Dictionnaire de théologie catholique/CONSUBSTANTIEL

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.2 : CONSTANTINOPLE - CZEPANSKIp. 168-174).
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CONSUBSTANTIEL. Il s’agit uniquement ici de donner et préciser la notion exacte de ce terme théologique. Quant à l’histoire des controverses qui ont provoqué son adoption dans le langage officiel de l’Église et fixé sa signification dogmatique, elle a eu déjà et aura encore ailleurs sa place naturelle et logique, dans les articles spéciaux qui ont trait à l’histoire du dogme de la consubstantialité. Nous n’avons donc pas à nous en occuper directement, et nous n’y aurons recours que dans la mesure où ces considérations historiques et critiques sont nécessaires pour entendre le terme qui nous occupe et comprendre la chose qu’il exprime : la consubstantialité ou l’homousie. —

I. Étvmologie. II. Notion naturelle et philosophique. III. Notion surnaturelle et révélée, ou application théologique au Fils de Dieu. IV. Application theologique à l’Esprit-Saint. V. Application théologique, commune aux trois personnes de la sainte Trinité.

I. Étymoi.ogie. — L’étymologie du mot a ici sa grande importance, car elle en suggère déjà le sens réel. — 1° Consubstantiel (cum, substantiel) a une signification obvie, celle d’une substance possédée par deux ou plusieurs termes, en sorte que la consubstantialité emporte immédiatement l’idée de communion d’une substance entre deux ou plusieurs sujets ou personnes. Communion ou communauté de substance, c’est donc dire communion ou communauté de cet élément réel, permanent et sous-jacent, qui constitue un être en soi et non en autrui, et partant soutient dans son intimité propre les déterminations diverses qu’il peut recevoir, comme les modifications qu’il peut subir à travers son existence. Voir SUBSTANCE. — 2° Consubslantiel trouve presque un synonyme dans coessentiel. qui exprime C03

la communion ou communauté d’essence. Mais comme les philosophes distinguent plusieurs essences, il s’ensuit que le mot pourra prendre des significations diverses suivant les différents concepts auxquels il se trouvera être appliqué. Voir Essence. — 3° Le mot grec correspondant à coessentiel comme à consubstantiel est ôu.ooûo-i, o ;, composé de â(j.ôç, le même pour tous ou pour plusieurs, commun à plusieurs, et de a-j<rta,

ice, substance. Suicer, Thésaurus ecclesiasticus,

(looûcrtoç, Amsterdam, 1728, t. ii, col. 480-481, rapporte plusieurs définitions empruntées aux anciens. Il cite d’abord celle-ci, extraite d’une œuvre douteuse de saint Grégoire le Thaumaturge, où l’auteur, appliquant déjà, dans sa pensée, le terme à la divinité, observe que 6nooJ(7 ; ov signifie communauté de nature et d’éternité, sans différence : ’0(aoov<tiov yàp XeyeTat tô TauTov rr, o’J7Ei xai -jj àïStô’tïjTt àirapa/XâxTa) ;. S. Grégoire le Thaumaturge, De fide, ii, P. G., t. x, col. 1128. Suicer invoque ensuite plusieurs traités faussement attribués à saint Athanase. Les textes, pour apocryphes qu’ils soient, n’en sont pas moins intéressants à notre point de vue étymologique. L’auteur du livre Des définitions consacre un article à consubstanliel, rapî ôu-oo-ciov. Il déclare, lui aussi, que consubstantiel désigne communauté ou participation d’une même substance et puissance : Kai yàp îtà-oOro XéysTai ôy.oo’jviov, ’, -. : -.() kÔt})v ovicriav -/.ai 8-jvau.iv xéxT/-, -ai. P. G., t. xxviii, col. 546. Il est à peine utile de remarquer que la communauté d’essence ou de nature entraîne celle de la durée, de la puissance et de l’opération. Une explication analogue est fournie par l’écrivain du premier Dialogue sur la sainte Trinité, n. 11. On dit consubstantiel l’être qui reçoit le même caractère (Xôyov) de substance. Ainsi l’homme, en tant qu’homme, ne diffère en rien d’un autre homme ; et l’ange, comme tel, ne dillere en rien d’un autre ange : ’O(j.ooûo-iov âottv, o tbv x’j-.’ii £- ; Ô£/_£7ac Xôyov rîjç ouata ;. Oiov av8pu)7ro ; BvSpedicou oufièv StOCtpépEt, xaôb avOpwjrii ; in-.vi. "AyycXo ; x-yi’i’j-j oûôêv SlOKfépet, i) ayyeXô ; ECTTCV. P. G., t. XXVIII, col. 1153, Pareillement, l’auteur du second Dialogue contre un macédonien observe que consubstantiel signifie de même substance : To yàp ôp.ooJaiôv.ion to ta-JTooùffiov. P. G., t. xxviii, col. 1336.

IL Notion naturelle et philosophique. — Les substances complètes que nous pouvons observer, dans l’ordre naturel, sont toutes sut juris. Klles s’appartiennent, jouissent de l’autonomie chacune dans son domaine intime, et se trouvent, sous ce rapport, indépendantes, distinctes les unes des autres, s’excluant mutuellement chacune de sa propriété. Dans ce monde de la nature, l’unité ou singularité d’essence concrète emporte l’unité ou singularité du terme ou sujet po (Lui t. Iles lors, la consubstanlialité proprement dite, une seule et même substance, numerice eadem, en u indivise ou communion de plusieurs ten

. rencontre pas. Rien, dans l’ordre naturel, ne permet de supposer et de concevoir la communauté d’essence physique, je veux dire la commune participation

él ut ontologique et fondamental qui constitue

un être dans son actualité propre, tout en le distinct de tous no i i cette consubstantialité slriete que nos anciens auteurs appellent communauté d’une mêi e ou substance sans différence, i-a-, ii i //.-(>-, . Ainsi lisons-nous au Ihre Des dé

LOO’J « 7 ! OV - XÙT$j< O.V.a ; / ! ’. lvtpYtfa<

t. xxviii, col. 545.

i peni cependant parler de consubstantialité d l’ordre naturel, ; ( la condition de ne pas entendre la n. on. ion nie et même essence con . d’une même substance Individu Ile, mais la n d’une même’--ence ou su pécl

lique : je veux « lue r, . |„, f, , ijons fondamentales et net . qui nous semblent constitu

caractère propre de toute une catégorie d’êtres, quand l’esprit a, par abstraction, dépouillé ceux-ci de toutes leurs notes individuelles. A ce point de vue précis, l’on doit dire des individus d’une même espèce qu’ils sont tous consubstantiels, en ce sens que tous possèdent une seule et même essence, une même substance ou nature spécifique, spécifiée eadem. L’auteur du livre Des définitions expose clairement ce côté de la question. « On dit aussi consubstantiels, remarque-t-il, des êtres qui sont à la vérité de même substance, mais qui offrent toutefois quelque différence. Par exemple, il y a pierre friable et pierre dure : elles sont pourtant consubstanlielles, c’est-à-dire d’une seule et même substance. Il y a encore bois de palmier et bois d’ébène, et pareillement chair de chameau et chair de poisson. On les dit consubstantiels, parce qu’ils sont d’une même substance de bois ou de chair. De même encore tous les hommes sont d’une seule et même substance ; pourtant il y a bien quelque différence dans leur être : l’un est grand l’autre petit ; celui-ci est puissant, celui-là faible ; nonobstant, ils sont réellement d’une seule et même substance, je veux dire qu’ils sont tous composés d’âme et de corps.’0|j.ooj<710v 6s ion, to ô’v âv -~/) aOr/j o-jo-ia, E’/ov 6È Tiva ôtaçopàv, oiov Xi’Ôo ; eraflpôç, xa Xi’90 ; o-xXr, poV eio"’i 51 Ô|j.oo, je ?i, oi, tout’ètti [Atâ ; oùoiaç. 60"ti 6k xai SjùXov epoîvtxo :, xai a/Xov dëévou - ôu.oîtoç xai cap ! xau-^Aoy, xai 0°àp ? î/O-Jo ;. TaÛTa 8g XéyovTat Ôjj.oojgix, OTt r ?, ; a-JTÎj ; oùcrîaç èo-tiv. "Û<j7 : ep -TrâvTet ; ol avQpioiroi Trj ; (Xiâ ? o-Waç sioiv ïyo-jai ce Siatpopàv to elvat, ÉTEpo ; u.axpô ; xa étEpoç xoXoëâf ôéX.X.o ; ouva.bç, xai aXXo ; vaXaiutopoç.’AXX’o(j.to ; u.iâ ; oviTia ; Et cri, hjyr l ; XÉyto xai o-o>u.<xtoç. P. G., t. XXVIII, col. n’(5. Telle est la seule consubstanlialité qui se puisse observer dans l’ordre naturel : il y a communauté d’une même substance, mais pourtant, disent justement les anciens, avec quelques différences. Dans le langage philosophique, ces différences sont les éléments ou notes individuelles.

III. Notion surnaturelle et révélée.

C’est la révélation qui a conduit les philosophes à distinguer réellement l’essence ou substance, du sujet ou de la personne qui la possède. C’est aussi la révélation, et elle seule, qui les a amenés au concept précis de la consubstanlialité. En nous faisant connaître l’existence et, dans une certaine mesure, les conditions du mystère de la sainte Trinité, la révélation nous a, du même coup, appris qu’il est, et que, par conséquent, il peut y avoir une essence, une substance, une nature, infinie, infiniment une et unique, dont l’unité n’entraîne pas celle des termes ou personnes qui la possèdent chacune dans sa plénitude. Ce fut la manifestation surnaturelle d’un fait inobservé et inobservable par la raison : l’existence d’une essence, d’une substance nettement caractérisée par l’unité de sa perfection infinie, et cependant en la possession de plusieurs termes ou personnes réelles. Ce fut donc aussi la manifestation surnaturelle de la consubstantialité proprement dite : une seule et même essence, substance ou nature, numerice i la communion ou communauté de sujets ou personnes. Les Pères avaient évidemment en vue celle consubstantialité stricte, quand ilparlaient de la partiion d’une seule et même nature, sans changement ni différence : ’0|i.oo Jcriov taxi, t’o rije etvrf)< o-Jo-ia : vai ivspY>faç à-apaX’/ jy.-w ; û-^o/ov. Lib. de de/inilionibur, vi. /’. G., t. xxviii, col.

1 » Le terme consubstantiel, i|XOoÛ9tO(, appartient

mai* an langage officiel de l’Église et il formule

lis l’un des points révélés du mystère de la saiuie

Trinité’, tel qu’il est proposé à la foi de^ catholiques.

arienne que le COtlCilti de Ni

i.m :)i : i. g ur ce qui ri garde le i Ils de Dieu,

le dogme de la consubstantislité. Pour en saisir l< ible et authentique, il faut donc rappeler d

les erreurs ariennes sur ce point précis, et ensuite étudier le texte même de la définition nicéenne.

2° Les ariens, dans leurs formules ondoyantes, successives et diverses, aboutissaient toujours à soutenir expressément que le Fils n’est pas de même substance et nature que Dieu le Père, mais qu’il est d’une nature tout autre et toute différente. Comme toutes choses, disait Arius, sont, dans leur essence, étrangères et dissemblables de Dieu, ainsi le Verbe est-il en tout dînèrent aussi et dissemblable de l’essence et de la propriété de Dieu le Père. Kai itâvtcov |évu>v xcù àvou.o ! a>v ovxiov xoO 0soû xax’o-jffÉav, o’jxa> xai ô Aôyoç àXXdxpioç piv xai àvô(j.oio ; xaxà irâvxa xrç xoO Ilarpô ; outiocç xa îôh5tt)t<5ç èo-xi. S. Athanase, Urat., i, cont. arianos, n. 6, P. G., t. xxvi, col. 24.

En conséquence, il n’est pas véritablement Fils de Dieu, et si parfois on le qualifie de ce nom sublime, c’est par adoption. Il n’est pas véritablement et proprement un Fils engendré par Dieu le Père. Ce Seigneur, disait encore l’hérésiarque, étranger sans doute et différent de la substance du Père, n’est appelé le Verbe que selon notre manière de penser : et il n’est pas selon la nature et en vérité Fils de Dieu, mais c’est par adoption qu’il est appelé Fils : Oùxoç 8s ô Kûpioç i-évoç [Xsv xai àXXôxptoç, so-xc tt, ; toO Ilarpà ; ovio-îa ; - xax’ÈTtfvoiav 8s p.ôvov Xéysxai Aôyoç, xoù oùx s<m yiv xaxà çûo-iv xai àXviOivbç xoû ©sou Yibç, xaxà Oscrtv os XÉysxai xai ouxoç Y£bç. S. Athanase, De sententia Dionysii, n. 23, P. G., t. xxv, col. 513.

Même il n’est pas véritablement Dieu, et si on l’appelle ainsi, c’est par une grâce de participation, par dénomination seulement et dans un sens tout relatif, comme pour tous les autres hommes. Où8à ©sbç àXr]8tvô ; âernv ô A6yoç. Eî oèxai Xsysxat ©sbc, aXXVjx àXr ; ôtvôç lortv* àXXà pexo-/-/ ; -/âptxoç, oio-irsp xa’i oî aXXoc irâvxsç, o’jto) xai aOxbç Xsysxai ôv6|Ji, axi (j.6vov ©sdc.. S. Athanase, Orat., i, conî. arianos, n. 6, P. G., t. xxvi, col. 21-24.

Il est donc un être créé comme les autres, â>ç xTÎ<ru.a, ïbid., bien que supérieur, occupant comme tel, en raison de sa fonction et de son exaltation toute spéciale par le Père, une place à part et transcendante au sommet de l’échelle des êtres. Car Dieu ayant prévu qu’il persévérerait librement dans le bien et ne tomberait pas dans le péché, l’a choisi et l’a jugé digne de porter un nom divin, bien qu’il nous fût entièrement égal par nature. Il ne se distingue, eu effet, de nous qu’en ce qu’il a été créé avant toutes créatures et qu’il a accompli la création comme instrument de Dieu.

Dans ces conditions, il ne pouvait plus être question, sous un rapport quelconque, d’égalité et de consubstantialité entre le Fils et le Père. Saint Athanase rapporte encore ce blasphème d’Arius : "IStov oûSèv’éyu toO 0eoO xa6’ÛTtéoraciv (substance) ïoiÔTYixoc/ oOSs yàp èo-xcv i’o-oç, àXX’oùos &(Aooûo-to< ; aûxéo. De synodis, n. 15, P. G., t. xxvi, col. 705, 708. Voir t.’i, col. 1786.

3° Pour confondre cette erreur arienne, le concile de Nicée a rédigé et promulgué le symbole qui conserve toujours son nom.

1. Les Pères proclament tout d’abord, ce qui d’ailleurs n’était pas mis en doute par les ariens, que Dieu est un, unique. Puis ils déclarent que ce même Dieu est Père, non simplement en un sens analogique et métaphorique, parce qu’il entoure d’une paternelle bonté ses créatures, œuvres de ses mains ; mais il l’est réellement, au sens propre, parce qu’il a un Fils, un Fils unique, engendré par son Père, né de son Père. Puis donc qu’il est un seul Dieu, que ce Dieu est réellement Père et qu’il est réellement Fils, c’est que l’un et l’autre sont en relation mutuelle de paternité et de filiation : c’est qu’il y a génération réelle active d’une part, et passive de l’autre, lit s’il y a génération réelle, il y a donc réelle communication de la nature divine

d’un terme à l’autre. Comme il n’y a qu’un Dieu, un ei unique, cette communication ne se fait ni par division de la nature divine, ni par tout autre mode de production d’une nature nouvelle, quoique semblable. Cetle conclusion se trouve déjà en opposition directe à la thèse arienne que le Fils procède sans doute de Dieu, de Dieu le Père, mais comme tous les autres xxîtruaxa, par voie de libre création. Tôv os yevtjtoSv /.su xxto-u^rrtov sSto ; xal sic kvx<5v xjy/âvsi. S. Athanase, Orat., i, cont. arianos, n. 6, P. G., t. XXVI, col. 24. Il reste donc que l’essence même ou la nature divine du Père soit identiquement communiquée au Fils dans cette mystérieuse génération. Ainsi la consubstantialité des deux premières personnes divines se trouvait déjà implicitement définie dans les formules suivantes de la profession de foi nicéenne : I110-xsCoi.j.îv s !  ; £va Beôv, TrotTSpa sxavxoxpâxopa, …-/.al sic êva xûpcov’Iyjso-jv Xpurrbv xbv’jibv TOÛ 0soO, yôvvr/JÉvxa sxtoû Txaxpo ; [AOVoyEvî)… Denzinger, Enchiridion, n. 17.

2. Le concile poursuit et précise explicitement sa doctrine. Au témoignage de saint Athanase, l’on avait premièrement songé à cette addition explicative que le Fils n’est pas du néant ou de ce qui n’existe pas, mais qu’il est de Dieu : pareillement, que le Verbe est la Sagesse, non une chose créée ou produite, mais le propre Fils engendré du Père. rpi<j/at Ste « S< ! <mv si ; oùx SvxtjùV, àXX’Èx xoO Qso-j, xai Aôyo ; soxi xa aoçia, aXX’où y.~’.gi.x o-jôs 7tot7)[ta, ïôiov ôs Èx tov IlaTçô ; Yèvvï|u, a. S. Athanase, De decretis Nicxiise synodi, n. 19, P. G., t. xxv, col. 456. Mais tandis que les Pères voulaient, par ces expressions : Èx xoO ©soô, âx to-j riaxpo ;, signifier un principe vraiment générateur, communiquant vraiment sa nature à un Fils, les ariens, acceptant les mêmes expressions, pré tendirent leur attribuer la signification de cause efficiente. Alors le Fils serait de Dieu et du Père, comme toutes les créatures qui l’ont pour principe et pour cause efficiente et créatrice. Pour couper court à ces subterfuges des hérétiques obstinés, le concile décida plutôt l’explication que le Fils est de la substance même du Père : le Fils engendré du Père, c’est-à-dire de la substance du Père : to’jx’èo"xtv èx TÎjç oûo-t’a ; xoO Ilaxpbç. Denzinger, n. 17.

Aux premiers siècles, la foi était très nette en un seul Dieu, le Père, le Fils, le Saint-Esprit ; mais les mots pour exprimer cette unité de nature et cetle trinité de personnes ne furent pas immédiatement et partout fixés. C’est ainsi que parfois le mot ouata désigna chez les uns l’essence, la nature, la substance, c’est-à-dire ce qui est absolu en Dieu. Parfois chez d’autres, le même terme fut employé peur signifier ce qui est relatif en Dieu, les personnes. Cf. Ch. Passaglia, Commentarius quartus de nomine rijç oûo-eaç, Rome, 1850, passim. Mais, à l’époque du concile de Nicée, et dans la controverse avec les ariens, le sens du mot o-jo-ia se trouva clairement déterminé, de part et d’autre, à une seule et même signification : celle d’essence réelle, c’est-à-dire de cet élément ontologique et infiniment simple qui, selon notre manière de concevoir, constitue proprement l’être divin, et nous apparaît en même temps comme la source de son infinie perfection ; celle de nature, c’est-à-dire de cette même essence, envisagée sous le rapport de la puissance ou de l’activité propre à l’être divin ; celle de substance, c’est-à-dire de cette même essence, regardée comme subsistant en soi de la manière la plus absolue, et comme supportant tous les actes divins.

Il est clair, dès lors, que l’addition conciliaire, précisant le caractère de la génération du Fils par le Père, est une première, explicite et formelle définition de leur mutuelle consubstantialité. L’explication nicéenne marque expressément : le Fils est de la substance du Père, la substance du Fils est la substance même du Père. Le saint concile, dit saint Anathase, a précisé

ment voulu exprimer plus ouvertement que le Fils est de la substance du Père afin que le Verbe fût tenu tout différent de la nature des choses créées, lui qui seul est vraiment de Dieu : Aià -0O-0 yàp y.ai r t ây’a aiivoSo ; XeuxdTepov 6ÎpT|Xev êx xrjç o’JTt’a ; a-JTÔv sivai toO IïaTpbç "va -/.al a/./o ; ~apà tyiv tû>v yevf|Ttôv cp-jiïcv o Ad^oçe ;.va : iticTcuOr, , [jlôvo : a>v àXr, 8u>( ; êx tgO 0soO. S. Anathase, De decretis Nicsenae synodi, n. 19, P. G., t. xxv, col. 449. (Les colonnes 449-456 sont deux fois répétées en ce volume de la Patrologie, sans pourtant faire double emploi pour le texte.)

3. Leur foi ainsi déclarée, les Pères en tirent la conclusion : c’est que le Fils est Dieu de Dieu, comme l’éclat est de la lumière sans diminution ni division, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non produit : Deum, de Deo, lumen de lumine, Deum verum de Deo vero, genitwni non faction. A cette occasion, saint Thomas remar<|ue justement que, dans ces formules trinitaires, la préposition de exprime tout à la fois le principe et la consubstantialité : le principe, qui est Dieu le Père, de qui le Fils est engendré ; la consubstantialité, parce que le Fils est engendré de la substance même du Père, mais non produit par sa libre puissance. In IV Sent., I. I, dist. V, q. ii, a. I.

4. Le concile avait encore l’intention de marquer, dans son symbole, que le Verbe est la vertu véritable et l’image du Père ; qu’il est en tout, et sans aucune différence, semblable au Père ; qu’il est immuable ; que toujours et inséparablement il est dans le Père : car il n’y eut jamais un instant où le Verbe ne fût, mais toujours et de toute éternité il subsiste dans le Père, comme l’éclat de sa lumière… Aeîv ypa ??|vat Sûv « |uv aXrjOivrçv, v.x : g’.y.ôva toO IlaTpô ; TÔv Aôyov, o|j.oiov ts y.al &7rapaXXaxTOv ccjtôv zarà Ttivra tù Ilaxp’i, y.a’t arpeitTOv, xa àsi, xal êv a0t(7> eîvat àîtatpÉTo ; - o-jSé-otî yàp o-jz t, v, x/’/x f, v o Adyoç àî.. -Jzipy/ov àïSîtdÇ r.xpx t<7> Ila-pl, tôç àira’jvaTijx çtorôç. S. Atlianase, De decretis Nicsenm synodi, n. 20, P. G., t. xxv, col. 449. C’était bien, sous ces formules itératives, affirmer toujours que la nature même du Père est la nature du Fils. Mais voilà que les ariens se mirent à accepter ces déclarations, à les entendre et à les expliquer dans le sens analogique et très impropre qu’elles peuvent avoir pour les œuvres i rieurcs de liieu, à raison de leur rapport à la cause divine. On les surprit murmurant que tout cela nous est commun, à nous créatures, avec le Fils : KoL-t’rr l ~J>r l’jy./ fjï icâXtv ~pô ; èavTO’j ; TOvSopûÇovtec xal 81etveûovTe ; toï< ôî6a>.|xoï ;, ôt : za. xh oaotov, xal tô àù, xal ". /, xa tb il a-jT’o, y.oivi JtâXiv ï-.- --, ’, ; r, ’i : t ; xal tôv flôv. S. Athanase, iliiil. C’est alors (|iie. pour en finir une bonne fois avec toutes ces échappatoires, toutes ces fraudes sans cesse renaissantes. le concile résolut d’adopter un texte, un mot, qui ne permit plus aux esprits subtils et retors les interprétations fuyantes. La distinction réelle du l’ère et du Fils étanl admise d’an côté comme de l’autre, quoique diver nt entendue, le synode entrevit dans le terme conubstantiel, ifiooûaio ;, l’expression la plus adéquate et la plus formel le de la vraie foi, et il en décréta l’adoption : ’i i’ol ravts ; t$|v

fatéxpiaiv Sxeivojv, …’r ; rr[/Ân’it, nxi xal xi-.’, : x.’i- : Tjvavayti -/ / Siavotav, xal ire ;, nptJTgpov’, 77. -//., xal Ypi-|/ai.

tpoovia ov dvai t’ïi il /ov 8|u>iov A(ncaxrei £x toî ÎIarpb< lîvai

S. Athan I. /’.’, . t. xxv, col. o. Fn fait, la formule conciliaire : le Fils eonsubstantie | an I’. re, exprimait à merveille, d’un seul mot, tonte la doctrim d la consubstantialité précédemment définie. I." I il csl dheu ! i

ii et b Fila < heu. le Père et In

ut cela, entendu au sens le plus propre ei

Je plui i uve contenu d.-A’, ;. Iluc

est illud oaoo-jTio ; … quod fîdes antiqua pepercrat, conclut saint Augustin. Cont. Maximinum, l. II, c. xiv, n. 3, P. L., t. xlii, col. 772. Et en vérité, ce qu’il y a de plus heureux dans l’adoption du terme, c’est sans doute tout ce qu’il synthétise : divinité, unité de génération, tiliation. Mais surtout, affirmant tout à la fois l’unité de l’essence, de la nature ou de la substance divine et la réelle distinction des personnes du Père et du Fils, il montre clairement la raison de cette synthèse dans la communication de l’essence du Père qui est Dieu, au Fils qui l’est également.

b. Le mot, du reste, n’était pas nouveau. Il ne se rencontre pas dans les saintes Écritures, mais ce qu’il signifie se trouve clairement énoncé en saint Jean, x. MO : Ego et Pater unum sumus, et xvi, 15 : Omnia qurecumque habet Pater mea sunt. Les défenseurs de l’orthodoxie lisaient encore le dogme de la consubstantialité, avec saint Atlianase, dans les Psaumes xliv, 2 : Eructavit cor meum Verbum bonum, et cix, 3 : Ex utero ante luciferum genui te, et encore en saint Jean, vu, 42, où le Fils dit de lui-même aux Juifs : Si Deus Pater rester esset, diligeretis utique me. Ego enim ex Paire processi ; vi, 46 : Non quia Patron vidit quisquant, nisi qui est a Deo, hic vidit Patron ; xiv, 10 : Ego in Paire et Pater in me est ; enfin i, 18 : Unigenitus Filius qui est in sinu Palris, ipse enarravit. Cf. S. Atlianase, De decretis Nicsense synodi, n. 21, P. G., t. xxv, col. 453.

Aussi bien les Latins avaient, eux, parlé d’unius substantiee, d’unitas substantiæ, d’una subslanlia. Tertullien, par exemple, avait écrit : Très… mrius autem SUBS.TANTIJB… et unius potes tatis, quia unus Deus. Et plus loin : Dum unicum Deum non alias putat credendum, quant si ipsum eumdemque et Patron et Filium et Spiritum Sanctum dical, quasi non sic quoque unus sit omnia, dum ex une omnia, per SUBSTANTIF scilicet UNITATBM. Advcrsus Praxeam, c. il, P. L., t. ii, col. 157. De son coté, Lactance avait dit : Cuni igitur et Pater Filium facial, et Filius Patrem, una utrique mens, unus spiritus, r.v.t si Bn a est : sed ille quasi exuberans fous est, hic tamquam defluens ex eo rivus : ille tamquam sol, hic i/iiasi radius a sole porrectus. De divinis inslilulionibus, iv, 29, l’. L., t. vi, col. 589.

Fn Orient, le mot consubstantiel même se trouvait en usage de longue date. Origène (185-253) s’en est servi, el dans notre ; sens précis. Pour lui, le Fils n’est pas une portion de la substance du l’ère ; le Père n’a

détaché de lui son Fils en l’engendrant, car le Fils

pas une prolation, irpoêoXf), In Joa., i, ’2.’!. /’. G.. t. xiv, col. (i.") ; et cetle génération même n est pas un acte qui ait un commencement et une fin ; c’est un acte éternel et continu, comme l’éclat de la lumière qui luit toujours, ainsi engendré de la substance du l’ère, le fils est Dieu, non par une participation extrinsèque, y.x-x |j.£TO’jir(av, mais par essence : xat’oOfftav Ivù ©ed ;. Étant de la substance même du l’ère, il lui est consubstantiel, énoo-JCTio ;. Nous trouvons le tenue dan

commentaire sur l’Épitre aux Hébreux : Sicet ex Deo procéder) ex ipsa substemlia Deî generatur. Sic nihilominus et secundum similitudinem corporo….se dicitur aporrhœa gloria otnnipotentù para c ! utrague timilitudi

manifestù I costMUtiiONBM substantif

Fii. m evii l rrhota enim 6|i.ooûno(

videtur, id est uni"* tubstantiæ cum illo corpoi r/nii est aporrh sa vel vapor. /-’>" librit Origeni

ll, -h., /’. g., t. xiv. col. 1308. Ce fragment, pour la question présente, non’;  ; > été i ipportépar saint Pamphlle martyr, dan d’Origène, écrite ; vers l’an’'> OniHo a, l

HbeUum N. Pamphili martyri

, t. xvii, <’u i l li luit et

transmis par Rufln, saint Pamphile emploie lui-rnéme plusieurs l’ois le mot 6|*ooij<ik>î, Apologia pro Origene, P. G., t. xvii, col. 580-581, en sorte qu’il ajoute son propre témoignage à celui de son célèbre client africain.

Non longtemps après la mort d’Origène, vers 259-261, Denys, patriarche d’Alexandrie, fut dénoncé au pape Denys son homonyme, comme soutenant, sur le Père et le Fils et leurs mutuels rapports, diverses erreurs nettement précisées. Notamment, on l’accusait de ne pas dire que le Christ est consubstanliel à Dieu : (oc où XÉyovroç tov Xpurrbv 6(j.oojo"cov eivo » tû 0sû>. S. Athanase, De sr.ntenlia Dionysii, n. 18, P. G., t. XXV, col. 505. Denys de Rome écrivit donc au patriarche pour lui demander de se justifier. Dans sa réponse, Denys d’Alexandrie déclare qu’à la vérité, il n’a pas employé le mot ôp.oo’J<710 ; en parlant du Fils ; et cela, parce qu’il ne l’a pas trouvé dans les saintes Écritures, mais il en accepte pleinement le sens. Eï yàp xai tô ô’vou.a toOto <prj|J.i u.ï) EÛpvjxÉvai, (J.v)8’àveyvcoxÉvai Trou tgov àyuov rpacpâiv, aXXà ye rà E7uij£eipr| [ « .a-rot p.ou Ta Ellrjç, 5. (reffttoitr, xaii, xfz otavoi’a ; TaÛTYjç oùx « iraSet. S. Athanase, ibid. Il entend donc, avec Denys de Rome, le rapport du Fils au Père comme une génération ; et avec lui il sait distinguer la procession divine et la création. Or, dans sa lettre publique, reproduite en partie par saint Athanase, le pape avait condamné l’erreur intolérable de ceux qui font du Fils une créature et qui supposent un temps où il n’était pas. Puis il formulait la plus pure doctrine de la consubstantialité dans cette belle conclusion : « Ainsi donc, il ne faut pas diviser en trois divinités l’admirable et divine monade, ni diminuer par le mot de création la dignité et l’éminente grandeur du Seigneur ; mais il faut croire en Dieu le Père tout-puissant, et en Jésus-Christ son Fils, et au Saint-Esprit, et à l’union du Verbe avec le Dieu de l’univers, car le Père et moi, dit-il, ne sommes qu’un, et Je suis dans le Père et le Père est en moi. Ainsi seront sauvegardées et la Trinité divine et la sainte prédication de la monarchie. » S. Athanase, De decretis Nicœnx synodi, n. 26, P. G., t. xxv, col. 465.

Nous retrouvons encore le mot consubstantiel dans le dialogue anonyme De recta in Deum fide, IlEp’i tîjç etç Œbv ôp8f, ; itcuretoç, que le nom du principal interlocuteur, Adamantius, a fait de bonne heure et faussement attribuer à Origène. M. J. Tixeront en place la composition entre les années 280-311. Or Adamantius, dans sa profession de foi, déclare le Verbe éternel et consubstantiel au Père : IIsiitaTEwa -/.ai tôv 1% a-jxo-j 0eov Xoyov ôu, ooùouov ael ô’vra, W. H. Van de Sande Bakhuyzen, Der Dialog des Adamantius, Leipzig, 1901, I, 2 ; et il ajoute que le Verbe est Fils de Dieu par nature, xarà ç-jo-iv, tandis que les hommes le sont seulement par adoption, xatà 0Éo-tv. Ibid., iii, 9.

Enfin, Eusèbe de Césarée lui-même, dont le rôle au concile demeure assez douteux, dans la lettre adressée à ses diocésains pour justifier son adhésion au décret nicéen, s’appuie sur ce fait que plusieurs évêques et écrivains, savants et illustres, des anciens temps, se sont servis du mot consubstantiel en parlant du Père et du Fils… èrcel v.a xoôv TraXaiuv Tiva ; XoyiVj ; xai ÈTttepavsï ; È7ti<r/.c/7rou ; xa o-jyypayeî ; eyva>[XEV èici Tri ; ~°~ J IlaTpb ; xai ï’ioO ÔEoXoyta ; tiô toO 6p.oouc£ou o-yy^p^o-aixévo’jç àvô|xaTi. Epist., I, ad Cœsarienses, P. G., t. xx, col. 1541.

Il est vrai, les semi-ariens, réunis à Ancyre en 358, ont prétendu que le mot 6p.oo-j<710 ; avait été rejeté par les évêques du concile d’Antioche qui excommunia Paul de Samosate. Les Pères auraient refusé d’adopter ce terme, parce qu’il ne convenait pas, selon eux, pour exprimer les rapports du Fils et du Père. — Tout d’abord, il semble bien que si le mot avait été alors condamné en lui-même et absolument, Eusèbe de Césarée ne l’aurait pas accepté si facilement et sans ré crimination. L’on est donc porté à croire, ou que la condamnation prétendue n’a pas eu lieu, comme l’estiment quelques-uns ; ou qu’elle ne portait pas sur le terme en lui-même et absolument, mais sur une position ou affirmation où il prenait un sens faux, sabellien, supprimant la distinction des deux personnes, ou même matérialiste. Saint Athanase, De synodis, n. ii, 45, P. G., t. xxvi, col. 767, saint Basile, Epist., i.ii, n. I, P. G., t. xxxii, col. 39 : J, et saint Hilaire, De synodis, n. 81, P. L., t. x, col. 531, ont rapporté l’ace tion, sans paraître douter de la matérialité du fait. Toutefois, ils montrent bien que les évêques du concile d’Antioche n’entendirent pas l’ôii.oovo’io ; dans le même sens que les Pères de Xicée, mais dans une signification tout antitrinitaire soutenue par Paul de Samosate. Du reste, Arius lui-même nous fournit, dans sa lettre à saint Alexandre, un exemple de ces emplois erronés de Pôu.ooûato ;. Il y rappelU que les manichéens disaient du Fils qu’il est une partie ou portion consubstantielle, pipoç ôpioo-ûetov.

Au surplus, nous savons que dès l’origine des controverses ariennes, la question de l’ôu.ooûo-io ; s’est posée entre l’hérétique et les défenseurs de l’orthodoxie, comme le mentionne Philostorge. En effet, d’après saint Ambroise, De fide, II, 15, P. L., t. XVI, col. 614, Eusèbe de Nicomédie aurait, dans les discussions, laissé nettement entendre que, si l’on confesse le Fils de Dieu incréé, il faut aussi, par une conséquence inéluctable, le reconnaître consubstantiel au Père. L’idée fondamentale de cette argumentation se retrouve certainement dans la lettre de l’évêque de Nicomédie à Paulin de Tyr. Par ailleurs, Arius a lui-même employé le terme dans sa Thalie : àXX’où8e ôhoo-jouo ; aûrû. S. Anathase, De synodis, n. 15, P. G., t. xxvi, col. 708. Et Philostorge parle d’une entente préalable sur le mot. Elle aurait été arrêtée avant le concile, à Nicomédie, entre Osius de Cordoue et saint Alexandre. Supplem. Philoslorg., i, 7, P. G., t. lxv, col. 463. Mais il est impossible de contrôler la vérité de cet incident que Philostorge est seul à mentionner. En tout état de cause, il est hors de doute qu’à l’époque des controverses ariennes et du concile de Xicée, le mot consubstantiel eut sa signification exactement déterminée au sens que les Pères devaient consacrer.

5. Après avoir promulgué en des formules positives la doctrine catholique de la consubstantialité, le concile en vient à condamner l’erreur directement opposée, et sa pensée s’en trouve d’autant plus clairement manifestée. Il anathématise donc quiconque soutiendrait que le Fils est d’une substance ou d’une essence autre que celle du Père : s ; étés a ; ÛTioo-Tào-Eu) ; ij ove : a ;  ; et ici, pour le noter en passant, nous avons le mot J7roTTao-iç avec la signification de substance ou d’essence, tandis que plus tard il sera exclusivement consacré à exprimer la personnalité. Si donc la substance du Fils n’est pas autre que celle du Père, c’est que la substance du Père se retrouve en lui identiquement la même, cadem numéro, et non pas seulement la même spécifiquement, eadem speci/ice, comme il arrive dans les générations humaines. En conséquence, le concile poursuit encore de ses anathèmes plusieurs erreurs dérivées de celle-là et qui contiennent la plus pure hérésie arienne : à savoir qu’il fut un temps où le Fils n’était pas ; qu’il n’était pas avant que de naître temporellement ; qu’il a été produit du néant ; qu’il a été créé ; qu’il est muable et changeant : Tov ; ô ; XéyovTaî" r, v ttote ote oùx r, v, xai 71pv yevvY)69|vou oôx r, v, xai l ; ovx Ôvtcov èyév£To, r, ii ÉTÉpa ; ÛTtoorào-so) ; r, ov<7 : ’a ; çâtrxovra ; EÎvat, r, xtiotov, r, àXXoicoTÔv, r, TpETtrôv tov uiôv ro0 Wïoû toutou ; « va8e|Aa’uÇei r, xaGoXt/.v-, xa ànoaToXiXT] ÈxxXrjo-i’a. Denzinger, n. 17.

Après des déclarations si formelles et si répétées, il n’y eut donc plus place que pour la mauvaise foi. On

pouvait encore et toujours s’insurger contre les décisions autorisées de l’Église ; certes les ariens et semiariens, anciens et modernes, n’y ont pas failli, même dans l’empire romain, même chez les peuples germaniques ; et, depuis la réforme, les protestants n’ont pas manqué de ressusciter et de reprendre, pou/ leur compte, les querelles suscitées par l’ô^oo^atoç. Voir Arianisme, t. i, col. 1799-1863. liais, du moins, on ne pouvait plus et on ne peut plus nier ou révoquer en doule l’enseignement désormais dogmatique de l’Eglise catholique sur la consubstantialité du Fils et du Père. IV. Application théologique au Saint-Esprit.

Abstraction faite de la diversité des relations personnelles en Dieu, l’on peut dire que tous les motifs invoqués par les Pères de Xicée et par la tradition catholique pour affirmer la consubstantialité du Fils avec le Père, ont la même force pour établir la consubstantialité du Saint-Esprit avec le Père et le Fils. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour tirer cette conclusion théologique tn s certaine.

Mais, par ailleurs, l’hérésie arienne contenait, dans ses principes, avec la négation de la divinité et de la consubstantialité du Fils, la négation pareille de la divinité et de la consubstantialité du Saint-Esprit. La conclusion hérétique fut expressément tirée et proclamée par Macédonius de Constantinople, le cbef avéré des pneumatomaques. Appliquant à la troisième personne de la sainte Trinité les conceptions ariennes, il enseigna hautement que le Saint-Esprit est entièrement dissemblable du Père et du Fils, et que, par suite, il est une simple créature, un esprit supérieur qui sert d’instrument au Verbe pour la sanctification des âmes. L’erreur, sous cette forme nouvelle, fut condamnée par divers conciles et doctement réfutée par saint Anathase, qui, du lieu de son exil, écrivit plusieurs lettres sur la question à l’évéque de Thmuis, Sérapion. Epist., I, ad Serajrionem contra illos qui blasphémant et dicunt Spiritum Sanctum rem creatam esse, P. G., t. xxvi, col. 529-608 ; Epist., m. a< ! Serapionem de Spiritu Sancto, ibid., col. 623-637 : Epist., IV, ad eumdem Serapionem item de Spiritu Sancto, ibid., col. 63767(i. L’hérésie macédonienne sera exposée en détail à un article particulier, voir MACÉDONIENS. Nous ne devons rapporter ici que la promulgation de la con-Bubstantialité du Saint-Espril au synode de Rome, sous le pape saint Damase, en -W0 : Si quis non dixerit Spiritum Sanctum de Pâtre esse vere ac proprie, sicut Filius, de divina substantia et Deum venait, aiiatlti’ma sit, Di nzingi r, , n. 38] el au concile

"(une nique de Constantinople, en 381, où le Saintl ipril est dit procéder du Père dans les termes employés pour le I ils : KaXtU -’" nveû|i « … to Ix toO IUtco, -. Den ; cit., n. ! 7. Le Saint-Esprit est donc,

comme le Fils, en communion de la nature et de la substance divine Elle lui est communiquée, non par Mue de génération comme au Fils par le Père, mais par voie de procession’lu Père et du lïis : qui ea Pa tre l m Ut, le r. re et le l ils se trouvant,

i ur nature commune, un seul et même principe

.le la procci sion de l’Esprit.

Il convient cependant <<- mentionner encore ici que non seulement la’i". trine’le la consubstantialité a

mine au Saint l spi it. mais le terme même i substantiel, &|ioo-jo(o ;, lui a été appliqué comme au titre’i exemple, n tnplement l’an cienne l’de taint Jacques le Mineur.

I Ile est encore en m< ut à Jéi usalem,

en Chypre et en quelques localités pour le jour de la fête de l’apôtre. M< Duchesne observe qu’elle doit

ut. i beaucoup plus huit que le vue siècle, ou nous troui mention la pluancienne’loi li

canon.’12 du r ili, „ Truite. Le (ail que les jæobitea

l’ont cou-, i… n i j ;. comme liturgie fond. me o

taie, prouve qu’elle était déjà consacrée par un long usage au moment où ces communautés se formèrent, c’est-à-dire vers le milieu du VIe siècle. Même saint Jérôme paraît l’avoir connue. L. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1903, p. 67-68. Or cette liturgie répète jusqu’à six fois, dans ses oraisons, le mot ô ; j.oo-j<no ;. Nous citons le texte d’après la version de la Maxima bibliotheca veterum Patrum, Lyon, 1677, t. ii, p. 1-9. La liturgie de saint Jacques invoque bien le Verbe consubstantiel au Père et à l’Esprit-Saint : Domine Deus noster, Verbum Dei, incomprehensibilis et CONSUBSTANTIALIS Patri et Spiritui Sancto. Ao r, -… - ( - ; > Ilaxpl za tô> àyifo I’vsj|j.a71 âu.OOU(Tloç. Mais itérativement elle mentionne l’Esprit-Saint, bon, vivificateur et consubstantiel. La conclusion deVincipit est ainsi conçue : in Christo Jesu Domino noslro, cunr quo benediclus es una cum omnibus modis sancto et bono et vivificatore atque coxsubstaxtiali T1BI, Spiritu, guv iCi iravayéu y.oé àyaôài -/.ai Çcocntoio » y.ai ôjj.oo-j<7ta> uou IIveùnaTi. Plus loin le prêtre fait cette prière : Abs te omnes quxrimus in omnibus auxilium et subsidium, ab unigenito Filio luo et a bono et vivi/icante et consubstantiali Spiritu. Kxi toO àyaOoO xa ; ÇcDoitotoQ /.où ôjioo’jTioj rive-jjj.aTo ;. Une autre fois, la troisième personne divine est encore appelée l’Esprit consubstatitiel et coélcrnel : -ch ô[/.ooû<710v -/.où truva’lSiov rivs-ju.a.

V. Application tiiéologique, commune aux trois personnes de la sainte Trinité. — De ce qui précède, il apparaît que les trois personnes divines, étant un seul et même Dieu, en possession indivise d’une même substance et nature divine, se trouvent consubstantielles entre elles. Cette conclusion n’est pas demeurée implicite, mais de bonne heure elle a été expressément proclamée. L’Orient comme l’Occident l’ont enseignée, soit en déclarant la Trinité sainte ou les trois personnes consubstantielles, soit en leur appliquant formellement la doctrine de la consubstantialité.

1° Pour l’Orient, reprenons seulement la liturgie de saint Jacques. Deux fois, au cours du saint sacrifice, elle mentionne la Trinité consrbstantielle : iii, ooûffio ; Tpca ;  ; d’abord, dans cette formule de bénédiction : Et eritgratia et misericordia sanctse et consubstantialis, increatte et adorandæ Trinilatis cum omnibus nobis. Et vers la fin, nous entendons cette oraison : …Ut semper et perpétua glorificemus te solum viventem et uerum Deum nostrum, sauctam et consubstantialem Trinitatem, Palrem etFilium et Spiritum Sanctum.

2° Pour l’Occident, nous rappellerons simplement le symbole dit de saint Athanase, Pour n’être pas l’œuvre du grand docteur, il n’en est pas moins une pagi di théologie profonde et un document du V siècle, 430-500. Voir Athanase (Symbole de saint), t. t, col. 2 182-2Il Si,

Le sv mliole professe premièrement l’unité de la nature divine, et simultanément la Trinité des personnes, sans séparation ni division de substance : I nies union catlwlica l< : rc est : ut wnum Deum in Trinitat Trinitatem in unitate veneremur, neque confundentes per sonos, neque substantiam séparantes. Le Père, le Fils, le Saint-Espril sonl trois personnes réellement distinctes : Alia est enim persona Patrie, alla Filii, alia Spiritus Sancti. Mais du Père, mais du Fils, mais de l’Esprit-Saint, unique est la divinité, égale la coéternelle la majesté : Sed Patris et Filii et Spiritus Sancti una est divinitas, .Ti/nahs gloria, rna majestas. VoiU bit d IIe Daubatantialité réciproque des trois personnes affirmée en des stances dont l’exactitude dogmatique (’gale la grandeur et la solennité.

D’où il suit que tel le l’ère, tel le Fils, tel l’Espi il Saint. Si le Père est incréé, a’il est immense, s’il est éternel, le I I prit-Saint le sont.’gaiement, sans qu’il J

trois i t. rnels, mail bii n un seul. Pareillement, si le l’ère est tout-puissant, s’il est Dieu, le Fils, l’Esprit-Saint le sont semblablement, sans qu’il y ait trois tout-puissants, sans qu’il y ait trois Dieux, mais bien un seul et même Dieu.

Si donc il y a réelle distinction des personnes, elle a son origine, non dans la substance qui est commune, mais dans le caractère de chaque personne et les relations qui les opposent l’une à l’autre dans la possession indivise, inséparable de cette commune nature. La substance du Père est celle du Fils et de l’Esprit-Saint, mais, en lui, elle n’est ni faite ni créée, ni engendrée. Elle est et elle engendre, et avec le Fils elle est un même principe actif de procession pour la troisième personne. Pater, le Père, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et Père, Pater a nullo est factus, nec creatus, nec genitus. La substance du Fils est celle même du Père et de l’Esprit-Saint ; mais si, en lui, elle n’est ni faite, ni créée, elle est engendrée, et elle est avec le Père un même principe actif de procession pour la troisième personne. Filius, le Fils, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et Fils éternellement engendré, Filius a Pâtre solo est, non factus, nec creatus, sed genitus. La substance de l’Esprit-Saint est celle même du Père et du Fils. Mais si, en lui, elle n’est ni faite, ni créée, ni engendrée, elle procède du Père et du Fils comme d’un même principe dans lequel et avec lequel il entre en communion de la divinité. Spiritus Sanctus, l’Esprit-Saint, c’est-à-dire l’essence divine par laquelle et en laquelle il est Dieu et éternellement procédant du Père et du Fils comme d’un principe unique, Spiritus Sanctus a Paire et Filio, non factus, nec creatus, nec genitus, sed procedens. Et ainsi n’y a-t-il qu’un seul Père, un seul Fils, un seul Esprit-Saint.

En dehors de ces caractères personnels, tout est commun comme l’essence divine elle-même, et la première partie du sublime symbole athanasien s’achève dans une nouvelle affirmation de la consubstantialité : Et in hac Trinitate nihil prius aut posterius, nihil majus aut minus sed tot.e très personne co.etern.e SIBI sunt et co.equales, ila ut per omnia, sicut jam supra dictuni est, et unitas in Trinitate, et Trinitas in unitate veneranda sit. Dans les trois personnes, aucune différence de durée ou de perfection : toutes trois sont coéternelles, elles sont parfaitement égales dans l’indivisible unité de leur substance commune.

Pour le mot consubstantiel et sa signification dogmatique, voir : 1° les articles : Arianisme et son abondante bibliographie ; Esprit-Saint ; Essence ; Hypostase ; Jésus-Christ ; Macédoniens ; Personne ; Substance ; Trinité ; 2° les Pères dont les noms et les œuvres sont cités au cours du présent article, et principalement saint Athanase, P. G., t. xxv-xxviii ; 3° Suicer, Thésaurus ecclesiasticus, v’(Vooûvioç, Amsterdam, 1728, t. ir, col. 480-488 ; 4° les historiens des conciles et des dogmes : Hefele, Hisluiredes conciles, traduction Leclercq, Paris, 1907, t. i-iii ; Th. de Régnon, Etudes de théologie positive sur la sainte Trinité, Paris, 1898, t. i, p. 71-82, 200-217 ; t. ii, p. 6-24, et passim ; J. Tunnel, Histoire de la théologie positive, Paris, 1904, p. 65-71, 207-210 ; J. Schwane, Histoire des dogmes, trad. Belet et Degert, Paris, 1903, t. i, n. passim, et surtout t. I, p. 196-199, 212-214 ; t. ii, p. 134-174, 256-288 ; J. Tixeront, Histoire des dogmes, I. La théologie, anténicéenne, Paris, 1906, p. 286, 409, 425, 432 ; 5° les théologiens, soit à propos de l’unité divine, dans les traités De Deo uno ; soit à propos de la génération du Fils ou de la procession du Saint-Esprit, dans les traités De Deo trino ; soit à propos de la divinité du Verbe incarné, dans les traités De Ye> bo incarnato, et principalement Franzelin, De Deo trino, th. viii-x, Rome, 1874, p. 118-167.

H. Quilliet.