Dictionnaire de théologie catholique/ALBIGEOIS

Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 349-354).

ALBIGEOIS. — I. Origines. II. Doctrine. III. Organisation. IV. L’Église et les albigeois.

I. Origines. — La question des origines de l’albigéisme n’est pas complètement éclaircie : quelques points cependant sont acquis à l’histoire.

Il est sûr que les albigeois professèrent le dualisme et que, par là, ils se distinguèrent des vaudois. A Bossuet revient l’honneur d’avoir établi ce double fait dans le livre XI de l’Histoire des variations des Églises protestantes. Sauf un petit nombre d’exceptions, les protestants rejetèrent ces deux conclusions et les catholiques rejetèrent la seconde, jusqu’au milieu du XIXe siècle ; des travaux, entrepris alors et continués jusqu’à nos jours, ont donné raison à Bossuet. Cf. A. Rébelliau, Bossuet historien du protestantisme, Paris, 2e  édit., 1892, p. 418.

Du dualisme persan on aboutit à l’albigéisme à travers les sectes suivantes : gnosticisme, manichéisme, priscillianisme, paulicianisme (en Arménie, vers 668), bogomilisme (chez les Bulgares, au commencement du Xe siècle). Mais on ne saurait décider avec certitude si entre ces hérésies il existe une filiation proprement dite ou seulement un lien logique.

Raoul Glaber, Histor., iii, 8, P. L., t. cxlii, col. 659, affirme, à propos des hérétiques exécutés à Orléans en 1022, que le néo-manichéisme fut importé en France de l’Italie. Était-il venu de la Bulgarie dans l’Italie ? Est-ce de la France qu’il gagna l’Espagne et l’Allemagne ? Dans quelle mesure les néo-manichéens qui apparaissent un peu partout au xiie siècle se rattachent-ils à ceux du xie siècle et même entre eux ? Pierre de Bruys et Henri enseignèrent-ils le dualisme ? Autant de problèmes qui ne sont pas résolus.

La diffusion de l’hérésie néo-manichéenne fut assez rapide et intense dans le midi de la France, principalement dans le Languedoc. D’après M. A. Molinier, nouvelle édition de l’Histoire générale de Languedoc par Devic et Vaissète, t. vi, Toulouse, 1879, p. xii, « en dépit des invectives des auteurs du temps et de leurs exagérations, » les partisans de l’hérésie « n’y formaient qu’une minorité infime ». Les parfaits, oui ; mais les croyants étaient fort nombreux, et il faut tenir compte de la multitude de ceux qui, sans embrasser l’hérésie, en furent les fauteurs.

Les néo-manichéens s’appelaient cathares, du grec καθαρός, c’est-à-dire purs. Cathari devint cazari, gazari, et surtout catharini, patharini ou pathareni, patrini, quand, au xiiie ; siècle, on confondit à tort les cathares avec les patarins ou arialdistes orthodoxes de Milan. Ces deux appellations, cathare et patarin, furent usitées partout.

En France, quoiqu’il semble que le centre principal du catharisme n’ait pas été Albi, mais plutôt Toulouse, on les nomma albigeois ; ce mot prévalue vers la fin du xiie siècle. On les trouve désignés encore de la sorte : hérétiques, l’Église voyait en eux les hérétiques par excellence et, dans la France méridionale, les cathares étaient les hérétiques tout court ; — tisserands, beaucoup exerçaient cette profession ; — ariens, à cause de leur théorie sur le Fils de Dieu ; — pauliciens et, par corruption, publicani, poplicains (dans les Flandres, piphles ou piples) ; — bulgares, d’où, surtout dans les pays du nord, boulgres, bougres (ce mot fut étendu à tout hérétique).

II. Doctrine.

Le catharisme ne fut pas immuable. Il se grossit, en route, de doctrines nouvelles, et il changea plus ou moins selon les personnes et les lieux. Nous nous attachons ici à le fixer tel qu’il apparut dans le midi de la France. L’albigéisme fut, d’ailleurs, sa forme de beaucoup la plus importante et à peu près identique à celles qu’il revêtit un peu partout en dehors de l’Italie.

Dogme.

Le dualisme constitue le fond du système.

En Italie, les deux groupes cathares de Bagnolo et de Concorrezo adoptèrent un dualisme mitigé. Il y a deux principes ; mais, disaient-ils, seul le principe bon est éternel ; il a créé, avec les esprits, les quatre éléments, et de ces éléments le principe mauvais a formé le monde. Relativement à l’origine de lame, ils ressuscitaient le traducianisme.

Les autres cathares italiens, dits cathares albanais ou de Desenzano, et tous les cathares non italiens, en particulier les albigeois, admettent le dualisme absolu. A les entendre, les deux principes sont éternels. Le principe bon a créé les esprits et le mauvais la matière ; une partie des esprits étant déchus ont été emprisonnés dans la matière où ils expient leur faute ; soumis à la métempsycose, ils passent d’un corps à un autre jusqu’à ce qu’ils aient parcouru tout le cycle de l’expiation et mérité de retourner au ciel.

Comment l’esprit et la matière ont-ils pu être unis ensemble, puisqu’ils sont aussi antipathiques l’un à l’autre, et comment la déchéance eut-elle lieu ? Là-dessus l’entente n’existe pas. Une première réponse c’est que le principe mauvais, accompagné de ses démons, escalada le paradis, triompha de saint Michel, et entraîna le tiers des esprits célestes, qu’il chassa dans les corps des hommes et des animaux. D’après une seconde solution, le principe mauvais les poussa au péché par des flatteries et de fallacieuses promesses.

Les hérétiques conservent les noms des trois personnes de la Trinité, mais seulement les noms. Le Fils est une créature, c’est le plus parfait des anges. Le Saint-Esprit est une créature inférieure au Fils, placée à la tête des esprits célestes, anges gardiens des âmes.

Ils rejettent l’Ancien Testament, œuvre du principe mauvais, au moins dans ses livres historiques, car, si des cathares condamnent tout l’Ancien Testament, les albigeois respectent les livres prophétiques. Le Nouveau Testament a pour auteur le bon principe : les albigeois le vénèrent et, par des traductions en langue vulgaire, popularisent sa lecture. Cf. L. Clédat, Le Nouveau Testament traduit au XIIIe siècle en langue provençale suivi d’un rituel cathare, reproduction phololilhographique du manuscrit de Lyon, Paris, 1888.

Pour sauver le genre humain, Dieu lui envoya son Fils, non un Fils consubstantiel au Père, mais un ange, lequel n’eut qu’un corps apparent puisque, n’ayant pas péché, il n’avait pas à subir l’union avec la matière. Marie, dont il a semblé naître, était aussi un ange, n’ayant de la femme que l’apparence. Jésus n’a donc pas souffert et n’est pas mort ni ressuscité réellement. La rédemption consiste dans les enseignements que le Christ a donnés pour être délivré de l’adoration du principe mauvais et de la tyrannie de la matière.

L’église primitive, gardienne intègre des enseignements du Christ, était l’Église véritable. A partir de la donation de Constantin, elle s’etrt Corrompue ; on a pris à la lettre les symboles et les allégories de l’Évangile : de là les faux dogmes de la présence réelle et de la transsubstantiation, du purgatoire, de l’application des suffrages et des prières aux défunts, de la résurrection de la chair. Le baptême ne doit pas être conféré aux enfants ; l’eau du baptême n’a pas de vertu sanctifiante. Le culte des images et celui de la croix sont condamnés ; pas d’églises, car Dieu n’y habite pas, mais il habite dans le cœur de ses fidèles. Le pardon des péchés ne s’obtient que par l’entrée dans l’Église cathare, hors de laquelle il n’y a pas de salut.

Morale.

La matière et le monde sont l’œuvre du principe mauvais ; donc tout attachement aux biens du monde, tout contact volontaire avec la matière, sont mauvais. Il en résulte un rigorisme qui consiste en pratiques extérieures, et, dit Het’ele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1911, t. V, S 645, « une morale négative, une liste de prohibitions, une litanie de noix tangere. »

Les richesses sont interdites ; le vrai cathare vit du travail de ses mains. Interdits les honneurs et le pouvoir ; interdite la guerre, même pour se défendre. Le corps est maté par les jeûnes et les mortifications ; toute nourriture animale lui est interdite. Plus encore est interdit le mariage, parce que la chair est une créature diabolique et que le mariage retarde, par le cours des générations nouvelles, le retour des âmes au ciel. La mort est un bien ; il est permis d’en hâter l’heure par la saignée et le poison, ou par l’endura qui consiste à s’abstenir de tout aliment. Des hérétiques tombés dans les mains des inquisiteurs, des moribonds qui avaient reçu le consolamentum, se soumettaient à l’endura, ceux-ci pour mourir purifiés, ceux-là pour échapper à la prison ou au bûcher ; « on astreignait partois à l’endura jusqu’à des enfants du plus bas âge. » L. Tanon, Histoire des tribunaux de l’inquisition en France, Paris, 1893, p. 225. Enfin, les hérétiques se refusent, d’une façon absolue, à prêter serment ; en cela, d’après l’explication de M. Tocco, L’eresia nel medio evo, Florence, 1884, p. 92, ils reproduiraient un des traits du mysticisme nébuleux des gnostiques qui, par respect pour la divinité, l’enveloppaient de silence et de mystère impénétrable : Dieu est trop haut pour être mêlé à nos mesquines affaires terrestres.

III. Organisation.

Une morale aussi dure ne pouvait recruter et retenir de nombreux adeptes ; il y eut des accommodements. On distingua deux classes de cathares : les croyants et les parfaits.

Les parfaits observaient dans toute sa rigueur la morale cathare. Ce qui constituait partait, c’était la réception du consolamentum ou baptême du Saint-Esprit, conféré par l’imposition des mains. La sainteté du ministre était requise pour la validité du sacrement. Hommes et femmes pouvaient le recevoir ; on s’y préparait par le jeûne. Les enfants en étaient exclus. Les parfaits rompaient tous leurs liens de famille : ils allaient, deux à deux, de pays en pays, prêcher et administrer le consolamentum ; le peuple les appelait bonshommes, boni homines. Les parfaites ne voyageaient pas. Les uns et les autres portaient, sous leurs vêtements, en signe d’initiation, un cordon de lin ou de laine, ce qui leur valut le nom de vestili ou induti.

Le parfait peut-il retomber dans le péché ? Quelques hérétiques le nièrent, mais ce fut l’exception. Avant d’étrè admis à la reconsolatio, nouveau consolamentum. il fallut passer par des épreuves sévères.

Les croyants étaient dégagés des obligations les plus gênantes. Ils étaient libres de se marier, d’exercer le commerce ou la profession des armes, de posséder des biens, d’user de tous les aliments. Mais ils s’engageaient par un pacte formel, convenienlia, convenenza, à recevoir le consolamentum en cas de danger de mort, et à vivre en parfaits s’ils échappaient à la maladie, à moins qu’ils ne préférassent se mettre en endura. Les parfaits n’épargnaient rien pour être à leur chevet à l’heure suprême. L’hérétication des malades amenait souvent des legs à l’Eglise cathare.

Outre le consolamentum, il y avait quelques fonctions religieuses, qui nous sont connues par les inquisiteurs ei par le rituel cathare :

Le servitium ou appareillamentum, confession pu blique des péchés ; la confession auriculaire était condamnée ;

La bénédiction du pain faite à table au commencement du repas : un parlait récitait l’oraison dominicale, bénissait du pain, le rompait, et, en disant : « Que la grâce du Seigneur soit avec vous, » le distribuait aux assistants qui le mangeaient en silence ; parfois des morceaux étaient recueillis et conservés pieusement ;

La tradition de l’oraison dominicale au croyant, première initiation à la secte ;

~L’adoration ; ce mot employé parles inquisiteurs désigne la bénédiction que les croyants recevaient des parfaits, après une triple inclination et à genoux, non seulement dans les cérémonies du culte, mais à chaque rencontre ;

Le melioramentum, que le rituel albigeois décrit comme une cérémonie préliminaire du consolamentum.

De la hiérarchie catholique l’albigéisme avait gardé l’épiscopat et le diaconat. L’évêque avait auprès de lui deux ministres, nommés fils majeur et fils mineur, qu’on pourrait assimiler à nos vicaires généraux. Le fils majeur succédait à l’évêque. Les diacres gouvernaient les paroisses. Quelques données que nous possédons sur un pape de l’albigéisme ne sont pas sûres.

Les hérétiques furent experts dans l’art de la propagande. Parmi les moyens dont ils se servirent, il y a lieu de citer la création d’ouvroirs et d’ateliers pour les artisans, et de couvents de parfaites qui élevaient gratuitement les filles des hobereaux et des chevaliers pauvres. Cf. J. Guiraud, Revue historique, t. lxiv, 1897, p. 225, et Saint Dominique, 1899, p. 54. En outre, ils composèrent une multitude d’opuscules pour le peuple où, se taisant de propos délibéré sur les points les plus difficiles et les plus extraordinaires de leur système, ils se bornaient à un petit nombre de traits essentiels qu’ils présentaient sous une forme saisissante, et à de grosses railleries contre le catholicisme. Cf. C. Molinier, Annales de la faculté des lettres de Bordeaux, 5e année, ir 2, p. 230.

IV. L’Église et les albigeois. — I. faits principaux. — La répression de l’hérésie fut moins active dans les pays du midi que dans ceux du nord ; ici, quoique de l’an 1000 au premier tiers du xiiie siècle il n’y ait pas eu de lois contre les hérétiques, en fait ils furent poursuivis et condamnés à mourir, le plus souvent par le feu ; là, les hérétiques furent quelquefois mis à mort pendant le premier tiers du xie siècle, et, d’une façon générale, tolérés en fait jusqu’aux dernières années du xii e. Cf. J. Havet, Bibliothèque de l’école des chartes, t. xli, 1880, p. 606.

La première apparition des néo-manichéens aux environs de Toulouse est signalée, vers l’an 1022, par Adhémar deChabannes, qui ajoute qu’ils furent détruits, apud Tolosam inventi sunt manichei et ipsi destructi. Histor., iii, 59, P. L., t. cxli, col. 71.

Le concile qui se tient à Toulouse, en 1119, rejette de l’Église de Dieu les hérétiques qui condamnent l’eucharistie, le baptême des entants, le sacerdoce et le mariage, et veut qu’ils soient réprimés par le pouvoir civil. Labbe et Cossart, Sacrosancta concilia, t. x, Paris, 1671, col. 857. Il y a là l’indication de quelques-unes des erreurs les plus graves des albigeois.

En 1145, Eugène III envoie dans le Languedoc, en qualité de légat, le cardinal Albéric d’Ostie, pour arrêter les progrès du pétrobrusianisme et de l’henricianisme ; s’il n’est pas sûr que Pierre de Rruys et Henri aient enseigné le dualisme, incontestablement ils propagèrent quelques-unes des. idées chères aux cathares. Albéric essaye de ramener les dissidents par la parole ; il (’prouve un échec complet. Saint Bernard, qu’il appelle à son aide, obtient partout des promesses d’un retour sincère a l’orthodoxie. Cf. E. Vacandard, Vie de saint Bernard,

t. 11, Paris, 1895, p. 217.

Le concile de Reims de Il 18, le premier qui vise nominativement « les hérétiques de la Gascogne et de la Provence », défend de les protéger sous peine d’excommunication. Labbe et Cossart, t. x, col. 1113. Cette censure est renouvelée, en 1162, par le concile de Montpellier, qui ordonne aux princes d’exercer contre les hérétiques leur juridiction temporelle ; en 1163, par le concile de Tours, qui spécifie que les albigeois seront emprisonnés et privés de leurs biens ; en 1179, par le IIIe concile œcuménique de Latran, qui adresse un appel au bras séculier. Labbe et Cossart, t. x, col. 1410, 1419, 1522 ; cf. Denzinger, Enchiridion synibolorum, § xlviii.

En 1184, au concile de Vérone, Lucius III rend le fameux décret où il frappe d’anathème les albigeois, et « tous ceux qui, en matière de foi, pensent ou enseignent autrement que l’Église romaine » (en voir le texte plus bas), et enjoint aux comtes, barons, recteurs ou consuls des villes et autres lieux, de prêter main forte aux évêques contre les hérétiques et leurs complices, et d’exécuter les statuts ecclésiastiques et impériaux. Labbe et Cossart, t. x, col. 1737. Ce décret n’indiquait pas la peine que devaient prononcer les tribunaux séculiers. L’empereur Frédéric Barberousse, qui avait assisté au concile, la précisa dans un édit, le premier qui eût été rendu à ce sujet par les princes : il mit les hérétiques au ban de l’empire, ce qui entraînait l’exil, la confiscation des biens, l’infamie et l’incapacité de toute fonction publique. Cf. Ficker, Mittheilungen des Instituts fur oesterreichische Geschichtsforschung, t. I, 1880, p. 187.

En dépit de ces décisions, les albigeois furent assez peu tracassés ; il n’y eut guère que la légation de Pierre, cardinal de Saint-Chrysogone, en 1178, pour les jeter dans un émoi sérieux. Cf. Henri de Clairvaux, P. L., t. cciv, col. 235.

Avec Innocent III, la répression de l’hérésie devient plus active. Un de ses légats, Pierre de Castelnau, ayant été assassiné, en 1208, par deux hommes au service de Raymond VI, comte de Toulouse, que Pierre de Castelnau avait excommunié, le pape, convaincu que Raymond est coupable de ce meurtre, ordonne de prêcher contre lui une croisade.

Le récit de la guerre des albigeois n’entre pas dans notre cadre. Qu’il suffise de rappeler les instructions d’Innocent III au légat Arnaud, abbé de Citeaux, chef de la croisade, qui ont été injustement incriminées. Innocent. III Epist., xi, 232, P. L., t. ccxv, col. 216 ; cf. C. Douais, L’Eglise et la croisade contre les albigeois, Lyon, 1882, p. 21 ; — le siège de Béziers (29 juillet 1209). Cf. la lettre d’Arnaud, P. L., t. ccxvi, col. 137. Le mot : « Tuez-les tous, Dieu saura bien reconnaître les siens, » Cœdite eos, novit enini Deus qui sunt ejus, attribué au légat Arnaud par Césaire d’Heisterbach, Dialogus miraculorum, v, 21, édit. Strange, Cologne, t. I, 1851, p. 302, n’est pas authentique. Cf. P. Tamizey de Larroque, Revue des questions historiques, 1. 1, 1866, p. 168 ; — la remise à Simon de Montfort, sur la proposition du légat, de la vicomte de Béziers et de Carcassonne, et, après la bataille de Muret (1213), qui vaut à Simon de Montfort le titre de comte de Toulouse, l’appel de Raymond VI à Innocent III et sa comparution au IVe concile œcuménique de Latran (1215).

La guerre prit tin par le traité de Paris (12avril 1229). Raymond VII, fils de Raymond VI, y céda presque tous ses États au jeune roi de France, Louis IX ; il stipula le mariage de sa fille Jeanne avec un des frères de saint Louis ; enfin, il s’engageait à poursuivre les hérétiques dans les domaines qui lui restaient. Voir le texte du traité dans Devic et Vaissète, Histoire générale de Languedoc, nouv. édit., t. viii, Toulouse, 1879, col. 883.

Pendant cette guerre, la peine du feu fut infligée, pour la première fois, aux hérétiques des provinces méridionales, en 1209, à Castres. Cf. Pierre de Vaux-Cernay, Hisloria albigens., 22, dans dom Rouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, nouv. édit., t. xix,

Paris, 1880, p. 21. Le fait se renouvela à plusieurs reprises et, dans la suite, ce supplice devint universellement la peine légale de l’hérésie.

Tout en s’occupant de trancher le litige entre Raymond VI et Simon de Montfort, le concile de Latran affirma, d’une façon solennelle, les principaux dogmes combattus par les albigeois. Nous en donnons le texte plus loin.

Au concile on vit paraître saint Dominique. Dès 1205, Dominique, simple chanoine d’Osina (Espagne), avait travaillé à l’extinction de l’albigéisme, surtout par la torce de la parole et l’ascendant de la vertu. Fit-il appel aux rigueurs du bras séculier ? La question a été souvent et passionnément agitée. Le vrai c’est que Dominique n’a pas fondé l’inquisition ; mais on a des preuves que, à titre d’auxiliaire des légats, il eut mission de convaincre les hérétiques, « et qu’en les convainquant, il les livrait, indirectement mais sûrement, au supplice, à moins que, par un acte de sa clémence, il ne suspendit l’action du bras séculier, instrument docile de l’Eglise. ».T. Guiraud, S. Dominique, p. 43. Le concile adopta les vues de Dominique sur la nécessité de perfectionner la prédication et la controverse contre l’hérésie ; mais il n’alla pas jusqu’à approuver l’ordre que le saint venait d’instituer avec ce programme : combattre perpétuellement pour l’orthodoxie et la morale. L’approbation fut accordée, l’année suivante, par Honorius III ; encore la bulle ne mentionnait-elle pas le but spécial poursuivi par Dominique et ses compagnons. Balme et Lelaidier, Cartulaire ou histoire diplomatique de saint Dominique, t. ii, Paris, 1897, p. 71. Le Saint-Siège continua d’envoyer dans le midi des légats, qui jouèrent un rôle à peu près exclusivement politique.

A l’inquisition épiscopale et par légats allait succéder l’inquisition proprement dite ou inquisition monastique. Son établissement permanent remonte à Grégoire IX. Par les bulles des 13, 20 et 22 avril 1233, le pape confiait aux fils de saint Dominique le mandat de pourvoir, dans tous les diocèses de France, à la répression de l’hérésie, sur le simple choix d’un provincial. Ripoll et Bremond, Bullarium ordinis Fratrum prædicatorum, t. i, Rome, 1729, p. 47.

Les inquisiteurs dominicains sévirent contre les albigeois. De Guillaume Pelhisse, l’un des premiers inquisiteurs qui retrace sur le vif les procédés inquisitoriaux, dans une précieuse chronique, à Bernard Gui, qui remplit l’office d’inquisiteur de 1308 à 1323, et dont la Practica inquisitionis « marque, dit M. Tanon, op. cit., p. 71, le point culminant de l’inquisition dominicaine dans la pleine et paisible possession de tous ses privilèges », ils laissèrent peu de répit aux hérétiques. Leur action, quoique ralentie, continua à s’exercer durant le xive siècle. Vers la fin du xiv siècle, l’hérésie cathare n’était plus guère qu’un nom dans le midi de la France.

II. DÉCRET DE LUCIUS III AU CONCILE DE VÉfiO<VE(U84)(e*trait).

Universos qui de sacramentel

corporis et sanguinis Domini

nostri Jesu Christi, vel de

baptismate, seu peccatorum re missione (le texte publié par

Denzinger, § 49, porte seu pec catorum confession ?) aut de

matrimonio vel de reliquis ec clesiasticis sacramentis aliter

sentire aut docere non mctuunt

quam sacrosancta romana Ec clesia pnedicat et observât, et

generaliter quoscumque eadem

romana Ecclesia, vel singuli

episcopi per dioeceses sua*

cum consilio clericorum, vel

clerici ipsi, sede vacante, cum

consilio, si oportuerit, vieiniorum episcoporum, hæreticosju Tous ceux qui, au sujet du

sacrement du corps et du sang

de Notre-Seigneur Jésus-Christ,

ou du baptême, ou de la ré mission des péchés, du ma riage ou des autres sacrements

de l’Église, ne craignent pas de penser ou d’enseigner autre

chose que ce que la sainte

Église romaine enseigne et ob serve, et généralement tous

ceux que l’Église romaine, ou

les évêques dans leurs diocèses

après avoir pris conseil de leurs clcivs, ou les clercs eux-mêmes, pendant la vacance du siège,

sur le conseil, s’il le faut, des évêques voisins, auront jugés

hérétiques, nous les enchaidicaverint, vinonlo perpetui nons par le lien de l’anathème anathematisinnodainus. Man.si, perpétuel. Conciliorum collectio, t. xxii, Venise, 1778, col. 477.

Le décret de Lucius III vise avec les cathares, qui y sont (’gaiement nommés patarins, les vaudois aussi appelés humiliés, pauvres de Lyon, les passagiens, passaginos, les josépliins, josepinos, les arnaldistes et tous les hérétiques, Labbe et Cossart, t. x, col. 1737.

Il condamne, d’abord, ceux qui, sous le masque de la piété et sans mission du Saint-Siège ou des évêques, s’attribuent le ministère de la prédication, ce qui atteint spécialement les vaudois. Puis, dans le passage que nous venons de reproduire, le décret englobe, en termes généraux, les doctrines des hérétiques sur les sacrements.

Toutes les erreurs des albigeois n’y sont donc pas l’objet de l’anathème, et celles qui sont réprouvées sont indiquées d’une façon vague. Il nous est facile de les reconnaître à travers la formule pontificale. Les albigeois niaient la présence réelle ; ils remplaçaient l’eucharistie par la bénédiction du pain, le baptême par le comolamentum. La confession des péchés devenait le servitium ; que si, avec Mansi, nous devons lire peccatorum remissione au lieu de confessione, nous sommes en présence d’une erreur que nous allons retrouver dans l’avant-dernier article du décret du IVe concile de Latran. Le mariage était déclaré exécrable. La notion de l’ordre était faussée, et la conlirmation et l’extrême onction étaient abolies.

III. CONCILE ŒCUMÉNIQUE DE LATRAN (1215).

I. De fide catholica.

Firmiter credimus et simpliciter confitemur quod unus solus est vcrus Deus, œternus et immensus, omnipotens, incommutabilis, incomprehensibilis et inetlabilis, Pater et Filius et Spiritus Sanctus, très quidem personæ sed una essentia, substantia, seu natura simplex omnino, Pater a nullo, Filius autem a solo Pâtre, ac Spiritus Sanctus ab utroque pariter, absque initio, semper et fine, Pater generans, Filius nascens, et Spiritus Sanctus procedens, consubstantiales et coæquales, coomnipotentes et coæterni, unum universorum principium, creator omnium invisibilium et visibilium, spiritualium et corporalium, qui sua omnipotent ! virtute simul ab initio temporis utramque de nihilo condidit creaturam, spiritualem et corporalem, angelicam videlicetet mundanam, ac dcinde humanam, quasi communem, ex spiritu et corpore constitutam. Diabolus enim et dœmones alii a Deo quidem natura creati sunt boni, sed ipsi per se facti sunt mali. Homo vero diaboli suggestione peccavit.

Hœc sancta Trinitas, seeundum communem essentiam indlvidua, et secundum personales proprietates discreta, primo per Moysen, et sanctos prophetaa aliosque famulos

: UO, juxta ordinutishimam dis

I. De la fui catholique.

Nous croyons fermement et confessons simplement qu’il y a un seul vrai Dieu, éternel et immense, tout-puissant, immuable, incompréhensible et ineffable, Père, Fils et Saint-Esprit, trois personnes, mais une seule essence, substance, ou nature tout à fait simple, le Père n’étant d’aucun, le Fils étant du Père seul, le Saint-Esprit étant également de l’un et de l’autre, toujours, sans commencement ni fin, le Père engendrant, le Fils Baissant, le Saint-Esprit procédant, consubstantiels et co-égaux, coomnipotents et co- éternels, principe unique de toutes choses, créateur de toutes les choses invisibles et visibles, spirituelles et corporelles, lequel, par sa vertu toute-puissante, au commencement du temps, a fait à la fois de rien l’une et l’autre créature spirituelle et corporelle, c’est-à-dire celle des anges et celle du monde, ensuite la créature humaine, qui tient des deux, composée d’esprit et de corps. Car le diable et les autres démons ont été créés par Dieu bons de leur nature, mais eux-mêmes sont devenus mauvais par eux-mêmes. Quant a l’homme c’est par la suggestion du diable qu’il a péché.

Cette Trinité sainte, indivisible quant à l’essence commune, et distincte quant aux propriétés personnelles, par Moïse d’abord, et par les saints prophètes et ses autres serviteurs, suivant une très sage

positionem temporum, doctrinam humano generi tribuit salutarem. Et tandem unigenitus Dei Filius Jésus Christus, a tota Trinitate communiter incarnatus, ex Maria semper Virgine Spiritus Sancti cooperatione conceptus, verus homo factus, ex anima rationali et humana carne compositus, una in duabus naturis persona, viam vitas manifestius demonstravit. Qui, cum secundum divinitatem sit immortalis et impassibilis, idem ipse secundum humanitatem factus est mortalis et passibilis. Qui etiam, pro salute humani generis in ligno crucis passus et mortuus, descendit ad infernos, resurrexit a mortuis et ascendit in cælum. Sed descendit in anima, et resurrexit in carne, ascenditque pariter in utroque, venturus in fine sœculi, judicaturus vivos et mortuos, et redditurus singulis secundum opéra sua, tam reprobis quam electis. Qui omnes cum suis propriis corporibus résurgent quas nunc gestant, ut recipiant secundum opéra sua, sive bona fuerint, sive mala, illi cum diabolo pœnam perpetuam, et isti cum Christo gloriam sempiternam.

Una vero est fidelium universalis Ecclesia, extra quam nullus omnino salvatur. In qua idem ipse sacerdos et sacrificium Jésus Christus, cujus corpus et sanguis in sacramento altaris sub speciebus panis et vini veraciter continentur, transsubstantiatis pane in corpus et vino in sanguinem, potestate divina, ut, ad perficiendum mysterium unitatis, accipiamus ipsi de suo quod accepit ipse de nostro. Et hoc utique sacramentum nemo potest conficere, nisi sacerdos qui fucrit rite ordinatus, secundum claves Ecclesiæ quas ipse concessit apostolis eorumque successoribus Jésus Christus.

Sacramentum vero baptismi, quod ad invocationem individuæ Trinitatis, videlicet Patris, et Filii, et Spiritus Sancti, consecratur in aqua, tam parvulis quam adultis, in forma Ecclesi : c a quoeumque rite collatum, prolicit ad salutem.

Et si, post susceptionem baptismi, quisquam prolapsus fuerit in peccatum, per veram pasnitentiam potest semper reparari. Non soluin autem virgines et continentes, verum etiam conjugati, per rectam fidem et opirationem bonam placentes Deo, ad aeternam merentur beatitudinem pervenire. Mansi, Concil. collectio, t. xxii, col, 981, 982.

lieux dos articles de ce eh pages de l’enseignement catl

disposition des temps, a donné au genre humain la doctrine salutaire. Et enfin le Fils unique de Dieu, Jésus-Christ, incarné en commun par toute la Trinité, conçu de Marie toujours vierge par la coopération du Saint-Esprit, fait vrai homme, composé d’une àme raisonnable et d’une chair humaine, une seule personne en deux natures, a montré plus manifestement la voie de la vie. Quoiqu’il soit immortel et impassible selon la divinité, il est devenu mortel et passible selon l’humanité. Ayant souffert et étant mort sur le bois de la croix pour le salut du genre humain, il est descendu aux enfers, a ressuscité d’entre les morts et a monté au ciel. Mais il est descendu dans l’âme, il a ressuscité dans la chair et il a monté à la fois dans l’une et l’autre, devant venir à la fin du monde et devant juger les vivants et les morts et rendre à chacun selon ses œuvres, tant aux réprouvés qu’aux élus. Tous ressusciteront, avec leurs propres corps qu’ils ont maintenant, pour recevoir, selen leurs œuvres bonnes ou mauvaises, les uns la peine éternelle avec le diable, et les autres la gloire éternelle avec le Christ.

Il y a une seule Église universelle des fidèles, en dehors de laquelle absolument personne n’est sauvé. En elle est à la fois le prêtre et le sacrifice Jésus-Christ, dont le corps et le sang sont véritablement contenus dans le sacrement de l’autel sous les apparences du pain et du viii, le pain étant transsubstancié au corps et le vin au sang, par la puissance divine, afin que, pour parfaire le mystère de l’unité, nous recevions de lui ce qu’il a lui-même reçu de nous. Et sûrement ce sacrement personne ne peut le faire, si ce n’est le prêtre qui a été ordonné légitimement, selon les clefs do l’Église, que Jésus-Christ a accordées aux apôtres et à leurs successeurs.

Le sacrement de baptême, qui se donne avec de l’eau et avec l’invocation de l’indivisible Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, bien conféré, tant aux enfants qu’aux adultes, dans la forme de l’Église, par qui que ce soit, profite au salut.

Si, après avoir reçu le baptême, quelqu’un est tombé dans Le péché, il pool toujours se relever par une vraie pénitence. Non seulement les vierges et ceux < j ii î gardent la continence, mais encore ceux qui sont mariés, plaisant à Dieu par une

foi pure et de bonnes œuvres, méritent de parvenir à la béatitude éternelle.

tpitre, l’une des maltresses lolique, sont en opposition avec les doctrines vaudoises : celui qui définit que seuls les prêtres sont les ministres du sacrement de l’eucharistie, tandis que les vaudois accordaient ce privilège à tout fidèle, à la condition d’être sans péché, — et celui qui déclare valide le baptême des enfants. Et même ce dernier article n’est pas sans atteindre les cathares, car si, à la différence des vaudois, ils rejetaient le baptême d’eau, ils s’accordaient avec eux pour proclamer le baptême des enfants invalide.

Le reste est une claire et forte condamnation de l’albigéisme. Sur la Trinité et les deux principes, sur la création, sur Jésus-Christ, son incarnation, sa mort et sa résurrection, sur l’Ancien et le Nouveau Testaments, sur l’autre vie, sur l’Eglise, sur l’eucharistie, le baptême et le mariage, les définitions du concile contredisent directement les théories des albigeois.

Au sujet de la chute de l’homme, le concile établit qu’elle eut lieu à la suggestion du démon et, par là, écarte l’une des explications des hérétiques. Il néglige de redresser, dans ce qu’elle a de défectueux, l’autre explication, d’après laquelle le diable aurait eu recours à la ruse et aux promesses mensongères ; déguisé en ange de lumière, il aurait pénétré dans le ciel et aurait déterminé une foule d’esprits célestes à venir habiter sur la terre, où il les aurait unis à des corps.

On sait que les albigeois admettaient une sorte de confession publique. Le concile n’y fait aucune allusion. Il se borne à définir qu’on peut toujours se relever, par une vraie pénitence, des péchés commis après le baptême. La masse des albigeois aurait souscrit à cette proposition, quitte à ne pas s’entendre avec l’Église sur la nature de la vraie pénitence. Quelques-uns cependant, au rapport d’Alain de Lille, De fide catholica, I, 48, P. L., t. CCX, col. 352, affirmaient qnod post remissïonem qux fit in baptismo non habet locum alla quæ fit per pœnitentiam ; en conséquence, ils expulsaient de leurs rangs quiconque se rendait coupable d’un péché après avoir reçu leur baptême. C’est exactement l’erreur condamnée par le concile.

iv. résultats. — Laissant de côté la question du droit de l’Église en matière de répression de l’hérésie, il n’est pas possible d’approuver tous les actes des inquisiteurs, pas plus que tous les coups d’épée de Simon de Montfort et de ses partisans. D’autre part, on ne saurait nier que les albigeois valurent souvent mieux que leurs doctrines, ni contester les désordres d’une partie du clergé, stigmatisés par Innocent III, Epist., iii, 24 ; vii, 75, P. L., t. ccxiv, col. 905 ; t. ccxv, col. 355, etc.

Ces réserves faites, il convient d’applaudir à la victoire de l’Église sur les albigeois.

1. Au point de vue français.

On n’a voulu voir dans la guerre des albigeois qu’un antagonisme de races, une lutte du nord contre le midi. C’est inexact. Le dessein primitif de la guerre fut religieux ; les autres motifs furent secondaires. Et, si beaucoup d’abus se commirent, il est juste de les regretter ; mais il faut se rappeler aussi que la réunion, à la suite de la croisade, des provinces du midi à la couronne de France, eut une importance extrême, et que, « le jour où elle fut effectuée, notre nationalité fut définitivement constituée. » E. Boutaric, Saint Louis et Alfonse de Poitiers, étude sur la réunion des provinces du midi et de l’ouest à la couronne, Paris, 1870, p. 15.

2. Au point de vue chrétien.

En somme, l’albigi’isme, « malgré sa prétention de s’adapter au Nouveau Testament en l’interprétant par des allégories, était moins une hérésie qu’une religion différente ; » sa doctrine était « à moitié païenne ». C. Schmidt, Précis de l’histoire de l’Eglise d’Occident pendant le moyen âge, Paris, 1885, p. 222, 223. « L’écorce et non l’intérieur, les mots et non les idées fondamentales étaient chrétiens. » Ilefele, Histoire des conciles, trad. Leclereq, Paris, 191 1, t. v, § 645. Le christianisme était donc en jeu : ou

l’albigéisme disparaîtrait ou c’était à lui de disparaître. 3. Au point de vue social.

La doctrine albigeoise « portait en elle-même, aux yeux d’hommes un peu éclairés, des germes de mort, par ses conséquences antisociales ; car elle conduisait, par la manière dont elle envisageait la matière, à l’anéantissement de toute civilisation et même, par sa condamnation du mariage, à l’extinction de la race ». L. Tanon, loc. cit., p. 10. M. Tanon ajoute : « Elle se serait modifiée si elle avait définitivement triomphé, et ses conséquences extrêmes auraient été assez atténuées pour qu’elle pût s’adapter aux conditions nécessaires de la vie sociale. » Qu’en savons-nous ? En tout cas, l’Église la combattit telle qu’elle s’affirmait, et, comme le dit M. P. Sabatier, Vie de saint François d’Assise, Paris, 1894, p. 40, le triomphe de la papauté fut celui « du bon sens et de la

I. Sources anciennes.

1° les actes : Innocaniii 111 Epist., P. L., t. ccxiv-ccxvii ; Devic et Vaissète, Histoire générale de Languedoc, nouv. édit., t. VIII, Toulouse, 1879, col. 263-1750 ; A. Molinier, Catalogue des actes de Simon et d’Amauri de Montfort, Paris, 1874.

2° SUR LES DOCTRINES : Au xii’siècle, Ecbert de Schdnaugen, Sernwnes adversus calharos, P. L., t. excv, col. 11-98 ; Eberhard de Béthune, Antihxresis, dans M. de la Bigne, Biblioth. pat., t. IV, 4’édit., Paris, I" part., col. 1073-1192 ; Bernard de Foncaude, Adversus waldensium sectam liber (titre faux, le traité est contre les cathares), P. L., t. cciv, col. 793-840 ; Ermengaude, Contra hxreticos, P. L., t. cciv, col. 1235-1272 ; Buonacorso de Milan, Vita hæreticorum, P. L., t. cciv, col. 775-792 ;

— au xiii’siècle, Moneta de Crémone, Adversus catharos et voldenses, Borne, 1743 ; Bainier Sacconi, Summa de catharis et leonistis, dans M. de la Bigne, Biblioth. pal., t. iv, II’part., col. 745-770 (sous le titre faux Liber contra waldenses hxreticos ) ; Alain de Lille, De fide catholica contra hxreticos sui temporis, P. L., t. ccx, col. 305-430 ; Luc de Tuy, De altéra vita fideique controversiis adversus albigensium errores, dans M. de la Bigne, Biblioth. pat., t. IV, II’part., col. 575-714 ; Le débat d’Izarn et de Sicart de Figueiras, poème provençal publié, traduit et annoté par P. Meyer, Nogent-le-Botrou, 1880, Un traité inédit du xiii’siècle contre les hérétiques cathares, publié (les titres des chapitres seulement) par C. Molinier, dans Annales de la faculté des lettres de Bordeaux, 5’année, n. 2, p. 237-239.

3’SUR LA GUERRE DES ALBIGEOIS : Pierre de Vaux-Cernay, Historia albigensium, dans dom Bouquet, Recueil des historiens des Gaules et de la France, nouv. édit., t. xix, 1880, Paris, p. 1-113 ; Guillaume de Puy-Laurens, Historia albigensium, D. Bouquet, t. xix, p. 193-225 ; t. xx, Paris, 1894, p. 764-776 ; La chanson de la croisade contre les albigeois, éditée et traduite par P. Meyer, Paris, 1875-1879, 2 vol. ; Histoire de la guerre des albigeois écrite en languedocien par un ancien auteur anonyme, D. Bouquet, t. xix, p. 114-192. Sur la valeur de ces sources cf. C. de Smedt, Bévue des questions historiques, t. xvi, 1874, p. 433-476 ; et P. Meyer, La chanson de la croisade, t. il, p. HI-XCHI.

b° SUR LA RÉPRESSION 1NQUIS1TOR1ALE : Liber sententiarum inquisitionis tholosanx ab anno 1301 ad annum 1323, publié par P. de Limborch, dans Historia inquisitionis, Amsterdam, 1692, 2’pagination, p. 1-397 ; C. Molinier, De fratre Guilletmo Pelisso veterrimo inquisitionis historico, accessit ejusdem fratris chronicon, Paris, 1880. Cf. sur les autres sources C. Molinier, L’inquisition dans le midi de la France au xiii’et au .y/ve siècle, étude sur les sources de sou histoire, Paris, 1880 ; C. Douais, Les sources de l’histoire de l’inquisition dans le midi de la France aux xiii’et xiir siècles, Paris, 1881 (renferme une nouvelle et meilleure édition de la chronique de Pelhisse) ; C. Molinier, Étude sur quelques manuscrits des bibliothèques d’Italie concernant l’inquisition et les croyances hérétiques du xir au xvii’siècle, Paris, 1888.

II. Travaux modernes.

Devic et Vaissète, Histoire générale de Languedoc, nouv. édit., t. VI-VIII, Toulouse, 1879 ; C. Schmidt, Histoire et doctrine de la secte des cathares ou albigeois, Paris, 2vol., 1848 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclereq, Paris, 1911, t. v, § 645 ; C. Douais, Les albigeois, leurs origines, action de l’Église au xii° siècle, Paris, 1879 ; F. Tocco, L’eresia net medio evo, Florence, 1884, p. 73-134 ; L. Tanon, Histoire des tribunaux de l’inquisition en France, Paris, 1893 ; A. Bébelliau, Bossuet historien du protestantisme, 2’édit., Paris, 1892, p. 231-252, 345-353, 380-419, 476-483, 530-533 ; Voir en outre les autres ouvrages cités par J. Guiraud, Questions d’histoire, Paris, 1906, p. 3-149. U. Chevalier, Répertoire des sources histor.du moyen âge. Topo-liblwgraphie, col. 39-42.

F. Vernet.