Dictionnaire de théologie catholique/CONSEIL (ACTE HUMAIN)

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 3.1 : CLARKE - CONSTANTINOPLEp. 596).

1. CONSEIL (ACTE HUMAIN). -
I. Notion.
II. Objet.
III. Méthode.
IV. Historique.

I. NOTION.

Le conseil est un des actes intellectuels qui concourent à l’intégrité de l’acte humain. Il occupe la cinquième place dans l’organisme psychologique de l’acte humain tel que le décrit saint Thomas. Voir ACTE, t. 1, col. 343. Il vient après l’intention et précéde le consentement. Il se termine par un jugement pratique qui motive l'élection. On le définit la recherche, par la raison, des moyens qui conduisent à une fin. S. Thomas, Sum. theol., I II, q. xiv, a. 1.

II. OBJET.

Le conseil, étant une recherche, ne peut avoir pour objet que des choses qui peuvent être mises en question. Or, pour toute action donnée, la fin ne saurait être mise en question, à moins qu’on ne la considère comine moyen vis-à-vis d’une fin ultérieure, ce qui ne saurait se poursuivre indéfiniment, dit saint Thomas, Sum. theol., I II, q. 1, a. 6 ; q. XIV, a. 2, ad Ium ; a. 6. L’objet du conseil, ce sont donc les moyens qui concernent la pratique de détail toujours très compliquée en raison des circonstances multiples qui en varient les aspects. De là vient que le nom de conseil s’applique à l’assemblée de plusieurs personnes qui mettent en commun leurs lumières. Ibid., a. 3. Les œuvres d’art qui ont des procédés déterminés ne sont pas objets de conseil, tandis que les actions humaines sont son domaine propre. Ibid., a. 4. Aussi le conseil forme-t-il l’un des trois actes réservés à la vertu de prudence. Sum. theol., II II, q. XLVII, a. 8. Son rôle est de découvrir le juste milieu dans lequel, selon saint Thomas, consiste la vertu morale. Ibid., a. 7. L’habitude du bon conseil forme mème, d’après Aristote, suivi par saint Thomas, une verlu annexe de la prudence, l’eubulia. Ibid., q. LI, a. 1, 2. 1176

III. METHODE. Le conseil procède, non par voie de synthèse, mais par voie de resolution analytique. Il s’appuie d’une part sur la volonté d’une fin de terminée, sur une intention ferme, d’autre part sur l’existence de choses qui semblent pouvoir conduire à cette fin, son procédé consiste à partir de la fin et de ses exigences et de rétrograder vers les moyens entrevus jusqu'à ce que, de proche en proche, on soit parvenu à un objet capable de réaliser immédiatement la lin. Il ne saurait donc se prolonger indefiniment sous peine de se détruire. Sum. theol., I II, q. xiv, a. 5, 6. IV. HISTORIQUE. C’est dans les Éthiques à Nicomaque, I. III, que les théologiens ont puisé la notion du conseil et ses principaux caractères. Nemesius, De natura hominis, c. XXXIV, P. G., t. XL, col. 750 sq., a fourni nombre de notions, connues peut-être de saint Jean Damascene, De fule orthodoxa, 1. II, c. xxII, P. G., t. XCIV, col. 945, et utilisées par saint Thomas, sous la fausse attribution de saint Grégoire de Nysse dans les sed contra de sa question De consilio. Celle question se réfère à ces trois sources. Un inot de saint Jean Damascene, qui nomme le conseil une appétition qui cherche, optic txx, semble faire du conseil un acte de volonté ; mais ce mot est corrigé par le contexte méme de ce Père où la délibération, acte rationnel, est attribuée au conseil. Saint Thomas résout la difficulté en recourant à la compénétration des actes d’intelligence et de volonté qui concourent à l’acte humain. Le conseil ne s’ouvre, en eflet, que sous l’influence de la volonté de la fin ; il en est comme pénétré ; à ce titre il relève de l’appétition. Sum. theol., I II, q. xiv, a. 1, ad lum. A. GARDEIL.