenant les termes mêmes de Théodoret, un ardent défenseur de la doctrine, T&v aTcoaroXi'/fdv Soy|j.iT<j)v 7cpo6ûu.<oc ûitsp|iaxôv. Le Martyrologe romain s’approprie le témoignage éclatant que, dans leur lettre au pape Damase, les évêques orientaux rendirent à la pureté de sa foi. cujus intemeratse l’ulei synodus œcumenica, Damaso scribens, præclarum testimonium dédit. Dernier et suprême hommage, le pape Léon XIII, étendant en 18821a fête de saint Cyrille à toute la catholicité, lui a décerné solennellement le titre de docteur de l’Eglise.

Que dans ses écrits saint Cyrille ait toujours professé une doctrine orthodoxe, la troisième partie de cet article le prouvera. Qu’il ait varié dans sa communion, c’est un fait, vrai en ce sens que nous le voyons en rapports d’abord avec des eusébiens, puis avec les homéousiens et les méléciens, enfin avec les nicéens. Mais pour réduire ces apparentes évolutions à leur juste valeur, il ne faut oublier ni les circonstances où vécut le successeur de saint Maxime soit avant soit après son élévation à l'épiscopat, ni les considérations générales laites dans l’article Abiamisme, t. i, col. 1801. 1822, à propos des eusébiens, des homéousiens et des méléciens. Tant qu’il fut diacre ou simple prêtre de l'Église de Jérusalem, Cyrille n’eut évidemment pas d’autre communion que celle de son premier pasteur. Or saint Maxime n’avait pas compris dès le début la portée île la lutte engagée entre les nicéens et les eusébiens ; en.'î-T>. il s'était laissé entraîner au concile de Tyr, où saint Atha

nase fut déposé, et aussitôt après, à l’occasion do la dédicace de l’église du Saint-Sépulcre, un synode s’était tenu à Jérusalem où, bénéficiant d’une profession de foi orthodoxe dans les termes, mais très générale, Arius et ses partisans avaient été réintégrés dans la communion ecclésiastique, tandis que des poursuites avaient été commencées contre Marcel d’Ancyre, accusé de tendances sabelliennes. Saint Maxime se repentit ensuite île s’être laissé tromper dans l’affaire de saint Athanase ; il s’abstint de paraître, en 341, au concile d’Antioche in encœniis, rapporte Sozomène, 1. III, c. vi ; mais ce fut seulement en 316 qu’il renoua publiquement ses relations avec le patriarche d’Alexandrie.

L’attitude de saint Cyrille dans ses Catéchèses répond à celle qu’avait adoptée définitivement saint Maxime ; il réprouve énergiquement les erreurs ariennes, mais sans faire intervenir jamais les questions de personnes ; en même temps il dénonce l’erreur opposée de ceux qui confondent en Dieu la paternité et la filiation, il le fait avec une certaine solennité comme s’il y avait lieu d’élever la voix en faveur de la vérité, XeyéaOto yàp iXeuŒpfuc ô à).r, 0Eia. Cal., XI, 17, col. 712. Allusion très probable, non pas à saint Athanase, qui était déjà passé par Jérusalem (dom Touttée suppose à tort le contraire), mais à Marcel d’Ancyre, et peut-être aussi, d’une façon vague, au parti des nicéens où Marcel trouvait des défenseurs. De plus, Cyrille nous apparaît comme un homme de paix, péniblement impressionné par les divisions qui existaient au sein de l’Eglise, par ces luttes fratricides entre évêques, où il voyait un danger de scandale pour les faibles. Cat., XV, 7, col. 877. A ce double titre, il semble qu’à cette époque, il ait voulu garder une sorte de neutralité entre les partis militants, en dehors toutefois des deux erreurs, diamétralement opposées, de l’arianisme et du sabellianisme, pour lesquelles il professe la réprobation la plus explicite. De ses relations avec Acace, soit avant son épiscopat, soit au moment même de sa promotion, rien ne nous a été transmis ; mais les démêlés qui surgirent presque aussitôt entre le métropolitain de Césarée et l’évéque de Jérusalem sur le terrain non seulement administratif, mais doctrinal, prouvent assez que si le premier s’était flatté d’augmenter le nombre de ses partisans en favorisant l’élection de Cyrille, prompte fut sa désillusion. Ce furent encore les circonstances, et tout d’abord la nécessité de trouver un refuge et un appui, qui mirent l’exilé de Jérusalem en rapports directs avec les homéousiens. Mais à cette époque, beaucoup d’entre ceux-ci, les Basile d’Ancyre, les Silvain de Tarse et autres personnages influents du parti, séparés des nicéens par l’obstacle au moins verbal de P6|M>oj(Ttoç, n’en faisaient pas moins cause commune avec eux dans la lutte contre les anoméens, et même contre les homéens guidés par Acace. Au concile de Séleucie, Baint Hilaire n’hésita pas à fraterniser avec eux, et saint Athanase les traitait en.unis. Voir Aria-NISMB, t. i, col. 1828, 18111. Plus tard, quand le parti homéousien se scinda, que les uns aboutirent avec Macédonius < l’hérésie pneumatomaque, tandis qi autres, avec Mélèce d’Antioche, s’unirent de plu plus l’t Unirent par se confondre avec les homoou ou nicéens, saint Cyrille ne nous apparaît jamais dans lis r.ui-s des hétérodoxe : An i eut-il s ; i place d’honneur au concile œcuménique de Constantinople ; et en toute vérité qu’en 389 lei évéques continuelle ce concile purent le présenter au papeDa

coie un athlète qui aval) beaucoup lutté,

théâtres, contre les ariens, %a RXifora itpo< toù<

téffOlf iOX^aavra

II. Écrits m -vint Cyrille. - r. écitm wtbbsi i"i i J. i Catéchèse » , l’œuvre capitale du nui docteur, /’. G., i. xxxiii, col. 331-1128. Sous c titre sont comp m’allusion prélimin -huit

instructions intitulées Kax-rjj^nç çwtiÇojxIvcov, Catéchèses illuminandorum, parce qu’elles furent adressées aux catéchumènes qui devaient recevoir, à Pâques, la grâce ou lumière du baptême : cinq autres instructions dites mystagogiques, qui furent adressées aux mêmes sujets, devenus néophytes, aussitôt après leur baptême, leur confirmation et leur participation aux mystères de l’autel. En tout, vingt-quatre instructions, dont la numérotation sous le titre de Catéchèses ne commence qu’après l’allocution préliminaire, dite Procatechesis. Chacune, à peu d’exceptions près, porte un titre particulier qui en indique l’objet, et que suivent les premiers mots du texte scripturaire dont la lecture avait précédé. Le style est approprié aux auditeurs, clair et simple, bien qu’il s’élève parfois ; le ton est cordial et accompagné d’une chaleur communicative qui rend les arguments plus persuasifs. Ces qualités ne vont pas sans quelques défauts : anacoluthes, digressions ou parenthèses un peu longues, répétitions, confusions de textes scripturaires ou citations faites à peu près ; négligences qui s’expliquent par l’origine même de ces discours : saint Cyrille ne les écrivit pas, il les prêcha, non de mémoire, mais d’abondance, ex tempore pronuntiatæ ; la sténographie les recueillit et nous les a transmis.

L’authenticité ou l’intégrité des Catéchèses, des mystagogiques surtout, fut d’abord contestée par quelques écrivains protestants, en particulier par A. Rivet, Critici sacri, 1. III, c. VIII, ¥ édit., Genève, 1642, p. 280 sq. : Ego sane, dit-il en parlant des dix-neuf premières, nullalenus dubito, nonnulla esse detracla, nonmilla assuta. Interpolés les passages où il est question du célibat ecclésiastique et de la virginité’, de la vénération rendue au bois de la croix et de la puissance miraculeuse des corps et ossements des saints ; où les instructions mystagogiques sont annoncées. Critique si manifestement influencée par les préjugés confessionnels, qu’un autre protestant, G. Cave, n’a pas craint d’écrire, t. i, p. 134 : Haud merentur >vsponsum, quse objiciunt Rivetus aliiqxc. Dom Touttée n’en a pas moins, dans sa Dissertatio II*, col. 126 sq., réfuté toutes les objections, et apporté en faveur de l’authenticité et de l’intégrité substantielle des Catéchèses des preuves externes et internes d’une telle force, que depuis longtemps la question est tenue pour définitivement tranchée. La difficulté qui embarrassa Vossius et qui, seule, mériterait d’être signalée, reviendra plus loin, à propos du symbole de saint Cyrille.

Les Catéchèses ad illuminandos furent prêchées pendant le carême de 318, dans la grande basilique de la Résurrection, érigée par Constantin sur l’emplacement du tombeau de Jésus-Christ ; les mystagogiques le furent pendant la semaine de Pâques, dans la chapelle particulière du Saint-Sépulcre. La date de 348 se conclut de plusieurs données que les Catéchèses elles-mêmes fournissent. Saint Cyrille y parle des empereurs actuels, al vûv fixmliï ;, xiv, 14, col. 841, dont on fait mémoire à la sainte messe, viiip pauO.éiov, xxiit, 8, col. 1116 ; ce qui suppose que l’empereur Constant, tué au début de l’année 350, vivait encore, il tait.illusion i li Liierre de Mésopotamie entre Romains et Perses, xv, 6, col. 877. qui dura de 3484 360. Il parle soixante-dix ans après le commencement de l’hérésie manichéenne, vi, 20, col. 573 ; ce commencement étant r

mit Léon sous le consulat de Prol iulin,

en 277, et par Eusi i"- la seconde année de Probu 378, on arrive ainsi a l’année 347 ou 348. Tillera noie I ; dom Touttée, <li ss. II. n. :  ;  ; I 154. Détails plus précis encore, la i it i h< - fui pn eh< dans le mois de Xanthique, qui commence le U ou ! quelques jours après l’équinoxe du printemps, le dernier

lundi avant Pâques, n. h’, -i. col h

constances qui, réunies, ne conviennent qu’à l’année '2.-, :  ;  :,

    1. CYRILLE DE JÉRUSALEM##


CYRILLE DE JÉRUSALEM.SAINT

2536

348, où Pâques tombant le 3 avril (Larsow, Die Fest-Briefe des heiligen Alhanasius, Leipzig, 1852, p. 33, 47), le lundi de la semaine sainte se trouvait être le 28 mars, quelques jours après le commencement du mois de Xanthique et après l’équinoxe qui, suivant le comput alexandrin, avait eu lieu le 21 mars. Reiscli, p. cxi. sq. ; Mader, p. 8. Cyrille était-il encore simple prêtre ? Oui, si l’on s’arrête à l’opinion jusqu’ici commune, qui fait mourir saint Maxime en 350. Mais il aurait été déjà évêque, si l’on admet avec Mader, p. 10 sq., que cette mort eut lieu deux ou trois ans auparavant ; opinion qui, loin d’être contredite par l’étude intrinsèque des Catéchèses, en serait plutôt sonfirmée. Contrairement à ce qu’on voit dans l’homélie sur la guérison du paralytique, saint Cyrille n’y fait jamais la moindre allusion au premier pasteur ; par contre, il s’attribue le pouvoir d’examiner définitivement les mérites des candidats et de les admettre au baptême, Procat., 4, 15, col. 339, 357 ; il énonce la foi en juge autorisé, Cat., v, 12, col. 521 ; il semble se donner, dans la Ve mystagogique, pour le Upsuç ou ministre de la liturgie sacrée qui venait de s’accomplir : Facimus deinde menlionem cseli, etc., xxiii, 6, col. 1114. Autant de fonctions qui, à cette époque, témoignent d’une autorité propre, de soi, aux évêques ; et rien ne prouve, dans les documents anciens, que Cyrille ait agi comme mandataire du premier pasteur. L’assertion de saint Jérôme, que les Catéchèses furent l’œuvre de Cyrille encore adolescent, quas in adolescentia composait, ne fait aucune difficulté ; dans le style de saint Jérôme, l’expression in adolescentia convenait certainement à un homme de trente-cinq ans, âge suffisant pour l’épiscopat.

2° Homilia in paralyticum juxta piscinam jacentem, col. 1131-1154. — Homélie sur la guérison du paralytique, à la piscine de Bethsaïda, Joa., v, prononcée par Cyrille, encore simple prêtre, entre 343 et 318, en présence de l’évêque de Jérusalem, n. 20. Œuvre de jeunesse, bien inférieure aux Catéchèses, où l’orateur commente le récit de saint Jean et, dans la guérison du paralytique, malade de corps et d’âme, met en relief la puissance de Jésus-Christ, médecin des corps et des âmes. Dans une digression sur un passage du Cantique des cantiques, n. 10 sq., saint Cyrille se prononce fortement pour le sens mystique ou allégorique de ce livre sacré. UBomilia in paralyticum fut publiée pour la première fois par Th. Milles, en 1703, puis, d’une façon plus correcte et complète, par dom Touttée. L’authenticité est attestée par des témoignages positifs et par la concordance du style, des pensées, parfois de l’expression verbale, avec le style et les pensées des Catéchèses. Dom Touttée, Admonitio, col. 1129.

3° Epistola ad Constantium piissimum imperatorem, col. 1165-1176. — Lettre adressée à l’empereur Constance, en 351, pour lui raconter l’apparition d’une croix lumineuse, dont Cyrille avait été le témoin oculaire, le 7 mai de la même année. L’évêque de Jérusalem présente au prince cet événement comme une faveur céleste où il doit voir un honneur pour son règne, et pour lui-même un nouveau motif de s’attacher à la foi orthodoxe et de la protéger. A cette occasion, Cyrille rappelle, n. 3, l’invention de la sainte croix qui avait eu lieu sous le règne de Constantin. L’authenticité de cette lettre, niée par Rivet et quelques autres protestants, n’en a pas moins été communément admise, à cause de la ressemblance du style et des témoignages positifs qui déposent en sa faveur, en particulier celui de So/omène, 1. IV, c. v. Dom Touttée, Prseloquium, col. 1 155. Plus tard, cependant, des doutes ont encore été émis dans des articles sur saint Cyrille, comme celui de von Colin, dans Allgemeine Encyclopàdie de ?’Wissenschaften und Kiïnste, de Ersch et Gruber, Leipzig, 1832, t. xxii, p. 148 ; plus récemment, celui de Fôrstei.

dans Realencyklopâdie fier prolestantische Théologie und Kirche, ’>" « "dit., Leipzig, I89.s. t. ii, p. 384. En dehors du manque prétendu de témoignages positifs en faveur de l’origine cyrillienne de cette lettre, une objection spécieuse se tire de la contradiction qui semble exister entre les louanges données à Constance, empereur arien, et le souhait final de lui voir glorifier toujours la sainte et consuhstanlielU 1 Trinité, SoÇâÇovia

àt Tr, v à- ;  ; su y.’jl : à(U>oÛ(rtOV Tpiâîa. Mais, pour Ce qui

est île l’épithète de très pieux et des louanges données à Constance, ne serait-il pas abusif de fonder une accusation d’arianisme sur un langage qui ne dépasse pas les formules alors en usage, et que la simple prudence conseillait d’employer en s’adressant à un empereur plutôt trompé par les ariens que mal intentionné ? Remarque faite déjà par Théophane, loc. cit. Seules les dernières lignes, où se lit le terme ôiiooûctioî, sont d’une authenticité réellement douteuse. Elles ne se trouvent pas dans le texte publié par Gretser, De sancta cruce, Ingolstadt, 1600, t. ii, p. 512 (Opéra omnia, Ratisbonne, 1734, t. ii, p. 413), et Théophane, qui rejette à tort la prédication des Catéchèses après la lettre à Constance, suppose manifestement que le terme £|iooiS<no< n’avait pas été, jusqu’alors, employé par saint Cyrille. Pour expliquer la présence de ce terme dans la lettre et son omission dans les Catéchèses, doin Touttée suppose que dans l’intervalle saint Athanase avait passé par Jérusalem et avait levé tous les doutes en donnant la portée réelle du mot suspecté ; cette supposition ne répond pas aux faits, puisque le patriarche d’Alexandrie était passé par Jérusalem dès l’année 316. La finale SoÇôÇovra, etc., ne semble donc pas cyrillienne. Mais ce détail secondaire n’infirme en rien l’authenticité du reste de la lettre. En particulier, le fait de l’apparition d’une croix lumineuse qu’elle raconte, est attesté par trop d’auteurs contemporains pour qu’il soit possible de le révoquer en doute. Dom Touttée, Testimoniavelerum de signo crucis Hierosolymis viso, col. 1175.

4° Fragmenta deperditorum operum, col. 1181. — Sous ce titre sont compris trois passages, le second très court d’une homélie sur le miracle de Cana, Joa. n ; puis deux lignes d’un sermon sur ces paroles de Jésus : Ego vado ad Patrem rneum. Joa., xvi, 28. Fragments cités, le premier par un auteur anonyme antérieur au vme siècle et par les Pères du concile de Latran en 649 ; le second, par les mêmes témoins, et de plus par saint Maxime martyr ; le troisième, par Léonce de Byzance, Contra monophysitas, P. G., t. lxxxvi. col. 1836. La distinction des natures et des opérations, nettement exprimée dans ces textes, n’est pas une raison suffisante pour en nier la provenance cyrillienne ; la même doctrine est vraiment contenue dans des ouvrages authentiques du saint docteur. Cat., iv, 9 ; xii. 1 ; Homil. in paralyt., n. 6, col. 468, 728, 1138. Comme ces trois fragments et l’homélie sur la guérison du paralytique se rapportent tous à l’Evangile de saint Jean, dom Touttée a émis l’idée, purement conjecturale, d’un commentaire entier sur cet Évangile. Diss. II, n. 3, col. 125. Il est du moins certain qu’en dehors des discours qui nous sont parvenus, Cyrille en prononça beaucoup d’autres, soit à Tarse, pendant son premier exil, soit à Jérusalem même. Cat., x. 14 ; xii. 18 ; xiii, 9, 16 ; xiv, 21 ; xviii, 33, col. 680, 748, 785, 793. 856, 1055. Mais rien ne prouve qu’on ait recueilli et mis par écrit tous ces discours et autres semblables que, d’après quelques manuscrits, col. 325, l’évêque de Jérusalem aurait adressés tous les ans aux néophytes avant ou après leur baptême.

Au rapport de Photius, Bibliotheca, cod. 89, P. G., t. ciii, col. 296, saint Cyrille aurait collaboré, avec son neveu Gélase, à une continuation de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe, peut-être pendant leur commun exil, de 367 a ;  ! 78. Mais Photius se trompe, quand il veut identifier ce travail avec une traduction grecque

de l’Histoire de Rufin ; celle-ci ne fut écrite qu’après la mort de Cyrille, qui s’y trouve mentionné, et elle se termine en 395, un an après la mort de Gélase. Dom Touttée, diss. II, n. 4, col. 125.

II. ÉCRITS DOUTEUX OU APOCRYPHES.

1° Oratio ill

occursum Domini et Salvatoris Jesu Christi, et in Symeonem qui Deuni suscepit, col. 1187-1204. — Homélie attribuée à saint Cyrille par des critiques érudits comme Th. Milles, Dupin, etc. Beaucoup plus nombreux sont ceux qui ne lui ont reconnu qu’une authenticité douteuse, comme Tillemont, ou qui l’ont jugée apocryphe, comme G. Cave, dom Touttée, Admonitio, col. 1183. Le style diffère beaucoup de celui de saint Cyrille ; il est plus élevé, plus travaillé, plus figuré ; certaines expressions semblent viser des hérésies du v siècle, comme celles de Nestorius et de Jovinien ; mention est faite d’usages qui n’existaient pas encore du temps de Cyrille, comme celui de porter des cierges allumés, etc. Prononcée à Jérusalem, cette homélie peut avoir pour auteur un évêque de cette ville, ou un prêtre du nom de Cyrille, mais distinct de notre saint et plus rapproché du VIe que du IVe siècle.

2° Un fragment de deux lignes, ce. 1203, attribué à Cyrille par saint Thomas d’Aquin, O) sculum contra errores Grœcorum, c. LXVII, est écrit dans un style affecté, qui n’a rien de commun avec celui de l’auteur des Catéchèses. — Les quelques témoignages, mis sous le nom de Cyrille dans la Catena Patrum in Danielem, publiée par le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectio, Rome, 1825, t. i, p. 19’t, 204, 205, n’appartiennent pas à Cyrille de Jérusalem, mais à son homonyme d’Alexandrie. P. G., t. i.xx, col. 1462.

3 l ne c.hronologia de huit lignes, col. 1203, attribuée à notre saint docteur dans un manuscrit de la bibliothèque Ottoboni, contient une supputation des années qui se sont écoulées depuis Adam jusqu’au déluge, du déluge à Abraham, d’Isaac à David, de Salomon à la captivité, pendant celle-ci, et de celle-ci à Jésus-Christ. Ce calcul diffère totalement de celui d’Eusèbe que saint Cyrille suit. Cal., xii, 19, col. 748.

4° Suppositse S. Cyrilli Bierosolymitani ad Julium papam, et ad Augustinum epistolse, col. 1208 sq. — Dans la première de ces lettres supposées, saint Cyrille est censé s’informer auprès du pape sur la véritable date de la naissance du Sauveur, que l’Église de Jérusalem célébrait alors le 6 janvier. Dans la seconde, il > Bl censé raconter à l’évêque d’IIippone (baptisé seulement an an après la mort de Cyrille) la vie et la mort de saint Jérôme et les miracles opérés sur son tombeau.

5° D’autn s ouvrages n’ont été attribués à saint Cyrille dans quelques manuscrits que par erreur ou confusion de noms. Tels, Ilistoria ecclesiastica et mystica conlemplatio, de saint Gi rmain de Constantinple, /’. G. t. xi : viii. col, 383 ; l’opuscule anonyme De se tynodis "<"’imprimé par Etienne Le Moine, I

sacra. Li yde, 1685, t. i. p, 68, sous le litre de Germ, !, , , iractattu de » j/"i enfin le

Spéculum tapientiæ ou Quadripartites apologeticus, tablier latin où d< - animaux traitent, tous forai

dialogui. de la rali et di ses principes, et dont

I auteur fut un évéqm’i i lie qui semble avoir vécu sur la fin du moyen âge Bardenhewer, es de

VÉglUe, ii.nl. frani Paris, 1899, t, il, :

III. DocnuHi di saisi Cyrille. i Ensemble, méthode, impôt lan Saint Cyrille

voulait irpii iiii.- -. -.nid < i, n iii, nrs d’al i.

puii m i ph ti. d< princip il i de la relij ion

chrétienne, contenues dans le symbole ou supp par li niqu’ils avaient n i nuit

de Paqui.Sa i donc, dan on i n emble et

saufl appoint complémentaire fourni par les mystagogila doctrine même du symbole de Jérusalem au mi lieu du ive siècle. Par une anticipation que les circonstances expliquent, l’orateur détache d’abord du symbole, pour en faire l’objet des trois premières catéchèses, l’article relatif au baptême et à ses effets : Ka eî ; Ev [ioTCTKraa [xe-avot’aç, eîç ot’cpsaiv &[i.apTtû>v, XVIII, 22, col. 1044. Puis, dans la ive catéchèse, très caractéristique, il donne un résumé concis et substantiel des dogmes qu’il faut croire, tûv àvayxaftov Soyiiârcov, col. 457. Ce sont, en premier lieu, les vérités exprimées dans le symbole sur Dieu, Jésus-Christ et le Saint-Esprit ; en second lieu, la doctrine catholique sur l’homme lui-même, sa nature, sa vie morale et ses fins dernières : /.où treauxàv YvwÔt).onrbv, Sgte ; s !, col. 477. En somme, connaissance surnaturelle, en vue de noire fin dernière, de Dieu et de nous-mêmes, fondée sur les saintes Écritures, n. 33, col. 493. Cette esquisse achevée, l’orateur aborde le détail des articles, en suivant rigoureusement l’ordre où ils se succèdent dans le symbole. Chemin faisant, il joint l’exhortation morale à l’enseignement doctrinal et donne des règles de vie chrétienne.

La méthode du docteur palestinien est surtout didactique ; il expose le dogme avec précision, sous une forme simple et populaire d’où les termes abstraits et théologiques sont absents. Habituellement, dans les matières controversées, il rapporte d’abord les sentiments des adversaires, puis il leur oppose la doctrine catholique et répond enfin aux objections. Partout, apparaît la préoccupation apologétique du pasteur qui veut prémunir ses ouailles contre les erreurs courantes : « On va vous fournir des armes contre l’ennemi ; on vous armera contre les hérétiques, les Juifs, les Samaritains et les gentils. » Proc, 10, col. 349. Fidèle à ce programme, non seulement Cyrille tient compte lui-même de l’adversaire qu’il prétend réfuter, mais il avertit ses auditeurs de considérer la tactique à suivre. S’agit-il, par exemple, des Samaritains qui n’admettent que le Pentateuque : « Ouvrons les livres qu’ils ont entre les mains, » xviii, 11, col. 1209. S’agit-il des Juifs qui vénèrent la loi et les prophètes : « Fermons leur la bouche en leur opposant les prophètes, » xiiii, 37, col. 811. S’agit-il des gentils qui ne reçoivent ni ne connaissent les saintes Écritures, restent les procédés rationnels d’argumentation et de démonstration, ex Xoift<T|j : fi)v pdvov xai àico&eîÇecov, xviii, 10, col. 1029 ; ou encore : Faisons-les taire en les mettant en prés de leurs fables, » xii, 27, col. 7(iO. Voir dom Touttée, diss. ii, c. vi, De CyriUiana docendi et dicendi > « tione, col. 161 ; Plitt, part. III, Methodus Cyrilli,

Par leur contenu, les Catéchèses sont déjà d’un très haut intérêt pour l’histoire du dogme et du culte chrétien. Deux circonstances en rehaussent encore le prix. Circonstances du temps : elles furent prononcées moins de vingt-cinq ans après le concile de Nicée, au moment où la controverse arienne durait encore, et avant l’apparition, saint Athanase excepté, degrands docteurorientaux qui brillèrent à la tin du rv et au début du v siècle. Circonstance du lieu et du m l’auteur, évêque de Jérusalem ou i la veille de le devenir, se proposait manifestement d’expliquer I de l’&glise, rt|v ûicb -., : ’1 xxXr, fffa< vuvf to^ itepaBifapivtjv, v, 12. col.520. Cr. xvii. 3, Jj na80XixJ|’ExxXîjiriei j XVIII, 32, i---. » ; Xlri àltO<KoXtX ?)( ItfortttC, col. 97J. Il

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lii, mi nos), , venisie. Plitt, p. 184. Mail quand il - agit d Interpn ter la doi li ine, i ai

doute, H i est trouvé pai mi les protestants 2. r)39

CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT

2540

des esprits décidés qui n’ont pas craint d’avouer, comme ce même l’iilt, p. L36, que sur plusieurs points graves, La position de saint Cyrille est celle des catholiques ; beaucoup plus nombreux, toutefois, ont été ceux qui se sont livrés à de subtils travaux d’ex< igt i systématique, pour démontrer que telles expressions, favorables en soi à la doctrine romaine de la présence réelle, de la transsubstantiation, du sacrifice de la messe, etc., doivent s’entendre dans un autre sens, luthérien ou calviniste ; ou qui, plus radicalement, ont voulu faire de l’auteur des Catéchèses un adversaire de l’Église romaine. Ainsi, Rivet ne s’est pas contenté de nier l’authenticité des mystagogiques et l’intégrité substantielle des autres, à cause des doctrines ou pratiques papistes dont il les voyait imprégnées ; par surcroît, il a prétendu y trouver la doctrine des novateurs sur nombre de points, notamment sur le canon des Livres saints, sur la suffisance de la Bible comme source et règle de la foi, sur la causalité des sacrements subordonnée à la foi du sujet, sur la manducation spirituelle du Christ dans l’eucharistie, sur la nécessité de communier sous les deux espèces, sur les deux genres de foi chers aux protestants, sur l’exclusion du purgatoire, etc.

Parmi les catholiques, une question reste ouverte : sur des points secondaires et non définis de son temps, saint Cyrille aurait-il eu, et dans quelles limites aurait-il eu de ces erreurs de détail auxquelles nul docteur de l’Église ne semble avoir échappé ? A-t-il cru que, dans les saints anges, la vision béatifique peut se concilier avec des fautes légères ? que le martyre seul, à l’exclusion du baptême de désir, supplée le baptême effectif ? que l’orthodoxie ou saine foi du ministre est nécessaire pour la validité du baptême, et que, par conséquent, à ce seul titre le baptême donné par les hérétiques est de nulle valeur ? surtout, que le Verbe a été Christ et prêtre de toute éternité ? Autant de points sur lesquels dom Touttée a été accusé d’avoir mal interprété la pensée de saint Cyrille. Voir la dissertation d’un religieux camillien, le P. François Risi, Di una nvova edizione délie opère di S. Cirillo Gerosolimita.no, ossia di uno errore gravissimo], falsamente attribuito a S. Ci ?’illo, e ad altri Padrie Dottori nella edizione maurina, Rome, 1884.

Symbole de saint Cyrille.

Le texte ne se trouve

pas écrit dans les Catéchèses, la discipline de l’arcane ne le permettant pas, v, 12 ; xviii, 21, col. 521, 1041. Dom Touttée l’a rétabli, col. 533, à l’aide d’éléments épars au cours et dans les titres des instructions.

Cette reconstruction n’offre pas toujours les mêmes garanties ; certaine quand le texte du symbole est cité littéralement par Cyrille lui-même, par exemple ix, 4 ; x, 3, col. 641, 661, elle est faite plus ou moins d’à peu près, quand les titres seuls ont été utilisés ; car ces titres, si anciens qu’ils soient, ne semblent pas venir de l’orateur, et l’on peut se demander s’ils représentent une citation textuelle ou bien l’objet de la catéchèse exprimé suivant la terminologie courante au temps du rédacteur. Kattenbusch, Das apostolische Symbol, Leipzig, 1894, t. i, p. 236 sq., 376. Abstraction faite de cette difficulté, insoluble dans l’état actuel des monuments anciens, il n’en reste pas moins vrai que la reconstruction faite par dom Touttée, et suivie presque complètement par A. Hahn, Bibliothek der Symbole, 3e édit., Brestau, 1897, p. 132, représente en substance le symbole de saint Cyrille. Pour montrer le rapport des articles aux Catéchèses, les paroles qui répondent à chacune seront suivies, dans la traduction française, de son numéro d’ordre.

1. Texte et traduction du symbole.

77, 7 oupavou y. ai - ; r, :. ôpa-T’uv t : irxvtcov /ai àopâ 70)7.

IV’. ilt, vrx y.ûpiov Mr, o ~o0v Xpurrâv, tbv ulbv roO 0eoO tbv ii, ovoyevrj, tbv kv. -’ij Trar^ô ; yevvij8évt « @ebv aXrjÔtvôv jrpb kÔcvtwv rûv aiù’)7(>)7. Si’ou ~a ~6.-i-.-x èylveTO"

É7 aapv. Ttapaye7(5[j.îvo7 ( ?3c ; >y.o : ><}ivTa, Hahn). xaî &vav6pa>irrj(ravTa [s/, -y.^-Sévou y.ai 7T78-jjj.aTo ; âyiov, omis dans Hahn],

UTaup<i)6£vTa xa’t raçivra,

àvaordcvta tij Tpcr/j ^pipa, y.a àysXGôv-a e’; ~.’pi ovpavoviç, y.ai y.aOÎTay-a êx &£ ; iâ)7 toO TcaTpô ; ’xa ép/ôu.svo7 E7 l’ilr, xpïv&t Çcovia ; y.ai vexpoûç’o-j tr, ; pas’Aeta ; ojy. Ïg-tl : té/.oç.

Ka sic sv àyiov 7tV£îu.a, -bv TcapâxXvjTov, tô).a/.f|<îa7 év TOÏç Ttpocp-r|Tatç.

Kai e’c ; ï’i [ii.~-i~y.OL p.E-Ta 70(a ; Etç à’cpsar/ âp.ap-tù>v.

Kai si ; piav âyt’av y.a60-Xexyjv êxxXTjo-tav, xaV s !  ;

crapyôç àvâorautv, xai eï ; £<or, v attiv107.

ut (Vin), créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles (IX I.

Et en un seul Seigneur Jésus-Christ (x), Fils unique de Dieu, engen l’ère et

vrai Dieu avant tous les siècles, par lequel tout a été fait (XI),

qui s’est incarné et fait homme de la Vierge et du Saint-Esprit (xiii,

a été crucifié et enseveli (xm), est ressuscitéle troisième jour, est monté aux deux, c’est assis à la droite du Père

(XIV),

et viendra dans la gloire juger les vivants et les n dont le règne n’aura point de fin (xv).

Et en un seul Saint-Esprit, Paraclet, qui a parlé dans les prophètes (xvi-xvii).

Et en un seul baptême de pénitence pour la rémission des péchés (i-m).

El en une seule Église, sainte, catholique ; en la résurrection de la chair, et en la vie éternelle (xviii).

ILaTeûop.6v etç iva ©eôv narépa 7ta7roxpaTopa, tcoiv, Nous croyons (IV) en un seul Dieu (vi) Père (vu), tout 2. Rapports de ce symbole à ceux de Nicée et de Constantinople. — Diverses sont les opinions émises sur ce problème obscur. Les uns ont vu dans le symbole cyrillien une revision du symbole de Nicée, avec des additions portant sur l’article relatif au Saint-Esprit et sur les quatre suivants. C’est même de là qu’est venu le doute de Gérard Vossius sur l’intégrité substantielle des Catéchèses, considérées comme œuvre antérieure au concile de Constantinople. Remarquant, en effet, que tout ce qui vient après ces mots : by : ov Tt7£0pa, se trouve seulement dans le symbole nicénoconstantinopolitain, il crut devoir conclure à des additions faites au symbole nicéen et aux Catéchèses primitives, soit par Cyrille lui-même sur la fin de sa vie, soit plus tard par Jean de Jérusalem ou quelque autre évêque. Dissertaliones de tribus symbolis, a] ostolico, athanasiano et constantinopolitano, 2e édit., Amsterdam, 1662, p. 38. Cette opinion fut non seulement suivie, mais notablement dépassée par C. Oudin. Commentariits de scriptoribus Ecclesise aiitiquis, Leipzig, 1722, t. i, p. 462. Elle croule parla base : saint Cyrille n’explique pas le symbole de Xicée, mais celui de son Église. Ce symbole, tel qu’il était en usage à Jérusalem au milieu du ive siècle, ne peut pas être considéré comme une revision du symbole nicéen. Voir Ariamsme, t. i, col. 1796. Il n’en contient pas les éléments spécifiques, c’est-à-dire tout ce qui, par opposition directe à l’arianisme, accentue et détermine la divinité du Verbe : yevvqOévTa iv. toO -arpô ; povotout’é’otiv êx Tïjç o-io-ia ; toû uarpb ; … yevvTjOévwt, oo 7tocï)6 ! vTa, âu.oo’jo’iov tcô rcocrpî, etc. Sous ce rapport, le symbole de Jérusalem témoigne d’une rédaction antérieure au concile de Nicée, sauf peut-être les mots 6sôv à).ïj617Ôv, observe dom Touttée, col..V21>. Il tient comme le milieu entre le symbole nicéen et le symbole des apôtres ou symbole romain. Il contient, il est vrai, plus d’articles que celui de Nicée qui se termine brusque

ment sur ces mots : xaî si ; xb 7rvïC[xa -ô à’yiov. Mais la présence de ces articles ne prouve rien contre l’antériorité du symbole de Jérusalem ; car ils se trouvent également dans le symbole des apôtres, certainement plus ancien que celui de Nicée. Denzinger, Enchiridion, n. 2. Une seule clause du symbole cyrillien dépasse sous le rapport du développement, non seulement littéraire, mais doctrinal, les symboles romain et nicéen tout à la fois : celle qui a trait au régne éternel du Christ, ou tyj ; paTi/.sia ; oùx s’ara-. -ri), o ;. Directement opposée à l’erreur de Marcel d’Ancyre, xv, 27, col. 909, cette clause pouvait être d’insertion récente, quand Cyrille prononça ses Catéchèses.

Suivant une opinion beaucoup plus répandue, le symbole de Constantinople ne serait pas autre chose que le symbole de Jérusalem, mais complété par des formules nicéennes et antipneumatomaques ; soit qu’il n’eût été primitivement qu’une profession de foi présentée par saint Cyrille aux Pères du IIe concile œcuménique, inscrite dans les actes et attribuée plus tard au concile lui-même, soit que, sous l’influence de l’évêque de Jérusalem, il eut été réellement adopté par les Pères. Voir Constantinople (/ « ’concile de), col. 1229. Dans son Ancoratus, composé déjà en 371, saint Épiphane rapporte bien, P. G., t. xliii, col. 232, un symbole beaucoup plus semblable à celui de Constantinople. identique même sauf l’insertion des anathémes nicéens et deux ou trois variantes sans importance ; mais la grande affinité qui existe entre le symbole cyrillien et le symbole rapporté par saint Kpiphane, originaire lui-même de Palestine, porte précisément les tenants de la seconde opinion à ne voir là qu’une revision du symbole de Jérusalem, faite vraisemblablement par saint Cyrille entre les années 362 et 373, dans le but de l’adapter à la foi de Nicée sur la consubstantialité du Verbe et de sauvegarder la divinité du Saint-Ksprit contre les macédoniens, et peut-être l’intégrité de la nature humaine de Jésus-Christ contre les apollinaristes. Les fondements de cette opinion ont été particulièrement exposés et discutés par llort, Tivo dissertations, Cambridge, 1876, 2 « partie : On the « constantinopolilan » creed, p. 76 sq. A part l’adjectif ëv, avant ay.ov itveûjta, et les mots rbv TtapaxXïjTov et [UTavofaç, b’symbole cyrillien se retrouve intégralement dan oie de Constantinople, tableau comparatif très parlant dans Kattenbuscli, op. cit., t. i, p. 234. Les différences entre l’un et l’autre sont de deux sortes. Différences littéraires de rédaction, Bensibles mu tout dans les quatre derniers articles, mais en réalité secondaires. Différences plus importantes dans le développement de la doctrine sur Jésus-Christ, considéré dans sa nature divine :  ; <", > ; ix : w : o ;.’jeov &Xr, 6cvbv ix BeoO’//r/hvv’j, etc., et sur le Saint-Esprit, appelé ->, y <’, -’, '.’, i. etc. Mais ce double développe meut s’est fail par simple insertion de clauses on expression déterminatives, et nullement par voie de transformation. Dans le premier passage, il y a emprunt manifeste au symbole de Nicée ; dans le second, il y a Mirtc.ui application de termes scrlptnraires, et probablement influence athanasienne. Rien toutefois qui ne -"ii contenu en substance, parfois même textuellement, dans i’Catéchèêet de saint Cyrille. Hort,

p. 86 sq.

Malgré la fave t la haute probabilité dont jouit

l’opinion précédente, diverses raisons, en particulier les dr des deux documi nti ont em

péché d’autn écrivains d’admettn la dépendance du symbole nicéno-constantinopolitain par rapport au symbole di h in ilem, Ifader, p. 202, rappi lit la tradition grecque qui attribue le symbole à l’un di Gr< celui d< elui de Nazianxe. Saint i | >

phane, ajoute-t-il, < pu rapporter un symbole usité lui quelque autn i glise que celle de Jérusalem I n

symbole baptismal en usage à Tarse vers l’an 370 a même été signalé comme celui qui, grâce à Diodore, évêque de cette ville, et Nectaire de Constantinople, aurait obtenu l’honneur d’être inséré dans les actes du concile de 361. J. Kunze, Das nicânisch-konslantinopolitanische Symbol, Leipzig, 1898, dans Studien vur Geschichte der Théologie und der Kirche, publiés par N. Bonwetsch, t. iii, 3e livr., p. 32 sq. ; critiqué par Kattenbusch, op. cit., t. ii, p. 271, note 15. Le problème n’est donc pas définitivement résolu ; mais beaucoup des considérations proposées par les tenants de la seconde opinion n’en gardent pas moins leur force et leur utilité, surtout en ce qui concerne le rapport doctrinal entre le symbole de Constantinople et les Calêchèses de saint Cyrille.

3° Foi et sources de la foi : Ecriture, tradition. — Deux choses sont indispensables pour servir Dieu comme il faut : les bonnes œuvres et la saine doctrine. D’où la nécessité d’exposer et d’expliquer les dogmes aux fidèles. Cal., iv, 2, col. 456. A la proposition de la vérité révélée répond l’acte exprimé par le premier mot du symbole, la foi, objet de la ve catéchèse, col. 505 sq. Non pas cette foi générale et humaine qui se trouve à la base de toute vie pratique ici-bas, n. 3 ; mais celle qui nous fait entrer en grâce avec Dieu, dont saint Paul donne la notion, Heb., xi, 1, et dont il raconte les merveilleux effets dans l’Ancien et le Nouveau Testament, n. 4 sq. Deux sortes de foi sont à distinguer : la foi dogmatique, qui dit assentiment de l’esprit à une vérité, et dont l’efficacité s’applique directement à l’âme, tô 60fu.aTty.ov ryj-f/.a.xéSic.’ïvi rfjç’l’uyr, ; è’/ov Ttep’i toûûs tivo ;, xai (ôepeXe ; T^v tyvyrf/, n. 10, et la foi considérée comme don particulièrement gratuit du Christ, nous rendant capables de faire des miracles, tô èv /âoiTo ; u.épsc 7tapà toû Xpiiroû 8(i>po’Jw.evov…, r « 5v jTiàp cé/Opomov IvepYSTix^, n. 11. Distinction qui a son fondement dans saint Paul, Ileb., xi, 6 ; I Cor., xii, 9 ; et qu’on retrouve dans d’autres Pères grecs, comme saint Jean Chrysoslome, Honiil., xxix, in 1 Cor., n. 3, /’.’.'., I. iai. col. 215, et saint Jean Damascéne, De fide orlhodo.ra, 1. IV, c. x, P. G., t. XCIV, col. 1128. Elle n’a, quoi qu’en dise Rivet, aucune opposition avec la doctrine de l’Eglise romaine ; car elle équivaut simplement à la conception, familière aux théologiens catholiques, de la foi considérée comme donum gratum faciens ou donimt gratis datum. Au reste, c’est à la foi dogmatique que les catéchumènes doivent s’attacher :

Avez donc cette foi qu’il dépend de vous d’avoir et qui a Dieu pour objet, Tr, v rapà ireavTOÛ nfariv v » |v s !  ; otGïdv, afin de recevoir de lui, par surcroît, la foi qui opère les miracles, » col. 520.

A la base des dogmes qu’il faut croire. Cyrille place ùntes Ecritures, les livres divinement inspirés de

1 inien ei du Nouveau Testament, qui ont pour auteur un seul et même Dieu, iv, 23, col. 404, pour Inspirateur un seul et même Esprit-Saint, xvii, 5. col. 976. Table spirituelle on l’âme doit se nourrir, i, 6, col. 377 ; jardin fertile où, abeille diligente, elle doit cueillir le miel du salut, ei puiser une connaissanci de plus en plus parfaite des mystères de la foi, i. :  ;. xvii, 34, roi. 652, 1008. Toutefois, cette lecture doit se faire avec discrétion ; el c’est la ce qui amène le saint docteur a donner la liste des livrecanoniques, les seuls qu’il permette < ses auditeurs. Lui-même fonde Bon enseignement sur l’Écriture. Telles de

Chète » , pu exemple la xvr et la XTII* OÙ il traite du

Saint-Esprit, ne sont pour ainsi dire qu’un recueil, avec commentaire explicatif, des textes qui se rappoi i. ui m sujet dan i li tami ni Pai fois Il pai le

en tari ii’.t. prouvt r les

dogmi riture, qu’il semble exclure toute autre

source di la foi. De 14 viennent les attaques déjà si

Rivet en tête, contre

l’Église romaine, sur le canon de la sainte Église ou la suffisance et la nécessité de la Bible. Voir dom Touttée,

diss. III, h. loi, col. 287. La réponse à ces attaques el l’exposition de la vraie doctrine de saint Cyrille donne lieu i trois questions.

1. (’.a mm des saintes Ecritures, iv, 35, col. 500. — Pour l’Ancien Testament, vingt-deux livres ainsi divisés : a) douze livres historiques, le Penlateuque ou les cinq livres de Moïse, les Juges avec Ruth, les Rois en deux livres (I et II, III et IV), les Paralipomènes (I et 11), Esdras (I et II), Esther ; b) cinq livres écrits en vers, tx oi Tziyr^â, Job, les Psaumes, les Proverbes, L’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques ; c) cinq livres prophétiques, les douze petits prophètes, Isaïe. Jérémie avec Baruch, les Lamentations et la Lettre (dans la Vulgate, Baruch, c. vi), Kzéchiel, Daniel. Le tout entendu d’après la version des Septante que, suivant la légende d’Aristée, Cyrille tient pour inspirée. Par le fait même, il faut comprendre dans le livre de Daniel le cantique des trois enfants dans la fournaise, il, 16 ; ix, 3, col. 404, 640 ; l’histoire de Bel et du dragon, xiv, 25, col. 857 ; celle de Susanne, xvi, 31, col. 961. Pour le Nouveau Testament : les quatre Evangiles, à l’exclusion de tous les autres qui sont pseudépigraphes et pernicieux ; les Actes des apôtres ; les sept Epitres catholiques ; les quatre Epitres de saint Paul. « Que tout le reste soit mis [à part] au second rang, xà £è Xo171à Ttâvra [e ?o>] y.eidôco êv 5euTÉpo> ; et ce qu’on ne lit pas dans les églises, ne le lisez pas davantage en particulier. » Ta Se Xotroi, par rapport à ce qui précède, c’était pour l’Ancien Testament : Tobie, Judith, la Sagesse, l’Ecclésiastique et les Machabées ; pour le Nouveau, l’Apocalypse, cf. XV, 16, col. 892. Saint Cyrille avait dit auparavant, n : 35 : « Ne lisez rien des livres apocryphes, toW aTro/.p-Jcfiwv ; pourquoi vous fatiguer inutilement à lire ceux qui sont objet de controverse, irsp’i Ta ànï>iSa>.)6| ;.îV3c, vous qui ne connaissez pas ceux qui sont reçus de tous, ra napà 7râ<jiv 6u.o).oi ; o-J[jLsva ? » Phrase qui montre que, pour le docteur palestinien, le terme de livre apocryphe s’oppose à celui de livre canonique, reçu de tous et lu dans les églises.

Le canon des saintes Écritures d’après les Catéchèses de saint Cyrille n’est ni le canon actuel de l’Église catholique, ni celui des Églises protestantes ; c’est le canon palestinien au milieu du IVe siècle, c’est-à-dire à une époque où la controverse relative aux livres deutérocanoniques de l’Ancien Testament et de l’Apocalypse n’était pas encore terminée. Aussi Cyrille opposet-il les livres qu’il énumère, comme op.0XoY01Jp.Eva, universellement admis et lus dans les églises, aux àp.œiëx}.X6p.sva, livres contestés, qu’il met au second rang. Sur la particule llw et la note péjorative de dom Touttée, voir R. Cornely, Introductio gencralis, 2e édi t., Paris, 1891, p. 103, note 12. Au reste, l’auteur des Catéchèses, ne se fait pas faute de citer, textuellement ou par allusion, ces livres contestés de son temps, par exemple Sap., xiii, 5, dans Cat., IX, 2, 16, col. 640, 656 ; Eccli., iii, 22, dans Cat., vi, 4, col. 544 ; Apoc, v, 9 ; vi, 6 ; xii, 3 ; xvii, 9, dans CcU., x, 3 ; xv, 13. 22, 27, col. 661, 888, 900, 910. Voir en outre, dans l’édition des œuvres de saint Cyrille par Reisch et Rupp, l’Index locorum Scripturse sacrée a Cyrillo citatorum, t. il, p. 459 sq. Ajoutons enfin que, si le canon définitif de l’Église catholique n’est pas donné par le docteur palestinien, il n’en est pas moins virtuellement contenu dans le principe qu’il énonce : « Apprenez de l’Église quels sont les livres sacrés de l’Ancien et du Nouveau Testament, » n. 33. « Méditez soigneusement et pratiquez ceux-là seuls que l’Église elle-même lit en toute assurance, » n. 35. Ce principe, qui lui faisait admettre fermement les ànoXofO’jp.eva présentés par l’Église, vaudrait pour les autres, du jour où ceux-ci seraient universellement admis et proposés par l’Église à la foi de

afants. fidèle au principe de son docteur, l’Église

de Jérusalem admit la conséquence et compléta son canon scripturaire. Dom Touttée, loc. cil, , n. 100, col. 3

2. Suffisance et nécessité relative’dures. — Dans ses Catéchèses, saint. Cyrille se proposait d expliquer le symbole aux catéchumènes, et de leur fournir des armes pour défendre leur foi, non ntconlre

les gentils, dont les dogmes étaient d’invention humaine, mais encore contre les Juifs, les Samaritains et les hérétiques qui, rejetant l’autorité de l’Eglise catholique, admettaient cependant, en tout ou en partie, celle saintes Lettres, mais en les interprétant arbitrairement ou en y mêlant leurs conceptions personnelles. C’est de ce point de vue qu’il faut juger ces paroles, qui viennent immédiatement après le sommaire des vérités contenues dans le symbole : « Tout ceci, nous le développerons maintenant de notre mieux, avec la grâce de Dieu, en appuyant notre démonstration sur les Écritures. Car, lorsqu’il s’agit des sacrés et divins mysti de la foi, on ne doit rien avancer, sans les saintes Ecritures, ni se laisser entraîner par de pures conjectures ou des constructions artificielles, etc., » IV, 17, col. 170. II s’agit bien ici d’une vraie suffisance et d’une vraie nécessité des Écritures, mais relative, c’est-à-dire sur le terrain, où l’orateur s’est placé, des vérités fondamentales de la foi catholique, énoncées dans le symbole : vérités qu’on peut et doit, armés des livres divins, défendre contre tout tenant de ces inventions humaines, appelées ici même conjectures, constructions artificielles, verbosités, raisonnements humains où les sophismes se glissent, ttiÔocvùt^te ;, /o- ; <ov xaTaoxsuat, z.vpE<rioyla.i t KaTatrxEUïj ijo ?iijp.j.T( » v àv6pcoit£v(i>v. Tous les autres textes, compilés par Rivet, ne disent rien de plus, ou disent moins encore. La plupart ne contiennent qu’une manière oratoire d’affirmer, l’Écriture en main, le caractère divin et par suite obligatoire de la doctrine catholique ; tels v, 12 ; xii, 5 ; XIII, 8 ; xvii, 1, col. 521. 729, 781. 968. D’autres n’énoncent que l’inutilité, pour le salut, de problèmes plus relevés dont Dieu n’a pas ju_ propos de nous parler, comme le mode de la génération divine du Fils ou la nature intime du Saint-Esprit, xi, 12 ; xv, 2, col. 705, 920. Donner à ces passages un sens absolu, exclusif de toute tradition distincte de l’Écriture, c’est dépasser la pensée de l’orateur et le mettre en contradiction avec lui-même ; car, parmi les anciens Pères, il n’en est pas qui ait allégué plus de traditions proprement dites que saint Cyrille, et qui en ait affirmé la valeur plus souvent et plus énergiquement, qu’il s’agisse de traditions disciplinaires ou de traditions doctrinales. Voir plus loin, col. 2559 ; dom Touttée, col. 290 sq.

3. Rapport des Écritures « ?< magistère de l’Eglise.

— Cette question n’a pas été traitée spéculativement par l’auteur des Catéchèses, mais on peut dire qu’il l’a tranchée pratiquement, en vertu des principes qui précèdent. Pour lui, d’abord, l’Église est l’autorité chargée de nous certifier authtntiquement les Livres saints : ’ETrt’yvtoÔi rcapà tîjç’ExxXïjttîaç, Troîa ;, etc. Le chrétien, comme enfant de l’Église, doit s’en tenir à ce qu’elle a défini : Ei ojv, té/vov -y-, : ’ExxXyjaïa ; ù’v, ur, -apayâpaTTE to-j ; OstijioO ;, îv. 33. 35. col. 496 sq. En second lieu, l’Église est l’autorité chargée de nous transmettre et de nous proposer la révélation : la foi que les catéchumènes doivent apprendre et professer, c’est assurément une foi fortifiée par l’Écriture entière, mais telle que l’Église la leur présente, p.6*VT)v - : i ; i ûwô tt, ; ’ExxXY]ff(a( vjvc’ffoi 7rapaôc80(JL6Vï)V, tyjv Èx -i-7.’. ; 1 ?* ?’, ; (oxvp « »(iivr|v, v, 12. col. 520. Enfin c’est l’Église catholique qui, comme telle, a pour mission d’enseigner universellement et sans erreur tous les dogmes qui doivent être connus des hommes, XVIII, 23, col. 1044. Lussi, pour prémunir ses ouailles contre l’hérésie qui abuse des Écritures, par des sélections arbitraires ou

des interprétations fausses, Cyrille leur recommandet-il instamment de rester toujours fermement attachés à la sainte Église catholique, dans le sein de laquelle ils sont régénérés, xviii, 14, 26, col. 1032, 1048. Prémisses qui contiennent clairement cette conséquence : l'Église, autorité chargée de nous certifier les Livres saints et de nous proposer infailliblement la révélation, est par le fait même l’interprète authentique de ces mêmes livres, source pour nous de la révélation divine. Schwane, t. iii, p. 424.

Théodicée.

La notion de Dieu, avec tous les

attributs que la philosophie et la théologie chrétiennes revendiquent pour lui, apparaît d’abord brièvement, mais nettement esquissée dans la catéchèse iv, n. 4sq., col. 457. Le développement suit dans trois catéchèses : la vi E, sur l’unité de Dieu, eî? k’va Osov ; la viiie, sur son souverain domaine et son universelle providence, TtavToxpaTopa ; la ix c, sur son titre de créateur de toutes choses, jroiYjTTiv o-ipavoû xai yf, :, etc. Des morceaux d'éloquence populaire vraiment remarquables ont été signalés dans ces pages, en particulier la preuve d’une puissance et d’une sagesse divine par la considération de l’ordre qui règne dans le monde. Ce que saint Cyrille dit de la manière dont nous connaissons Dieu mérite aussi d'être mentionné. Dieu est incompréhensible, même pour les anges au ciel ; seuls le Fils et le Saint-Esprit partagent avec le Père la connaissance adéquate de l’Etre infini, VI, 2, 6, col. 510, 515. L’auteur des Catéchèses affirme cettedoctrine et la développe avec une insistance qui s’explique par l’existence, à la même époque, de l’erreur opposée chez les anoméens. Mais si notre idée de Dieu n'énonce pas proprement ce qu’il est, o-jyàp tô xl É<m Osa ; s^yo-Ju^a, il ne s’ensuit en aucune façon que nous ne sachions rien de lui : « De ce que mes yeux ne peuvent embrasser le soleil dans toute son amplitude, m’est-il donc impossible de le voir dans la mesure qui suffit à mes besoins ? » IbicL, 2. 5. Reste, en effet, la connaissance de Dieu qui se tire des œuvres divines, de leur grandeur et de leur beauté en qui se rellètent la puissance et la sagesse du créateur. Sap., xiii, 5 ; Ps. ClU, 24. Connaissance proportionnée d’ailleurs à la façon dont nous contemplons

reflets divins ; plus cette contemplation est sublime, plus parfaite aussi est l’idée que pou s nous faisons de Dieu, ix, 2, col. 6U). Ainsi, connaissance de Dieu imparfaite, mais vraie (connaissance analogique), par le moyen des œuvres divines, les créatures, ïv. rcôv epywv t<3v Bef/ov, ïv. -.{) ! 7.x : ni.-j.-.uvi. Nulle (race, dans les Catéchèses, d’une connaissance de Dieu innée ou immédiate, Schwane, t. ii, p. 37.

La réfutation des erreurs opposées à la vraie nature de liii u.i à ses attributs, anthropomorphisme, idolâtrie, dualisme, amène saint Cyrille à donner à ses auditeurs quelques détails historiques sur plusieurs hérésiarques des premii I, Simon le Magicien, Cérinthe, Mé nandre, Saturnin, Basilide, Valentin, et surtout Manès.

par P. G-onnet, dan j la III « partie de son étude, sous ce

a, , n ii, hæretibus dignoscendit Catéchèses habeant. Biles onl été critiqm ni par

Plitt, p. 58 q. l n réalité, l’appoint apporté par le docteur palestinii n à l’histoiie di ces héré ïii est, sauf quelques détails, de moindre importance, d’autant plus qu’on ignore li et la valeur di

dont il affirme i, vi, 84, col, 600.

La ; de ainl Cyrille sut

ne fondamental du christianisme est contenue en

quatre endroits principaux. Dans la catéchèse iv, il

en premii re ligne, parmi li i objets de la foi

m salut, Dieu le P< ! a Fils

uniqu ni l sprit, ii, 't. 7, 16. Dan 1 1

vu, il développe le mol ittrripct, en établislanl que Dieu, le créateur du cii I i I de la

réellement et véritablement le père de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Dans la catéchèse xi, sur ces mots : to-> uîbv to0 ©sou tov fj.ovoycv-? (, il démontre la filiation naturelle et l'éternelle génération de Jésus-Christ, considéré dans sa nature divine. Dans les catéchèses xvi et xvii, il traite longuement du Saint-Esprit. Après avoir résumé la doctrine catholique et les hérésies opposées, et expliqué les mots m/sû^a et jrapâxXïjTov, il développe les nombreux témoignages de l’Ancien Testament qui se rapportent à la troisième personne, l’Esprit sanctificateur de tout ce que Dieu a créé par son Verbe, illuminateur des justes, inspirateur des prophètes. Même revue pour le Nouveau Testament, depuis la descente du Saint-Esprit sur la très sainte Vierge Marie et l’humanité du Sauveur jusqu'à sa pleine effusion, au jour de la Pentecùte, et les merveilles qu’il opéra dans les apôtres et les premiers chrétiens. De tout cet ensemble et de quelques autres paroles dites ailleurs se dégage une doctrine pleinement orthodoxe sur les points essentiels du mystère : distinction et unité, divinité du Fils et du Saint-Esprit, consubstantialité.

[.Distinction et unité. — Rien déplus net que le passage où, parlant de la formule du baptême qui comprend l’Esprit-Saint avec les deux autres personnes, l’orateur poursuit : « Notre espérance est dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Nous ne prêchons pas trois dieux, silence aux marcionites ! nous prêchons un Dieu unique, par le Fils unique, avec le Saint-Esprit. Indivise est la foi, indivis le culte. Nous n’admettons dans la sainte Trinité ni séparation, comme certains (Arius et ses partisans), ni confusion, comme Sabellius, » XVI, 4, col. 921. Aussi, en ces trois tout est un : l’action rédemptrice, la puissance, le rapport à notre foi : [j. ; a yàp ï) erioTYipi’ot, i.iy. r, S’Jvaix'.ç, |jua r, nlev.ç, xvi, 24, col. 953.

2. Divinité du Fils.

« Croyez aussi au Fils de Dieu, le seul, l’unique, Notre-Seigneur Jésus-Christ, Dieu né de Dieu… Car le Père, étant vrai Dieu, a engendré le Fils à sa ressemblance, vrai Dieu lui-même, » ïv, 7 ; xi, 9, col. 461, 700. La divinité de la seconde personne résulte donc de sa filiation à l'égard de Dieu le l'ère. Filiation vraie et naturelle, Dieu étant Père par nature et en toute vérité, piJorei /.où àXr|6eta ; il engendre un vrai (ils, un fils naturel, qui n’est pas élevé de la condition de serviteur à celle de fils adoptif, mais qui éternellement est né Fils, en vertu d’une génération spirituelle, transcendante et à jamais incompréhensible à tout esprit créé, VII, 5 ; XI, 'i, col. 609, 091. Filiation parfaite, comme la génération divine elle-même, le Père ayant engendré le Fils, qui lui est en tout semblable, rbv Spotov xa-rà it^vravû yîvvtjOwvti, iv, 7 ; xi, 18, col. 161, 713. l'ère parfait qui engendre le Fils parfait, en lui communiquant absolument tout, TtivTd itocpaSoù ; tû Y s Y evv 1l*^ vt !, i VII, 5. Ils possèdent

donc une seule et mê gloire, ixfav y.3. -.-> « ût^v, vi, 1,

col. 540. En un mot, c’est de la divinité même du Pi re, tî ;  ; Bediritoç t> : iraTpixrjc, que le Fils unique, en union le Saint-Esprit, est participant, i. (i. ml. 548. Cette franche doctrine, plusieurs fois répétée, notre docteur la complète par une égale réprobation des formules ariennes, | < | > qs sabellienn*

jamais : ||/ ', , --_ 0( J X ; 7, |', ;  ;, il fut un temps OÙ le

Fils n'était pas ; n’admettons pas de fllio-paternité,

vio-JT’iji’i : suivons la voie royale, sans décliner ni a

gauche, ni à droite… En un mot. ni séparation, m confusion, mdisons pas que le Fils est autre chose que |e Père, iXXdîpiov to0 II*?', -, ;, mais n’acquie

us qui prétendent que h Péri tantôt Pi i ' et tantôt Fils ; liétérodoi

impies, ei non doeli ne de M 17. IS,

col, 712 sq,

Divinité '" Saint Esprit Elle i i suffi ïammeni

contenue dam ce qui a été dit de la distinction et de

l’unité des trois personnes, et pins particulièrement dans la phrase où saint Cyrille montre le Fils participant à la divinité même du Père, avec le Saint-Esprit, Mais comme la troisième personne n’est pus Fils, sa divinité doit nous apparaître sous un autre titre que celui de la génération. Elle vient de sa nature même, mystérieuse, il est vrai, mais révélée par ses propriétés et ses opérations : l’Esprit est l’universel sanctificateur et déificateur, tô Ttavrtov &Y’a9U %àv xa’- Beototdvj quelque chose de proprement divin, et d’inénarrable, 8eï<5v « /.ai àvsÇtxvfaffrov, IV, 1(5 ; XVI, 3, col. 476, 920. Comme le Fils, il est donc en dehors de toute la sphère des créatures, viii, 5 ; XVI, 23, col. 629, 952. A lui, comme au Fils, est réservée la connaissance adéquate du Père, vii, 11 ; xi, 12, col. 617, 951. Sa divinité apparaît encore par ses rapports avec les deux autres personnes. « Le Père donne au Fils, et le Fils communique à l’Fsprit-Saint, » xvi, 24, col. 952 ; formule qui contient implicitement le dogme de la procession ab utroque. Aussi le Saint-Esprit est-il inséparahlement uni au Père et au Fils en tout, dans leurs opérations ad extra, 6 iza/zrfi Si’Yîo’j, <tjv âyiM IIvc’j(j.aTi, Ta Tiâvia j^apiÇeTat, ibid., comme dans leur vie ad intra, ndevroTe Ilarp’i /.ai Vîà> <juu.7rapdv, XVII, 5, col. 973. La suprême glorification s’adresse à lui, comme aux deux autres, indivisihlement et indistinctement, XI, 24 ; XVI, 4 ; xvii, 38, col. 723, 922, 1011. Doctrine d’autant plus notable, que saint Cyrille prononça ses Catéchèses avant l’apparition de l’hérésie macédonienne et des lettres de saint Athanase à Sérapion.

4. Consubstantialilé.

L’6[j.oo’jctio ; ne se trouve pas, on l’a déjà vii, dans les Catéchèses. « Soit calcul de prudence, soit défiance instinctive du mot, soit d’autres raisons encore ignorées, il s’en est visiblement interdit l’emploi. » Bardenhewer, loc. cit. De ces raisons quelques-unes peuvent en toute vraisemblance se présumer. Dans ses instructions adressées à des catéchumènes, Cyrille n’emploie que des termes vulgaires, et s’abstient des termes pbilosophico-théologiques. De plus, voyant en face de lui des adversaires qui précisément abusaient de termes empruntés à la philosophie ou contestaient la légitimité de certains autres, il semble avoir eu pour principe de s’en tenir, dans la mesure du possible, aux expressions scripturaires, ou du moins usitées dans l’Église de Jérusalem, dont il explique le symbole ; or l’ôarjoûuto ; n’était pas dans ce symbole, et beaucoup le niaient alors ou le tenaient en défiance. Voilà sans doute pourquoi la doctrine du catéchiste palestinien revient aux formules antiques : un seul Père, un seul Fils, un seul Saint-Esprit ; autre est le Père, autre le Fils, autre le Saint-Esprit ; les trois n’en possédant pas inoins une seule et même divinité. Mais si le terme manque, l’idée qu’il consacrait est certainement contenue dans la doctrine cyrillienne ; c’est ce qui ressort de l’exposé qui précède. On peut donc conclure avec un protestant de marque : « Le mot ôtxoojdio ; manque seul, en fait, Cyrille est orthodoxe. » Harnack, Lehrbuch der Dogmetigeschichte, 3e édit., t. il, p. 241, note 1.

5. Objections.

a) Saint Cyrille partage les opérations divines ad extra, et les attribue aux trois personnes séparément : le Père se sert du Fils pour créer, et celui-ci fabrique le monde sur l’ordre de Dieu ; à son tour l’Esprit sanctifie tout ce que Dieu a fait par le Christ, xi, 21, 22 ; xvi, 3, col. 719, 720, 920. Conception qui semble inconciliable avec la stricte unité de nature. — Réponse. — Rien, dans le contexte de ces passages, qui rappelle la thèse arienne du Verbe créé par le Père pour lui servir d’instrument dans la production du monde, ni la thèse semiarienne de l’Esprit créé par le Fils comme instrument de sanctification ; par ailleurs, la doctrine générale de Cyrille est formellement contraire. Aux endroits objectés, le saint doc teur parle suivant la loi commune des appropriât fondée sur l’Écriture, Rom., xi, 36, et familière aux Pères les plus orthodoxi - omme avant le con cile de Nicée : Ex Pâtre (volente per I ilium (nperanteni ) in Spiritu Sancto [consunimanle). Pour s’assurer que telle est bien sa pensée, il suflit de recourir aux nombreux passages des Catéchèses où l’unité et l’inséparabilité d’action est formellement attribuée aux personnes divines. Le texte johannique : Ego et Pater unwm sumus, est ainsi commenté : « Ils sont parce qu’il n’y a entre eux ni discordance, ni séparation, les volontés du Père et celles du 1 ils étant les mêmes. Ils sont un, parce que les œuvres de l’un sont les œuvres de l’autre ; unique est l’action productive de toutes choses, jj.ta - ; ap r, kixvtuv BrjUi’oupY’a, M- 17, col. 712. Aussi le Fils n’est pas, par rapport au Père, un simple ministre chargé d’exécuter un mandat, mais un coopérateur, 6 Kûpcoç 6 TtTiIIarv. (ruvepY « Çô(i£voç, x, 6, col. 668 ; Homil. in paralyt., n. 5, col. 1137. Et ce qui est vrai du Père et du Fils, l’est également du Saint-Esprit, xvi, 24 ; xvii, 5, col. 953, 976. Voir dom Touttée, diss. III, n. 7, col. 173.

b) Saint Cyrille appelle Dieu le Père, le chef du Fils, xi, 14, col. 708 ; réciproquement, il nous montre le Fils soumis au Père, lui obéissant de toute éternité, x, 9 ; xv, 30, col. 672, 912 ; bien plus, il lui attribue également de toute éternité, et par conséquent en le considérant comme Verbe, le titre de Christ et la qualité de souverain prêtre, x, 4, 14 ; xi, 1, col. 664, 680, 692 ; doctrine arienne, ou à tout le moins subordinatienne. — Réponse. — Dans le premier passage, le mot chef, neçoXr), est l’équivalent de àp/r, , principe : y.Eça’/r, toû ï"io-j ô Ilar-ip, p.îa r, àp/r, ; il signifie, comme le contexte le prouve, le simple rapport d’origine qui existe entre le Père éternel et son Fils, vrai Dieu comme lui. Et parce que le Fils n’a rien qu’il ne tienne du Père, en lui toute volonté vient du Père et tend au même terme, ou plutôt c’est la volonté même du Père communiquée au Fils, et par lui tendant à son terme. C’est en ce sens absolu que le Fils fait de toute éternité ce qui plait au Père, et que les volontés de l’un et de l’autre sont une seule et même chose, êv x.a to aOto, xv. 25, col. 905. Conceptions communes aux plus grands défenseurs de l’orthodoxie nicéenn^, et qui n’ont rien à voir avec la notion d’obéissance et de soumission qui s’applique aux créatures.

La théorie de saint Cyrille sur le sacerdoce éternel du Christ, théorie qu’il semble tenir d’Eusèbe de Césarée, Demonstralio evangelica, 1. IV, c. xv ; 1. V, c. ni. P. G., t. xxii, col. 293, 315, est plus obscure, parce qu’il l’énonce d’une façon concise, en renvoyant ses auditeurs à un autre sermon (non conservé) qu’il avait fait le dimanche précédent, x, 1 i. L’affirmation se réduit à ceci : le Christ a été oint comme souverain prêtre par Dieu lui-même et éternellement, non par les mains des hommes, ni dans le temps. Mais le rapprochement de plusieurs textestament à distinguer une double consécration : la première éternelle, où il est constitue prêtre, x, 4, 14 ; la seconde temporelle, qu’il reçoit comme homme et sauveur du genre humain. XXI, 2. col. 1089. Dans les deux cas, ce que notre docteur oppose à l’huile sainte qui sacre les prêtres humains, c’est la divinité même. Qu’entendre par cette consécration éternelle que Jésus tient du Père ? La réponse est donnée dans le premier passage, x, 4, le plus important de tous, mais d’une interprétation difficile que complique encore une divergence de texte : Xow-’o : naXeîtai, ou /epaV/ àv9p’j>7t(vai{ xs/paa-iisvo :. à/./’ûwb to0 FlaTpo ; àVûf(o ; si ; tt, v imïp [avûstonov, OU àvGpoWiov] àp/iïpwcrûvY |v yp ; <70= ::. La première partie va de soi : « Il s’appelle Christ ; oint non par des. mains humaines, mais par le Père, dès l’éternité. » Ce qui suit reste ambigu. Dom Touttée s’arrétant à la leçon : ùrâp xvQpomov, traduit 550

ainsi : Sed sélénium a Pâtre in sacerdotium humanis rébus superius perunctus ; oint éternellement par le Père pour un sacerdoce supérieur aux choses /iwmaines. L’autre leçon, ÙTtàp àvôpumwv, soutenue par les imprimés et par des manuscrits, donne ce sens, plus naturel : « oint prêtre éternellement par le Père, pour les hommes (on behalf of men, traduction Gilford). » Il ne s’agit plus d’un sacerdoce transcendant dont le Verbe remplirait les fonctions au ciel de toute éternité, mais d’un sacerdoce comme le nôtre dont il n’exercera les fonctions qu’ici-bas, pour les hommes et au nom des hommes. Seulement le Verbe n’est pas dit prêtre par simple destination, en vue de l’union hypostatique éternellement décrétée ; il en a déjà le fondement et le titre, éternellement sacré qu’il est par la divinité qu’il reçoit du Père. Suarc-z, De rncarnatione, disp. XL VI, sect. il, n. 4 ; Schwane, t. ii, p. 197. Telle est, semble-t-il, la conception cyrillienne. Rien qui sente l’arianisme, ni même un subordinatianisme réel. Il y a cependant inexactitude théologique sur un point : le sacre de Jésus-Christ, comme souverain prêtre, n’a pas lieu de toute éternité, en vertu de la simple communication que le Père fait au Fils de sa divinité ; même dans l’hypothèse de l’incarnation décrétée, ce sacre a lieu dans le temps, au moment où, le Verbe s’unissant hypostatiquement une nature humaine, le Christ commence à exister. C’est alors seulement, à proprement parler, que le Verbe est devenu Christ et prêtre. Comparer le 'lOanathématismr de saint Cyrille d’Alexandrie, cité plus haut, col. 2511. Ceci admis, il n’est pas vrai de dire avec dom Toulliss. III, n. 21, col. 188 sq., que la théorie du docteur palestinien vient d’une notion peu exacte, minus accurata, du sacerdoce ; elle semble venir uniquement d’une confusion entre le titre réalisé de souverain prêtre et le fondement éternel du titre, pris du côté du Verbe prédestiné à l’union hypostatique.

c) Cyrille attribue au Saint-Esprit des opérations qui ne conviennent pas à la divinité, comme d’intercéder pour nous, ou de coopérer par ses prières à la rémission des pêches, xvi, 20 ; xvii. 9, col. 948, 980. — Réponse. — L’objection suppose une fausse interprétation des pasincriminés. Dans le premier, l’orateur cite simplement les paroles de saint Paul, Rom., VIII, 26 : Jpse Spiritus intercéda pro nobis gentilibus inenarrabilil >Ks : paroles qui doivent s’entendre par métonymie, suivant l’explication plusieurs fois donnée par Cyrille lui-même à propos d’autres textes, par exemple xvi, 12, 2.".. wn. 2. 12. col. 933, 953, 969, 985. Dans 1 autre passage, il n’attribue pas les prières au Saint-Esprit, mais il rapporte l’interprétation donnée de Matth., m. 16, par quelques Pères : interprétation qui vise l’humanité de Jésus-Christ ou l'Église L’Esprit peut coopérer à leurs prières, dans le même sens qu’il est dit gémir en nous. Dom Touttée, col. 197.

i Incarnation et rédemption. — Sujel traité dans cinq La v a pour objet la personne qui

incarnéi Kal ei ; iva K£ptov 'It)00Ov Xpistév. La xii p., lie -mle lut même de l’incarnation, ottOxcoScVra fav8pwirfaavToi, prouvée par li Écritures

et justifiée par les motifs qui l’ont occasionnée. La xiii" el la xr. se rapportent, l’une à la passion et à i pulture du Sauveur, TravpuOivta xal -.'x-.ii-y. ; l’autre a i. àvaoravta, etc. ; vérités dont l’orateur m-i.li/' par le lieu ou il -.- trouve, parle grandement et noblement, lei établissant comme bits réels et les rapprochant de nombreuses circonstances prédites dans l rne n 1 1 itament dam li Nou < ni. La w

concerne le recoud avènement du Christ et son triomphe

lill. il. //./., r. ele. A relie r, i ( i-i..||. ^ ; illll

Cyrille accentue i es mots du symbole de ion 1

noanifi itemenl

l’erreui récent) di Marcel d încyre, n. 17, col. 909, La christologie du docteur palestinien répond > i en seignement catholique : sa doctrine s’oppose, avec une netteté remarquable, à ce qui, près d’un siècle plus tard, s’appellera le nestorianisme et l’eutychianisme ; on a pu comparer ses assertions avec les anathématismes de son homonyme d’Alexandrie. Mader, p. 95. Non seulement il affirme la divinité de Jésus-Christ et son identité personnelle avec le Verbe, Fils naturel de Dieu, îv, 9, col. 465 ; mais il insiste encore très vivement, sans doute à cause des erreurs de Paul de Samosate (voir, dans l'édition de Jérusalem, la note sur la catéchèse x, n. 5), sur l’unité du sujet auquel se rapportent les appellations de Fils de Dieu, Seigneur, Christ et autres qu’on lit dans la sainte Écriture : « Xous disons un seul Seigneur Jésus-Christ, pour que la filiation soit unique, » x, 3, col. 662. Il réprouve ceux qui ont osé parler d’un homme déifié, d’un homme glorifié en récompense de ses mérites, quand c’est le Verbe préexistant qui s’est fait homme, xii, 3, col. 729. A ces blasphèmes il oppose la foi en un seul et même Verbe, en un seul et même Christ, fils de Dieu et fils de David ; né une première fois du Père, et une seconde fois de la Vierge, xi, 5 ; XII, 4, col. 696, 729. Aussi Marie est-elle la Vierge mère de Dieu, IlapÔsvo ; r Gsotô/.o ;  ; et Jésus est le Dieu né de la Vierge, tbv èx IIap6=vcej yev-V 7]8évta Beâv, x, 19 ; XII, 1, col. 685, 725. La catéchèse xiii est tout imprégnée d’un langage qui ne s’explique que par l’union hypostatique et la communication des idiomes : sang du Fils unique ; le Seigneur jugé', raillé, crucifié ; le Fils de Dieu, Dieu lui-même soutirant, mourant, etc.

L’intégrité de la nature humaine du Christ n’est pas moins énergiquement maintenue. Le Verbe a pris une humanité soumise aux mêmes affections que la nôtre. ty|V ô^otoTtaôr, Torj-ï]v $](ûv. D’où non pas deux Christs, mais un Christ double en sa nature, StnXoûc r, v ô Xpiordç : homme par son côté visible, Dieu par son côté invisible. Cf. Homil. in paralyt., n. 6 : y.axi ri jtèv àvOpwttov, xatâ ti ôk Qeôv, col. 1137. A ces deux natures correspondait une double série d’opérations : celles de l’homme qui, comme nous, mangeait et dormait ; celles du Dieu qui marchait sur des eaux et nourrissait cinq mille hommes avec cinq pains, iv, 9. col. 166 sq. Mais sa naissance humaine, si réelle qu’elle ait été, devait elle privilégiée, yevvvjÔelç il àyla ; IlapÔEvov "/.ai âyiou IIveû[j.afoi ;. Ihttl. Cette affirmation de la conception virginale que saint Cyrille met dans son résumé des dogmes fondamentaux, il la répète en l’accentuant dans la catéchèse sur l’incarnation ; il l’appuie sur la prophétie dlsaïe, sur la doctrine évangélique et sur la foi de l'Église qui traite en hérétiques ceux qui font du Christ le fils d’un homme ; il en défend la possibilité contre les sarcasmes des Grecs et des Juifs, xii. 2, 3. 21, 27 sq., col. 728, 753, 760. Ailleurs enfin, il pal la sanctification extraordinaire que le Saint-Esprit opéra en Marie au moment de l’incarnation, pour la rendre digne de concevoir Jésus-Christ, xiii. 6, col, 975.

I.a sotériologie du docteur palestinien, romne christologie, donne l’enseignement catholique de son temps, exposé dune façon oratoire et populaire. Sa conception de l'œuvre rédemptrice apparaît surtout quand il développe les motifs de l’incarnation. Beau coup sont lues de l’excellence et de l’efficacité d’une rédemption opérée parle Verbe lait chair, xii. 13-15. col. 740 sq. Devenu semblable è noua, le Verbe divin sérail : i notre portée ; nous pourrions le voir, et il pourrait nonInstruire plus facilement. Dana sa nature humaine, il pourrait sanctifier le baptême en le

int. n se servirait, pour nous sauver, des n .ô met dont le d< mi n pour nou

à la vierge Eve, principe de mort, succéderait la vi i.ue. principe de vie ; à l’idolvtrie rerail substituée i adoration l< gitime de l’Homme-Dieu. Sous ces dehors

humains, le Fils de Dieu pourrait tout à la fois souffrir et tromper le démon, qui n’oserait pas s’approcher de lui, s’il le connaissait. Mais tous ces motifs, plus ou moins secondaires, en présupposent un autre, incontestablement plus important aux yeux de notre docteur : le propter nos et propter nos tram salulem des symboles de Nicée et de Conslantinople ; motif premier et principal que Cyrille énonce tout d’abord dans son sommaire de la foi : « Croyez que ce Fils unique de Dieu est descendu des cieux sur la terre pour nos péchés, » iv, 9, col. 465 ; ou, comme il l’explique plus loin, xii, 5-8, col. 729 sq., pour remédier aux maux de l’humanité, provenant de la chute originelle et de l’universelle corruption des descendants d’Adam. Maux tels qu’il était impossible à l’homme d’y trouver un remède, àoio^OioTov r, (ifv tô xaxôv. Jésus, étant Dieu, pouvait guérir et racheter le genre humain ; nouvel Adam, il pouvait réparer les ruines causées par l’ancien ; en s’offrant lui-même pour rançon, Éa-JTov àvTt'/.-jTpov itapaSo’jç, il pouvait réconcilier les hommes avec Dieu, xin, 2, col. 773. Et telle a été son œuvre ; il a été vraiment crucifié pour nos péchés, et ce n’est qu’après avoir payé ainsi notre rançon qu’il est remonté aux cieux, iv, 10, 13, col. 468, 472.

Toute cette doctrine, où se trouve si clairement comprise l’idée d’une rédemption ou satisfaction par substitution volontaire d’une victime innocente et divine aux hommes coupables, est comme couronnée par un teste particulièrement remarquable. « Le péché nous avait faits ennemis de Dieu, et Dieu avait décrété la peine de mort contre les pécheurs. Il fallait donc de deux choses l’une : ou que Dieu, fidèle à sa parole, fit périr tous les hommes, ou qu’usant de clémence, il cassât la sentence portée. Mais admirez la sagesse divine, qui a su tout à la fois respecter la sentence et donner libre cours à la bonté. Le Christ a pris sur lui nos péchés et les a portés sur la croix, pour qu'étant morts au péché par sa mort, nous vécussions dans la justice. Elle n'était pas vulgaire la victime qui mourait pour nous ; ce n'était ni une brebis sans raison, ni un simple homme, ni même un ange ; c'était Dieu 'fait homme. Grande était l’iniquité des pécheurs, mais plus grande encore la justice de celui qui mourut pour nous, etc., » xiii, 33, col. 812. Affirmation manifeste de l’infinie satisfaction de Jésus, par voie de substitution volontaire ; comme le reconnaît, entre autres protestants, Plitt, p. 120 : Quse quum ila sint, dubitari nequit, quin doctrina de satisfaclume Christi vicaria inde a sseculo quarto in Ecclesia riguerit. Voir, sur cette doctrine de saint Cyrille, Schwane, t. ii, p. 402 ; J. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 166.

Anges.

Saint Cyrille n’a pas de catéchèse spéciale

sur les anges, mais il les mentionne souvent d’une manière incidente. Esprits créés par Dieu en nombre incalculable, soumis au Fils comme. ses créatures, soumis également au Saint-Esprit que Dieu leur a donné pour chef, pour maître et pour sanctificateur, x, 10 ; xv, 24 ; xvi, 23, col. 673, 904, 951. Notre docteur ne parle pas de hiérarchies, comme l’Aréopagite, mais bien de chœurs angéliques, /opouç àyfs)>ixo-j ;. Proc., 15, col. 557. Ils sont énumérés ainsi dans la préface de la messe cyrillienne : anges, archanges, vertus, dominations, principautés, puissances, trônes, chérubins et séraphins, xxiii, 6, col. 1113. Ailleurs, rémunération n’est pas aussi complète et diffère même dans les détails, comme dans l’endroit où l’orateur nous montre ces esprits plus ou moins élevés dans le ciel, suivant qu’ils appartiennent à un ordre plus ou moins parfait, xvi, 23, col. 949. Les bons anges voient Dieu ; mais non pas tel qu’il est, où xaOtô ; koxw 6 0edç ; le contexte montre que cette expression exclut seulement la vision compte hensive, réservée au Fils et au Saint-Esprit. La

vision angélique comporte elle-même des degrés, proporlionnée qu’elle est à la capacité du sujet, plus parfaite dans les archanges que dans les anges du premier chœur, et ainsi de suite : za-à -ro |tétpov tï, ; ol/.ei’a ; Tiçeu) ; ÊxaffTOC, l. 6 ; vu. 11, col. 545, 617. Par rapport aux hommes, et plus particulièrement aux fidèles marqués du sceau du Christ, ces bienheureux esprits sont des protecteurs et des arnis : ils désirent notre salut et s’en réjouisssnt, ils nous défendent contre les démons et cherchent à nous faire du bien, ayyeXov àya00710tiv, i, 13 ; iv, 1, col. 369, 373, 456. Au jour du grand jugement, ils seront les ministres du Sauveur glorieux et formeront sa cour, pour assister au couronnement des justes et au châtiment des pèche xv, 24, col. 904.

Tous les anges furent créés bons ; les mauvais sont devenus tels par leur propre volonté, à la suite de Satan, archange qui tomba par orgueil et entraîna dans sa chute un grand nombre d’autres esprits, il, 1. col. 358. Irrémédiablement endurci et condamné à jamais, iv, 1, col. 453, Satan, appelé aussi le diable, est le grand ennemi des hommes ; c’est lui qui lit tomber et chasser du paradis terrestre nos premiers parents, et depuis lors il reste, aidé des invisibles puissances du mal, le mauvais conseiller, l’instigateur de tous les péchés, le fourbe qui se transforme en ange de lumière pour séduire ceux qui mènent une vie angélique, l’esprit immonde qui peut aller jusqu'à la possession physique des corps et des âmes, mais qui ne peut vaincre ceux qui résistent à ses suggestions perverses, ii, 3, 4 ; xvi, 15, col. 385, 940. Les chrétiens surtout ont contre lui des armes invincibles dans les exorcismes de l'Église et ses sacrements, iv, 13 ; xiii, 36 ; xix, 2 ; xx, 3 ; xxii, 7, col. 472, 816, 1068, 1079, 1101.

Deux passages du docteur palestinien restent difficiles et ambigus. Le premier est relatif à la spiritualité des anges. On lit, à propos des diverses acceptions du mot irvE-j[xa, cette assertion : « En général, on donne le nom d’esprit à tout ce qui n’a pas de corps épais. Les démons n’ayant pas de ces sortes de corps, TO'.aûTa <7a>ixaxa, s’appellent esprits, >. XVI, 15, col. 940. Ailleurs Cyrille semble supposer que le prophète Daniel vit sensiblement l’ange Gabriel dans sa forme propre ; il dit encore que les vierges brilleront au ciel comme les anges, et que les saints ressuscites recevront des corps célestes pour pouvoir converser dignement avec les anges, ix, 1 ; xv, 23 ; xviii, 19, col. 640. 901, 1040. Beaucoup d’auteurs concluent de tout ceci, qu’il partagea le sentiment, alors très répandu, d’après lequel les anges seraient doués de corps subtils. Dom Touttée, col. 939, note 1 ; Schwane, t. ii, p. 355, Interprétation probable, mais non certaine ; car dans les passages qui s’appliquent aux bons anges, les trois derniers, nulle part il n’est dit ni même rigoureusement supposé que, dans leur forme naturelle, les ai aient des corps proprement dits ; dans le premier passage, qui est le principal, saint Cyrille ne parle que des démons, considérés, semble-t-il, plutôt dans leurs rapports avec les hommes qu’en eux-mêmes, d’une façon absolue.

L’autre passage se rapporte aux péchés des an_ Parlant de la miséricorde divine, le saint docteur ajoute incidemment : « Nous avons dit quelque chose de ce qui a été écrit sur la bonté de Dieu à l'égard des hommes. Mais nous ignorons tout ce qu’il a pardonné aux anges, car il leur pardonne aussi. ovyxtùpsX àp xàxeivoiç ; seul Jésus est sans péché, lui qui nous purifie du péché, » ii, 10, col. 393. Paroles très diversement interprétées. Suivant les uns, Cyrille ne parle ici que des bons anges, puisqu’il prétend donner des exemples de pénitence, il suppose donc qu’ils peuvent encore commettre des fautes légères dont ils obtiennent

le pardon par les mérites de Jésus-Christ. Dom Toultée, diss. III, c. v, col. 197 ; Schwane, t. ii, p. 365. Suivant les autres, il ne s’agit que des anges pécheurs, punis par Dieu moins sévèrement que leurs péchés le méritaient. Dom Ceillier, a. 1, n. 6. Suivant une dernière opinion, Cyrille veut dire, ou que les bons anges avaient commis quelque péché, inconnu de nous, et que Dieu le leur avait pardonné, où même simplement qu’ils pouvaient tomber, comme les démons, et qu’ils sont redevables de leur persévérance à une miséricorde spéciale de la part de Dieu. Grancolas, p. 57, note 20. Aucune de ces interprétations n’est certaine. La première est très difficile à concilier avec ce que l’auteur des Catéchèses, expliquant ailleurs ces paroles de l’oraison dominicale : Fiat volunlas tua, quemadrnodum in cselo, sic et in terra, dit du plein accomplissement de la volonté divine par les esprits célestes : tô toO 0soO SéXnifia notovvi, xxiii, 14, col. 1120. D’ailleurs, puisque le membre principal de la phrase porte : otoc y.où i.y(iloi ; (ruvev(opT)(TE, tout ce qu’il a pardonné aux anges, rien ne prouve qu’il s’agisse d’une indulgence divine qui s’exerce encore maintenant. La raison alléguée par dom Touttée pour exclure les mauvais anges n’est pas efficace ; car, en cet endroit, l’orateur ne prétend nullement rapporter un exemple de pénitence, mais seulement une application de la miséricorde divine en dehors du genre humain. Rien, par contre, n’autorise à restreindre l’assertion aux démons, à cause de la généralité du terme, àyyiloi ;, et du principe invoqué : ei ; jiévoç àvaij.ipTr.Toç, etc. Saint Cyrille peut viser les anges en général, sans vouloir que la miséricorde divine se soit appliquée à tous de la même façon. Pour ce qui concerne les bons anges en particulier, il est possible qu’il fasse allusion à une conception de leur épreuve suivant laquelle nul n’aurait été parfait, mais tous auraient eu besoin ou d’indulgence proprement dite ou d’un secours spécial de préservation. Cette interprétation semble mieux répondre à l’ensemble de la doctrine cyrillienne sur les saints anges ; mais comme l’auteur des Catéchèses ne s’explique nulle part, s.i pensée sur ce point reste forcément obscure et ambiguë.

8° Hommes : nature, élévation et chute originelle, état présent. — C’est par une préoccupation manifestement apologétique que saint Cyrille est amené à donner à ses auditeurs une connaissance ferme et précise de ce qu’ils sont, iv, 8 sq., col. 477. Il les voit entourés de païens et d’hérétiques qui professaient sur la nature de l’homme les plus graves erreurs : fatalistes, qui attribuaient tout à l’influence des astres ou à un aveugle hasard ; gnostiques ou manichéens, qui faisaient du corps le siège du péché, en regardant la matière comme l'œuvre mauvaise d’un principe mauvais, ou qui distinguaient deux catégories d'àmes, les unes bouilles autres mauvaises de leur nature ; pvlhagurisles enfin et origénistes, suivant lesquels l âme viendrait en ce monde chargée de péchés qu’elle aurail comm idans une vie antérieure Le docteur palestinien oppose à toutes ces erreurs la doctrinr catholique de l’homme double en ses éléments constitutifs, de l’homme animal raùonnable, , / oyix6v, c’est-à-dire composé d’un corps matériel et d’une âme spirituelle, l’un et l’autre ayant Dieu pour auteur. L’Ame, image raisonnable de Dieu kii, 5, col. T.'ï-J. est le chef-d’o ce divin ouvrier ; incorruptible, Immortelle, surtout douée de liberté, el par là malti et res| Poinl d influence astrale ni d’aveugle hasard qui la Fasse pécher ; poinl de vie antérieure ou elle iil d abord péché. Nulle divi

"i 1 " i ntre li âmes di - i ! el

femmes. poinl qui per ttent de d

lies qui de leur nature raient et o Iles qui de leui nature feraient le bien. sont d’une même nature, el pour toutes la i

du bien et du mal est à chercher dans l’usage, bon ou mauvais, du libre arbitre. Le diable peut suggérer le mal, il ne peut pas violenter la volonté. Le corps, œuvre admirable d’un Dieu bon et sage, n’est pas davantage la cause du péché ; de lui-même, il n’a ni vie ni mouvement ; c’est l'âme qui s’en sert comme d’un instrument de péché, quand elle en abuse ; uni à une àme pure, il devient le temple de l’Esprit-Saint.

L’auteur des Catéchèses ne traite pas ex professo de l'élévation primitive de l’homme à l'état surnaturel, mais il la suppose constamment, en particulier dans le passage où, voulant expliquer la venue du Fils de Dieu en ce monde, il rappelle la formation du premier homme et son séjour dans le paradis terrestre. Outre ce qu’il insinue de l'état privilégié où, dans sa nature entière, se trouvait Adam, immortel alors et innocent, il, 4 ; ix, 15 ; xiii, 2 ; xx, 2, col. 389, 653, 773, 1080, il distingue dans le célèbre texte de la Genèse, i, 26 : Faciamus hominem ad imaginent et similitudinem nos tram, ces deux idées d’image et de ressemblance divine ; et tandis qu’il voit l’image de Dieu dans la participation faite à l’homme de la raison et de la liberté, il place la ressemblance divine dans la communication du Saint-Esprit, cet universel sanctificateur de toutes les créatures raisonnables, anges et hommes, que Dieu a produites par son Verbe, xvii, 2, 12, col. 969, 981. Vint la chute. Quelle en fut la conséquence ? Adam garda en lui l’image de Dieu, xai t’o [j.èv y. at'îixdva, k’XaSe ; mais par sa désobéissance il fit disparaître de son àme la ressemblance divine, xb Se xa8' i’i |j. o 16tï]toc, Six Tr, v 7 : apay.or|V f)|xaûpb><re, xiv, 10, col. 836. En même temps il déchaîna la mort sur tout le genre humain, xiii, 2, col. 773. Deux choses qui se tiennent comme la cause et l’effet, car c’est contre le pécheur que Dieu avait décrété la peine de mort ; aussi, dans la phrase déjà citée où il rappelle cette vérité, saint Cyrille suppose-t-il que le péché d’Adam avait placé ses descendants dans un véritable état d’inimitié avec Dieu : 'EyOpoi rip f, (xev QtoC Si' i|iapt(aç, xiii, 33, col. 812. C’est précisément pour réparer cette ruine originelle que le Fils de Dieu est venu sur la terre ; on particulier, pour rendre la participation divine à la nature humaine pécheresse, îvx r, àvOpio-o-r, ; r âp.apT(j)).ô ; 0eov y£VY)Tai xoiviovo :, XII, 15, Col. 741. Par le fait môme, l’universalité de la rédemption corrobore la solidarité de la chule primitive et l’universalité du péché originel : « Jésus-Christ a libéré tous ceux qui demeuraient captifs sous le joug du péché, il a racheté tout le genre humain, » xiii, 1, col. 772.

Contre cette doctrine d’un péché d’origine qui s'étend à tout rejeton d’Adam, deux assertions de saint Cyrille sont objectées. Celle-ci d’abord : « Kxxbv stuTeÇovdiov, [Yiii-.r^.x Kpooctpéffswe ; le (mal du pi est notre fait, c’est le fruit de notre propre volont. ii, 1, col. 381. Puis cette autre : a 'EXOovrsc ivajiipiniToi, vûv lv. 7rpoa, .p£'7î : it|iapràvo|iev J venus en ce monde sans péché, nous péchons maintenant de notre plein iv, 19, col. 180. — Réponse. — Pour comprend] e la portée de ces textes, il faut tenir compte des circonstances. L’orateur parle à des adultes qu’il veut prémunir contre les erreurs répandues autour d’eus sur la nature et l’origine du mal moral ; erreurs de i as ou

hérétiques déjà signalés qui le regardaient comme une substance, ou qui en cherchaient la cause en dehors de la volonté' libre.i créatui rai mnabli. qu’ils l’attribuassent à quelque agent estérieui

Il d n. Dieu même, SOil qu’ils y vissent le

fruil i ire intrinsèquement m. m

oil qu’ils eussent recours à l’hypothèse d’une existence

antérieure ou l'âme aurail pé< hé. i n laça d<

structives de toute vie morale, l'évéque de Jérusalem, comme d’autan Péi orientaux, en |

al Jean Chrysoatome, insiste fortement -ur le

libre arbitre comme principe de responsabilité et unique cause proprement dite du péché. De ce point de vue. il n’y a rien dans le passage tiré de la 11e catéchèse qui contredise l’existence de la faute originelle, telle que l'Église catholique l’enseigne. Le sens général, d’après le contexte, se résume ainsi : le péché est un wrand mal, qui ne vient pas de Dieu, mais de nousmêmes ; non pas de notre nature telle qu’elle est sortie des mains divines, car Dieu a fait l’homme droit, Eccl., vii, 20, mais de notre propre volonté, n. 1. Le péché n’est pas un être physique, comme qui dirait un animal, un ange, un démon ; il n’est pas le fait d’un agent extérieur, comme serait un ennemi ; c’est un rejeton mauvais qui croît en nous et par nous, ocJ’Sâvov àizb (joj, n. 2. Doctrine vraie, si l’on considère le péché actuel et personnel, que Cyrille a surtout en vue, comme le prouvent tous les exemples dont il fait usage en ce même endroit. Doctrine vraie encore, si l’on considère le péché originel, dont l’existence suppose essentiellement l’exercice de la volonté libre d’Adam, et qui même en ses descendants ne se peut concevoir sans une relation intime à cette volonté libre de notre premier père, principe physique et chef moral de tout le genre humain. Dans l’autre passage, emprunté à la IVe catéchèse, l’expression !).80vtcç àva(j.âpx7-|T01 tire sa signification de ce qui précède immédiatement :

« Apprenez encore ceci : l'âme n’a pas péché avant de

venir au monde ; mais venus sans avoir péché (auparavant), c’est maintenant que nous péchons, par le fait de notre libre arbitre. » L’orateur rejette donc simplement l’hypothèse pythagoricienne et origéniste de fautes actuelles et personnelles, commises par l'âme dans une vie antérieure. Mais que les descendants d’Adam ne puissent pas s’appeler pécheurs, en ce sens, très différent, que par suite de la faute actuelle et personnelle de leur premier père, tous se trouvent en naissant dans un état de véritable inimitié avec Dieu, non seulement notre docteur ne le dit point, mais il tient le contraire dans les témoignages cités plus haut. Dom Touttée, diss. III, c. vi, col. 206 sq. ; Schwane, t. iii, p. 33 sq.

De ce qui précède et de ce. qui sera dit plus loin des effets du baptême et de la confirmation, il résulte que l’auteur des Catéchèses n’a nullement oublié la grâce sanctifiante. Par ailleurs, s’il insiste tellement sur le libre arbitre et sur la bonté intrinsèque de l'âme et du corps, ce n’est pas â l’exclusion de la grâce actuelle dont il rappelle ou suppose souvent la nécessité, même dans les passages où il semble donner le plus à l’initiative personnelle. Quelques écrivains mal disposés pour saint Cyrille, comme Oudin, l’ont bien accusé de semipélagianisme, en s’appuyant sur quelques expressions générales, celle-ci surtout :  ; < Dieu est un bienfaiteur libéral ; cependant il attend la bonne volonté de chacun. » Proc, 1, col. 333. Mais ces critiques auraient dû remarquer qu’il ne s’agit pas ici de la première grâce ; le catéchiste parle à des futurs néophytes qu’il sait préparés depuis longtemps par l’action intérieure du Saint-Esprit, et qu’il excite à coopérer de leur mieux à l’appel divin déjà entendu et écouté : « car s’il faut à la plume et à la flèche une main qui s’en serve, ainsi faut-il à la grâce des esprits croyants, outo) xat r yâpu ; ypïiav sysi Tâ>v 7t « 7T£j(5vTwv… Purifiez le vase qu’est votre âme, pour recevoir une mesure de grâce plus abondante, » i, 3, 5, col. 373, 377. Pour la réponse à quelques autres textes du même genre, et pour la part faite par Cyrille à la grâce divine dans tous les actes de notre vie chrétienne, voir dom Touttée, c. vii, col. 211 sq. (dans la discussion sur l’efficacité de la grâce divine, col. 219, le docte critique semble un peu mêler ses opinions personneHes à la doctrine cyrillienne).

L’universelle volonté salvilique de Dieu est une conséquence de la rédemption professée par l’auteur des Catéchèses. Il rejette énergiquement la distinction

faite par certains entre les /ils de bi<- « et les fils du diable, en ce sens qu’il y aurait des hommes destinés nécessairement au salut, et d’autres à la damnation, vu, 13, col. 620. Jésus-Christ a racheté tout le genre humain, -/.ôtij.ov SXov k>ibptù-uv> IXutptiffaTo, xiii, 1, col. 772. Dieu ne refuse pas la grâce aux hommes de bonne volonté ; pour permettre à tous de parvenir a la vie éternelle, il en a pour ainsi dire multiplié les portes d’entrée, vi, 28 ; xvi, 22 ; xviii, 31, col. 588, 919, 1052. Dom Touttée, col. 225 sq. ; Schwane, t. iii, p. 69 sq.

Eschatologie.

Deux catéchèses se rapportent

plus directement aux fins dernières, soit des hommes, soit du monde : la XVe, où il s’agit du second avènement de Jésus-Christ ; la xviiie, dont l’objet principal est la résurrection des corps. En rapprochant de cet enseignement formel ce que saint Cyrille dit ailleurs en passant, on obtient une doctrine eschatologique non pas complète, mais déjà suffisamment développée.

1. Mort, et état des âmes séparées. — La mort, dans l’ordre actuel, est un châtiment qui doit son existence, comme son universalité, au péché du premier homme, xiii, 2 ; xv, 31, col. 773, 913. Pour chacun de nous, elle clôt le temps du repentir et du pardon ; au delà, les camps sont définitivement tranchés : d’un côté, ceux qui ayant profité ici-bas de ce temps de grâce, louent Dieu à jamais ; de l’autre, ceux qui, pour la raison contraire, sont châtiés et n’ont plus qu'à déplorer leur sort, xviii, 14, col. 1033. Or la peine réservée au pécheur, c’est le feu éternel, il, 1, col. 381. D’autres textes confirment la doctrine de la récompense immédiate des âmes justes, en même temps qu’ils la complètent et la précisent. Premier fruit de la rédemption, le bon larron entra dans le paradis, non pas terrestre (comme le suppose à tort dom Touttée), mais céleste ; car Cyrille fait ainsi parler Notre-Seigneur : « Ne craignez pas le serpent ; il ne vous chassera pas de là, étant tombé des deux, » xiii, 31, col. 809. A la descente de Jésus-Christ aux enfers, le saint docteur assigne pour but et pour effet la délivrance des justes qui s’y trouvaient emprisonnés ; captifs que, comme un vainqueur, le Christ entraîne dans son triomphe au jour de sa glorieuse ascension, iv, 11 ; xiv, 19, 24, col. 469, 849, 857. Aussi, l’entrée du ciel étant désormais ouverte, le baptême peut compter, parmi ses nombreuses appellations, celle de char qui mène au ciel, oyr^a 71pbç oûpavôv. Proc., 16, col. 360. Enfin, dans la liturgie cyrillienne, les patriarches, les prophètes, joints aux apôtres et aux martyrs, apparaissent comme vivant avec Dieu dans des rapports d’amitié et d’intime présence qui nous autorisent à les prendre pour avocats et pour intermédiaires auprès de sa divine majesté, xxhi, 9, col. 1116.

Le purgatoire a sa place dans ce dernier endroit. Xon pas le terme, mais la chose : « Nous prions ensuite pour les saints pères et évoques défunts, enfin pour tous ceux qui sont morts parmi nous ; persuadés qu’en agissant ainsi, nous apporterons un secours très grand aux âmes pour lesquelles nous prions. » Suit une comparaison notable. A ceux qui objecteraient : que sert-il de prier pour l'âme qui quitte ce monde chargée ou exempte de péchés ? le catéchiste répond : Un roi envoie en exil des gens qui l’ont offensé ; si les parents ou les amis de ces infortunés tressent une couronne et l’offrent pour eux au roi, celui-ci ne leur fera-t-il pas remise de la peine ? Il ne s’agit donc pas de condamnés à mort, mais d’exilés dont l’offense est supposée rérnissible ; de plus, la remise ne porte pas directement sur l’olfense elle-même, mais sur la peine infligée. A ce double titre la comparaison répond parfaitement à l’objection en précisant la doctrine : entre la double hypothèse d’une âme quittant ce monde ou chargée ou exemple de péchés, il y a le cas, insinué par l’exemple,

de la peine due au péché et qui n’a pas encore été soldée. Et c’est précisément dans ce cas, et dans ce sens, que s’applique la doctrine catholique du purgatoire, considéré comme état intermédiaire et transitoire où l’âme, d’ailleurs justifiée, satisfait à la justice divine pour la peine due aux péchés commis et qu’elle n’a pas, en tout ou en partie, expiée ici-has. L’expression xav àjj.ap-îw>o wo-iv, etiamsi peccatores sint, dont se sert le saint docteur, ne peut pas s’entendre d’un péché grave, non remis quant à la coulpe avant la mort, puisque dans ce sens il n’admet lui-même ni repentir salutaire ni pardon divin. Dom Touttée, col. 1117, note 1.

2. Résurrection des corps.

Dogme d’une très haute importance, à cause de l’influence souveraine que la foi en la résurrection exerce sur toute notre vie morale, xviii, 1, col. 1017. Aussi le saint docteur le traite avec un soin particulier. Non content d’en rappeler les fondements scripturaires, soit en général, iv, 31 ; xv, 19 sq., col. 494, 896, soit en particulier contre les Samaritains, xviii, il sq., col. 1029, il le défend encore longuement contre les attaques des païens, iv, 30 ; xviii, 2-10, col. 492, 1018 sq. Aux objections courantes, tirées des vicissitudes, plus ou moins étranges, par où passent les restes des mortels, il oppose la toute-puissance de Dieu, pour qui toutes ces difficultés ne sont rien. Et que d’exemples dans la nature où la vie succède à la mort dans des conditions providentiellement voulues pour nous faciliter la foi en la résurrection I La chose en elle-même ne répond-elle pas à la justice divine, qui doit donner à tous nos actes une sanction pleine et définitive, et au témoignage intime de la conscience humaine, qui se traduit par le respect naturel pour les tombeaux ? Le corps du ressuscité sera substantiellement le même que celui qu’il aura porté ici-bas, a-jrô toOto âyet’pe-ai, n. 18, col. 1040 ; ses propriétés seules seront changées : infirme maintenant et corruptible, il réapparaîtra vigoureux et immortel. Mais, parce qu’ici-bas le corps a coopéré à toutes nos actions, bonnes ou mauvaises, par une juste disposition de Dieu différente sera sa condition dans les justes et dans les impies. Glorifié dans les uns, spiiitualisé en quelque sorte et resplendissant, il n’aura pas dans les impies d’autre conséquence de son immortalité que la vertu de supporter l’action d’une flamme éternelle, sans être jamais consumé, n. 19. Scbwane, t. iii, p. 267.

3. Second avènement </ « Christ, et (in du monde. — La doctrine de saint Cyrille sur le retour glorieux de Jésus-Christ et les événements qui le suivront, jugement universel, fin de ce monde et commencement de la vie éternelle, bienheureuse ou malheureuse, n’offre rien de particulier ; c’est la)doctrine de l’Évangile, Mallh., xxiv-xxv. et ( !, s ; i iril Paul, I Thés., iv, 15 sq., rapp> lée et commentée d’une façon sommaire dans la seconde partie de la catéchèse i. Dans la première, l’orateur s’arrête plu-- longuement ans signes précurseurs du second avènement ; non pour en déterminer cure ment l’époque, mais pour mettre ses auditeurs Bur leur garde, n. i, 18, col. 876, 896. Presque tous ces si lui semblent di jâ réalis s apparition de faux Christs, guerres et bruits do guerres, luttes fratricides au sein même de l Église, prédication de I Évangile dans presque tout le monde, défection dans la foi i. venir l’Antéchrist, gicien consommé don) le démon

iment ; il usurpera l’autorité dans l’em in, n donm ra i r le Chris !

titre d’emprunt, séduii il en même temps qu’il

<>il - par ! ’m< et de pr<

|ui L’Antéchrist viendra, quand l’empire ro main dors la fin du monde - ra | I

n- 12, col i i l. xplication de cette affir mation repo’ut sur un passage du prophi h Daniel, vil,

24. Dans l’interprétation de ce texte, comme dans celle des signes précurseurs du second avènement, le docteur palestinien n’a pas évité l’écueil où sont tombés tant d’anciens Pères ; il est manifestement inlluencé par ses conceptions et ses appréhensions personnelles. Cette catéchèse est celle où il mêle le plus, au moins dans la première partie, l’élément subjectif aux données positives du texte sacré.

10° Église : notion, vie pratique. — Saint Cyrille traite de l’Eglise dans la catéchèse xviii, en expliquant ces mots du symbole : Ka si ; uiav xyia » xa60Xixv)v’Ky.x)r, <7 : av, n. 22-28, col. 1044 sq. Esquisse rapide d’un grand sujet où, pour tout dire, des heures entières lui eussent été nécessaires, n. 27, col. 1049. L’Eglise est l’assemblée des fidèles ; son nom d’èxii^T^t’a lui vient précisément de ce qu’elle convoque et rassemble tous les hommes, n. 24. Épouse de Jésus-Christ, elle est la mère de ceux qui sont régénérés, n. 26 ; ou encore, le bercail où les brebis du Christ doivent se tenir, loin des loups, vi, 36, col. 601. Le saint docteur insiste surtout sur la catholicité, qu’il n’entend pas seulement de l’extension dans l’espace, ni de la mission inhérente à l’Église de soumettre au vrai culte tous les hommes sans exception, mais encore de son universelle efficacité pour enseigner tous les dogmes qui doivent venir à la connaissance des hommes, et pour soigner et guérir toute sorte de péchés, n. 23. Elle a succédé à l’antique synagogue, mais avec des promesses d’indéfectibiîité faites pour elle à saint Pierre, Mal th., xvt, 18 ; aussi saint Paul l’appelle-t-il, I Tim., ni, 5, la colonne et la base de vérité, n. 25. Elle a, du reste, le Saint-Esprit pour grand docteur et pour grand protecteur, (jiyav ôtSàffxaXov’ExxXvjfffaç, y.iytxv iJ7rspaT71 ! <7Tr, v inïp 7, u.à>v, xvi, 19, col. 945. Elle est hiérarchique. Elle l’était du temps de saint Cyrille, puisqu’il fait mention des évêques, des prêtres et des diacres, xvii, 35, col. 1009. Elle l’était auparavant, puisqu’il parle des apôtres et des anciens évêques, chefs de l’Église, de qui nous tenons le catalogue des Livres saints, iv, 35, col. 497. A saint Pierre, en particulier, il donne des titres remarquables : c’est le prince des apôtres et le prédicateur-coryphée de l’Eglise, !, KÇM-na-zà.-r, - twv à-OTTo).(.)v, xctl ri|t’ExxXy]ViX( y.opuça ; o ; XYJpuÇ, XI, 13, col. 693 ; il tient les clefs du royaume des deux, iv. 26, col. 860 ; en pleurant son péché, il obtint du Seigneur non seulement le pardon de son reniement, mais encore la conservation de la haute dignité qui lui avait été conférée auparavant, II, 19, col. 408.

Le culte divin consistant en deux choses indispensables, la saine doctrine et les bonnes (mures, l’Église n i pis seulement pour fonction de nous instruire des vérités nécessaires au salut ; elle nous forme encore dans notre vie pratique en réglant nos mœurs, StSsvxôpevoi te xal ivaarpefôiisvoi xaXcoc, xviii, 38, col. 1049. Là encore les Catéchèses ont leur importance : non qu’il faille y chercher un code de théologie moral

des chrétiens du ive siècle, mais paire que les

Sujets traitestamentnt l’orateur à indiquer, en passant

<i m aucun ordre déterminé, des principeou des préct pfe ! ’le vie morale. Ainsi, à propos de cet article : Ksù £ :  ; z-i, ’</- : "71 a |MTavofa( i’:  ; - laptl&V, il

parle, dans la catéchèse ii, du péché, de sa malice, de sa nature, de son origine, et insiste mmla pénitence

((e moyen’t’en obtenir de Dieu la remis ion, Si,

en expliquant le mot niottvu, il prêche, dans la catél’obll’iion. l’excellence et l’efficacité de la loi. il n’avait pas moins énergiquement affirmé aupai la néci i’" de bonnes œuvres pour le salut I t i"i sans les bonni a > re i n’est p de lieu, i iv,

2, COl p.air la nié raison que i

Ii ml’existi nie du libre ai bitre i t proclamer rflli ouverain dans la question du bien

et du mal. Par ilenx fols, - ont Cm il le entre dans plUS

de détails : d’abord, dans la catéchèse iv, où la doctrine catholique sur le corps humain est accompagnée d’un certain nombre d’applications ou conséquences pratiques ; puis dans la première mystagogique où commentant la formule d’abjuration baptismale : c Je renonce à Satan, à toutes ses œuvres, à toutes ses pompes et à tout son culte, » il énumère toute une série d’actions qu’il faut éviter. En somme, légitimité et sainteté du mariage, même en secondes noces ; usage licite des aliments, en particulier de la viande et du vin, pour la réfection du corps et dans les limites d’une juste tempérance ; simplicité dans l’habillement, iv, 2429, col. 486 sq. ; fuite de toute impureté, de toute pratique diabolique ou superstitieuse, des viandes offertes aux faux dieux, des vaines observances, des spectacles et autres divertissements païens, des lieux de débauche, IV, 37 ; xix, 4-8, col. 501, 1069 sq. Tous les principes ou préceptes de ce genre disséminés dans les discours de saint Cyrille ont été recueillis et groupés par A. Knappitsch.

Aux règles de vie morale il faut joindre eniin ce que l’auteur des Catéchèses nous apprend des pratiques en usage dans l'Église de son temps, pratiques d’autant plus utiles à constater que la plupart concernent des points débattus entre catholiques et protestants. Il y est fait mention de la continence, comme d’une condition nécessaire au bon exercice du ministère sacerdotal : Et -|'àp ô tû Ty)<to - j xa/.wç tEpotTE’Jwv à7t£/ETai Yuvaixô ;, xii, 25, col. 757 ; de l’ordre des ascètes et des vierges, x'ôv |xovas<5vTtov xa’t xtîiv 7tap8=va)v xây[j.a, qui mènent dans le monde une vie angélique, IV, 24, col. 't85 ; de l’excellence de l'état de virginité, et de sa supériorité comparativement à l'état du mariage, IV, 25 ; xin, 34 ; xv, 23 ; xvi, 19, col. 488, 768, 901, 944 ; du mérite d’une vie pénitente, comprenant même l’abstention du vin et des aliments gras, quand elle est entreprise par l’espérance de la récompense céleste, IV, 27, col. 489 ; de l’efficacité des exorcismes, xx, 3, col. 1080, et du signe de la croix, iv, 14 ; xiii, 22, 36, col. 472, 800, 816 ; de la vénération rendue au bois de la croix à Jérusalem et dans tout l’univers, iv. 10 ; xiii, 4, col. 469, 776 ; de la puissance miraculeuse que Dieu accorde souvent aux reliques des saints, XVII, 30 ; xviii, 16, col. 1004, 1037 ; du recours à l’intercession des bienheureux et des prières pour les fidèles défunts, xxiii, 9, col. 1116 ; sans compter tous les rites sacramentaux dont il sera maintenant question.

11° Sacrements. — Il ne faut pas chercher dans les catéchèses cyrilliennes une doctrine complète sur la matière sacramentaire, puisque leur auteur se proposait uniquement dans la première série, ad illuminandos, de préparer ses auditeurs à la réception du baptême, et dans la seconde, ad recens baplizatos, de leur donner une explication sommaire des sacrements qu’ils avaient reçus. Mais par rapport à ces trois sacrements, la valeur des catéchèses mystagogiques est inappréciable, à cause des renseignements nombreux et précis qu’elles fournissent sur ces rites et leur signification symbolique. En outre, plusieurs des catéchèses ad illuminandos contiennent des détails complémentaires sur les effets du baptême et la manière dont se faisait à Jérusalem la préparation des adultes à leur entrée solennelle dans l'Église. On remarque une étroite affinité entre la méthode suivie par saint Cyrille dans l’instruction et l’initiation des catéchumènes, et les directions relatives au même objet qu’on lit dans les Constitutions apostoliques, 1. VII, c. xxxix sq., P. G., 1. i, col. 1037.

1. Préparation des adultes au baptême.

a) Le calâchuménal. — Les Catéchèses supposent une vraie distinction entre les simples catéchumènes et ceux qui, ayant été inscrits pour recevoir le baptême, formaient la classe des cpcoxt !  ; 6 ; j.svoi, illuminandi, considérés déjà

par l’Eglise comme ses enfants, et auxquels l’orateur donne, vraisemblablement par anticipation, le nom de fidèles. Proc, i, 12. 13 ; Cm., v. l ; vi, 29, col. 340. 505, 590. C’est de ces derniers seulement que s’occupe saint Cyrille, et par conséquent de la dernière période du catéchuménat, qui s’identifiait avec la préparation prochaine à la réception du baptême. Cetlepréparation commençait avec le carême et se continuait jusqu'à Pâques, durant ainsi quarante jours. Proc, 4, col. 341. Elle comprenait deux parties simultanées : l’une intellectuelle et catéchétique, consistant dans l’enseignement de la doctrine que les nouveaux chrétiens seraient appelés à professer ; l’autre morale ou ascétique, consistant dans des exercices d’ordre pratique. La nécessité de dispositions suffisantes, de la part des adultes, pour recevoir le baptême d’une manière fructueuse, et la proportion qui existe de fait, dans l’ordre actuel, entre la perfection des dispositions subjectives et celles du fruit recueilli, justifient l’importance que saint Cyrille attribue à cette préparation morale dans la procatéchèse et la catéchèse suivante. Il instruit ses auditeurs de la dignité et des obligations du nouvel état où ils vont entrer ; il leur démontre la nécessité de s’y disposer de leur mieux ; il leur recommande l’assistance aux catéchèses, une foi sincère et des intentions pures, le recours à la prière, la pratique des vertus et des œuvres de pénitence, en particulier la soumission docile aux exorcismes et aux insufflations, que les catéchumènes, à Jérusalem, recevaient la face voilée, pour éviter les distractions. Proc, 9, col. 350. Pour plus de détails sur cette matière, voir Catéchuménat, t. ii, col. 1968 ; A. Th. Kluck, Der Kalechumenat nach dem hl. Cyrilt von Jérusalem, dans Der Katltolik, de Mayence, 1878, t. il, p. 132 sq. ; L.-L. Rochat, Le catéchuménat au IVe siècle d’après les Catéchèses de saint Cyrille à Jérusalem, Genève, 1875.

b) L’icoao'/.oy^rj'. ; des catéchumènes. — On lit parmi les recommandations du docteur palestinien : « C’est maintenant le temps de la confession, Êfjou.oXoY'*)aeuç. Confessez, iioy.o ; >yr i >Tx. :, tous les péchés que vous avez commis en paroles ou en actions, de jour ou de nuit, >< I, 5, col. 376. S’agit-il d’un simple aveu intérieur de toutes ses fautes, accompagné d’exercices publics de pénitence, ou d’une accusation extérieure, orale et spécifique ? Dom Touttée s’arrête à la seconde alternative, ibid., note 1, en s’appuyant surtout sur ce que, dans la catéchèse suivante, II, 12, col. 400, l’orateur propose en exemple le saint roi David : El [3ao-i/sùç o’jtwç ÈEcojioÀoYsîto, etc. Sentiment partagé par d’autres auteurs, comme Grancolas, p. 33, note 5, et J. Mayer, GescJiic/tle des Katechumenats und der Kalechese in den ersten sechs Jaltrhunderten, Kempten, 1868, p. 133 sq. Mais la preuve n’est pas décisive ; car rÈ|a>[j.o).oyEîxo du second passage, pris surtout dans le contexte, n’est pas plus net que 1' èloi.ol6yr l (sa : du premier, dans le sens d’une accusation orale et spécifique ; bien plus, dans le numéro de la seconde catéchèse qui suit immédiatement, saint Cyrille semble identifier l'ÈEoixoÀoyv-.it ; et la uEtavoia. Kluck, loc. cit., p. 113 ; Marquardt, p. 12. En tout cas, le texte en question est absolument étranger à la confession sacramentelle des baptisés ; il ne prouve ni pour ni contre, suivant la juste remarque de KlueU, ibid., contre Gérard von Zezschwitz, System der cliristUch-kirchlichen Katechelïk, Leipzig. 1863, t. i. Der Katechumenal, p. 461 sq.

c) La discipline de l’arcane. — Que cette discipline ait existé à Jérusalem au temps des catéchèses cyrilliennes, elles-mêmes en sont une preuve irrécusable. On ne doit rien dire à ceux du dehors, pas même aux catéchumènes, de ce qui aura été dit dans les instructions préparatoires au baptême, et cela sous peine d'être considéré comme un traître, tin ;  ! cpo8rf-ï)( xataxpivetai. Proc, 12 ; Cat., vi, 29, col. 353, 589. On ne doit pas coin

muniquer le symbole, ni le mettre par écrit, mais le garder seulement de mémoire, v, 12, col. 521. Devant les simples catéchumènes, on ne parle qu'à mots couverts de la sainte Trinité et des autres mystères de la foi chrétienne, vi, 29, col. 589. Saint Cyrille observe luimême cette règle avec ses auditeurs en ce qui concerne les sacrements du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie, tant qu’ils ne les ont pas reçus, xvi, 26 ; xviii, 32, col. 596, 1053. Même après qu’ils les ont reçus, il garde le silence sur les formes sacramentelles. Réserve dont il faut tenir compte, pour ne pas tirer de certaines réticences du catéchiste palestinien des conclusions inexactes. Kluck, Die Arcan-Disciplin nach dem heilCyrill von Jérusalem, dans Der Katholik, 1878, t. ii, p. 21 sq.

2. Le baptême.

Trois catéchèses ont pour objet propre ce sacrement : la iiie, TUpi paTin’iru-a-roç ; la XIX e et la xx c, ou les deux premières mystagogiques, portant l’une sur les cérémonies préliminaires, l’autre sur l’onction de l’huile exorcisée et l’acte du baptême. De plus, la procatéchése et la catéchèse suivante roulent pour ainsi dire sur le même fond. Enfin le saint docteur est souvent amené à parler incidemment du baptême. De tout cet ensemble résulte une doctrine très développée sur le premier des sacrements.

a) Xomset notion générale du baptême. — En dehors des multiples dénominations qu’il tire de ses effets, voir Baptême, t. ii, col. 178, ce sacrement porte dans les Catéchèses deux noms principaux, l’un et l’autre renfermant une allusion au rite de l’immersion : d’abord le nom même de baptême, <& paTt-i-rixa, Proc, 16 ; Cat., xvii, 14 sq., col. 360, 985 ; puis celui de bain, tô Xoûtpov, bain de l’eau ou de la régénération, qui ne contient pas seulement de l’eau pure, mais la grâce du Saint-Esprit. Proc, 7, 11 ; Cat., iii, 3, 5, col. 345, 352, 129. Double ablution, qui répond aux deux parties de l’homme : l’une intérieure et invisible, pour l'âme ; l’autre extérieure et visible, pour le corps : Ilveup.au èppavriapivoi Tr, v xapSiav, y.at XeXovflivoe TÔ <r<ôu.a (i’oocti xaOapù). L’une et l’autre unies par l’intermédiaire de la parole de vie, l’invocation de la sainte Trinité, qui donne à l'élément sensible la vertu de produire la grâce invisible. ll>i<i., XVIII, 33, col. 1055. Conception où se trouvent déjà tous les éléments du sacrement qui, plus tard, porteront les noms de matière, éloignée ou prochaine, et de forme, concourant par leur union à la constitution d’un seul signe sensible et efficace de la grâce sacramentelle.

b) Effets 'lu baptême. — Le baptême est le sacrement de la régénération et de l’initiation chrétienne. .M. lis l.i régénération dit dans son ensemble deux états opposés : au point de départ, l'état de péché qui disparaît ; au point d’arrivée, l'état de justice qui commence, :. 4jiapri<ôv el< 81xaco<nSvi]v, i. 1, col. 373. De là ce contraste, que Le baptisé meurt et nall dans

l’onde salutaire, qu’il ti ire tout à la fois mi epulcre

el nne mère, iii, 12 ; ix, i, roi. iii. 1060. En même temps, le Sain) I pi h bc< lie l'âme du néophyte, m. i. col. 429. Trois effets généraux sont ainsi obtenus I n

lieu, la rémission </ « péché ; rémission universelle de tout i » -, |i i, , , ii coi N avant le

baptême, iii, I"). col. 145 ; rémission parfaite et priv11', ! e, c est.i dire accompagnée d’une rénovation

totale que l’auteur de Catéchèse » compare i i curi

qui rerail disparaître non seul ml toutes les bles maia encore toutes les xiii, 2u,

col. 1042, ce premier effet général i ramènent, par

inymie ou équipoilence, dénominations

cyrilliennes du baptême qui te rattachent à l’idée de

"i 1 " -1 ; i " péchi purification de l -, dépouil ni

du vieil bon rançon de l’esclavage, réconciliation

du ciel avec la tel n. an intii ement des ii’i

i"" Dieu sur le pécheur, affranchissement de i o.ii. u i|| total du pas »

DICT. DE un oi.., wiioi..

En second lieu vient la sanctification positive de l'âme ou infusion de la grâce sanctifiante, exprimée par saint Cyrille en termes équivalents ou dans ses propriétés : illumination et déification de l'âme par le Saint-Esprit, communication et inhabitation du Saint-Esprit, revêtement de l’homme nouveau ou renaissance spirituelle, résurrection et vie dans la justice, participation à la giflée de Jésus-Christ, assimilation du chrétien à Jésus-Christ ressuscité, filiation divine par adoption et droit à l’héritage céleste. Proc., 2, 6 ; Cat., i, 2 ; iii, 2, 13 sq., col. 336. 343, 372, 425, iii-, etc. Autant d’effets dont le caractère positif est confirmé par la différence que notre docteur met entre l'élément négatif de la justification, la rémission des péchés, que tous reçoivent de la même façon, ï i'?o-j Sîoorai toïç rciaiv, et la communication du Saint-Esprit, qui est proportionnée à la foi du sujet, /.-j.-'* àvaXoyîav 5eSûp7|tai t ? ( ; IxiiTou nt’tjTEw ;, I, 5, col. 377. En troisième lieu s’ajoute l’impression du sceau ou caractère baptismal, tt)v Si' jSa-roç açpayïîx ; car, comme l’eau lave le corps, le Saint-Esprit scelle l'âme, 111, 4, col. 429, 441 ; il la scelle au moment du baptême, xarà -rbv xaipbv to0 (5a7rrf<xii.aToç, dans l’acte même du baptême, vi paim’ip.aTi a^payi^ : rà ; tyvyiiç, iv, 16 ; xvi, 24, col. 476, 952. Sceau sacré et à jamais indélébile, qui ne permet pas de réitérer le baptême. Proc, 7, col. 315. Sceau mystique, qui nous fait reconnaître par le maître comme membre de son troupeau ; sceau salutaire et merveilleux, céleste et divin, qui fait reculer les démons et nous assure l’amitié et la protection des anges. Proc, 16, 17 ; Cat., i, 2. 3 ; XVII, 35, col. 360, 365, 372, 374, 1010. A celle double action du Saint-Esprit, vivifiant et scellant l'âme du baptisé, se rattache l’agrégation du chrétien à la sainte Église, au corps mystique du Christ. Proc, 17 ; Cat., xix, 8, col. 365, 1074.

Tous ces effets sont-ils propres au baptême chrétien, dans la pensée de Cyrille ? Question intimement liée a sa doctrine sur le baptême de saint Jean, ni, 7 ; xx, (i, col. 437, 1081. De ces deux textes le dernier est tout à la fois le plus important et le plus difficile. « N’allez pas croire que notre baptême consiste uniquement dans la rémission des péchés et la grâce de l’adoption, comme le baptême de Jean, qui remettait simplement les péchés ; car notre baptême, nous le savons fort bien, n’a pas seulement pour effet le pardon des inclus et la communication du Saint-Esprit, mais il est, en outre, comme l’empreinte en nous de la passion du Christ, tûv toû XptiTo-J na81)(UCT<t>v àvTrcuiiov. « Deux choses ressorlent clairement de ce passage. Cyrille suppose d’abord que le baptême de saint Jean remettait les péchés. Etait-ce directement, par sa propre vertu, ou indirectement, en excitant dans ceux qui le recevaient des sentiments de foi et de contrition ? Les expressions dont se sert l’auteur des Catéchèses ne tranche pas absolument la question ; mais il est fort probable que Ba pensée, comme relie de plusieurs Pères anciens,

allait ; i m Ificacité propre du baptême johannique.

En second lieu, le baptême chrétien l’emporte sur celui

du précurseur, au inoins en ce que par une sorte d’assimilation i Jésus-Christ mourant et ressuscité, il nous fait participer d une façon spéciale aux mérites de - >

on. 'foute la difficulté est de s ; i, , irsi le doi palestinien range parmi les prérogatives dece baptême la grâce de l’adoption divine ou la communication du

Saint Esprit. Beaucoup l’afflr ut. à la suite de dom

l ouii., qui va même plus loin car il prétend que 1 1 d’adoption dont il s' ; ieji Ici, est l’effet propre du

ment de la confirmation et n’appartient au baptême que dam un sens lai due en le prenant.m.

la confirmation commee plément. Ifiss. lit, c. viii.

n. 58 sq., col. 529. i"" 1 ' cette interpi mble

arbiii été, en partie du moins, sérieusement

piui.e pai Harquardt, p 39 sq., et le chanoin

m. i

2563

CYRILLE DE JÉRUSALEM (SAINT)

2564

can K. II. Gifford, dans l’introduction à sa traduction anglaise des Catéchèses, p. xxxii. Dans l’ordre acluel, la communication du Saint-Esprit est inséparable de la ision des péchés ; Cyrille le savait et l’admettait, puisqu’il affirme expressément l’action et la présence du Saint-Esprit dans les âmes justes de l’Ancien Testament, xvi, 3 ; xvii, 18, col. 920, 989. La différencc, assignée par lui dans ce dernier texte, c’est que rnaintenant la grâce est donnée avec surabondance, dans sa plénitude, ûirepgo>.i-/.w ;, a-J-roTeÀûç. Voici quel serait, d’après l’ensemble de la doctrine cyrillicnne et le contexte immédiat, le sens du passage discuté : Il ne faut pas borner les effets du baptême ebrétien à la rémission des péchés et à la grâce de l’adoption (qui l’accompagne), ce serait l’assimiler au baptême de Jean qui n’allait pas plus loin ; le nôtre confère, en outre, tout ce qu’il tient de la passion du Christ dont il réalise en nous la figure et les fruits, c’est-à-dire la parfaite régénération des enfants d’adoption, tt)v àÀEuBepîou Tïjç uloOîo-îa ; àva-|, évvï)<ïiv, i, 2, col. 372, une grâce surabondante, au dedans l’empreinte du Saint-Esprit par le caractère baptismal, au dehors le titre officiel d’enfants de Dieu avec le droit d’entrer immédiatement au ciel, si nous mourons en cet état. Ce qui appartient en propre au sacrement de confirmation, on le verra plus loin.

c) Mode d’efficacité. — Les Catéchèses contiennent deux affirmations dont la synthèse constitue une doctrine qui n’est nullement en contradiction, mais au contraire en pleine conformité avec l’enseignement de l’Église romaine. L’efficacité propre du rite sacramentel apparaît d’abord dans un relief saisissant : grâce à l’invocation du Père, du Fils et du Saint-Esprit, l’eau acquiert une vertu sanctificatrice, 8uvajj.iv àytrir/iToç s7nv.TâTai, iii, 3, col. 429 ; l’onde salutaire devient ainsi, suivant une autre expression de Cyrille, la mère du baptisé, xx, 4, col. 1080. Paroles si expressives, que les partisans de la causalité physique des sacrements n’ont pas manqué d’invoquer l’auteur des Catéchèses en faveur de leur opinion ; les protestants eux-mêmes ont senti la difficulté et n’y ont répondu qu’en dénaturant la doctrine catholique : Haud raro verba occurruntmagicumquemdam effectuai baplismotribuenlia, quasi ex opère operato per immersionem homo regeneraretur. Neque vero hujusmodi sententia Cyrillojure potest imputari, cum gravissime moneat Cat., au/, n. 35-30, ne quis sine fxde ad lavacrum accédât. Plitt, p. 143. Mais, depuis quand la causalité ex opère operalo exclut-elle la nécessité de la foi dans le sujet du sacrement, quand il s’agit des adultes ? C’est le contraire que la vraie doctrine catholique exige, non pour que le baptême soit valide, mais pour qu’il soit fructueux. Concile de Trente, sess. VI, can. 6. Et telle est la seconde affirmation que nous trouvons dans saint Cyrille en termes équivalents ; car il suppose que ses auditeurs peuvent s’approcher du sacrement de baptême de deux manières différentes, avec foi et dans une intention pure, ou au contraire sans foi, ou du moins avec des dispositions imparfaites. Dans le premier cas, ils seront baptisés et illuminés par l’Esprit ; dans le second, il en sera d’eux comme de Simon le Magicien, « qui fut baptisé, mais non pas illuminé. .. L’eau les recevra dans son sein, mais l’Esprit ne les adoptera pas… Ils seront baptisés par les hommes, mais non par l’Esprit. » Proc, 2, 4 ; Cat., XVII, 36, col. 335, 342, 1010. Voilà pourquoi le saint docteur consacre sa procatéchèse à dissuader ses auditeurs devenir à la piscine sacrée poussés par des motifs pervers ou même futiles.

d) Nécessité du baptême. — Saint Cyrille connaît deux baptêmes, figurés par l’eau et le sang qui jaillirent du côté transpercé du Sauveur, xiii, 21, col. 797. Hors le cas du martyre ou baptême du sang, le baptême de

l’eau est nécessaire au salut, iii, 4, 10, col. 432, 140, Cette nécessité est proclamée on ces deux endroits d’une façon si absolue, qu’on s’est demandé si l’auteur des Catéchèses n’excluait pas la possibilité d’une justification quelconque en dehors du baptême d’eau et du baptême sanglant. En réalité, il ne parle jamais du baptême de désir, mais ce serait exagérer sa doctrine que de lui donner une signification aussi rigoriste. La néci absolue du baptême considéré comme moyen de salut, nécessitas medii, entraîne, pour quiconque peut le recevoir, un devoir corrélatif de se soumettre à cette obligation, nécessitas prsecepti. Parlant à des adultes catéchumènes, l’orateur ne fait qu’énoncer ce grave devoir, quand il dit, n. 4 : « Auriez-vous pratiqué toute sorte de bonnes œuvres, si vous ne recevez pas le sceau baptismal, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » S’ensuit-il que la justification ne puisse pas avoir lieu avant ou sans le baptême d’eau ? Le contraire est évident par la suite du’passage, où Cyrille invoque l’exemple du centurion Corneille. C’était un homme juste, vrai croyant, possédant le Saint-Esprit et favorisé de dons extraordinaires ; cependant il dut recevoir le baptême du Christ. Pourquoi ? « Pour que, l’âme étant régénérée par la foi, le corps eût aussi part à la gi par le moyen de l’eau. » Ainsi, avant la réception du sacrement, l’âme de Corneille était déjà régénérée, et cela en vertu de sa foi, foi vive assurément et renfermant au moins implicitement le vœu du baptême. Ainsi encore, le bon larron fut justifié sur la croix, grâce à son seul désir de faire le bien, xiii, 31, col. 810. Ajoutons la doctrine générale du docteur palestinien sur le grand amour de Dieu pour les hommes, amour qui lui a fait multiplier « les portes d’entrée de la vie éternelle » , c’est-à-dire les moyens de salut, xviii, 31, col. 1052. Dom Touttée, diss. III, n. 64 sq., col. 236.

e) Auteur, sujet et ministre du baptême. — Comme toutes les œuvres de sanctification, la régénération du chrétien et tous les autres effets du baptême sont attribués par Cyrille au Saint-Esprit ; mais l’auteur ou l’instituteur du baptême est Jésus-Christ. On lit, il est vrai, dans un passage des Catéchèses que saint Jean fut le premier auteur de ce rite, Tonxvvï)ç yàp r, v àpyr, -o ;. m, 6, col. 433 ; mais il s’agit alors manifestement du baptême considéré dans son élément extérieur et purement matériel, l’eau appliquée par manière d’ablution symbolique. Car la vertu propre du baptême chrétien, administré sous l’invocation de la sainte Trinité, vient de Jésus-Christ seul, de celui qui baptise dans le Saint-Esprit et qui a voulu recevoir le baptême même de Jean pour conférer à l’eau régénératrice ses merveilleuses prérogatives. Ibid., n. 9, 11, col. 439, 442.

Saint Cyrille ne considère jamais le sujet du sacrement de baptême dans toute son extension ; mais il suppose évidemment l’aptitude de tout être humain à recevoir ce sacrement, quand il proclame l’universalité de l’appel divin à la grâce baptismale : ’O pèv yàp vju-s : o ; xàXeâ TiavTaç â7t>û> ;, iii, 2 ; XVII, 35, col. 428, 1009. Le silence qu’il garde sur le baptême des enfants s’explique par l’objet même de ses instructions, la préparation spéciale des adultes qui avaient donné leurs noms pour entrer dans l’Église. Quels rites accompagnaient ou plutôt précédaient alors à Jérusalem la réception du sacrement par ces adultes, les deux premières catéchèses mystagogiques nous l’apprennent en détail. D’abord, dans l’atrium du baptistère, deux actes importants : l’un de renoncement à Satan, que le candidat faisait tourné vers l’Occident ; l’autre d’attachement à Jésus-Christ, qu’il faisait tourné vers l’Orient, en disant : Je crois au l’ère, ei au Fils, et au Saint-Esprit, et en un baptême de pénitence, xix, 2 sq., col. 1068. Entré dans le baptistère, l’élu se dépouillait de ses vêtements, puis recevait l’onction de l’huile préalablement exorcisée ; enfin, après une nouvelle profession de foi aux trois personnes,

il était plongé par trois fois dans l’eau de la piscine, pendant que le ministre prononçait la formule sacramentelle, xx, 2 sq., col. 1077. Autant de rites dont la signification est donnée aux néophytes dans ces mêmes catéchèses. Sur leur symbolisme et le rapport de l’eau à ses figures, d’après notre docteur, voir Baptême, t. ii, col. 198 sq.

Les ministres ordinaires du sacrement sont lésé vêques, les prêtres et les diacres, xvii, 35, col. 1009. Affirmation suivie d’une recommandation précieuse : « Quand vous vous approcherez de celui qui baptise, n’arrêtez pas votre vue sur l’homme que vous verrez, mais pensez à cet Esprit-Saint dont nous nous entretenons en ce moment. » Recommandation plus précieuse encore, si l’on tient compte du principe qui la justifie : « Car ce n’est point là une grâce qui vienne des hommes, c’est une largesse que Dieu vous fait par le ministère des hommes. » Autant dire que la valeur du baptême est indépendante de la qualité de celui qui l’administre, b’est-elle également, d’après saint Cyrille, de sa foi ? Question plus obscure, et finalement douteuse ; tant le passage où elle apparaît incidemment, reste concis et insuffisamment déterminé. « On ne peut pas recevoir le baptême deux ou trois fois… Si la chose a mal réussi une première fois, il n’y a point de remède ; car nous n’avons qu’un Seigneur, une foi, un baptême. On ne rebaptise que les hérétiques, parce que leur premier baptême n’en était vraiment pas un, èuciêr, -b irpôrepov owt r, v êiTt-ii^T.. » Proc, 7, col. 356. Pris à la lettre et dans un sens absolu, ce dernier principe entraînerait l’invalidité de tout baptême conféré par des hérétiques ; erreur excusable’à l’époque et dans le milieu où vivait le docteur palestinien. En fait, beaucoup d’écrivains s’en tiennent à cette interprétation stricte ; dom Touttée entre autres, diss. III, n. G7, col. 240 ; cf. col. 315, note 9. D’autres font remarquer, et non sans quelque fondement, que saint Cyrille s’appuie sur l’usage courant de son Eglise ; or il semble que cet usage n’était pas universel à Jérusalem, car on ne voit pas qu’on y ait rebaptisé les ariens, les macédoniens ou les apollinaristes convertis, mais qu’il se restreignait aux hérétiques qui avaient modifié, en toutou en partie. les éléments essentiels du rite baptismal, par exemple ces gnostiques et ces manichéens dont il est question au cours des Catéchises. Ceci posé, qui empêche de borner à ces hérétiques l’assertion de saint Cyrille ? Elle resterait vraie dans un sens relatif, nullement arbitraire, mais déterminé par l’usage même auquel il s.’réfère, La distinction, faite par dom Touttée, entre la pratique de l’Église de Jérusalem et l’opinion personnelle énoncée dans les Catéchèses, entraîne de plus une inconséquence grave et vraiment étonnante en pareille matière.

3. /." confirmation. — La catéchèse xxi% troisième mystagogique, traite du saint chrême, nepi xptoiMrtoç. A l’époque de saint Cyrille, comme dans les temps antérieurs, la chrismation du néophyte se faisait immédiatemenl après le baptême ; d’où cette question : L’onction du saint chrême nVst-elle, pour l’auteur des Catéchèses, qu’une cérémonie complémentaire du baptéme, "n, onstitue-t-elle un rite distinct et, comme tel, ayant les i léments et les propriétés d’un sacrement de l.i lui nouvelle ? La première interprétation est classique parmi les protestants, non toutefois qu’elle soit commune h toui m entendue de la même façon ; beaucoup rédui i ni cette onction a un rite purement ac 1 1 < m me Milles dans son édition des atnn i -.uni Cyrille ; d’autres emploient l’expression, qu’ils

ni indi ti rminée, de complément ta* < ami I > < exemple R. Hooker, Ecclesiattical Polity, 1. V, c. lxvi, ’u -’.. édit, Oxford, 1841, p. 344 ; lécha noine anglican a..1. Irlason, adoptant el élargissant l’opinion pat don fouttée, diss. III, n. 68,

suivant laquelle la grâce de l’adoption et la communication du Saint-Esprit seraient des effets exclusivement propics à la confirmation, fait de la chrismation des Catéchèses une partie du baptême, non quelconque, mais la partie qui en contiendrait la principale valeur. The relation of confirmation to baptism, Londres, 1891, p. 316. A rencontre se présente l’interprétation des théologiens catholiques qui affirment l’existence distincte du sacrement de confirmation et son identité substantielle avec la chrismation décrite dans la troisième mystagogique. Entre deux se placerait la position intermédiaire de certains protestants, dont les uns, comme Plitt, p. 141, reconnaissent l’identité substantielle des deux riles, cyrillien et catholique, mais en faisant abstraction de l’unité ou de la pluralité du sacrement, conception qu’ils jugent étrangère au docteur palestinien ; et dont les autres, comme Gifi’ord, loc. cit., p. xxx, admettent l’existence de la chrismation comme rite sacramentel et distinct du baptême, mais sans consentir à l’identifier pleinement avec ce qui s’appelle le sacrement de confirmation dans l’Église romaine. Question de terminologie, sans importance dans la controverse présente, où il ne s’agit pas du mot sacrement, mais de l’idée représentée par ce mot. La question de fond revient à ceci : la chrismation, décrite dans la troisième catéchèse mystagogique, est-elle un rite distinct du rite baptismal, et doué d’un effet sacramentel ? La réponse consistera dans l’exposition complète du rite et de son effet propre, suivant la doctrine de saint Cyrille. L’importance de cette doctrine a déjà été signalée à l’art. CONFIRMATION, t. il, col. 1032. Voir aussi Schwane, t. iii, p. 513, 51(i, et pour l’exposé complet de la doctrine cyrillienne, Marquardt, p. 52 sq. a) La chrismation, comme rite distinct dubaptême.

— « Après que vous êtes remontés de la piscine sacrée, vous avez reçu le chrême, antitype de celui dont Jésus-Christ fut oint lui-même, c’est-à-dire du Saint-Esprit, » xxi, 1, col. 1089. Telle est la substance du rite dont l’orateur décrit en cette catéchèse les effets et la signification symbolique. L’onction dont il s’agit ici ne peut en aucune façon s’identifier avec l’onction de l’huile exorcisée dont il a été question plus haut ; outre qu’elles se distinguent par la matière employée, l’onction de l’huile est antérieure à l’immersion baptismale, tandis que l’onction du saint chrême se conférai ! aux néophytes au sortir de la piscine sacrée. Dans la dernière catéchèse ad illuminandos, quand le saint docteur annonce l’objet des instructions mystagogiques, il (’numère distinctement trois rites, celui du baptême, celui du saint chrême et celui de l’eucharistie, xviii, 33, col. 1055 ; le rite de la chrismation se trouve ainsi encadré entre deux autres dont la réalité et la distinction ne peuvent pas être mises en question. Dans la catéchèse présente, n. 4, col. 1092. le baptême et le chrême se trouvent exprimés à part, avec répétition de l’article déterminatif : >i-k to lepbv [Jo<7mo-|j.a xx’i to iivaTtxôv

yy.iiiz.. lien est île même i r le baptême, le chn

et l’eucharistie dans la cinquième mystagogique, xiii, l, col. 1109. La chrismation suppose, comme déjà lise’, l’effet propre du baptême, c’est à-dire la régénération du baptisé Opérée par l’onde salutaire, alors que

celle-ci est devenue pour lui principe et de morl et di résurrection spirituelle, x. i sq., col. 1083. La fait que l’onction du saint chrême s’appliquait au baptisé immédiatement apne de la piscine régénéra prouve uniquement l’antiqui conꝟ. 1 1 i

simultanément le baptême et la chrismation ; les i et leurs effets propri tant pas moins distincts.

s. i n i i a 1 1 util les deux rites coie su

tibli i d’être administrés chacun 4 pari’La questionne pour lui dans les’.'"’i’tes ; mais il serait difficile i r le i onti ait e, puisqu’il 1 1

ii les dlai du baptême et que,

d’après lui, la chrismation correspond à l’imposition des mains faite par saint Pierre, Act., viii, 16 sq., sur des fidèles précédemment baptisés par le diacre Philippe, xvi, 26, col. 9.">C>.

b) Éléments constitutifs du rite sacramentel de la chrismation. — Comme dans le baptême, saint Cyrille distingue l’élément sensible et symbolique de l’action corrélative du Saint-Esprit. D’un côté le chrême, dont le front et les sens sont oints, et qui porte avec lui son symbolisme : "Ojrep o, u(i.60Xucb>ç ètù ii, er(Ô7tou, etc. ; de l’autre, l’action de l’Esprit saint et vivifiant qui, simultanément, produit dans l’àme un effet de sanctification : T’.> ôï b.yiui -/.ai Çcooftotû 71v£j|xaTi y, « J*ÛX r l àyiâ^STac, n.3, col. 1092. En cette œuvre, le chrême, comme l’eau, n’est pas un pur signe, mais un instrument du Saint-I -prit : de soi simple onguent, mais tout autre après l’invocation du Saint-Esprit ; c’est alors un don du Christ acquérant, par la présence du Saint-Esprit, la vertu de nous communiquer sa divinité : 7rvs-J(j.aTo ; àyîou 7tapo’j171ï, TT| ; aùtoO âsÔTriTo ; ÈvEpy^Tiy.bv ytvôfj.evov. Quels étaient les termes de l’invocation ? Le catéchiste palestinien, fidèle à la discipline de l’arcane, ne le dit pas ; mais il y fait probablement allusion, quand il dit ailleurs : oîtwç r, uippayi ; ûjxîv âSo6r| xr, ; xotvedvfocç toO âyio’j Uveû[j.ato--, xviii, 33, col. 1056. Paroles presque identiques à celles qui, maintenant encore, sont en usage chez les Grecs dans l’administration du saint chrême : r, o-çpayi ; tt, ç Scopsàç to-j Ilvs’j(j.aToç àyîou. Rien, dans cette catéchèse, sur l’imposition des mains ; rite signalé pourtant, on l’a déjà vii, par Cyrille comme celui dont se servait le prince des apôtres pour communiquer le Saint-Esprit aux nouveaux baptisés. Il faut donc supposer, ou que le docteur palestinien regardait la chrismation comme la seule matière essentielle du sacrement, ou que, pour lui, l’imposition des mains se confondait avec l’application même de la matière, avec la chrismation manuelle. On peut faire valoir pour la seconde alternative cette considération que, suivant l’auteur des Catéchèses, Jésus-Christ donna non pas au prince des apôtres seulement, mais aux disciples, le pouvoir de communiquer le Saint-Esprit par l’imposition des mains, xiv, 25, col. 857. Un pouvoir communiqué aux disciples et relatif à un effet de sanctification qui devait se perpétuer dans l’Église, suppose naturellement un rite universel et permanent. Voir aussi dom Touttée, col. 955, note 1 ; Schwane, t. iii, p. 514 ; Marquardt, p. 65.

c) Effets propres à la chrismation. — Deux effets généraux ressortent de l’ensemble de la doctrine cyrillienne. Le premier est l’assimilation parfaite du chrétien à Jésus-Christ par la communication du Saint-Esprit. Eîç Xpeorov fkêaTtTKTjJ.Évot xai Xpiarôv ÈvS-j<xà[J.svoi, a-’jjj.jxopepoc yeyôvaTE to ! j Yioù toû ©eoû, n. 1, col. 1088 ; telles sont les premières paroles du catéchiste aux nouveaux confirmés. Leur assimilation au Eils de Dieu est devenue parfaite, après qu’ils ont été baptisés dans le Christ (premier acte) et qu’ils ont revêtu le Christ (second acte). Cette assimilation parfaite s’est opérée par l’onction du chrême, antitype du Saint-Esprit dont le Christ fut oint. Dès lors, les chrétiens peuvent s’appeler, eux aussi, des christs, ypco-Toi, et ils sont chrétiens dans toute la plénitude du mot. Ainsi l’assimilation parfaite du chrétien à Jésus-Christ se confond avec la communication du Saint-Esprit que procure la chrismation. Mais qu’entendre par cette communication, évidemment spéciale, du Saint-Esprit ? Serait-ce une communication substantielle de cette personne divine, en opposant la personne à ses dons qui, seuls, seraient communiqués auparavant ? Interprétation qui pourrait se réclamer de celle autre idée cyrillienne qui n’est que le développement de la première : cette communication du Saint-Esprit par l’onction du saint chrême correspond en nous à la descente de la

troisième personne sur le Christ au jour de son baptême. Ou bien, faut-il entendre que la communication substantielle du Saint-Esprit, bien qu’elle ait lieu auparavant, en particulier dans le baptême, reste cependant imparfaite jusqu’à la chrismation et n’atteint que par elle sa plénitude ? Interprétation plus conforme à la doctrine déjà signalée de saint Cyrille sur la présence du Saint-Esprit dans les baptisés et dans les justes de l’ancienne loi, xvi, 26 ; xvii, 18, col. 956, 990. La liliation adoplive se perfectionne, en ce qu’elle augmente dans son fondement, la grâce sanctifiante, et que, par l’onclion qui nous fait semblables au Christel christs nous-mêmes, cette adoption est manifestée symboliquement et comme authentiquemenf déclarée. En vertu de cette onction qui l’assimile au Christ, oint de toute éternité comme piètre et comme roi. il y a dans tout chrétien quelque chose de sacerdotal et de royal, genus eleclum, régale sacerdotium, I Pet., il, 9 ; texte que saint Cyrille avait assurément à la pensée, quand il voyait dans l’onction d’Aaron et de Salornon la figure imparfaite de Fonction du saint chrême, XVIII, 33 ; xxi, 6, col. 1056, 1093. Conséquence rigoureuse et d’une grande portée pratique : le Saint-Esprit est présent dans l’oint d’une façon plus relevée, plus efficace surtout, à cause des grâces distinctes de la rémission des péchés, que répand en lui le grand roi. 7rv£UU, <XTlX7|Ç Swpêâç roO pauiÀÉw ; xix yxç.i’y’i-X’x. XIII, 23, col. 800 ; effusion surabondante, dont les dons extraordinaires, fréquents aux débuts du christianisme, n’étaient qu’une sorte de rejaillissement extérieur. De là ce rôle de perpétuel gardien et défenseur de ses propres soldats, que l’auteur des Catéchises attribue au Paraclet, xvii, 37, col. 1012. Par ce côté, le sacrement de l’onction se retrouve être aussi le sacrement de la confirmation ou de la force : le chrétien baptisé et oint est un soldat qui, pour tenir tête à l’ennemi, est revêtu de l’armure du Saint-Esprit, èvSeSuuivoi tr ( v navoitXîav toïj àyi’ov IIvs-J|xaTo :, n. 4, col. 1092.

Le second effet général de la cbrismation est l’impression d’un sceau ou caractère nouveau, r, Tçpotyi ; xrfi xotvtoviaç toû âyîo’j IlvsJaa-o ;. Sceau manifestement distinct du caractère baptismal, puisqu’il se rapporte à l’onction poslbaptismale du saint chrême, dont il est comme le pendant dans l’àme. Sceau imprimé par l’Espril-Saint, pour frapper l’àme à l’effigie du Christ. Sceau distinctif, comme la marque du soldat ; mais en même temps sceau préservateur, par le secours d’en haut qu’il assure au chrétien, iii, 3, 13, col. 427, 443. Aussi le catéchiste recommande-t-il instamment aux néophytes de conserver intacte cette onction sacrée, dont la vertu salutaire se fera sentir à tout leur être, corps et âme, xvii, 36 ; xxi, 7, col. 1012, 1094.

ci) Relation de la chrismation au baptême. — Quatre conclusions sortent de ce qui précède, relativement à la doctrine cyrillienne. a. La chrismation et le baptême se distinguent comme deux rites, dont chacun a ses éléments constitutifs et sa grâce propre, et qui par là même forment deux sacrements complets et séparables. b. La chrismation n’est pas le sacrement de l’adoption divine ou de la communication du Saint-Esprit, par opposition au baptême dont la grâce ne dirait ni adoption ni communication du Saint-Esprit. Sur ce point, l’opinion proposée par dom Touttée ne répond pas à la vraie pensée de l’auteur des Catéchises, bien qu’elle contienne une part de vérité, c. La chrismation est pour le chrétien le sacrement de la plénitude ou perfection dans la grâce de l’adoption et la participation du Saint-Esprit En ce sens, il peut s’appeler le complément ou la perfection du baptême ; mais complément ou pertection extrinsèque, qui laisse au premier sacrement tous ses éléments essentiels et toutepropriétés qui, dans l’ordre actuel, s’attachent inséparablement à la grâce sanctifiante. <I. La collation simul

tanée des deux sacrements, et le rapport intime qu’ils ont entre eux, expliquent pourquoi saint Cyrille. comme les Pères anciens, ne distingue pas toujours les deux rites ni leurs effets ; souvent il a en vue l'état de chrétien parfait, qui devait être pour ses auditeurs le terme de la sainte quarantaine. Le théologien qui veut prouver, par l’auteur des Catéchèses, l’existence de deux rites sacramentels ou de deux caractères distincts, doit tenir compte de ce fait et baser sa preuve sur des témoignages qui s’appliquent clairement aux deux sacrements à la fois ou à tel en particulier. Marquardt, p. 40, 44, 60.

é) Identité substantielle du rite cyrillien et du rite catholique de la confirmation. — Les objections confondent, en général, la question de terminologie avec la question de chose, ou les points accidentels et secondaires avec le problème fondamental, quand il n’y a pas véritable ignoratio elenchi. Que ce rite s’appelle chez, saint Cyrille nuorripiov plutôt que sacramentum, /s ! T[Aa plutôt que con/irmatio, affaire de mots qui ne fait rien à la chose elle-même. Que l’onction se fasse sur différentes parties du corps, ou seulement sur le front, détail secondaire qui n’atteint ni la substance ni le symbolisme essentiel du rite sacramentel. Qu'à côté de l’onction, il faille une imposition des mains, et quelle imposition, c’est là une question plus grave, mais controversée parmi les théologiens de l'Église latine elle-même. Voir Confirmation, col. 998 sq., 1072. En réalité, l’onction reste dans le rite romain comme dans le rite cyrillien : sacramentum con/irmationis, quod per manuum impositionem episcopi conferunt, chrismando renatos, suivant la formule qui se lit dans la Confession de l’empereur Michel Paléologue. Denzinger, Encfiiridion, n. 388. Et il n’est aucun des effets assignés à la chrismalion par l’auteur des Catéchèses, qui ne convienne au sacrement de la confirmation. Il ne faut donc pas s'étonner que des protestants, d’ailleurs peu suspects d’excessive sympathie pour l'Église romaine, aient reconnu entre les deux rites un air de parenté suffisant pour que le docteur palestinien, mis en présence de l’un et de l’autre, n’hésitât pas à dire : Equidem non possum qu’vn catholicoi mu partes sequar. Plilt, p. 145.

4. L’euc/iaristie. — Saint Cyrille parle de cet auguste sacrement dans ses deux dernières catéchèses, les xxu" et xxih", quatrième et cinquième mystagogiques. Admirable couronnement de son œuvre, où il s’acquitte magnifiquement de la promesse qu’il avait faite auparavant à ses auditeurs, de leur expliquer après Pâques lis mystères du Nouveau Testament qui s’accomplissent sur l’autel, xviii, 33, col. 1056. On a pu dire sans exagération qu’il serait difficile de trouver dans toute l’antiquité quelque chose de plus net et de plus important sur la saillie eucharistie. Marquardt, p. 72. L’ensemble de la doctrine cyrillienne a été bien exposé par Becker, Der heilige Cyrillus von Jérusalem "bec die reale Gegenwarl Chris ti ni der heiligen Eucharistie, dans Der Katholik, 1872, t. i 3g, eu.

a) /'" réelle. — La foi du saint docteur ne se

dégagi pa eulement de telles ou telles expressions, pourtant très significatives, mais du mouvement de ta pensée dans la catéchèse xxii', col, 1097 sq. On venait de lire |i de la I" Épltre, mv Corinthiens,

xi, » sq., en — - i rit l'.uil rapporte l’institution de l’eucha rishe. Cyrille débute uni lui seul, renseignement île l’apôtre que vous venez d’entendre, luffil pleinement pour roui convaincre 'le la divins m

dont la réception vient de vous fane participant ! 'lu

[IO I yx ffÛvBCU.01

', . -.. Lui-même.> dit du pain

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. qui pourrait nier que ce soit son ianf route là

loppemi m ora

tantôt dogmatique et tantôt moral, qui tend à confirmer la foi en ce mystère. Cyrille rappelle le changement de l’eau en vin aux noces de Cana, exemple de la puissance et de la bonté du Sauveur, n. 2 ; les pains de proposition, figure du pain céleste et du breuvage salutaire qui sanctifient l'âme et le corps, n. 5 ; les paroles prophétiques de David sur la table mystique, opposée à la table impure des démons, et sur le calice du saint enivrement, n. 7 ; celles de Salomon sur le pain et le vin spirituels, n. 8. Et chacun de ces souvenirs amène toujours la même conclusion. « Donc, ce qui vous est donné, recevez-le en toute assurance comme le corps et le sang du Christ ; car c’est son corps qui vous est donné sous la figure du pain, èv tJttw ap-ro-j, et c’est son sang qui vous est donné sous la figure du viii, (/ T-J7TO) oi’vou, afin qu’ayant pris le corps et le sang du Christ, vous lui soyez unis en un même corps et un même sang, a-j<7ati)|j.o ; xai <riv<xiu.oç aJ-roO. C’est ainsi que, son corps et son sang se répandant en nos membres, nous devenons des porte-Christ, /piTT^ôpot. C’est ainsi que, suivant la parole de saint Pierre, nous devenons participants de la nature divine, » n. 3. N’imitez pas les Juifs qui, n’entendant pas spirituellement les paroles du Sauveur, se scandalisèrent et le quittèrent, n. 4. « Pour vous, ne voyez pas là du simple pain et du simple vin ; car c’est le corps et le sang du Christ, sa parole en est garant. Si les sens, si le goût vous suggèrent le contraire, que la foi vous rassure et vous rende pleinement certains du don qui vous a été fait du corps et du sang du Christ, » n. 6. « Instruits donc et fermement persuadés que ce qui semble du pain, ô <fa ; vô|j.£vo ; à'pro ;, n’est pas du pain, quoiqu’en dise le goût, mais le corps du Christ, et que ce qui paraît du vin, ô çaivd|j.£vo ; oïvo ;, n’est pas du viii, quoiqu’en dise le goût, mais le sang du Christ, fortifiez votre âme en prenant ce pain spirituel, etc., » n. 9.

Tel est le langage de saint Cyrille dans une instruction adressée à des néophytes pour leur apprendre ce qu'était le mystère du corps et du sang divin, auquel ils venaient de participer une première fois ; langage qu’on doit, par Conséquent, supposer simple et sans ambages ; langage si clair pourtant, que le cardinal Bellarmin u’a pas craint de dire, De sacramento eucharisties, 1. II, c. xin : Ac de sacramento eucharistiæ lam proprie et perspicue loquitur, ut non magis aperte loqui potuerit, si vixisset teniporibiis nos tris. Langage confirmé', de plus, dans la catéchèse suivante, par ce que l’orateur dit de la manière de se présenter i la sainte table. Parmi les recommandations qu’il adresse à ce sujet, on lit en effet celles-ci : « Faites de voire main gauche comme un trône supportant la droite, qui doit recevoir le Roi ; et formant un creux avec cette main, recevez le corps du Christ, en répondant Amen, Puis. après avoir sanctifié vos yeux au contact de ce saint corps, CommunieZ-VOUS ; mais ayez sien de n’en rien

perdre. Tout ce que vous laisseriez échapper, considérez-le comme si c'était une atteinte portée à l’intégrité de vos membres. Dites-moi, je vous prie, si vous aviez dans les mains des paillettes d’or, ne les tiendriez-vous pas avec la plus grande précaution, pour n’en rien re à votre détriment ? Combien plus de soin faut-il mettre a ne rien perdre de ce qui est incomparablement plut précieux que l’or et les pierrerii 6) Transsubstantiation — Quel est le fondement dite ' Comment le corps et le sang 'i< Lrouvent-ils sur l’autel ' Par le chai

ment du pain au corps, et du vin au sang de Ji

Christ t I ii en Galilée, il a changé i i au en in. substance ayant quelque analogie avec le sang. et ne croirions pas au changi ment qu’il toit du vin en sou (Xuv

tl( xlua ; xxii, 2. Changement qui s’opi ri par la n rtu du Saint-Esprit, c < notre do< leur l’indique dans la

catéchèse suivante, en parlant d< l'épiclèse ou prière demandant la descente de ce divin Esprit sur les dons offerts, « afin qu’il fasse du pain le corps du Christ, et du vin le sang du Christ ; car tout ce que le Saint-Esprit touche, est sanctifié et transformé, [/.eTaêéêXïjTou, » xxiir, 7, col. 1416. Idée répétée trois autres fois d’une m inière incidente : « L’invocation faite, le pain devient corps du Christ, et le vin sang du Christ, » xix, 7, col. 1072. « Après l’invocation du Saint-Esprit, ce n’est plus du simple pain, c’est le corps du Christ, » xxr, .'S, col. 1092. « Saintes sont les choses placées sur l’autel, quand elles ont reçu la visite du Saint-Esprit, » xxiii, 19, col. 1124.

En tous ces endroits, le catéchiste attribue le changement à la troisième personne de la Trinité et parle de l’invocation ou épiclèse sans mentionner les paroles évangéliques de l’institution. Conclure de là qu’il ne lisait pas ces paroles dans le canon de la messe usité alors à Jérusalem, serait argumenter d’une façon non seulement gratuite, mais déraisonnable, puisqu’elles se retrouvent dans toutes les liturgies anciennes, en particulier dans celles qui sont le plus apparentées avec la liturgie cyrillienne. On peut seulement se demander si, en attribuant le changement à l’action du Saint-Esprit, le docteur palestinien prétendait considérer l'épiclèse indépendamment des paroles de l’institution ; ou, d’une façon plus générale, quel rapport il mettait entre les deux choses ? La question paraît insoluble, puisqu’il n’a considéré qu’un des éléments du problème, sans rien dire de l’autre. Aussi les conjectures ont-elles libre carrière. Peut-être la discipline du secret l’empêchait-elle de parler des paroles de la consécration d’une manière qui les aurait désignées comme la forme même du sacrement. Schwane, t. iii, p. 591. Peut-être jugeait-il inutile, après ce qu’il avait dit au début de la catéchèse précédente, de mentionner le récit de l’institution, assez connu déjà de ses auditeurs. Probst, Die hierosolymilanische Messe nach den Schriflendes heiligen Cyrillus, dans Der Kalholik, 1884, t. i, p. 150, 253. Peut-être regardait-il ce qui se disait alors entre la préface et le Pater, comme un tout moral, qu’il aurait compris sous la dénomination générale d’invocation du Saint-Esprit. Dom Touttée, col. 1114, note 5. Ce qui est certain, c’est que, l'épiclèse achevée, il considère la consécration comme parfaite, puisque aussitôt après il ajoute : Eita, (jicrà to à71affiT0ï)vai tt)v uv£U|j.ariy.riv âuat’av, n. 8, col. 1116. Faut-il conclure de là, qu’avant l'épiclèse, il ne considérait pas encore la consécration comme complète, ou n’y aurait-il qu’une appropriation faite au Saint-Esprit d’une action commune aux trois personnes divines et opérée proprement par les paroles évangéliques ? Dom Touttée, diss. III, n. 94 sq., col. 278 ; Probst, op. cit., p. 258 sq.

c) Objections protestantes. — Diverse a été l’attitude des théologiens hétérodoxes à l'égard de la docrine eucharistique de saint Cyrille. Dans l'Église anglicane, en dehors des théologiens « romanisants » dont la croyance à la transsubstantiation et au sacrifice de la messe a été dénoncée par W. Walch, The secret histonj of the Oxford movement, c. vii, 5e édit., Londres, 1899, p. 202 sq., cette doctrine a été généralement interprétée dans le sens luthérien d’une présence réelle de Notre-Seigneur, mais avec persistance du pain et du vin. devenus par la consécration le corps et le sang sacramentels de Jésus-Christ. Pusey, The doctrine of the real présence, as contained in the Fathers, Londres, 1883, p. 91, 101, 278 sq. ; GilTord, op. cit., p. xxxvi sq. En dehors de l'Église anglicane, quelques théologiens protestants ont reconnu, franchement ou avec des réserves, que l’enseignement du docteur palestinien représente en substance la doctrine catholique de la présence réelle et de la transsubstantiation ; par exemple, E. Crabe, dans ses notes sur saint Irénée, .<lrersus hfvreses, 1. Y,

c. ji (voir dom Touttée, col. 27 i. et, parmi les modernes, Plitt qui conclut ainsi de justes remarques sur le sens propre et naturel du langage cyrillien : lis, r/use supra laudavi, plene et aperte transsubstantiationeni docen </<<i.s f/uæso infitiari poterîtf Mais la masse a interprété le texte des Catéchises dans le sens de ses propres opinions : présence spirituelle et symbolique, ou présence réelle à la manière de Luther. D’autres ont distingué entre le langage de Cyrille qu’ils avouent réaliste et le fond de sa doctrine ou sa pensée personnelle qu’il leur plaît de déclarer spiritualiste et symbolique ; tels, par exemple, A. Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichtc, 3e édit., t. ii, p. 432, et l’auteur de l’art. Cyrillus von Jérusalem, dans Realencyklop' fur protestanlische Théologie unit Kirche, 3e édit., t. iv, p. 383. Voir dans l’ouvrage cité de V. Schmitt, p, 17 sq., une revue succincte de la position prise, relativement à la pensée de l’auteur des Catéchèses, par les principaux théologiens protestants d’Allemagne au xixe siècle. Les limites de cet article ne permettant ni d’exposer toutes ces conceptions personnelles, ni d’en discuter le côté manifestement arbitraire, il suffira de signaler les principales objections, celles-là du moins qui se rapportent directement à la doctrine cyrillienne.

a. Contre la présence réelle. — Saint Cyrille prémunit lui-même ses auditeurs contre l’hypothèse d’une manducation physique et par suite d’une présence réelle de son corps et de son sang, puisqu’il reproche aux Juifs de n’avoir pas su entendre les paroles de Jésus-Christ dans un sens spirituel, | « ] kxt)xoôteç nvEU|Mmx<ô$ tûv }.eyo|jivtov, xxii, 4. — Réponse. — D’après le contexte, le terme 7tvs’j[axti-/£> ; s’oppose uniquement à la conception grossière que les Juifs se faisaient d’une manducation du corps de Jésus-Christ semblable à celle des viandes communes, vojjuÇovtï ; oti ï--. trapxoça’yîav avToù ; 7cpoTp£7Texai. Comparée à cette manducation charnelle, la manducation eucharistique peut s’appeler spirituelle, parce que le corps et le sang de Jésus dans l’eucharistie, unis à la divinité et glorifiés, jouissent de propriétés qui les soustraient aux conditions matérielles et sensibles des corps ordinaires. Voir Schmitt, op. cit., p. 8 sq.

D’après saint Cyrille, le corps du Christ nous est donné èv nijua) « prou, xxii, 3 ; ce qui signifie que le pain lui-même est type ou symbole du corps du Christ, in pane typo sire figura, comme dans l’expression signum circumcisionis ou typus Jonæ ; par conséquent, la présence et la manducation du corps de Jésus-Christ doivent s’entendre symboliquement. C’est dans le même sens que nous devons goûter, non le pain et le viii, mais Vantitype du corps et du sang du Christ, xxiii, 20 ; c’est-à-dire voir dans ces substances la figure du corps et du sang du Christ. — Réponse. — Cette interprétation de l’expression èv --Jnu> oip-cu est d’abord singulière en elle-même, puisqu’elle revient à dire : « Dans le pain, figure du corps, vous est donné le corps : » ensuite, et surtout, elle est pleinement opposée à lout le contexte, comme on peut le voir par ce qui a été dit plus haut. Le vrai sens est : « Sous la forme (extérieure) du pain (i çaivoixsvoç apToç) vous est donné le corps même du Christ. » Dans le second passage, non seulement le sens, mais la lettre même est faussée, car le texte porte àvTiTtSwou <ru>u.a70 ;, sans article entre ces deux mots, àvriiûirou étant pris adjectivement ; ce qui nous amène à ce sens, diamétralement opposera celui des symbolistes : Dans ce qui nous est donné, nous devons voir, non du pain et du viii, mais le corps et le sang du Christ, antitype du pain et du vin. c’est-à-dire répondant à ce qu’il y a de symbolique dans la forme extérieure du pain et du viii, comme la réalité répond au type. Dom Touttée, diss. III, n. 83 sq., col. 265 : Recli, toc. cit., p. 437 sq. ;.Marquardl, p. 83 sq.. lit' Pour saint Cyrille le vrai pain de l'âme, c’est le Verbe

lui-même : « Comme le pain convient parfaitement au corps, ainsi le Verbe à l’àme, » xxii, 5. Aussi, dans la catéchèse suivante, n. 15, le pain eucharistique est appelé pain substantiel, imtoûaioç, c’est-à-dire qui se réfère à la substance de l’âme, è : ù ty)v oùaîav tïjç « I^X^K /.aTaraTuôu.svrj ;  ; pain qui n’est pas soumis aux lois ordinaires de la digestion humaine, oOx eîç xot’/.iav /wpEÎ xaî £Îç àcpïSpwva ÈxëàXXerai. Autant de propriétés qui prouvent que la manducation du corps du Christ dans l’eucharistie est purement métaphorique, et symbolique de l’action directe du Verbe sur l’âme du communiant. — Réponse. — Dans le premier passage, saint Cyrille n’oppose nullement le Verbe au pain eucharistique ; il attribue seulement au Verbe une aptitude naturelle à être la nourriture de l’âme, aptitude analogue à celle qui convient au pain ordinaire à l’égard du corps humain. Or, le pain eucharistique étant le corps même et le sang de Jésus-Christ unis indissolublement à sa divinité’, contient précisément le Verbe ; de ce chef, il possède une vertu sanctificatrice des âmes, et mérite le nom de pain substantiel. Que, par ailleurs, il ne soit pas soumis aux lois communes de la digestion humaine, c’est une conséquence de l’état spécial et comme spirituel qui leur est propre ; mais il n’en résulte rien contre la présence réelle ni la réception physique du corps et du sang divin. L’objection vaudrait seulement dans l’hypothèse de l’impanation.

b. Contre la transsubstantiation. — Saint Cyrille dit seulement de ne pas voir dans les éléments eucharistiques du simple pain et du simple viii, fj.r, ttooie/e o-jv (> : ifiiXoïc -.’» Sp-ru /.xi t<3 ofvw, xxii, 6 ; ce qui n’entraîne pas de changement physique dans ces substances ; il suffit qu’en vertu de la consécration ou sanctification, ils deviennent le corps et le sang eucharistique ou sacramentel du Christ ; ils ne sont plus alors simplepain ni simple vin. Telle est la doctrine suggérée par les comparaisons dont se sert ailleurs l’auteur des Catéchèses, à savoir (1rs mois offerts aux faux dieux qui, de leur nature, sont do simples aliments, mais deviennent profanes ou impurs par l’effet de leur consécration au démon, xix, 7, col. 1072, ou du saint chrême qui, après l’invocation du Saint-Esprit, n’est plus un parfum ordinaire, mais quelque chose de plus, xxi, 3, col. 109’2. Exemples où nul changement substantiel n’intervient. Le principe même qu’énonce le catéchiste palestinien, à propos de l’épiclèse : (< Tout ce que le Saint-Esprit touche est sanctilié et transformé, toOto ifta<n » i y.ai l*eTa6é6Xi)Tai, » serait manifestement faux, si on l’entendait d’une action transformatrice physique et substantielle. Pusey, op. cit., p. 91, 212, 280. — Réponse.

— Saint Cyrille ne se contente pas de dire : « Ne voyez pas là du simple pain, etc. ; S il ajoute : g Voyez-y le corps et le sang du Christ, d "n ne lit pas ce que les adversaires de la transsubstantiation prétendent lire entre les lignes i Voyez-] aussi le corps e( le sang du Christ, i Tout le développement de la penséi du hisle tend à ce terme : Croyez fermement que le corps i i le san Christ sont sur l’autel, le pain

in ayant été chan corps et en ce -.m ::.

Mans 1rs autres endroits objectés, l’orateur ne prétend nullement comparer, sous le rapport de leur nature ou de leur espi ce propre, le divei tnents qui

l’invocation <lu Saint-Esprit on du démon, se font, d’un côté, dam le pain et le viii, de l’autre, dam le i I t les aliments offerts aui faux dieux ; il affirme seulement qu’il j a changement dan le deui i

qu’aprt ii nonne ion plu i n pi

ni de simple pain ou de simple viii, ni d’un simple parfum, ni de simples aliments ; tel est le point précis de la comparai on Quelle i il la nature spécifique du changement dans chacun

i" n même qu’il faut le demanda r, mais a et’i 1 "’i dit ailleut - d… - changt n » m dérés en eux-mêmes et dans leurs termes. Ainsi, dans le cas du chrême, il y a changement en ce sens que, par l’action du Saint-Esprit, le chrême acquiert une vertu sanctificatrice qu’il n’avait pas auparavant ; et dans le cas de l’eucharistie, il y a changement en ce sens que par l’action du Saint-Esprit, le pain et le vin deviennent le corps même et le sang de Jésus-Christ. La même réponse s’applique au principe énoncé à propos de l’épiclèse. Toute action du Saint-Esprit est, de soi, sanctificatrice et transformatrice, tel est le sens universel du principe ; mais toute action, même exprimée par le terme piETaëéëXï]Tat, n’est pas, de soi, physique et substantielle. Quand le sera-t-elle, c’est au contexte et à l’étude des termes propres du changement qu’il faudra le demander. Voir passim les auteurs déjà cités.

Plusieurs expressions de saint Cyrille sont inintelligibles sans la persistance du pain et du vin. Quand il dit que, le corps et le sang du Christ se répandant en nos membres, nous devenons des porte-Christ, la chose ne peut s’entendre que du pain et du vin considérés comme le corps et le sang sacramentel du Christ. De même, quand il parle de ce pain qui n’entre pas en nous, pour être rejeté ensuite, comme le pain ordinaire, mais qui entre en tout notre être, pour le bien du corps et de l’âme. Gifford, loc.cit. — Réponse.— Ces passages sont, en réalité, indifférents dans la controverse entre défenseurs et adversaires de la transsubstantiation. Le premier reste vrai, dans la doctrine catholique, on vertu de la relation intime qui existe entre les espèces sacramentelles el le corps eucharistique du Sauveur. Ce que les théologiens anglicans disent du pain, considère comme le corps sacramentel du Christ, vaut, pour les théologiens do Rome, des espèces eucharistiques qui sont, pour ainsi dire, le véhicule en nous du corps i i du sang divin. Le second passage, en ce qu’il ajoute au premier, ne fait qu’énoncer deux choses incontestables, et incontestées dans l’Église romaine : d’abord, le caractère d’aliment spirituel qui convient au corps et au sang eucharistique de Jésus-Christ, qutoî 6 à’p-ro ; où* eïç xoiXfav /(opîî, etc. ; puis, l’efficacité surnatui’elledonl il jouit par rapport au corps et à l’âme, eîç ùféXstotv iTwjxaToi ; xa’t 4, u /iç ; efficacité dont saint Cyrille ne détermine pas la nature, mais dont il savait l’existence par la doctrine de saint Jean, VI, 48 sq. Voir, en général, les réponses de dom Touttée aux objections du calviniste français, E. Aubertin, col. 243 sq.

d) Liturgie cyrillicnnc ; sacrifice de la messe. — Dans sa dernière catéchèse, col. 110 !) sq., le docteur palestinien explique aux néophytes la signification et le symbolisme des principales cérémonies de la messe des fidèles, à laquelle ils venaient d’assister pour la première fois. Les cérémonies expliquées sont : le lavement des mains ; le baiser de paix ; la préface, prédu Sursum corda et suivie du Sanctus ; l’épila grande intercession, et le mémento des vivants

el des rts ; l’oraison dominicale, dont touti

paroles sont commentées ; le Sancta sanctis, ou imitation à la communion ; enfin la communion elle-même. qui se faisait alors sous les deuxe | catéchiste

termine en recommandant à ses auditeurs de fréquenter la sainte table, el pour cela de ne i Malgré les lacunes évidentes qu’il présente, ce résumé de la messe biérosolymitaine du i si. île reste, s

que nous dit saint Justin du même sujet dans sa pre Vpologie, le pluriche document liturgique de l’antiquité ecclésiastique. Vussi cetti catéchie a-t-elle fait l’objet de nombreux travaux, ou ion i surtout étudié les rapporta de la liturgie cyrilli la li dit de nui Jacques >i celle des Constitution » loliquei, I. VIII. <. m sq., /’. t-.. t. t, col. 1090 sq. Voir, entra antres, F. Probst, toc cit., p 148, 253 ; Mader, p. 148 sq. ; Marquardt, p. 100 « q. Dans li

tails, In liturgie cyrillienne se rapproche davantagi tantôl de l’une, et tantôt de L’autre ; en somme cependant, elle présente une similitude plus grande avec celle îles Constitutions apostoliques ; ce qui pourrait continuel' l’opinion, émise par beaucoup, que ces Constitutions auraient été rédigées en grande partie à l’usage des Eglises de Palestine, et de Jérusalem en particulier. Toutefois, sur la question du rapport d’origine et de priorité absolue entre ces différentes liturgies, rien n’est encore définitivement acquis.

Dans l’ordre doctrinal, cette catéchèse contient l’affirmation la plus explicite du sacrifice de la messe, dans le passage déjà cité qui vient immédiatement après l’explication de l'épiclèse : « Ensuite, après avoir parfait le sacrifice spirituel, le culte non sanglant, ttjv 7rv£'jp.ocTixr|v 6'j<7t’av, ty|V àvaip.axTOv XotTpeiav, nous invoquons Dieu sur cette victime de propitiation, àrrl t ? ( ç 9'j<jia ; è.'Ei’vri ; xoû i), a<xii.oû, en le priant pour la paix générale de l'Église, pour l’heureux état du monde, pour les empereurs, etc. ; et, en général, nous prions et nous offrons cette victime pour tous ceux qui ont besoin de secours, n. 8. Suit la double commémoraison dont il a déjà été question : simple commémoraison des bienheureux, u.vï)u.ove-jou.ev y.z toov 7rpojrcxoiu.Y)pivcov… ; commémoraison déprécatoire en faveur des défunts de la communauté, xal ÛTtèp tu>v Tipoxexoiu.Y]uiva>v…, n. 9. Qu’il ne s’agisse pas ici simplement de Jésus-Christ considéré comme victime immolée jadis au Calvaire, mais que l’orateur l’ait aussi en vue comme victime présente sur l’autel, ce même passage le prouve expressément, car Cyrille parle de ces supplications comme faites « pendant que la sainte et redoutable victime git là sur l’autel, triç âyîaç v.a’t eppœio8E<rtoctï]î Tipoxetfjivvi ; bvaias » . Doctrine si conforme à l’enseignement de l'Église romaine sur le sacrifice de la messe et sa valeur non seulement latreutique et eucharistique, mais impétratoire et propitiatoire, qu’en ce point, comme en tant d’autres, Plitl a cru devoir conclure, p. 153 : Itaque Iota Ecclesiæ romanse doctrina lantum non tolidem verbis apud Cyrillum invenitur. Cf. Touttée, diss. III, n. 92, col. 276 sq.

12° Conclusion : orthodoxie de saint Cyrille et valeur des Catéchèses. — Quelques mots suffiront à résumer l'œuvre du docteur palestinien. Son orthodoxie résulte de tout ce qui précède. Rien, dans sa doctrine, qui s'écarte de la foi professée alors par l'Église catholique. Mais l’orthodoxie d’un Père et d’un docteur de l'Église n’est pas synonyme d’infaillibilité dans toutes les questions qui n'étaient pas encore définies de son temps ou qui appartiennent au développement théologique du dépôt primitif, considéré dans toute sa virtualité. Saint Cyrille de Jérusalem n’a pas échappé à la loi commune de l’humanité ; sur quelques points, très restreints d’ailleurs, sa théologie n’a pas toute l’exactitude ou toute la netteté désirable.

D’un autre point de vue, il faut distinguer en lui le théologien et le témoin de la foi ou delà tradition chrétienne, soit en général, soit à Jérusalem. Le théologien n’olfre pas la même richesse ni la même complexité doctrinale que d’autres Pères de la seconde moitié du IVe siècle, qui furent les défenseurs attitrés de l’orthodoxie, comme saint Athanase et saint Hilaire, ou qui, comme saint Basile et les autres grands Cappadociens, furent les initiateurs d’un mouvement théologique qui devait ensuite se propager et se développer. C’est en ce sens seulement que l’auteur de l’article consacré à saint Cyrille de Jérusalem dans le Dictionary of Christian biography, Londres, 1900, t. i, p. 763, a pu lui refuser « une place parmi les maîtres de la pensée chrétienne dont les écrits forment la richesse permanente de l’Eglise. » Mais, comme écho de l’antique tradition et de la foi catholique, les Catéchèses du docteur palestinien gardent la valeur que l’Eglise romaine leur a si magnifiquement

reconnue dans la quatrième leçon de l’office du saint : lllas vere mirandas conscripsil catéchèses, quibus lolam ecclesiasiu mu doctrinam dilucide et copiose complexus, singula religionis dogmata cou Ira / hostes soluli' propugnavit. lia vero in his enucleate et distincte disseruit, ut non solum jam exorlus hæreses, sed futuras eliam quasi prsesagiens everterit, quemadmodum preestitil asserendo corporis et sangui Christi realem præsentiam in mirabili eucharisties sacramento. Pour s'être maintenu dans l’exposition ou l’explication familière du dogme, son enseignement n’en est que plus apte à relléter, dans ses lignes principales, la foi commune et la vie chrétienne de son temps.

A cette valeur doctrinale s’ajoute, comme titre secondaire, l’intérêt que les Catéchèses peuvent présenter pour l’histoire ecclésiastique ou topographique de la ville sainte par les nombreuses et intéressantes références à la localité, qui s’y trouvent disséminées. Voir, sous ce rapport, la seconde partie de la monographie de Ph. Gonnet, Qv.id ad Ilierosolynisc historiam aut descriptioneni in Cyrilli Calechesibus conducat.

I. ÉDITIONS DES ŒUVRES DE SAINT CYRILLE. — 1' G. M’T’II.

Catéchèses, id est instituliones ad res sacras, texte grec et version latine, Paris, 1564 ; édition incomplète ; 2* J. Prévôt, Catéchèses grxce et latine ex interpretalione Juan. Grodecii nunc primum editx ex variis bibliothecis, prxcipue Yaticana, Paris, 1608 ; 1e édit.on complète du texte grec ; 3* Th. Milles, Sancli Cyrilli Hierosolyrnitaniarchiepiscopiopera qux su sunt omnia, Londres 1708 iditicn biui supérieure a la | dente ; 4° dom Touttée, S. P. N. Cyrilli archiep. Hierosol. opéra quse extant omnia, Paris, 1720 ; la meilleure de toutes les éditions, réimprimée par Migne, P. G., t. xxxiii ; 5° G. C. Reischl, S. P. N. Cyrilli Hierosolymorum archiepiscopi opéra qux supersunt omnia, 2 in-8°, dont le second volume a été édité par J. Rupp, Munich, 1848, 1860, édition commode et critique, où quelques nouveaux manuscrits ont été utilisés ; apparatus litterarius, p. cxlvii sq., sur les codices, etc. ; 6* To3 i jjp.3v KupiTuu àj/'.^-.Txi-oj 'lEpo<roXû|iov -, J in-8°, com prenant seulement les catéchèses ad i luminandos, Jérusalem, 1867-1868 ; édition faite à la demande de l’archevêque Cyrille II, sur un manuscrit nouveau, commencée par Denis Cléophas, principal de l'école théologique de Jérusalem, et continuée par son successeur Photius Alexandridès.

II. Traductions.

1° Latine, par J. Groddeck. doyen de Glogau en Bohême, Catéchèses ad illuminandos et mystagogicx, Rome, 1564. — 2° Françaises : Louis Ganey ou de Gante, Vingt et trois Catéchèses, ou Instructions verbales du saint Père Cyrille Archevesque de Jérusalem, Paris, 1564 ; J. Graiicolas, Les Catéchèses de saint Cyrille de Jérusalem avec des notes et des dissertatiorts dogmatiques, Paris. 1715 ; A. Faivre, Œuvres complètes de saint Cyrille, patriarche de Jérusalem, traduites du grec sur l'édition du Père Touttée, 2 in-8 #, Lyon, 1844 (traduction peu exacte). — 3' Anglaises : The catechetical Lectures of S. Cyril, archbishop of Jérusalem, translatai, with notes and indices, Oxford, 1838, dans A Library oftlie Fathers, t. ii, la préface est de Newman ; même traduction revue par E. H. Giiïord, avec une bonne inU-oduction et des notes utiles, dans A sélect Library of Xicene and Post-Nicene Futhers, 2 « série, Oxford, 1894, t. vu. — 4° Allemandes : J. M. Feder, Cyrill’s Schriften ùbersetzt und mit Anmerkungen vorsehen, Bamberg, 1786 ; J. Nirschl, dans Bibliothek der Kirchenvàter, Kempten, 1871. —5° Arménienne : Cyrilli Hieros. Catéchèses in armenam linguam versx, Vienne, 1832, traduction incomplète.

Il y a eu, de plus, des éditions et des traductions partielles des Catéchèses, soit, à pari, soit dans des ou ri »i. se rap portant à l’histoire de la liturgie, des sj mboles, du catéctauméiiat ou de la catéchèse.

III. Ouvrages généraux.

En premier lieu, les prolégomènes de dom Touttée. comprenant d’abord trois dissertations importantes : De l’ita et rebusgestisS. Cyrilli ; De scriptis S. Cyrilli. De variis cyrilliansB doctrinæ capitibus ; puis les Veterum testimoniadeS. Cyrillo Hierosolym.ejusqu La première dissertation ayant été attaquée, sur la question des rapports de saint Cyrille ; ivec les homéousiens, dans les Mémoires de Trévoux, décembre 1721. a. 102, p. 2353 sq., dom Maran, l'éditeur de dom Touttée, publia une Dissertation sur les ariens, dans laquelle on défend la nouvelle i suint Cyrille de Jérusalem contre les auteu ' - de Trévoux, Paris, 1722 : apologie qui, abstraction laite de quelques détails, semble

et efficace. — Pour les autres ouvrages généraux qui traitent de

saint Cyrille, voir U. Chevalier, Répertoire des sources historiques lia moyen âge. Bio-bibliographie, 2 < d i t., t. r, col. 10961097. Sont particulièrement utiles, sous le rapport biographique, Tillemnnl, Mémoires ecclésiastiques, Paris, 1702, t. viii, p. 428 sq, 779 sq. ; pour l’analyse des Catéchèses, dom Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, Paris, 1865, t. v, p. 25 sq. Augusti reproduit la procatéchèse et la cinquième mystagogique, en y joignant quelques notes utiles, dans ses Denkwurdigkeiten aus der christlichen Archaologie, Leipzig, 1821, t. iv, p. 175 sq. Caspari établit un parallèle entre la iv" catéchèse de Paint Cyrille et le décalogue de saint Grégoire de Nazianze, dans Aile und nette Quellen zur Geschichtedes Taufsymbols und der Glaubensregel, Christiania, 1879, p. 140 sq. Weiss fait un rapprochement entre plusieurs passages des Catéchèses et divers sermons de saint Augustin ad compétentes, art. Katechetischcr Unterricht, dans Real-Encyklopàdie der christlichen Alterthùmer, de Kraus, Fribourg-en-Brisgau, 1886, t. II, p. l’il sq.

TV. ÉTUDES SPÉCIALES. — 1* Auteurs catholiques : G. Delacroix, Saiitt Cyrille de Jérusalem, sa vie et ses œuvres, in-8°, Paris, 1865 ; Ph. Gonnet, De sancti Cyrilli Hierosolymitani arcltiepiscopi catechesibus, in-8° Paris, 1876 ; J. Marquardt, Siincit Cyrilli Hierosolymitani de contentionibus et placitis arianorum sententia, in-8° Braunsberg, 1881 ; Id., Sanctus Cyrillus Hierosolymitanus baptismi, chrismatis, eucharistie mysteriorum interpres, in-8°, Leipzig, 1882 ; J. Mader, Der lil. Cyrillus, Bischof von Jérusalem, in seinem Leben und seinen Schriften, naclt den Quellen Aargestellt, in-8° Einsiedeln, 1891 ; A. Knappitsch, Sancti Cyrilli, episcopi Hierosolymitani, catechesibus, qu : r principia et prsecepta morum conlineantur, arle cottclttsa, dans Jahresbericht des… fttrslbischôflichen Cymnasiums… Carolinum Augustinum, Graz, 1899 ; V. Schmiit, Die Verheissung der Eucharistie (Joh. n) bei den Antiochenern Cyrillus von Jérusalem und Johannes Chrysostomus, in-8% Wurzbourg, 1903. — 2° Auteurs protestants : C. M. Pl.itl. Dissertatio de sententia Cyrilli Hierosolymitani in articulo de - S, in-’r. Tubingue, 1721 ; [F. G. Cyriacus],

Sancttim Cyrillum Hierosolymitanum a corruptelis pontiftciis. quas recentissimus ejus elucidator Antonitis Augustinus Tuttxtts aliique ei afftnxerunt, præside Salomone Deylingio, in Academia F.ipsiensi pridie calend. Mail i~S6… publiée purgahit et vindicabit autor M. Friedrich Gottlieb Cyriacus, Isltbiensis Saxo ;.1. W. Feuerlein, Dissertatio qua m sententiam Cyrilli Hierosolymitani de prsesentia corporis et sanguinis Christ) in sacra cceita inquiritur, in-4 Gœttingue, 1765 ;.1..1. van Vollenhoven, Spécimen theologicum de Cyrilli Hiero catechesibus, in-8°, Amsterdam, 1837 ;. I. Th.

Plitt, De Cyrilli Hierosolymitani orationibus qux exstant catecheticis, in-8, ll< 1855.

x. Le Bachelet.