Dictionnaire de théologie catholique/CAMALDULES

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 55-59).

CAMALDULES. —
I. Origines.
II. Congrégations diverses.
III. Règles et constitutions.
IV. Saints et écrivains.

I. Origines.

L’ordre des camaldules eut pour fondateur saint Romuald, abbé de Saint-Apollinaire de Classe. Après avoir réformé son abbaye et fondé en Italie plusieurs monastères, auxquels il prescrivit l’observance de la règle bénédictine surchargée d’un certain nombre de pratiques austères, il se retira dans une solitude des Apennins, non loin d’Arezzo, du nom de « Camaldoli ». Ce fut le berceau de son ordre (1012). Ses premiers disciples menèrent avec lui la vie érémitique. Ce fut, au reste, le caractère distihetif de cette famille religieuse, bien qu’elle ait compté dans la suite des monastères de cénobites. Après la mort de son fondateur (1027), l’ordre se développa lentement ; il ne comptait que neuf maisons, lorsqu’il reçut, en 1072, l’approbation du pape Alexandre IL Le B. Rodolphe, qui gouverna l’ordre peu de temps après (1082), perfectionna son organisation et travailla à le répandre, établit les premiers monastères de femmes et obtint de Paschal II de nouvelles bulles. Voici le nom des principaux monastères à cette époque : Camaldoli, où résidait le supérieur général et qui comprenait le Saint-Hermitage et la communauté de Fonte liuono ; Popienne, Prato-Vecchio, Saint-Sauveur de Florence, Saint-Pierre d’Arezzo, Saint-Frian de Pise et Anghiari, situés en Toscane.

D’autres fondations vinrent dans la suite, et des monastères anciens furent agrégés à l’ordre. Tels furent Classe, Val de Castro, et surtout Fonte Avellane, illustré par saint Pierre Damien, et Saint-Grégoire du Mont-Cœlius A Rome. Saint-Michel de Muriano fut fonde’près de Venise, en 1212. La vie érémitique avec toutes ses austérités demandait une solitude à peu près complète. Les carnaldules ne surent pas la garder toujours. Les rapports avec l’extérieur affaiblirent en eux la vie religieuse. La plupart préférèrent la vie cénobitique, qui prit dès hez eux une place prépondérante. Ils ne purent non plu échapper au relâchement qui envahissait la plupart des monastères italiens. Pendanl que les papes les comblaient de privilèges, les fidèles se plaisaient à les enrichir. Cette forlune ne lit qu’accroître le relâchement.

Malgré la décadence de la vie régulière, cet ordre avait encore dans son sein, au xv siècle, quelques hommes vertueux sur lesquels le pape Eugène IV pul Compter pour établir la réforme. Le plus célèbre’Ambroise de Portico, surnommé le camaldule, élu généra] au chapitre de Sainte-Marie de Urano (1431), Voir t. I, col. 953-951. Cette réforme aboutit à un groupement des monastères existants en congrégations, avec une organisation et des constitutions propres à assurer le maintien de la vie régulière. Ce renouvellement de la discipline amena, comme toujours, un redoublement d’activité au service de l’Église.

II. Congrégations. —

L’unité de l’ordre se conserva jusqu’à la fin du XVe siècle. La nécessité de la réforme lit alors une obligation de le scinder. Neuf monastères résolurent, au chapitre de Pise (1446), de supprimer les abus, et pour rendre cette résolution efficace, les supérieurs renoncèrent eux-mêmes à la perpétuité de leur office. Cette bonne volonté fut éphémère. L’abbé de Saint-Michel de Muriano, pour reprendre efficacement l’œuvre de la réforme, sollicita l’intervention du Sénat de Venise ; on vit alors les monastères des Anges de Florence, de Saint-Renoit, de Saint-Michel et de Saint-Mathias de Muriano, des Prisons, de Saint-Savin de Pise, de Sainte-Rose de Sienne, des Anges de Bologne, et de Saint-Jean de la Judaïque se réunir en congrégation distincte (1476). Ce fut la congrégation de Muriano. D’autres maisons ne tardèrent pas à adopter ses observances et acceptèrent l’autorité de ses supérieurs. Ce furent en particulier, Saint-Grégoire du Cœlius, Saint-Apollinaire de Classe, Fonte Avellane, Fabriano, Volaterra et Urano. Elle compta en tout trente-cinq monastères d’hommes et huit de femmes. Il y avait, en outre, douze maisons de femmes placées sous la juridiction de l’ordinaire. On menait dans toutes ces maisons la vie cénobitique. Cette congrégation a été prospère en Italie pendans les XVIIe et xviiie siècles. Les guerres de la Révolution et de l’Empire ont ruiné ou détruit beaucoup de monastères. La persécution a supprimé ceux qui avaient échappé « à ces désastres. Saint-Grégoire du Cœlius est la seule maison importante que cette congrégation conserve.

La vie érémitique ne fut jamais interrompue dans le désert de Camaldoli. Ce monastère porte le nom de Saint-Hermitage. Il ne prit aucune part au mouvement réformateur de Muriano. Ceux qui restèrent étrangers à la nouvelle congrégation continuèrent à vivre sous l’autorité nominale de son supérieur. Léon X unit ces deux congrégations (1513) sous le titre de Saint-Hermitage et de Saint-Michel de Muriano ; la nouvelle congrégation embrassait l’ordre entier. Camaldoli redevint maisonmère. Cette union entre ermites et cénobites présentait quelque chose d’anormal, qui devait un jour la faire échouer. Les besoins des uns et des autres n’étaient plus les mêmes. L’un des hommes, qui avaient le plus travaillé à cette union, le vénérable Paul Justiniani, était un fervent de la vie érémitique. Il entreprit de multiplier les ermitages. Des disciples se joignirent à lui et en quelques années il réussit à faire plusieurs fondations. Les monastères portaient le nom d’ermitages. On y suivait la règle des cainaldules, sans toutefois appartenir à la congrégation. La première fondation fut celle de MassiaCO, dans les Apennins.

Paul Justiniani conservait toules les sympathies de ses anciens supérieurs. Afin de maintenir la régularité parmi les ermites, il dut cependant les organiser en une congrégation, qui eut, après sa mort (1528), son centre à Monte Corona, dépendance de l’abbaye de Saint-Sauveur de MontaigU, voisine de Permise. Elle prit le nom de congrégation de Monte Corona. On es^.ia à diverses reprises de l’unir à la congrégation de Camaldoli (en 1540 et en 1633), mais ces tentatives n’eurent aucun résultat durable.

La congrégation de Camaldoli ou du Saint-Hermitage fut des deux la moins nombreuse et aussi la moins austère. Elle ne comptait guère que si maisons, s ; ms compter le monastère on’te Buono, situé au pied de la montagne de Camaldoli. La persécution > diminué considérable ni le nombi leux s. ms toutefois faire disparaître leur congrégation. Celle de 1 125

CAMALDULES

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Monte Corona eu ! '">- 1 huit monastères on ermita Massiaco, Gubbio, Monte Coneco près d’Ancone, Monte Giovre di Fano, Saint-Benoil de Bologne et i rascati.dans 1rs anciens i tata pontificaux ; Rua prèa de Padone, Vicenze, Saint Bernard de Brescia, SaintrClément de Venise ; s. uni G le Vi rone i i l’Assomption de Coni gliano dans l l tal de Venise : l’Incoronata, Saint Sauveur délia Veduta, Noie, délia rorre di Greco, Vico Equeuse, Saint Avocate.dans l’ancien royaume de Naples. Cette congrégation se i pandit en Autriche, où elle eul une m à Vienne ; elle en eut deux en Allemagne et six en Polo Le supérieur général et les visiteurs résidaient à Monte Corona. Elle subsiste encore, malgré les pertes que lui ont fait subir les guerres et les persécutions. L’ermitage de Fraseati est le plus connu d’Italie. La Pologne a pu conserver les deux maisons de Biélanj mon » argentin au diocèse de Cracovie, et un autre Biélany (nions regius), dans la Pologne russe. Pendant les années qui précédèrent et suivirent le commencement du svue siècle les camaldules se développèrent beaucoup en Italie et par de la les Alpes. Un ermite de Camaldoli, qui mourut comme un saint en 1612, travailla de toutes ses forces à la diffusion de l’ordre. Avec la protection de CharlesEmmanuel de Savoie et le concours de l’archevêque de Turin, il fonda prés de cette ville un monastère (1601). Cette fondation fut suivie de plusieurs autres. Elles formèrent, sous le vocable du Saint-Sauveur, une congrégation distincte, que l’on essaya vainement d’unir à celle de Monte Corona. Un essai de fondation en Espagne ne put aboutir. L’ordre fut plus heureux en France.

Le l'ère Boniface Antoine de Lon, qui appartenait à la congrégation de Turin, fonda l’ermitage de NotreDame de Sapet, au diocèse de Vienne, et de Notre-Damede-Consolation à Bothéon, diocèse de Lyon. Ces fondations ne purent se maintenir faute de ressources. Celle

de Nutre-D ; des Anges en Provence eut le même sort.

L’ermitage du Val-Jésus, fondé en 1633 dans le Forez, fut suffisamment doté et se maintint. Le monastère de Gros-Bois, diocèse de Paris, fut établi en 1642, par le prince Charles de Valois. Catherine le Voyer fonda celui de la Flotte (1644) dans le Vendomois ; quinze ans plus tard (1659), il se lit dans la même région, à la Gavolerie, une autre fondation. Celle de Rogat, au comte de Rieux, en Bretagne, fut faite en 167 't. L’abbaye de l’IleChauvet, au diocèse de Linon, fut donnéeaux camaldules. cette même année. Ces quelques maisons passèrent assez inaperçues. Louis XIII, qui avait autorisé l'établissement de l’ordre dans son royaume (1634), obtint d’Urbain VIII que leurs ermitages formassent une congrégation distincte, sous le vocable de Notre-Dame-de-Consolation ; elle se gouvernait conformément aux constitutions de la congrégation de.Monte Corona. Les camaldules traînais tombèrent dans le jansénisme.

111. RÈGLE ii CONSTITUTIONS. — Les camaldules suivent la règle de saint Benoît. Les prescriptions, ajoutées par saint Romuald pour augmenter l’austérité de ses pratiques et pour l’adapter aux besoins de la vie des anachorètes, ne furent point écrites. Les monastères où les religieux menaient la vie cénobitique ne s'éloignaient du type bénédictin que par des usages et des règlements accidentels, tels que la couleur blanche du costume. Les observances et l’organisation des monastères en congrégation rappellent ce qui se passait dans bs monastères fervents. Les ermitages offraient un aspect spécial, tout différent de la chartreuse. Chaque religieux avait une cellule isolée, Bans cloître pour faciliter les , nunications. Une église occupait le centre de la solitude ; les ermites s’j rendaient île jour et de nuit pour

léchant de l’office. Le terrain occupé par les cellules et les jardins était soumis à une clôture rigoureuse.

Certainermites s’interdisaient de sortir de leur -cellule pendant un temps plus ou moins long. C'étaient les reclus. H 5 avait & proximité du désert un hospice ou

monastère, où l’on menait la vie cénobitique. Le service i, i di - maisons et des d< km - a

lats ou conven ! - i camaldules pratiquaient une abstinence. L m régime était n somme fort austère, lia pouvaient, n* me les rmites, se livrer a l étude cer un minisu re actif, on ' M 're

était i ' r, jU SUD<

pétuel assisté de risiteurs. L - chapitres généraux se réunissaient tantôt dans un n tantôt dans un

antre. Leurs décisions avaient force de I gâtions réformées abolirent la perp< tuile d.-s cha ? Le B. Rodolphe, quatrième prieur de Camaldoli (1 1106), fut le premier qui Axa par écrit les observances traditionnelles. Mittarelli les a pul ce titre :

H. Rodulphi priori* IV camaldulentit "es,

dans les Annalei camaldulerues, t. iii, p. 512-551. Elles se composent de 51 chapitres et présentent un mélange curieux de règlements précis et de considérât !) ». La rigueur primitive j est tempérée par des adoucissem Elles furent promulguées en 110-2. Rodolphe introduisit encore de nouveaux adoucissements avant de mourir. Ses successeurs crurent nécessaire de tempérer par une discrétion de plus en plus condescendante les pratiqua trop austères des disciples immédiate de saint Romuald. On le voit en lisant les Constitution », promulguées par le prieur Placide en 1188. 16 « '., t. IV, p. 127-129, celles du B. Martin 111 [1249), qui ont pour titre : Consuetudo eremitarum S. Mathite c/e Muriano. Ibid., t. iv, p 384. Ce dernier texte n'était qu’un essai. Le prieur Martin le compléta et lui donna une tonne définitive en 1253. Les Constitutiones caknadula i » demoribus traitent en trois livres des obligations de l’organisation des monastères et du fonctionnement de la congrégation. Elles figurent en tête du G camàldulensù, inséré par Mittarelli au t. vi de ses.4 »  » nales. On v trouve à la suite le Petua ordo divinorum officiornm du même Martin III, rédigé la même année (1253), t. vi, appendix, p. 66-203, qui donne un ex ; complet de la liturgie camaldule ; Conatitutio Dontini Octaviani cardinalis, promulguée au chapitre général d’Arezzo de 1271, ibid., p. 202-218 ; Constitut Gerardi prions camaldulenti » de 1278. p - Conttitutionescamaldulenses anni 1279 seu liber quartusde moribus, p. 210-255 ; les Constitutions du m tère de Cortone en 1307 et de plusieurs autres mais p. 256-272 ; les Constitutions du prieur Bonaventure (1328), formant le Y livre des Constitutions de moi p. -27-2--287 ; toute une série de décisions des chapitres généraux de l’ordre, p. 287-335. Ce sont les monuments de la discipline religieuse observée dans les monastères de l’ordre, avant la formation des congrégations.

Les congrégations eurent leurs constitutions spéciales. qui déterminaient leur organisation et l’observance monastique. Celles de la congrégation du Saint-Hermitage furent approuvées par Clément X en 1670 et publiées sous ce titre : Constitution del Scuro-Heremo , /, Camaldoli (1671). Celles de la congrégation de SaintMichel de Muriano furent imprimées aussitét après leur approbation par le pape Léon : Reformatio camaldulensis ordinis eum gratiis et privilégia a Leone X /'. M. nuperrime concessis, s. I. n. d. [1513]. Celles de Monte Corona parurent à Florence : Regola délia vite Hca data dal />'. Romualdi, 1575, et celles de la congrégation française de Notre-Dame-de-Consolation à Pi Forma vivendi aereniiloram ordinis camaldulensis, Paris, 1671.

IV. S mm s El ÉCRIVAINS.

I es camaldules ont fourni à l'Église UD grand nombre de pieux penoniM| d'écrivains. — l « Sainta. - Us comptent comme l’un des leurs saint Bruno, l’apôtre de la Prusse, disciple de saint Romuald, bien qu’il soi ! mort avant la fondation de l’ermitage de Camaldoli. Ce saint, à qui l’on doit une vie de saint Adalbert de Prague, souffrit le martyre en

1008 avec plusieurs compagnons. Nommons seulement saint Jean de Lodi, prieur de Fonte Avellane et évêque de Gubio, mort le 7 septembre 1106, Acta sanctorum, septembris t. ut, p. 161-175 ; Pierre, archevêque de Pise, qui dirigea en personne une expédition contre les musulmans des îles Baléares († 1120) ; Jean, prieur de Camaldoli et cardinal évêque d’Ostie, qui soutint avec Mathieu d’Albano le pape Innocent II contre les schismatiques (f T131) ; sainte Lucie, abbesse de Sainte-Christine de Bologne (y vers 1156) ; saint Jean, moine camaldule, devenu abbé de Saint-Étienne de Gènes († 1166) ; le B. Bogomile ou Théophile, qui abandonna l’archevêché de Gnesen en Pologne, pour mener la vie érémitique à Camaldoli († 1182), Acla sanctorum, junii t. il, p. 351-357 ; la B. Marie de Pise (après 1200) ; le B. Léonard, reclus à Camaldoli († 1220) ; le B. Barthélémy de Pise (y 1224) ; saint Baynald, évêque de Nocera († 1225) ; le B. Jourdain, prieur de Saint-Benoit de Padoue (fl248) ; le B. Martin III, prieur de Camaldoli (f ! 258) ; le B. Compagni, prieur de Sainte-Marie de Padoue († 1265) ; le B. Antoine le Pèlerin, de Padoue († 1267), Acla sanctorum, februarii t. i, p. 264-265 ; saint Parisio, mort à Trévise la même année, ibid., junii t. ii, p. 478-480 ; le B. Novolon († 1280) ; Philippe, évêque de Nocera († 1285) ; le B. Pérégrin († 1291) ; le B. Jacques de Certaldo et le B. Simon, reclus († 1292) ; le B. Albertin (fl294) ; le B. Ange <fl300) ; le B. Mathieu († 1320) ; le B. Tomassi (fl337) ; le B. Silvestre, au monastère de Notre-Dame des Anges de Florence (fl318) ; le B. Albert, à Sainte-Croix de Sassolerrato (fl350) ; saint Gérard, mort dans le même monastère († 1366) ; sainte Paule, abbesse de Sainte-Marguerite de Florence (fl368) ; Pierre, moine de Notre-Dame-des Anges à Florence, miniaturiste de talent qui forma des disciples († 1396) ; le B. Pierre de Messalenis, originaire de Sardaigne, mort à Venise († 1453) ; le 13. Daniel de Ungrispach, honoré comme un martyr par les moines de Saint-Mathias de Muriano (-j-1411) ; le cardinal Ange de Anna (-J-1428) ; le B. Ange le Teutonique, mort à Notre-Dame (les Anges de Florence (14’iO) ; Antoine Piccolomini, nommé évêque de Sienne en 1458 ; le B. Ange de Mussiaccio, mis à mort par les fraticelles (vers 1458) ; Maffei Glierard, abbé de Saint-Michel de Muriano, élu patriarche de Venise en 1466. créé cardinal en 1489, mort en 1 492 ; la B. Elisabeth Salviati († 1520) ; le B. Michel de Florence († 1522), ermite de Camaldoli, auteur d’une manière nouvelle de réciter le Bosaire, connue sous le nom de Coroua dominica ou Camaldule et approuvée parles souverains pontifes ; le B. Jean-Baptiste de Lucques († 1542), ermite à Camaldoli ; Basile Nardi, abbé de Saint-Félix de Florence, qui ne craignit pas de prendre la tête des Florentins, réclamant la liberté les armes à la main (-j-1542) ; Justinien de Bergame, ermite de Monte Coroua, mort en odeur de sainteté (-J-1563) ; Ambroise Moncata, ermite de Camaldoli, nommé sur les instances de Philippe II par Grégoire XIII à l’évéché d’Urgel (-j- 1588) ; son compatriote et compagnon de solitude, Péregrin Palais, mort à Camaldoli (1620), après quarante années de réclusion ; Grégoire Vilali (y 1627), abbé de Fonte Avellane qui, par sa science, son inépuisable charité et son influence, servit très efficacement su famille religieuse ; Louis Mafféi et Jules Thaddée Guasco, reclus à Camaldoli, qui se firent remarquer par une vie sainte et pénitente ; J.-B, Costa, Originaire de Chambéry, de la congrégation de Turin, morl en odeur de sainteté (1674) ; Maur Cursio, abbé de Notre-Dame des Anges de Florence, évêque de San-Miniato ; 1680 Jusqu’à la fin il > eut dans les déserts des eamaldules des religieux d’une très grande vertu. On n’en trouve pas cependant qui aient mérité par des actions extraordinaires l’attention de leurs contem| iiins.

Ecrivains.

Jérôme de Prague, voir re nom, el Ambroise le camaldule, voir i. i, col. 953-951, lurent

I au xve siècle les meilleures illustrations de leur ordre On voit, à partir de cette époque, un grand nombre d’écrivains dans ses monastères et jusque dans ses ermitages. Quelques-uns peuvent supporter la comparaison avec ceux que produisit la congrégation bénédictine de Mont-Cassin.

Voici les plus connus : Gaspard de Pérouse, abbé de Saint-Jean du Désert, puis évêque de Foligno († 1455), canoniste distingué, qui assista en qualité de légat aux conciles de Constance et de Bàle. Il composa un traité De reservationibus bene/iciorum, inséré au t. xv des Traclatus illuslrium jurisconsultorum, Venise, 1584.

— Maur, convers de Saint-Michel de Muriano, auteur de caries géographiques très estimées de ses contemporains († 1457). — Pierre Delphin, originaire de Venise, moine de Saint-Michel de Muriano, et enfin général de son ordre, versé dans la connaissance des langues latine et grecque, très estimé de Léon X et des humanistes ses contemporains. Ses nombreuses lettres, conservées aux archives de Saint-Michel de Muriano et de Fonte Buono, ont été d’un grand secours à Mittarelli pour la rédaction de ses Annales. Jacques de Brescia, prieur d’Oderza, en publia un certain nombre en 1524, in-fol., Venise. Elles étaient introuvables au xviiie siècle. Mabillon copia, durant son voyage en Italie, 242 lettres inédites, que Martène et Durand ont insérées, avec une Oratio ad Leonem X pontificem maximum, dans Veterum scriptorum et monumentortem collectio, Paris, 1724, t. iii, p. 9131232. — Nicolas Malermi, né à Venise (1422), moine do Saint-Michel de Muriano, mort à la fin du xve siècle après avoir rempli plusieurs fois la charge abbatiale, publia la première traduction italienne de la Bible Biblia volgare historiata, 2 in-fol., Venise, 1471, précédée d’une lettre où il expose longuement les motifs qui l’ont déterminé à entreprendre celle version. Son oeuvre fut rééditée au moins seize fois avant le terme du XVIe siècle. Il donna en 1479 un volume in-fol. contenant en italien les vies des saints, plusieurs fois réédité dans la suite. — Maur Lapi, né à Florence, camaldule après plusieurs années passées chez les carmes, mort à Saint-Mathias de Muriano en 1478, auteur d’un Voyage en Terre-Sainte et d’un grand nombre de traductions d’ouvrages ascétiques et mystiques. Il fut en relation avec plusieurs personnages éminents. Mittarelli trouvait le recueil de ses lettres très intéressant, t. vii, p. 299-302 ; cf. Agostini, Notizie istorico critiche intorno la vitae le opère degli scriltori veneziani, t. i, p. 435. — Bernardin Gadolo de lîrescia, moine de Saint-Michel de Muriano (yli (, )9l, auteur d’ouvrages ascétiques : De fugiendo sœculo et amplexanda religione ; Contra superbiam et embitionem ; etc., du Kalendarium camaldulense reformatum, approuvé plus tard par saint Pie V et Grégoire XIII ; on conservait ses sermons et le recueil de ses lettres ; il avait réuni les matériaux nécessaires à une édition de saint Jérôme. On lui doil un commentaire des Livres saints et un traité De libris Bibliæ canonicU et non canonicù et de translationibus Bibliæ, inséré dans Liber vitse, "i est Biblia cum glossis ordinarits et interlinearibus. — Pierre Candide, très versé dans la connaissance de la littérature grecque. — Paul.lusliniani, d’une noble famille vénitienne, entra à Camaldoli

en 1540, mena une vie très sainte, propagea parmi les eamaldules l’amour de la vie érémitique et fonda la congrégation de Monte Corona († 1528). il adressa (1513) à Léon X, pour le déterminer a entreprendre la rélorme de l’Église, un traité De officio pastoris. On lui doil la Régula vitse eremiticæ, éditée en 1520, la Scala obedientiæ (1575) et une lettre De vera felicitah On conservait manuscrits dans les monastères un grand nombre d’opuscules ascétiques et exégétiques et eue volumineuse correspondance. Il prit une pari active I K9

CAMALDULES

1430

au concile de Florence. — Son ami et compatriote, Vincent Quirini († 1520), morl procureur de l’ordre au moment où il allai) êti tu cardinalat, joua

un rôle pi ti [ue considérabli. Ses œuvr< manuscrit ! —, ont trait à la théologie, au droit et à l nia-Paul Orlandini (i 1519), du monastère des Saints-Angi - de i Ion nce, a laissé trois volumes de dialogues ni divers sujets de théologie et un grand nombre d’ouvrages asci tiques et exégétiques, restés manuscrits.— Pierre Benincasa (+1521), poète et canoniste, a laissé un ouvrage manuscrit : Flores decretorum et décréter Hum et clementinarum ordine alphabelico distnbuti. — Jacques Suriano (+ 1522), autruides séquences du missel de son ordre, étudia surtout la médecine et les philosophes grecs ou arabes. <*n lui doit, entre autres publications. Continent Rosis ordinatus et correctus, 2 in-fol., Venise, 1509. — Benoit, moine de Saint-Michel de Muriano, qui publia en 1536, Preparazione dell’aiihna razionale alla (Urina graziae dell’uso di essa grazia secondo la influenzia del lunie divino, réédité en 1610 à Venise. — Etienne, ermite de Camaldoli (+ 1549). —.lean-Baptiste de Crémone, mort à Saint-Michel de Muriano (+ 1553), auteur d’une vie de saint Jean-Baptiste en vers italiens, d’un long poème sur la Passion, d’un commentaire de l’Évangile et d’une vie de saint Placide, publiée à Venise en 1503. — Hippohte Ballarini, général de la congrégation de Saint-Michel de Muriano († 1558), auteur d’un traité De diligendis inimicis, Venise, 1546, 1555 ; d’une Ex^usitio in orationem dominicalem, ibid., 1055. — Benoit Buffo, qui publia une traduction des œuvres de Cassicn, Venise, 1567. — Ventura Minard (après 1570), qui s’est occupé de sciences naturelles, d’ascèse et de l’histoire de son ordre. — Germain Vecchio, moine de Saint-Michel de Muriano, historien et poète, auteur des Lagrime penitenziali, Venise, 1563 ; Vérone, 1739. — Augustin Fortunius, moine de Notre-Dame des Anges, à Florence, qui commença en 1575 l’impression de l’histoire de son ordre. — Sébastien île Humanis, moine de Saint-Michel de Muriano, publia Rosario délia glorioza vergine Maria con conteniplazioni, Venise, 1 384 ; une vie de saint Placide (1583) et des messes en musique (1593). — Luc l’Espagnol, ermite de Monte Corona, auteur de VHistoria Romualdina, Padoue, 1587. traduite en italien, Venise, 1590. — Philippe Fantoni (y 1591), auteur d’ouvrages sur l’astronomie et la cosmographie. — Jérôme Bardi, historien, originaire de Florence, mort à Saint-Jean de Venise en 1544. On a de lui : Additiones ail Johannis Lucidi samothei chronicon, in-i°, Venise, 1575 ; Chronologia universale delta creazione di Adamo fino all’anno lï>81, 3 in-fol., Venise, 1581 ; Délie rose (nu notabili di Venez ia, Venise, 1587, 1601, etc. — Timothée Naufresco (fl619), qui traduisit un certain nombre d’ouvrages ascétiques espagnols. — Silvain Razzi (+1611) a écrit un grand nombre de vies de saints et plusieurs ouvrages de spiritualité. — François Pitleri, moine de Notre-Dame des Anges de Florence, avait enseigné’les mathématiques à l’université de Sienne. Il a publié plusieurs traités sur cette science, un discours sur la couronne du Seigneur ou Rosaire camaldule, et Storia délia liberazione di Trajano, Sienne, 1595. - Pierre Passi de Ravenne s’est surtout occupé d’histoire littéraire, _ Archange Spina, morl à Gènes (1618), auteur de Rima spirituali, Naples, 1616. — Thomas Mini, cellerier de Saint-Michel de Pise (+1620), a consacré

plusieurs volumes à l’histoire de son ordre et à la vie des saints camaldules. Guillaume Cantarelli (+ 1634) : Jc.sk Christi mirabilium ac imbecillitatis humante naturm dispariila paraphrasit super diversas qussstiones, Venise, 1620 ; Variarum quæstionum m decemprœcepta Decalogi resolutionem, Venise, 1611, Benoit Puccio ( ; 1621 a publie un Dialogo délia perfezione cristiana,

Ravenne, 1604 ; Giardino di A"’* 1’spirituali, Vei , ( idea </< U tien usilale m la tegretaria principe i, h n IV, Venise, 1621, etc. - Fulgence Thomaselli (+1624), dont les nombreuses publicati Be rapportent a la théologie ascétique et morale, au droit el a l’histoire. Il mourut a Venise. — Vital Zucccolio

1630) publia des Enarrationes mit i

Venise, 1605, 1017. des sermons et des homélies -ur divers livres et passagi - d< l Écriture, sut

i tus, (les ouvrages scientifiques. — Victorin Totini

’1633), auteur d’un Ecclesiasticum cœremom-ratUh

nale, Bologne, 1625. - Donat Milcetti f 1674. moine de Saint-Michel des Prisons à Venise, a donné au public Epistolas varii styli, Ravenne, 1652 ; Epistolas antiquorum hero uni, Padoue, 1670. Il était po( : musicien. — Innocent Mattheo (+1679), géograpl archéologue, estimé de Clément X et d’Innocent XI. — Jean Advocari († 1680), ermite de P.buca, l’un des hommes qui ont le plus fait pour le développement de l’ordre. Il occupait ses loisirs à rédiger des travaux historiques et ascétiques, restés manuscrits, suivant en cela l’exemple d’un grand nombre de camaldules. — Jules César Caréna, abbé de Camaldoli. homme de très sainte vie, astronome habile et bon théologien (+ 1693).— qu Grandi († 1742 dont les D laliones camaldulenses, publiées à Lucques (1707), sont importantes pour l’histoire de son ordre, avait des connaissances très variées ; on lui doit : Geometrica demonslratio problematum vivianeorum, Florence, 1099. Corne III, duc de Toscane, le nomma, l’annéf suivante, professeur de philosophie à l’université de Pise. Il put lia : Quadraturam circuit hyperbolm pet infinitai injperbolas et parabolas, Pise. 1703. Ses nombreuses publications qui suivirent le mirent en relation avec les plus illustres savants de son époque. Il s’occupa de jurisprudence. Son Epistolade Pandectis à Joseph Averuni, professeur de Pise, parut en 17 : 20. Les attaques dont elle fut l’objet de la part de Tannucci l’amenèrent à écrire ses Vindicias pro sua epislola dr Pa n decti s, Pise, 1728. Cf. Journal des savants, t. xi.n. p. 442-4t8. — Augustin Morelli, de la congrégation de Monte Corona, a donné’un commentaire de l’L’cclesiaste : Salomonis Ecclesiastes ad mentent orthodoxorum samtorumqite Patrum paraphrasi explicitus, Naples. 1730 ; un autre du livre des Proverbes : Commentarii littérales et morales ad Proverbia Salomonis, ibid., 1743, et une histoire du concile de Trente, ibid., 17 : 21. — Ladislas Radossang publia une histoire de son ordre : Epitame antiquarii tripartiH ord. eremitarum camaldulensium, in-J", Neu-Siadt. 1726. — Hyacinthe Pico (+ l* de la congrégation de Turin, a écrit un CompâuUum morale de magno statu religioso, un Spéculum prselatorum et, sous le titre de Contivium spirituals, une méthode d’entendre la messe et de communier avec fruit, qui n’ont jamais été publiés. — Augustin de Fleury, abbé de Saint-Jean-Baptiste de Crémon a composé des ouvrages de piété : Bytnmu de Deo, sotis Scripturæ sacrât dictis et tententiit œmpotitus,

Faventia, 1700 ; le même ouvrage parut à Rome en 17 : 2 : 2 sous le titre de Laus Ih-t ; Régula rinjinum Tavellarum, Ravenne, 1733 ; Ecclesia m tripl&n statu legis naturalis, legis veteris et legis novrn, Rome, 1699 ; on a de lui des des de saints, des traductions d’ouvrages ascétiques espagnols et parmi ses oon manuscrits, conservés a Saint-Apollinaire de Cl se trouvait un traité contre le jansénisme. — Edouard mini iv 1711. qui classa les archives de Camaldoli el mit la bibliothèque en ordre : il fut aidé dans ce travail par Théophile Clini. — Apollinaire Cliiomba, visiteur général de la congrégation de Turin, réunit les malt riaux u.c. --aires pour écrire l’histoire de cette

tion. Miiiarelli put les utiliser. Boniface i lea archives de celle même congrégation et tu di un inventaire détaillé. — Boniface Collina a publié une vie de saint Romuald et une de saint Bruno, martyr, des poésies et quelques œuvres littéraires. — Basile du Verge, ermite de Saint-Joseph près de Vienne, en Autriche, a publié en allemand un Diarum camaldulense, ou vies des saints et bienheureux distribuées selon les jours de l’année, 4 vol., Vienne, 1754. Il avait donné en 1723 une vie illustrée de saint Romuald. — Maur Sartio édita en 1755 une dissertation sur la chasuble dytique de Ravenne, et, en 1748, une lettre De antiqua Picentum civitate Cupra-Montanæe. — Jean Claude Fremond, originaire de Bourgogne, moine de Classe, professeur de physique à l’université de Pise, correspondant à l’Académie des sciences de Paris, se fit connaître par sa Risposta apologeltca ad una lettera filisofica sopra il commercio degli Oli navigati, procedenti da eluoghi appestati, Lucques, 1745. Il publia ensuite : Nova et generalis introductio ad philosophiam, Venise, 1748 ; Examen in præcipua mechanicæ principia, Pise, 1758 ; De ratione philosophica, qua instrumenta mechanica generatim conferunt potentiarum actionibus corroborandis vel enervandis, Pise, 1759. — Gabriel de Blanchio, ermite de Saint-Clément de Venise, est l’auteur des traités ascétiques et scripturaires suivants : Martyrium divini amoris, Venise, 1710 ; Observationes historico-morales super Vetus Testamentum, 3 vol., Venise, 1758 ; Observationes historico-morales super Novum Testamentum, Venise, 1760. — Benjamin Savorelli publia le recueil des privilèges des abbés et des supérieurs de l’ordre des Camaldules (1762) et un commentaire de la règle de saint Benoît, spécialement destiné aux religieuses de son ordre (1751). — Mittarelli, prieur de Saint-Michel de Muriano et supérieur général de sa congrégation († 1777), auteur des Annales camaldulenses, publia la Bibliotlieca codicum manuscriptorum monasterii S. Michælis Venetiarum, cum appendice librorum impressorum sec. xv, in-fol., Venise, 1779. — Le pape Grégoire XVI (1831-1846) était camaldule.

S. Pierre Damien, Vita S. Romualdi, P. L., t. cxliv, col. 953 sq. ; A. Florentini, Hist. camald., 2 vol., Florence, 1575 ; Mabillon, Annales ord. S. Benedicti, Paris, 1706, 1707, t. iii, iv ; J. Mittarelli, Annales camaldulenses, ordinis sancti Benedicti, quibua plura interseruntur tum ceteras italico-monasticas res, tum historiam ecclesiasticam renique diplomaticam illustrantia, 9 in-fol., Venise, 1755-1772 ; Hélyot, Histoire des ordres, t. v, p. 236-239 ; Heimbucher, Die Orden und Kongregationeri, Paderborn, 1896, t. i, p. 203-208 ; L. Zarewic, Zakon Kamodubon (L’ordre des camaldules, sa fondation et ses souvenirs historiques en Pologne et en Lithuanie), in-12, Cracovie, 1872 ; Sackür, Die Cluniazenser bis zur Mille des 11 Jahrhunderts, Halle, 1892, t. i, p. 324 sq. ; t. ii, p. 278 sq. ; Les camaldules, dans la Revue bénédictine, t. iv (1887), p. 350-363 ; Razzi, Vite de santie beati dell’ordine di Camaldoli, in-4°, Florence, 1600 ; de Minis, Catalugus sanctorum et beatorum, necnon aliorum pie vita functorum congregationis Hetruriæ camaldultensium eremitarum, 2 in-4°, Florence, 1605 ; Ziegelbauer, Centifolium camaldulense, sive notitia scriptorum camaldulensium, in-fol., Venise, 1750. Cf. C. de Smedt. Introductio generalis ad historiam ecclesiasticam critice tractandam, in-8°, Gand, 1876, p. 300.

J. Besse.