Dictionnaire de théologie catholique/CALOV Abraham

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 2.2 : CAJETAN - CISTERCIENSp. 31-32).

CALOV Abraham, théologien luthérien, né le 16 avril 1612, à Morungen dans le duché de Brunswick ; après avoir commencé ses études au gymnase de Thorn, il se rendit, en 1626, à l’université de Kônigsberg ; il fut successivement recteur du collège de Dantzig et professeur de théologie à Wittemberg, où il mourut le 25 février 1686. Calov fut à la fois théologien dogmatique, polémiste et exégète. Il combattit tout ensemble les catholiques, les sociniens, les réformés, les arminiens et les labadistes. Il fut surtout l’adversaire de George Calixte et des calixlins dans la controverse du « syncrétisme >i. Cette opposition éclata au colloque de Thorn (1645), et continua même après la mort de George Calixte. Ses partisans s’appelèrent caloviens. L’activité scientifique de Calov fut extraordinaire. Comme il s’occupa à peu près de toutes les sciences ecclésiastiques, et qu’il fut mêlé à de nombreuses controverses confessionnelles, ses écrits sont, d’une grande variété, Nous les énumérons ici en les groupant par matières : 1° Polémiques : Matxolugia papisl ira, Dantzig, Kii" (contre les catholiques) ; Socinianismus profiigalus, 1652 (contre les sociniens) ; Dissensio coulrorcrsiarum hodierno tempore inter ecclesias orthodoxes et reforniatot coetus agiiatarum, 1655 (contre les réformés) ; Consideratio anninianisnii, 1055 (contre les arminiens) ; Thèses theo~ logica de labadismo, 1681 (contre les labadistes) ; AntiBœhmius, 1684 (contre Jacques Bôhme. touchant la controverse » syncréliste » : lnstitutionum théologienrum -.'n 7rpo).ey(5|j.Eva euni e.runn ne nova lu logim coh.rtirue, 1649, 1651 » ; Digressio de nova theologia HelmstadioRegiomonlanorum syncretistarum, 1651 ; Synopsis controvertiarum poliorum, Willemberg, 1652 ; Syncnh lismus cahxùnus, ibid., 1653 ; Hunnvnta calixtuiuhærretica, ibid., 1655 ; Historia syncretistica, s. l. n. d., (1682). — 2o  Théologiques : Systema locorum theologicorum, 12 vol., Wittemberg, 1655 1661 ; Theologia naturalis et revelata juxta Aug. Conf., Leipzig, 1646 ; Isagoges ad ss. theologiam libri duo, 1652 ; Theologia positiva, Wittemberg, 1682 ; Apodixis articulorum fidei, Lünebourg, 1684. — 3o  Exégétiques : Biblia illustrata, 4 in-fol., Francfort-sur-le-Main, 1672-1676 ; Commentarius in Genesim, 1671 ; Die deutsche Bibel D. Martini Luth., Wittemberg, 1682.

Glaire, Encyclopédie catholique, in-4o, Paris, 1854, t. v, p. 134 ; Feller, Biographie universelle, in-4o, Paris, 1848, t. ii, p. 345 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. ii, col. 1721-1722 ; Realency clopädie für prot. Theologie, 3e édit., t. iii, p. 648-654.

V. Ermoni.


CALUSCO Thaddée, théologien augustin du xviie-xviiie siècle, né à Milan, secrétaire de son ordre en 1699, prédicateur fameux. Il mourut le 21 avril 1720 à l’âge de 63 ans. Citons parmi ses ouvrages : Varie notizie molto utili per facilitare l’intelligenza et lo studio della sacra Scrittura, con una dissertazione. sull’ultima pasqua di Giesù Christo, Milan, 1708 ; Esame della religione protestante o sia pretesa riformata, Venise, 1720 ; Lettera ad un amico che contiene una risposte generale a tutte le ragioni, che furono addotte un difesa dei riti della Cina. Cette brochure ne contient aucune indication sur l’année et l’endroit où elle a paru.

Argelati, Bibliotheca mediolanensis, Milan, 1745, t. i, p. 264-265 ; Ossinger, Bibliotheca augustiniana, p. 181 ; Lanteri, Postrema sæcula sex religionis augustinianæ, Rome, 1860, t. iii, p. 110-111 ; Hurter, Nomenclator literarius, t. ii, col. 768.

A. Palmieri.

CALVENZANO Jean-Antoine, fut membre de la congrégation des oblats de Saint-Ambroise instituée à Milan par saint Charles Borromée. En 1607. le nonce apostolique en Suisse, Fabrizio Veralli, mort cardinal, ayant demandé quelques prêtres au cardinal Frédéric Borromée, archevêque de Milan, pour les envoyer dans le canton des Grisons, où le protestantisme exerçait de grands ravages. Calvenzano fut un des quatre oblats désignés pour cette mission. On a loué son zèle et son dévouement pour le salut de ses ouailles des deux paroisses d’Inveruno et de Besate dont il eut la charge. Il mourut dans cette dernière localité, victime de sa charité, pendant la peste de 1630. Il publia dans la langue usuelle de cette région les opuscules suivants : Curt mossament et introvidament de quellas causas, las quales scadin fidevel cristian è culpant da saver, soventer, che mossa la santa la Baselga catholica romana, in-8o, Milan, 1611 ; Bref apologetica enten la qual l’auctur renda le raschun perchei havend baudunau la doctrina di Calvin, haigi ratscherd la credientscha catholica, in-12, Milan, 1612. On lui attribue encore plusieurs opuscules, dont une Doctrine chrétienne et des Méditations.

Phil. Picinelli, Ateneo de i letterati Milanesi, Milan, 1870, p. 263 ; Argelati, Bibliotheca scriptorum Mediolanensium, t. i b, p. 264 ; Hurter, Nomenclator, t. i, p. 273, note 1.

P. Édouard d’Alençon.


CALVI Jean-Baptiste, laïque milanais, qui a publié : Veritas romana Ecclesiæ quam brevissime demonstrata catholicis in conspectu religionis protestantium, in-8o, Milan, 1758.

Hœfer, Nouvelle biographie générale, t. viii, p. 260.

E. Mangenot.


CALVIN Jean, chef de la secte religieuse appelée « le son nom calviniste. Sa vie, bien que souvent étudiée, soulève encore aujourd’hui un certain nombre de problèmes. Réservant pour l’article Calvinisme l’étude de sa doctrine, nous nous occuperons uniquement ici de sa biographie, en rattachant ses œuvres à chacune des époques de sa vie à laquelle elles appartiennent. —
I. Jeunesse de Calvin.
II. Vie, voyages et œuvres de Calvin de 1533 à 1536.
III. Premier séjour de Calvin à Genève de 1536 à 1538.
IV. Calvin à Strasbourg, 1538-1541.
V. Calvin a Genève de 1541 à 1555 ; organisation de l’Église et de la cité ; luttes politiques et religieuses ; triomphe de Calvin.
VI. Le rôle de Calvin en Europe et ses œuvres de 1541 à 1555.
VII. Dernières années de Calvin : son intervention dans les affaires religieuse la France ; ses dernières œuvres ; sa mort (1555-1564).

I. Jeunesse de Calvin. 1509-1533. — C’est le 10 juillet 1509, vingt-cinq ans après Luther, que naquit, à Noyon, l’homme destiné à exercer sur la Réforme française une influence plus profonde, et, sur le protestantisme en général, une action aussi puissante que celle de Luther : Jean Calvin (forme tirée du latin), Cauvin (forme picarde), ou Chauvin. Ses étaient bateliers sur la rivière d’Oise et habitaient au village de Pont-l’Évêque, près Noyon. Son père, Gérard, fut successivement notaire du chapitre, greffier de l’officialité. promoteur du chapitre. Sa mère, Jeanne Le Franc, était de famille riche. C’est à Noyon, au collège des Capettes. que le jeune Calvin reçut « la première discipline de la vie et des lettres », et, suivant le témoignage de Jacques Desmay, docteur de Sorbonne, auteur de Remarques sur la vie de Calvin (1621), s’y montra « de bon esprit, d’une promptitude naturelle à concevoir, et inventif en l’étude des lettres humaines ». À douze ans, il fut pourvu, grâce à son père, d’un petit bénéfice (une des quatre portions de la chapelle de Gésine) et à cette occasion reçut la tonsure. Il ne devait jamais aller plus loin dans la carrière des saints ordres.

En 1523, Jean, âgé de 14 ans, partit pour Paris et suivit les cours du collège de La Marche, où il eut pour maître le grammairien Cordier qui devait être plus tard son disciple et mourir à Genève. C’était l’année où le compatriote de Calvin, Louis Berquin, était jeté pour la première fois en prison comme suspect d’hérésie, et où le parlement faisait faire une recherche exacte des livres luthériens pour en poursuivre les auteurs. Au même moment, la famille de Calvin, pour une question d’intérêt, se brouillait avec le chapitre de Noyon. En 1526, Jean Calvin passa au collège de Montaigu, alors sous la direction de Noël Beda, le pesant adversaire d’Érasme et des humanistes. Il étudia la philosophie et la théologie, lut Duns Scot, saint Bonaventure et saint Thomas. En 1527, son père obtint pour lui la cure de Saint-Martin de Martheville, qu’il échangea en 1539 contre celle de Pont-l’Évêque.

Jusqu’en 1526, aucun trouble ne paraît s’être élevé dans l’esprit de Calvin ; il était travailleur, d’humeur sévère, suivant les uns, sombre, suivant d’autres, d’ailleurs, s’il faut en croire son propre témoignage (Préface au commentaire des Psaumes), « si obstinément adonné aux superstitions de la papauté qu’il était bien mal aisé qu’on le pût tirer de ce bourbier si profond. »

Alors, au dire de beaucoup d’historiens protestants, déjà anciens, se serait passé dans l’âme de Calvin un drame intime analogue à celui qui avait révélé à Luther le grand mystère de la justification par la foi seule. Mais le premier et le mieux informé des historiens de Calvin, son ami et son disciple, Théodore de Bèze, nous montre que la première cause de la transformation de Calvin fut une influence extérieure, celle de son cousin Pierre-Robert Olivétan, qui lui fit connaître la nouvelle doctrine. Il se peut aussi que le spectacle d’hommes mourant pour leur foi, en 1526 et 1527, lors de la réaction anti-luthérienne qui suivit la bataille de Pavie, ait fait grande impression sur l’âme du jeune homme. Toujours est-il qu’il est probable que, vers la fin de 1527, Calvin se sentait déjà ébranlé non seulement sur sa vocation ecclésiastique, mais sur certains principes catholiques. Fut-ce pour cette raison que, d’accord son père, au commencement de 1528, il quitta Paris pour Orléans et la théologie pour le droit qu’il étudia sous