Dictionnaire de théologie catholique/ADOPTIANISME

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant et Eugène MangenotLetouzey et Ané (Tome 1.1 : AARON — APOLLINAIREp. 208-217).

ADOPTIANISME. Nous étudierons cette hérésie sous la double forme qu’elle a revêtue d’abord au viiie, puis au XIIe siècle. Nous ferons ensuite connaître les controverses qui se sont produites sur le même sujet depuis le XIVe siècle.

I. ADOPTIANISME AU VIIIe SIÈCLE.


I. Historique.
II. Exposé doctrinal.
III. Critique.

I. Historique.

Adoptianisme est le nom d’une hérésie, née et répandue surtout en Espagne vers la fin du viiie siècle, d’après laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ « selon son humanité », « comme homme, » n’est pas « le propre Fils », « le Fils naturel de Dieu, » mais seulement son (ils adoptif. Les documents désignent parfois cette opinion condamnée sous les titres d’erreur espagnole, hispanicus error, ou d’hérésie félicienne, feliciana hæresis, du nom de Félix, l’un de ses docteurs.

1° Les promoteurs de l’adoptianisme furent Élipand, archevêque (le la ville de Tolède, qui (’tait alors sous la domination des Maures, et Félix, évêque d’Urgel, dans la Marche espagnole, soumise à Charlemagne. L’évêque d’Urgel, depuis le milieu du VIIIe siècle, après la destruction de Tarragone, était devenu sufl’ragant de Narbonne. Élipand et Félix étaient tous deux des personnages distingués et d’une science réelle ; parmi leurs partisans, l’on compta, dès la première heure, un certain Ascaricus, évêque, à qui Bohrbacher, Histoire univ. de l’Égl. cath., l. LIV, après Basnage, Thésaurus monum., t. ii, p. 286, attribue sans raison le siège de Brague ou Bracara, et l’abbé Fidelis, originaire des Asturies comme le précédent. Ils étaient les théologiens de la secte et on les appelait ordinairement les frères de Cordoue, où ils avaient quelques prosélytes.

Il semble que l’on doive trouver le point de départ historique de l’hérésie adoptienne dans le zèle d’Élipand à combattre les erreurs de Migetius. Celui-ci, rejetant toute distinction entre le Verbe et le Christ, soutenait que la seconde personne de la sainte Trinité n’existait pas avant l’incarnation. Aussi, pour le confondre, l’archevêque s’etl’orçait-il de mettre bien en lumière la génération ou la filiation éternelle du Verbe, et ce qui la distinguait du mystère temporel de l’incarnation. C’est alors qu’il émit la fausse distinction du vrai fils et du fils adoptif de Dieu, et c’est ainsi que nous trouvons les premières traces d’adoptianisme dans la Lettre d’Élipand à Migetius, P. L., t. xevi, col. 859, écrite avant l’année 782.

Ayant plus tard rencontré l’opposition sur sa route, Élipand écrivit au docte évêque d’Urgel, lui demandant, nous rapporte Éginhard à l’année 792, « s’il fallait regarder le Christ, en tant qu’homme, comme le véritable fils de Dieu, ou comme simplement le fils adoptif. Et Félix avait déclaré, d’une manière irréfléchie et en opposition avec la doctrine ecclésiastique, que sous le rapport de son humanité, le Christ n’était que fils adoptif. » Pertz, Monum. Germanise, t. I, p. 179 ; P. L., t. civ, col. 441. En provoquant cette réponse, l’archevêque cherchait moins son édification qu’un apôtre autorisé pour répandre ses opinions ; et tandis qu’il les propageait dans les Asturies et la Galice, Félix les soutenait en deçà des Pyrénées, dans la Septimanie ou Languedoc.

Déjà des contradicteurs s’étaient levés, dans les Asturies mêmes, contre ces nouveautés : c’étaient Beatus, abbé ou curé à Libana, aujourd’hui encore vénéré sous le nom de San Biego ; son disciple Éthérius, jeune évêque d’Osma ; et un certain Félix dont le nom seul nous est connu. Nous voyons par la lettre d’Élipand à l’abbé Fidelis, écrite en octobre 785, qu’ils avaient combattu par écrit les adoptiens et leur système, et la colère que montre le vieil archevêque prouve bien qu’ils n’avaient pas dû trop mal frapper. P. L., t. xevi, col. 918 sq. A cette lettre Éthérius et Beatus donnèrent sans tarder une réplique en deux livres qui ne sont pas arrivés intégralement jusqu’à nous. Ils s’y plaignent de voir la contagion étendue non seulement aux Asturies, mais à toute l’Espagne et à une portion du royaume des Francs. P. L., t. xevi, col. 894-1030.

2° Le pape Adrien I er eut bientôt connaissance de ce qui se passait, et, sans doute dès cette année 785, il envoyait aux évêques d’Espagne une lettre doctrinale où, entre autres erreurs, il relève énergiquement celle d’Elipand et d’Ascaricus. P. L., . xcvui, col. 373 ; Monum. Germanise historica : Epistolse merowingici et karolini œvi, t. I, p. 636. Peut-être même s’était-il adressé déjà à Charlemagne, duquel il obtint la réunion d’un synode à Narbonne en 788. Mais il ne paraît guère démontré que ce synode, où se trouva l’évoque d’Urgel Félix, qui en a signé les actes, se soit prononcé sur l’opinion adoptienne.

La première condamnation conciliaire portée contre l’adoptianisme fut celle du synode réuni à Hatisbonne, par ordre de Charlemagne, en 792. On y avait convoqué

un grand nombre d’évêques de la Germanie et de l’Italie. et Félix d’Urgel dut lui-même y comparaître. Les actes du synode sont perdus, mais la plupart des documents sur l’adoptianisme attestent que Félix put s’y expliquer, qu’il fut convaincu d’erreur et qu’il abjura solennellement et par écrit ses prétentions hérétiques.

A la suite de cette sentence, Félix fut envoyé par Charlemagne au pape Adrien I er, tant pour voir confirmer les décrets du concile que pour être relevé des censures et peines que lui avait attirées sa conduite antérieure. Le pape Léon III, dans son synode romain de 799, laisse penser que l’évêque hérétique fut sans doute retenu prisonnier à Rome jusqu’à nouvelle rétractation et absolution officielle. Il dit, en effet, que Félix « a émis en prison, in vinculis, une profession de foi orthodoxe, dans laquelle il anathématise la doctrine du fils adoptif et professe que Notre-Seigneur Jésus-Christ est le propre et vrai Fils de Dieu, proprium et vcrum Filium Dci… ; et il a promis par serment de ciuue ei d’enseigner désormais de cette manière ». Hardouin, Acta conciliorum, t. iv, col. 928. Il n’y a point ici trace d’un concile tenu à Rome par Adrien, dont parle Denzinger, Enchiridion, n. 253. Ayant ainsi donné satisfaction aux Pères de Ratisbonne et au pape, F élix revint à son siège d’Urgel. Mais là, sollicité sans doute par Élipand, il ne tarda point à retomber dans son erreur. Aussi ne se trouvant plus en sûreté dans le royaume des Francs, il s’enfuit chez les Sarrasins, et probablement à Tolède, chez l’archevêque.

3° C’est vers cette époque qu’Alcuin, revenu au pays franc, commença, sur le désir de Charlemagne, sa campagne épistolaire et critique contre l’adoptianisme. Sa première lettre, inspirée par la plus noble charité, très élevée de fond et de forme, est adressée à Félix pour l’exhorter à éviter le schisme et à se réconcilier avec l’Église catholique. P. L., t. ci, col. 119 ; Monum. Germ. hwt. : Epistolse I arolini sévi, t. H, p. 60.

Cette lettre est de 793 ; et c’est, semble-t-il, avant son arrivée à destination, que les évêques espagnols, excités par Elipand et certainement réunis en synode, écrivirent, de leur côté, deux lettres à retenir. L’une, plus courte, est adressée à Charlemagne pour le prémunir contre Beatus, demander la faveur royale pour les adoptiens et son intervention pour replacer Félix sur son siège d’Urgel. P. L., t. xcvi, col. 867. L’autre, plus longue, est envoyée aux évêques des Gaules, d’Aquitaine et d’Austrasie. Aussi calomnieuse et violente que la première à l’endroit de Beatus et d’Éthérius, elle contient, touchant l’adoptianisme, tout un système de preuves, habilement exposées et tirées de la Bible et des saints Pères. On demande aux évêques francs de communiquer cette défense au glorieux prince Charles, de ne pas porter un jugement précipité et, s’ils savent des choses plus justes, de les faire connaître dans une réponse écrite. P. L., t. ci, col. 1321.

4° Au reçu de ces pièces, Charlemagne s’empressa de les communiquer au pape pour en obtenir conseil. Presque en même temps, au commencement de l’été de cette année 794, il convoqua le célèbre concile de Francfort, dont parlent presque tous les chroniqueurs et qu’ils appellent souvent un concile général, stjnodus universalis. En fait, le concile fut certainement tenu d’autorité apostolique. Car, si Éginhard nous rapporte que « le roi réunit, au sujet de l’hérésie de Félix, un concile des évêques de toutes les provinces de son empire », il dit aussi « qu’à ce synode assistèrent les légats de la sainte Église romaine, c’est-à-dire les évêques Théophylacte et Etienne, comme représentants du pape Adrien ». Pertz, Monum. Germ., t. I, col. 181. Félix avait été certainement convoqué avec les autres évêques de l’Espagne franque, mais il ne comparut pas.

Après avoir fait lire la lettre d’Élipand, le roi demanda l’avis des évêques qui se réunirent en deux groupes

pour le donner. Les uns, les Italiens, à qui ne s’adressait pas la lettre des Espagnols, consignèrent leur réponse dans un traité, rédigé par saint Paulin, patriarche d’Aquilée, et intitulé Libellus sacrosyllabus : c’est un exposé digne et vigoureux des preuves fournies par la Bible contre les théories adopliennes. P. L., t. xcix, col. 152. Les autres, les évêques de Germanie, îles Gaules et d’Aquitaine, donnèrent leur avis sous forme d’une lettre synodale, Epislola synodica, aux évêques et aux catholiques d’Espagne. P. L., t. ci, col. 1331. Ils y font une critique sévère et sagace des autorités, invoquées par les novateurs avec une loyauté souvent douteuse, et présentent à leur tour les preuves patristiques contraires à l’hérésie félicienne. Ils terminent par une simple exhortation, sans menace d’anathème. Le concile ayant approuvé ces documents et leur communication aux intéressés, prononça de plus une condamnation spéciale du chef d’hérésie, dans une brève proposition placée en tête de ces canons. Hardouin, Acta conc, t. iv, col. 904.

Charlemagne était encore à Francfort, quand il reçut du pape Adrien I er les explications demandées. Aucune raison suffisante ne permet d’aflirmer que cette lettre pontificale soit la confirmation officielle du concile de Francfort, ni qu’elle soit le résultat d’un concile tenu à Rome en cette même année 794, comme l’insinue Denzinger, Enchiridion, n. 257. Quoi qu’il en soit, que la réponse du pape soit en relation directe ou non avec l’assemblée de Francfort, elle n’en est pas moins un document authentique et doctrinal de premier ordre, adressé aux évêques de Galice et d’Espagne, c’est-à-dire aux sujets du roi Alphonse comme aux prélats sous la domination des Arabes. Hardouin, Acta conc ; t. IV, col. 865. Le chef suprême de l’Église y répond à Élipand et en réfute les erreurs par de nombreuses autorités de l’Écriture et des Pères, tant grecs que latins. Il conclut en exhortant les évêques en cause à se réunir à la croyance de l’Église ; sinon, il les en déclare séparés et anathématisés par l’autorité de saint Pierre. Le roi envoya en Espagne la lettre pontificale, la Synodica et le Sacrosyllabus de Francfort. Il y joignit lui-même une lettre à Élipand et aux autres évêques, où, après leur avoir rendu compte des derniers événements et proposé une fort belle profession de foi, il les exhorte à ne pas mettre leurs observations particulières au-dessus de la doctrine universelle. P. L., t. xcvni, col. 899.

5° Deux ans plus tard, en 796, saint Paulin tenait un synode à Forumjulii ou Frioul, qui était alors le siège des patriarches d’Aquilée. Là encore, l’erreur adoptienne fut rejetée, dans une magistrale profession de foi. P. L. } t. xcix, col. 283.

Entre temps, Alcuin avait, dès le concile de Francfort terminé, envoyé aux abbés et aux moines du Languedoc un mémoire contre l’hérésie de Félix. Adversus Felicis hæresin libellus, P. L., t. Ci, col. 85. Piqué de cette nouvelle attaque, Félix entreprit de répondre à la lettre qu’Alcuin lui avait écrite depuis de longs mois ; il le fit en s’adressant directement à Charlemagne, et en des termes qui scandalisèrent toute l’Église. Nous n’avons cette riposte tardive que dans les fragments rapportés par Alcuin ou Élipand, mais elle prouvait trop clairement la rechute de son auteur. Aussi le roi fit-il passer ce document au pape Léon III, successeur d’Adrien I", aux évêques Paulin d’Aquilée, Richobod de Trêves et Théodulf d’Orléans, avec prière de lui communiquer leur sentiment à ce sujet.

Alors Alcuin écrit ses sept livres célèbres contre Félix, Contra Felicem Urgellitanum episcopum libri VII, P. L., t. ci, col. 119 ; saint Paulin compose lui aussi trois livres contre Félix, Contra Felicem Urgellitanum episcopum libri 111, P. L., t. xcix, col. 343, et Léon III réunit à Rome le synode de 799, dont nous connaissons quelque peu trois "sessions. Dans la première, le pape

observe que, sous son prédécesseur Adrien, l’hérésie adoplienne avait pu paraître éteinte. Il n’en est rien ; car, dit la deuxième session, Félix a par trois fois manqué à sa parole ; il n’a pas tenu les serments faits à Ratisbonne d’abord, et puis à Rome. Il s’est, au contraire, enfui cbez les iniidèles pour reprendre ses erreurs ; et il en est venu jusqu'à écrire un livre plein de blasphèmes contre le vénérable Albinus (Alcuin). C’est pourquoi la troisième session prononce solennellement l’anathème contre Félix, tout en l’assurant qu’il serait reçu en grâce s’il se convertissait. Hardouin, Aclaconc, t. iv, col. 927.

C’est alors que, pour ramener Félix et ses adeptes dans les provinces espagnoles, Cbarlemagne envoya les archevêques Leidrade de Lyon, Néfrid de Narbonne, et Benoit, abbé d’Aniane en Languedoc. Ils rencontrèrent Félix à Urgel et eurent avec lui une conférence, et non un concile, dans laquelle ils lui persuadèrent de se présenter devant le roi. Celui-ci réunit donc, à l’automne de cette année 799, un synode à Aix-la-Cbapelle, concilium Aquisgranense, dont Alcuin, P. L., t. c, col. 350, et Félix lui-même, P. L., t. xcvi, col. 883, nous ont rapporté d’intéressants détails. Le premier discuta pendant six jours avec l'évoque hérétique et un prêtre de sa suite qui se montra pire que le maître : pejor fuit magistro. Félix résista longtemps, discutant pied à pied et en toute liberté, mais il dut enfin s’avouer vaincu et promettre de rester fidèlement attaché à la foi catholique. Toutefois, le roi, rendu moins confiant par les expériences précédentes, ne voulut point le laisser retourner à son siège, et il confia l'évêque et son compagnon à Leidrade de Lyon pour observer leur sincérité. Celui-ci obtint de l'évêque une abjuration écrite sous forme de lettre à son clergé d’Urgel et à tous ses anciens partisans. P. L., t. xcvi, col. 882. Cf. Hardouin, Acta concil., t. iv, col. 929 ; Monum. Gerni. : Epistolse karolini sévi, t. ii, p. 329.

6° Sur ces entrefaites Élipand, qui ignorait encore la conversion de Félix, lui adressa une vive exhortation pour l’encourager à souffrir fermement toutes les persécutions pour la cause commune. P. L., t. xevi, col. 880 ; Monum. Germ. : Epistolse karolini sévi, t. ii, p. 307. Ce que voyant, Alcuin écrivit à cet octogénaire opiniâtre une lettre pleine de politesse et de charité, pour lui faire connaître et détester son erreur. P. L., t. ci, col. 235 ; Monum. Germ. : Epistolse karolini sévi, t. ii, p. 268. Mais il lui fut répondu par le vieil archevêque sur le ton de l’aigreur et du mépris le plus parfait. P. L., t. xevi, col. 870 ; Monum Germ. : Epistolse karolini sévi, t. il, p. 300. Alcuin apprit alors que Charlemagne envoyait pour la seconde fois en Espagne les archevêques Leidrade et Néfrid avec l’abbé Benoit, en vue de hâter la pacification et le retour des esprits égarés. Il composa donc, en réponse à la dernière lettre d'Élipand.un traité de quatre livres, et le dédia aux évéques députés à Urgel pour le lire en route et en tirer parti contre ceux qui ne manqueraient pas de leur opposer les dires de l’archevêque de Tolède. Advenus Elipandum Tolelanum libri IV, P. L., t. ci, col. 231. Ces envoyés réussirent si bien dans leur mission que, dans cette même année 800, Alcuin pouvait annoncer à l’archevêque de Sahbourg, Arno, la rentrée au bercail de l'Église d’au moins vingt mille clercs et laïques. P. L., t. c, col. 321 ; Monum. Germ. : Epistolse karolini sevi, t. ii, p. 3't5. Pour Élipand, il y a tout lieu de croire qu’il demeura inébranlable et mourut bientôt dans son obstination. Félix, extérieurement du moins, sembla persévérer dans les sentiments - d’une vraie conversion. Il fit visite à Alcuin, au couvent de Saint-Martin de Tours, lui laissant l’impression d’un retour sincère à la foi, ibid., et mourut à Lyon en 818. On n’aurait aucun motif de soupçonner ses dispositions intimes et dernières, si saint Agobard, successeur de Leidrade sur le siège de Lyon, n’avait trouvé parmi les papiers de Félix un écrit où il semble revenir une fois

encore sur sa parole et rétracter ses rétractations. Ce fut l’occasion pour saint Agobard de reprendre toute la question de l’hérésie félicienne et de la traiter en maître dans un livre composé en 818 et dédié à l’empereur Louis le Pieux. Liber adversum dogma Felicis Urgellensis, P. L., t. civ, col. 29. Les théories adoptiennes n’entraînèrent point d’autres conséquences à cette époque.

II. Exposé doctrinal.

Toute la doctrine de l’adoptianisme tient en deux propositions : 1° Jésus-Christ en tant qu’homme, cet homme qu’est Jésus-Christ, n’est pas le vrai fils, le fils propre et naturel de Dieu ; mais ce fils propre et naturel est le Verbe éternel. — 2° Jésus-Christ en tant qu’homme, cet homme qu’est Jésus-Chrit, est seulement le fils adoptif de Dieu, filius adoplivus, le fils nominal, nuncupativus, et d’une manière figurée, per metaphoram. Dans leur lettre aux évéques des Gaules, les Espagnols formulaient leur croyance en ces termes : Con/itemur et credimus Deum Dei Filium ante omnia tempora sine inilio ex Pâtre genitum, coseternum et consimilem et consubstanlialem, non adoptione sed génère (generatione), neque gratia sed natura. — Con/itemur et credimus, eum faclum ex muliere, faclum sub lege, non génère esse Filium Dei sed adoptione, neque natura sed gratia. P. L., t. Ci, col. 1323. Ayant rapporté ce second article, la Synodica de Francfort ajoute cette juste réflexion : Ecce serpens inter pomifera paradisi lalitans ligna, ut incautos quosque decipiat. Ibid., col. 1332.

Les adoptiens professaient bien haut que la nature divine est essentielle au Verbe éternel ; mais pour l’humanité, il l’a prise, assumpsit ; il l’a adoptée, adoptavit. Et ils raisonnaient ainsi : Puisque l’humanité du Christ a été adoptée par Dieu le Verbe, le Christ est simplement le fils adoptif de Dieu selon son humanité, tandis que sous le rapport de sa divinité, il est le propre fils, le lils naturel de Dieu. Ils disaient encore : A raison de sa divinité, le Christ est fils de Dieu par nature ; au contraire, à raison de son humanité, il n’est fils de Dieu que par grâce, et seulement par la volonté libre de Dieu. Ils répétaient volontiers : Le fils unique du Père est le vrai fils de Dieu, tandis que le premier-né de Marie est simplement fils adoptif. Credimus et confitemur Deum Dei Filium, lumen de lumine, Deum verum ex Deo vero, ex Paire unigenilum sine adoptione ; primogenitum vero in fine temporis, verum hominem assumendo de Virgine in carnis adoptione ; unigenitum in natura, primogenitum in adoptione et gratia. Ibid., col. 1324.

Pour étayer ces opinions, on recourait à tous les textes de l'Écriture qui s’expriment différemment au sujet de la nature divine du Christ et de sa nature humaine, au sujet du Fils de Dieu et du Fils de l’homme, et avec plus d’habileté que de loyale critique on en tirait toutes les conclusions voulues par le système. On recourait ensuite aux Pères et aux conciles qui ont parlé de Vliomo assumpttts, (e l’homo adoptatus, dans le sens de natura humana assumpta. A l’aide d’un petit sophisme, on entendait ces textes non dans leur sens actif : que le Christ a pris, a adopté pour sienne la nature humaine, mais dans un sens passif : que le Christ a été adopté par son père, sous le rapport de son humanité. De là à donner le nom de filius à cet adoptatus Iwmo, il ne restait plus qu’un pas, et il était franchi avec la plus parfaite désinvolture. L’on interprétait dans le même sens détourné le mot adoptio qui se rencontre plusieurs fois dans la liturgie mozarabique, et de la thèse si (levante pour nous du premier-né, l’on abusait pour rabaisser jusqu’au rang de ses frère* la personne du Christ devenant connue eux Fils (le Dieu par la grâce, par l’adoption surnaturelle, mais seulement à un degré supérieur.

III. Critiqi’e. — 1° Il est facile de dégujer le vice fondamental de l’adoplianisme ; il est dans une méprise

et une erreur philosophique. Constamment, dans ce débat subtil, les Espagnols ont prétendu rattacher la filiation à la nature, et non à la personnalité, et ce fut la cause de toutes leurs aberrations si bizarres.

En effet, dans ce rapport de filiation naturelle ou adoptive, il faut bien discerner le fondement ou la raison du rapport, et son sujet. La filiation est une propriété réelle de la personne, et non de la nature : Filiatio proprie convenil hypostasi vel personæ, non naturæ, unde et in prima parte dictum est quod filiatio est proprie tas personalis, S. Thomas, Sum. theoL, III a, q. xxiii, a. 4 ; et c’est pourquoi le nom de fils est un nom de personne, et pas un nom de nature. Une personne seule, et non pas une nature, peut soutenir et soutient toujours en fait ce rapport de filiation, peut être appelée fils et l’est en réalité. — La nature, la nature transmise de père à fils, est bien la raison, le fondement du rapport de filiation vraie, naturelle, mais elle n’est rien de plus ici ; et la collation volontaire des droits filiaux est la raison, le fondement de l’adoption, et rien de plus.

En observant soigneusement ces différences dans l’idée et dans le langage, quand il s’agit de NotreSeigneur, l’on évite, d’une part, toutes les propositions confuses dans lesquelles, sous une forme ou l’autre, se rencontre cette erreur : que le Christ, précisément parce qu’il est homme, à cause de son humanité même, est le propre Fils de Dieu. Et si les adoptiens, comme d’aucuns l’ont prétendu, n’avaient rien voulu qu’inculquer cette doctrine, loin de les condamner, l’Eglise ne leur eût ménagé ni les encouragements, ni les louanges. — D’autre part, si, comme l’enseigne la révélation, l’humanité du Christ n’a constitué aucune personnalité propre, si le moi personnel du Christ est tout entier dans le Verbe, il faut bien convenir qu’on ne peut donner le nom de fils à cette nature humaine, pas' même le nom de fils adoptif. Il faut convenir encore que, si l’on retient, dans le Christ, une seule personnalité, celle du Verbe de Dieu, il est nécessaire, pour être conséquent, de ne parler que d’un seul fils. Après l’incarnation, cette personne demeure dans sa chair ce qu’elle est de toute éternité, le Verbe et le Fils éternel de Dieu. Le Fils unique de Dieu et le premier-né de Marie sont donc, puisqu’ils n’ont qu’une seule et même personnalité, un seul et même Fils de Dieu, le Fils véritable et naturel. La Synodica de Francfort le déclare formellement. Après l’incarnation mansit persona Filii in Trinitate, cui personæ humana accessit natura, ut essct et una persona Deus et homo, non homo deificus et humanatus Deus, sed Deus homo et homo Deus ; PROPTER unitatem PERSONNE, unus Dei FM us et idem hominis filins, perfectus Deus, perfeclus homo. P. L., t. Ci, col. 1337.

La raison dernière et très profonde de cette doctrine est que le Verbe, à l’heure même où il prend et conserve la nature humaine dans l’unité de sa personne, où il commence et continue ensuite de subsister dans la nature humaine, commençant et continuant d'être cet homme qui s’appelle Jésus ; à cette heure même, dis-je, le Verbe est toujours présentement engendré par le Père qui lui communique, non certes la nature humaine, mais la nature divine. Cette éternelle et actuelle génération fait que le Verbe, qu’on le regarde comme subsistant dans sa divine nature, comme Dieu, ou qu’on le considère comme subsistant dans son humanité, comme cet homme qu’ont vu les apôtres et que nous appelons Jésus, le Verbe est et demeurera éternellement le propre Fils de Dieu, même selon d’autres natures qu’il pourrait lui plaire de revêtir et de s’approprier dans l’unité de sa personne.

C’est sur ce point précis qu’a porté le grand effort de la controverse spéculative. La Synodica, faisant sienne la doctrine de saint Augustin, n’hésite pas à proclamer

fils unique de Dieu celui qui est aussi fils de l’homme : Nempe ex quo homo esse cœpit, non aliud cœpit homo esse quam Dei Filius, et hoc unicus, et propter Verbum, quod Mo suscepto caro factum est, utique Deus : ut… sit Christus una persona Verbum et homo. Igitur si unicus, quomodo adoptivus, dum multi sunt adoplivi filii ?… Item unitas personæ, quæ est in Dei Filio et filio Virginis, adoptionis tollit injuriant. P. L., t. ci, col. 1340.

2° Aussi, d’une manière générale, les saintes Écritures déclarent-elles que le Verbe, non point seulement selon son éternelle et divine nature, mais aussi selon son humanité prise dans le temps, est le propre Fils de Dieu ; en un mot cet homme que les saintes Lettres désignent sous le nom de Jésus, est appelé en même temps le vrai Fils, le Fils naturel de Dieu. Le Christ lui-même, et comme tel, parle sans cesse de son Père céleste, avec lequel il ne fait qu’un, se dit et se répète le Fils du Père qui est aux cieux. Cf. la seconde lettre d’Adrien I"dans Hardouin, Acta concil., t. IV, col. 866. Saint Paul remarque que Dieu n’a pas épargné son propre Fils et l’a livré pour nous, Rom., viii, 31, 32, comme ailleurs il nous parle d’un même Fils de Dieu qui est venu dans la chair, nous apporter la révélation et qui est de toute éternité la splendeur de la gloire paternelle. Heb., i, 3. Saint Jean nous parle du Verbe fait chair, de l’homme Jésus-Christ, comme du Fils unique du Père, unigenitï a Pâtre. Joa., I, 14. Il est bien vrai que l'Écriture distingue ces termes, Fils de Dieu et Fils de l’homme, mais par fils de l’homme, elle entend simplement le Fils de Dieu fait homme, et elle est bien loin d’attribuer à l’humanité de Jésus-Christ une personnalité ou une filiation particulière. Dans ce sens traditionnel tous les symboles professent la croyance des catholiques à Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, Notre-Seigneur, qui est né de la Vierge Marie et a souffert sous PoncePilate. En ce sens toujours saint Hilaire avait dit dès longtemps que le Christ, dans sa chair, est le propre et vrai Fils, par origine et non par adoption, en vérité et pas nominalement : Multi nos filii Dei, sed non talis hic Filius. Hic et verus et proprius est Filius, origine non adoplione, veritale non nuncupatione, nativitate non creatione. De Trinit., l. III, n. 11, P. L., t. x, col. 82.

La Synodica le constate et le démontre : la théorie de l’adoption n’est celle ni de l'Écriture ni de la tradition : Tu vero, quisquis es, qui Christum prædicas adoptivum, unde tibi isle sensus venisset, voluissem scire ; ubi hoc nomen didicisses, ostende. Palriarchæ nescierunt, prophetæ non dixerunt, apostoli non prædicaverunt, sancti traclatores hoc nomen tacuerunt, doclores fidei nostræ non docuerunt. Forte in tertium cœlum raptus fuisti, et ibi audisti arcana verba, quæ hucusque sanctæ Dei Ecclesiæ ignota essent. P. L., t. ci, col. 1342. De même la seconde lettre du pape Adrien I er prouve à l'évidence et avec autorité que l’adoptianisme est une nouveauté et une perfidie doctrinale dans l'Église de Dieu : Maleria causalis perfidiæ inter oeelera rejicienda de adoptione Jesu Cliristi Filii Dei secundum carnem falsis argumentationibus digesta, perfidorum verborum ibi slramina incomposito calanw legebautur. Hoc catholica Ecclesia nunquam crcdidit, nunquam docuit, nunquam maie credentibus assensum præbuit. Hardouin, Acla concil.. t. iv, col. 866.

Aussi, dans sa première lettre, mettant en garde les Espagnols contre le serpentinumvenenum des adoptiens, le pape ajoutait cette déclaration positive : Sanctorum. principum apostolorum Pétri ac Pauli divinam tenenles confessionem alque eorum sanctæ calliolicæ et aposlolicæ Romanæ Ecclesiæ sequentes tradicionem pariterque precipuorum ac catholicorum probabilium paIrum docmata amplectenles, firmi et stabiles alque immobiles et inconcussi una nobiscum in eorum lucu

lonta traditione pcrseverare inrefragabiliter et incunclanter nitimini ; in primis confessionem beali Peiri principis apostolorum alque clavîgeri regni cselorum tenentes, qui ait ; Tu es Christus, Filius Dei vivi ; deinde vas clectionis, beati Pauli apostoli, subposterium fidei, gui inquit : Proprio Filio suo non pepercit Deus, sed pro nobis omnibus tradidit illum. Et si ipsi principes apostolu non Filium Dei vivi et proprium confessisunt, quomodo oblatrantes auttumant heretici Filium Dei adoptivum dicere ? Quo solo auditu omnis christianus gemens pavescit. Monum. German. : Epi.tolæ merowingici et harolini œvi, t. i, p. (537-638.

3° L’adoptianisme contient d’ailleurs, dans l’idée même d’adoption, sa formelle condamnation. L’adoption suppose deux personnes distinctes, dont l’une confère librement à l’autre les droits d’un vrai fils selon la nature. Il s’ensuit donc qu'être vrai fils et fils adoptif s’excluent mutuellement d’un même sujet par rapport au même père. Un vrai fils ne peut être adopté par son père, car il serait ridicule de prétendre conférer par adoption à un fils ce qu’il a, et au delà, par nature et par sa condition filiale. Saint Thomas le dit très justement : Filiatio adoptionis est parlicipata similitudo filiationis naturalis. Non autem recipitur aliquid dici participative, quocl per se dicitur. El ideo Christus, qui est Filius Dei naturalis, nullo modo potest dici filius adoplivus. Sum. tlieol., III a, q. xxiii, a. 4.

Si donc, comme le prétendaient les adoptiens, celui qui s’est fait homme, le premier-né de Marie, est simplement fils adoptif de Dieu, il n’est donc pas le vrai fils de Dieu et par conséquent il n’est pas vraiment Dieu ; et, de vrai, la secte ne se gênait pas pour l’appeler Deus nuncupativus. Dès lors la Vierge Marie n’est pas vraiment inère de Dieu, et le Christ n’est pas même le fils adoptif de Dieu le Père, mais le fils adoptif de la sainte Trinité tout entière. C’est un peu le renversement de toute la christologie : car l'Église professe que le Christ est véritablement et réellement Fils de Dieu, Dieu comme son Père, qu’il a droit aux honneurs divins, que Marie est véritablement et réellement mère de Dieu. Aussi, les Pères de Francfort s'écriaient : Si Deus verus est, qui de Virgine natus est, quomodo tune potest adoptivus esse et servus"? Deum enim nequaquam audetis confileri servum vel adoptivum. Et si eum propheta servum nominasset, non tamen ex conditione servitutis, sed ex humilitalis obedientia, qua factus est Patri obediens usque ad morlem. Synodica, P. L., t. ci, col. 1340. C’est donc une indignité blasphématoire, un sacrilège attentat contre la divinité, une ingratitude odieuse, que l’adoptianisme, et le pape Adrien n’a pas manqué de l’observer : Adoptivum eum filium, quasi purum homincm, calamilali humante subjectum, et, quod pudet dicere, servum eum, impii et ingrati tanlis beneficiis, tiberatorem nostrum non pertines citis venenosa fauce susurrare. Epist., ii, Hardouin, .14efaco71c., t. iv, col.8C9.

Si encore l’homme Jésus-Christ n’est que fils adoptif, il n’est pas le vrai Fils de Dieu ; et, en conséquence, il faut admettre logiquement et inéluctablement, de même que deux natures, deux personnes distinctes aussi dans le Christ. A cette condition-là seulement, dit saint Thomas, la théorie de l’adoption peut se soutenir : Secundum autem illos qui ponunt in Christo duos persunas, vel duas hyposlases seu duo supposita, nihil ralionabiUler prohiberet Christum hominem dici filium adoptivum. Sum. theol., III a, q. xxiii, a. 4. Or c’est là du pur nestorianisme. Les adoptiens, je le sais, s’en sontdéfendus énergiquement et Vasquez, 7n 777 am partent ' Div. Th., q. xxiii, disp. LXXXIX, c. VIII, a voulu les justifier sur ce point. Mais il n'était au pouvoir ni des adoptiens, ni de Vasque/., de repousser les conclusions nécessaires de principes posés et acceptés. Aussi tous les adversaires du système ont porté contre lui et ont justifié cette accusation de nestorianisme. Dans sa pre mière lettre le pape Adrien le dénonce ouvertement : Eliphandus et Ascaricus eum aliis eorum consenlaneis, filium Dei adoptivum conftteri non erubescunt, quod nullus, quamlibet hæresiarcha, talem blasphemiam ausus est oblalrare nisi perfidus ille Nestorius, qui purum hominem Dei confessus est filium. Monum. Germ. : Epistolæ merowingici et harolini sévi, 1. 1, p. 637. La Synodica reproche aussi aux adoptiens que leur hérésie a déjà été réfutée et condamnée en Nestorius, et c’est, sans doute, pour ce motif que leur lettre garde sur cet hérésiarque un prudent silence, tandis qu’elle jette l’anathème sur Bonosus, Arius et Sabellius. Elle poursuit : Numquid non ideo damnatus est, quia beatam Mariam sempervirginem non Dei, sed hominis tantum modo credidit esse genitricem. P. L., t. ci, col. 1342. C’est pourquoi la plupart des arguments, invoqués contre Nestorius, portent avec une égale force contre l’hérésie adoptienne.

4° On voit maintenant quelle était l’essence propre de l’adoptianisme et quel en était le danger doctrinal pour les fondements mêmes de la foi. On peut ainsi juger le cas qu’il convient de faire de l’opinion de Walch, Basnage et d’autres protestants, quand ils prétendent réduire toute cette controverse à une simple question de mots et à une pure logomachie. La théorie adoptienne fut, à très juste titre, condamnée comme hérétique par de nombreux conciles et par deux papes. Et il convient de rapporter en finissant la décision de Francfort. In primordio capitidorum exortum est de impia ac nefanda hseresi Elipandi… et Felicis… eorumque sequacibus, qui maie sentientes in Dei Filio asserebant adoptionem. Quam omnes, qui supra, sanctissimi patres, et respuentes una voce contradixerunt, atque hanc h^eresim funditus a sancta Ecclesia eradicandam statuerunt. llardouin, Actaconcil., t. iv, col.901.Les Annalesveterum Francorum donnent une formule de condamnation plus complète, qui est en même temps toute la doctrine de l'Église sur ce point délicat : Eradicandam statuerunt, dicentes : Dei filius hominis factus est filius ; nalus est secundum veritatem naturæ ex Deo Dei filius, secundum veritatem naturse ex homine hominis filius, ut veritas geniti non adoptionem, non appellalionem, sed in utraque nativitate fdii nomen nascendo haberet, et esset verus Deus et verus homo, unus filius proprius ex utraque natura, non adoptivus ; quia impium et profanum est Deo Pain aeterno Filium coœternum et proprium dici et adoptivum ; sed verum et proprium, sicut supradiclum est, ex utraque natura et credi et prsedicari debere. Pertz, Monum. German., t. I, p. 301. A défaut d’autre, l’adoptianisme aura, du moins, produit cet heureux résultat, qu’il a provoqué une étude approfondie de la composition du Christ et un examen plus complet et plus critique de la christologie patristique.

Pour l’adoptianisme, consulter : ° les écrits d’Elipand et de Félix, leurs réfutations par Alcuin, Paulin d’Aquilée et Agobard de Lyon, les actes des multiples synodes concernant cette hérésie, les principaux chroniqueurs du temps. On trouvera tous ces documents dans les collections anciennes ou modernes indiquées au cours de cet article ; — 2° la littérature moderne, relative à cette controverse ; elle se trouve signalée par Walrli, Ketzerhistorie, t. IX, p. G"3, 850, 935, qui a traité la question elle-même dans son Historia adoplianorum, Gœttingue, 1755, et dans Ketzerhistorie, t. IX, p. 667-940. Citniis, en outre, a) Basnago, Observationcs historien circa Felicianam hsercsim, dans le t. n de son Thésaurus mouumcutoruiu ; b) Madrisi, Dissertations insérées dans son édition des œuvres de saint Paulin, et dont une est spécialement dirigée contre Basnage, /'. /… I. xcix ; r) Enbueber, prieur de Saint-Emmeranji Ratisbonne, Dissertatio dogmatico-historica dirigée contre Walch pour prouver que les adoptianistes sont, vraiment tombés dans le nestorianisme, /'. L., t. ci ; d) Froben, Dissertatio historica de hmreai Elipandi et ['Appendix II aux œuvres d’Alcuin avec les lettres de l’Espagnol Majans, ibid. ; e)les histoires ecclésiastiques, et notamment Alzog, à cette époque du VIII" siècle ; /) Ilefele, Histoire des conciles d’après les documents, édition Leclercq, t. iv ; g) J. Bach, 4AX

AD0PTIAN18ME AU {{rom-maj|XII)e SIÈCLE

41 Die Doflmengeschicltte, part. I, Vienne, 1874, p. 103 sq. — 3° Pour la question doctrinale, consulter : S. Thomas, Sum. theol, III", q. xxiii, a. 4 ; Wirceburgenses, De incornatiune Verbi rlivini, diss. V, sect. i, a. 1 ; Franzelin, De Verbo incarnato, thés, xxxviii ; Jungmann, De Verbo incarvato, n. 159-173 ; C. Peseh, Prxlectiones dogmaticx, t. iv, n. 175-188, et en général tous les traités de l’incarnation.

II. QtJII.LlET. II. ADOPTIANISME AU XII* SIÈCLE. — I. Origine ci caractère de l’adoptianisme abélardien. II. Histoire et phases de la controverse. III. La condamnation par Alexandre III.

I. Origine et caractère du néo-adoptianisme. — 1° La renaissance de l’adoptianisme fut sans doute favorisée par l’oubli des décisions de Francfort. Mais l’origine de cette controverse, une des plus vives de la scolastique naissante, doit être cherchée dans le fond même du système d’Abélard sur l’incarnation. Cf. II. Abélard, Articles condamnés, col. 46. Tandis qu’au vnr siècle la filiation naturelle ou adoptive de Jésus-Christ était directement discutée, au {{rom-maj|XII)e le débat porte sur la constitution même de la personne de Jésus-Christ et sur le rôle de la nature humaine dans cette personne. Le néoadoptianisme ne fut qu’une conséquence de la conception erronée de l’union hypostatique chez Abélard et dans la grande école qui relève de lui. Cette erreur, comme toutes les autres de ce temps, revêtit d’abord une forme purement dialectique. Ainsi que saint Thomas l’a justement remarqué, In IV Sent., 1. III, disl. VI, édit. Parm., t. vii, p. 77, toutes les écoles anathématisaient sincèrement Nestorius et Eutychès, mais quand une analyse subtile cherchait le sens des formules catholiques « le Verbe s’est fait homme », « Jésus-Christ est Dieu, » etc., la fausse intelligence de l’union personnelle ramenait logiquement les erreurs du monophysisme ou de Nestorius.

1. D’un côté, l’identité affirmée entre le Verbe et l’humanité du Christ entraînait Hugues de Saint-Victor et ses disciples à confondre les attributs des deux natures et à placer dans l’humanité les opérations et les perfections divines, par exemple la science incréée de Dieu, la toute-puissance, et même l'éternité ou l’immensité. Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, 1. II, part. I, c. vi, P. L., t. clxxvi, col. 383, 413 ; surtout De sapientia animas Cliristi, ibid., col. 855. Cf. Summa sentent., tract. I, c. xvi, ibid., col. 74.

2. D’un autre côté, l'école dialecticienne d’Abélard, effrayée de ces formules : Deus est homo, Homo est Deus, proclamait hardiment que, dans la rigueur logique, elles étaient impropres, figurées et fausses. Deus igitur nec caro, nec homo proprie dicendus est, écrivait Abélard dans VIntroduclio ad theol., 1. III, P. L., t. clxxviii, col. 1107. Et son disciple, l’auleur des Sentences de Saint-Florian, dansGietl, Die Sentenzen Un lancls, p. 176, exprimait la même pensée : Si proprie deberemus loqui, non concederemus : Christus est Deus, Christus est homo. A première vue, on pourrait croire à un simple oubli de la communication des idiomes. Mais l’erreur est plus profonde : ne connaissant d’autre composition que celle dont les éléments constituent une nature nouvelle, l'école d’Abélard ne conçoit pas l’union personnelle de deux natures réunies substantiellement dans une seule personnalité qui laisse à chacune ses attributs propres. Une telle union substantielle, disentils, si elle était admise, identifiant l’humanité avec la personne du Verbe, introduirait dans la Trinité une personne créée, temporelle, finie : de là, chez Abélard et les siens, une étrange frayeur de voir entrer dans la Trinité un élément créé, ou encore une quatrième personne. Cf. II. Abélard, Articles condamnés, col. 46. Ils concluaient donc que, dans les formules « le Verbe est homme, Jésus-Christ est homme », la connexion entre les deux termes est purement accidentelle. Cf. surtout Gerhoch, Epist. ad Adrianum P., dans Bach, Dogmen geschichte, t. il, p. 391-395. — Telle est l’origine dialectique des trois célèbres systèmes sur l’union hypostatique qui, exposés par Pierre Lombard, Sent., 1. III, dist. VI-XI, analysés avec profondeur par saint Thomas, In 1 V Sent., 1. III, dist. VI, constituaient toute la christologie du {{rom|xii)e siècle. Cf. Hergenrœther, Hist. de l'Église, 5 « période, S 331, trad. Belet, t. iv, p. 295 ; Hefele. flist. des conciles, § 624, Fribourg, 1886, t. v. 2° L’erreur capitale de la théorie abélardienne était ce qu’on nomma le nUiilianisme ou nihilisme christologique, condensé dans cette formule : « Jésus-Christ, en tant qu’homme, n’est point une réalité substantielle, » non est aliquid. Rien de plus étrange au premier abord, mais rien de plus logique. Ces théologiens ne contestaient pas la réalité du corps ou de l'âme de Jésus-Christ, mais ils niaient l’union substantielle qui permet d’affirmer l’identité de la personne du Verbe avec cette humanité.

1. D’après eux, le corps et l'âme du Christ ne sont pour le Verbe qu’un vêtement, tout au plus un instrument, mû par le Verbe, mais sans être un avec lui. Ils sont bien des réalités, mais non pas la réalité substantielle du Verbe incarné : ils sont plutôt sa propriété, un mode d'être. Cf. Epitome de l'école d’Abélard, c. xxvii, P. L., t. clxxviii, col. 1737. Ils aimaient ces formules enregistrées par Pierre Lombard, Sent., 1. III, dist. VI, 3 a sent. : Sccundum baditum lantum Deum hominem factum dicant ; et sic secnndiim isljs Deus dicitur homo quia hominem accepit et esse homo quia bidet hominem vel quia est badens bominem. Ou encore Gerhoch, Epist. ad Adrian., dans Bach, loc. cit., p. 393, leur reproche de répéter que l’humanité est en Dieu, sans être un avec Dieu : astruere conantur hominem esse assumptum in dei filio sive in deo, non

IN BEI FILIUM SIVE IN DEUM.

2. L’union hypostatique devenait donc une union purementaccidentelleetextrinsèque, au lieu d'être une union intimeetsubstanlielle. Saint I bornas, In I V Sent., 1. III, dist. VI, q. iii, a. 2, combat tout spécialement cette erreur. De là cette autre formule admise par Roland Bandinelli, trop fidèle alors à l’erreur abélardienne qu’il devait condamner comme pape (infra) : « Le Verbe comme homme n’est point une réalité nouvelle, il reçoit seulement un mode nouveau. » Non enim ex eo quod Christus homo est, aliquid, scd potius, si fas est, dici potest alicujus modi. Gietl, Die Sentenzen Rolands, p. 176.

3. Pour mieux exclure le caractère substantiel de l’union hypostatique, cette École niait aussi que le corps et l'âme du Christ fussent unis entre eux pour former une substance humaine. Le corps et l'âme auraient été mus par le Verbe isolément l’une de l’autre, ce qui nous ramène aux conceptions apollinaristes. Cf. Pierre Lombard, Sent., 1. III, dist. IV ; Jean de Cornouailles, Euloqium, P. L., t. cxcix, col. 1047.

3° Les textes invoqués en faveur de ces théories sont réunis par le Maître des Sentences, loc. cit. Celaient surtout Phil., il, 7, habitu invenlus ut homo, et certains passages de saint Augustin, De grat. Novi Test., c. iv ; De Trinitate, 1. IV, c. xxi, de saint Hilaire, De Trinitale, 1. X. Mais le grand argument des nihilistes était la définition si connue de la personne par Boèce. Si JésusChrist comme homme est une réalité, il ne peut être qu’une substance et une substance raisonnable : mais, d’après Boèce, toute substance raisonnable est une personne. Il y aurait donc en Jésus-Christ une personne humaine, ce qui serait le pur nestorianisme. Aussi Pierre Lombard, Sent., 1. III, dist. X, c. I, formulait-il la question en ces termes : An Christus sit, secundum quod homo, persona vel aliquid ?

4° L’adoptianisme était une conséquence nécessaire de ce nihilisme. Si le Verbe n’est point réellement homme, le Christ, comme homme, ne saurait être fils naturel de Dieu. Cette négation fut le grand scandale des docteurs fidèles à la tradition. Parmi les thèses des novateurs. 413

ADOPTIANISME AU XIIe SIÈCLE

il 6

recueillies par Gerhoch, dans Bach, loc. cit., t. H, p. 393, la douzième affirmait que Jésus-Christ ne doit pas être appelé Dieu, nisi forte, ut aiunt, per adoplionem. Cf. Gauthier de Saint-Victor, dans le Lib. contra IV Labyrinthos Francise, P. L., t. clxxxxix, col. 1127. Mais (el cette remarque est capitale), Abélard et ses disciples les plus habiles se gardaient bien d’affirmer que Jésus-Christ est fils adoplif de Dieu. Ils le niaient au contraire expressément, par cette raison, d’ailleurs insuffisante, que l’humanité de Jésus-Christ, conçue sans péché, n’a jamais existé sans la grâce. A ce compte, la sainte Vierge ellemême ne serait point fille adoptive de Dieu. V. Abélard, In Epist. ad Romanos, l. I, P. L., t. clxxviii, col. 795 ; Sentences de Saint-Florian, d’Ognibene et de Roland, dans Gietl, Die Sentenzen Rolands, p. 179.

L’erreur essentielle du système consistait donc à refuser à Jésus-Christ, comme homme, toute filiation divine, soit naturelle, soit adoptive, et, sur ce point, la Sunima sententiarum de l'école de Saint-Victor a trop subi l’influence d’Abélard. P. L., t. clxxvi, col. 76.

II. Histoire et phases diverses du néo-adodtiaNisme.

1° Controverses à Rome sous Honorius II (1124-1130). — D’après les témoignages de saint Bernard, de Gerhoch et de Jean de Cornouailles, la paternité de cette erreur appartient à Abélard. Mais ce fut à Rome que des disciples plus hardis et plus logiques que leur maître enseignèrent tout d’abord l’adoptianisme le plus explicite. Gerhoch de Beichersberg, Epist., xxi, ad collegium cardinalium, P. L., t. cxciii, col. 576, signale deux tentatives. Un maître venu de France, Luitolphe, enseignait, vers 1126, que « le Christ, comme homme, est fils naturel de l’homme et fils adoptif de Dieu. » Dans une discussion publique en présence du pape Honorius II, Gerhoch lut un écrit composé par un chanoine de Latran, dont le pape approuva la conclusion : quod etiam secundum hominem Christusest filins Uei naturalis, non adoplivus. Epist. ad Adrianum P., dans Bach, loc. cit., t. il, p. 427. Un peu plus tard, un disciple d’Abélard devenu chanoine de Latran, Adam, renouvela les mêmes erreurs sous une forme non moins choquante. Il disait que « le Christ est en partie Dieu, en partie homme », ou, comme le lui reproche Gerhoch, semi deus. Le prieur de Reichersberg le confondit et Adam, préférant l’apostasie à la soumission, s’enfuit en Apulie.

2° Controverses en Allemagne entre Folmar et Gerhoch (1150-1164). — Folmar, prévôt de Triefenstein, dans le diocèse de Wurzbourg, avec de grossières erreurs sur l’eucharistie, propagea l’adoptianisme envisagé surtout dans ses conséquences. Jésus-Christ, disait-il, n'étant ni Fils de Dieu, ni égal à son Père, on doit lui refuser l’adoration et tout culte de latrie. L’infatigable Gerhoch écrivit aussitôt, contre celui qu’il nomme follis amarus, son livre De gloria et honore Filii hominis, P.L., t. Clxxxiv, col. 1174 sq., et dénonça le novateur à Éberhard, évéque de Salzbourg. Des conférences tenues à Bamberg, sous la présidence de ce prélat, envenimèrent la querelle. C’est, qu’en effet, Gerhoch et son frère, Arno, doyen du même monastère de Reichersberg, par horreur de l’adoptianisme, tombaient dans l'écueil opposé et, tout en anathématisant Kutychès, revendiquaient non seulement pour la personne de l’Homme-Dieu, mais pour la nature humaine elle-même, les attributs de la divinité, la science incréée, la toute-puissance, l'égalité absolue avec le Père, préludant ainsi, sans le vouloir, aux luthériens ubiquistes. Les jésuites Stewart, /'. L., . cxciv, col. 1530, et Gretser, Opéra, t. xii, part. II, p. 100, l’avaient justement remarqué et le ! )' Bach, Dogmengeschichte, t. ii, p. Vil, les a, bien à tort, accusés à ce sujet de favoriser l’adoptianisme. L’erreur de Gerhoch, constatée par B. Pez, Thésaurus anecd., t. v, dans /'. L., t. cxciii, col. 478, se trahit en mille endroits, par exemple In Psalm. vui, 2, P. L., t. cxciii, col. 743 ; lu

Psalm. xiii, 1, ibid., col. 815 ; In Psalm. cxxxiii, P. L., t. cxciv, col. 896 : œcjite omnipotens in utraque natura divina et humana, cum sit ulriusque naturse una el indivisa gloria ; Epist. ad ep. Ramberg, P.L., t. cxciv, col. 1067-1068 ; Epist. ad Ottonem, P. L., t. cxciii, col. 596, et surtout 600. Cette erreur de Gerhoch explique seule son insuccès et les péripéties de la controverse : d’abord l’opposition ardente d'Éberhard, évêque de Bamberg, qui signale avec une grande sagacité l'équivoque dont Gerhoch est victime. Epist., viii, contra Gerhochum, P. L., t. cxciii, col. 501 et surtout 506 ; — ensuite la décision du synode de Frisach qui se prononce unanimement contre Gerhoch et ses deux frères, ses seuls défenseurs. Cf. Gerhoch, Epist., xvii, ad Alex. III, P. L., t. cxciii, coi. 566 ; Lib. de gloria et honore Filii, c. xvii, P. L., t. cxciv, col. 1136 ; — enfin le refus d’Alexandre III de trancher un différend que rendaient alors inextricable les exagérations des deux partis. Le pape, tout en louant le zèle de Gerhoch, dans deux lettres du 22 mars 1164, lui imposa, aussi bien qu'à ses adversaires, un silence absolu sur ces questions. P. L., t. ce, col. 288-289 ; Jaffé-Loewenfeld, n. 11011 (7369) et 11012 (7370).

3° En France, progrès du MiAî71sme(1140-1177). — Deux maîtres contribuèrent puissamment à acclimater dans les écoles le semi-nestorianisme : Gilbert de la Porrée, au moins d’après Gerhoch, qui donne souvent à tous les partisans du système le nom de Gilbertins, P. L., t. cxciii, col. 590-593 ; t. cxciv, col. 1080, et Pierre Lombard qui, en l’admettant à titre d’opinion plausible dans son troisième livre des Sentences, dist. VI-X, lui gagna une foule d’adeptes, grèges scolarium, dit Jean de Cornouailles, lui-même longtemps séduit. En face des novateurs, Bobert de Melun et Maurice de Sully, dans leur enseignement à Paris, puis Jean de Cornouailles et le trop ardent Gautier de Saint-Victor dans leurs écrits, défendirent la vérité et préparèrent la décision de 1177. Cf. Jean de Cornouailles, Eulogium, P. L., t. cxcix, col. 1055.

Retentissement de la controverse en Orient.


En 1166, l’empereur grec Manuel Comnène réunit à Constantinople un grand synode dont les canons seuls étaient connus, dans Mansi, Concil. ampl. coll., t. xxii, col. 4, quand le cardinal Mai retrouva les actes et les publia dans sa Scriptorum veterum nova collectio, t. iv, p. 1-96. Le but de l’empereur était de mettre un terme à de vives polémiques sur ces paroles du Christ, Joa., xiv, 28 : « Le Père est plus grand que moi. » Fallait-il les appliquer à l’humanité de Notre-Seigneur, et prendre à la lettre la formule du symbole dit d’Athanase : minor Pâtre secundum humanitdtem 1 '? A la suite de l’empereur, le synode, dans son canon 2, affirma, de concert avec la tradition, l’infériorité de la nature humaine. Voir Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. Vil, p. 468-470. Or, ce débat est précisément celui qui avait éclaté en Allemagne entre Gerhoch et ses adversaires. D’ailleurs, le D r Bach, Dogmengescliichte, t. ii, p. 725-728, a prouvé par les textes des historiens et des théologiens orientaux (Nicolas Choniates, Jean Cinname, Démétrius de Lampe et Jean de Corcyre), que cette controverse en Orient était née des disputes occidentales.

III. Condamnation tar Alexandre III (1161-1177). — Dans le concile de Tours (mai 1163) une discussion s’engagea devant Alexandre 1Il et les 127 évéques assemblés sur la fameuse question, an Chris tus secundum quod homo, sit persona vcl aliquid, mais d’après Jean de Cornouailles, Eulogium, Prseamb., P. L., t. cxcix, col. 1043, la question fut laissée en suspens. — En 1164, au concile de Sens, la question fut reprise, d’après les innales de Beichersberg. Cf. Motiumenta Germanix, t. xvii, p. 477 ; Déni Ile, Chartularium univers. Paris., 1. 1, n. 4. Alexandre III ayant assemblé, le 24 décembre, les 417 ADOPTIANISME, NOUVELLES CONTROV. DEPUIS LE {{rom-maj|XIV)e SIÈCLE 418

docteurs et les savants au nombre, dit-on, de plus de trois mille proscrivit chez les théologiens l’abus des formules inexactes et figurées, ainsi que les discussions d’une curiosité téméraire. La vraie doctrine sur JésusChrist ne fut pas définie, mais défendue devant le pape et approuvée par lui. Cf. Jaffé-Loewenfeld, n. 11084.

Ces mesures n’ayant pas arrêté la diffusion de l’erreur, Alexandre III dut dans trois rescrits successifs la condamner explicitement. Le premier, adressé à Guillaume de Champagne, archevêque de Sens (28 mai 1170), renouvelle l’ordre autrefois donné viva voce, d’extirper par tous les moyens « la doctrine perverse de Pierre Lombard auparavant évêque de Paris », à savoir : quod Chrïstus, in quantum est homo, non est aliquid. Cf. P. L., t. ce, col. 685 ; Jaffé-Loewenteld, n. 11806 (7894) ; Denifle, Chartularium Univ. Paris., t. I, p. 4. — Le deuxième, analogue au précédent, est adressé aux évêques de Bourges, Reims, Tours et Rouen. Jaffé-Loewenteld, n. 12785 (8467) ; P. L., t. ce, col. 686. — Le troisième rescrit du 18 février 1177, adressé comme le premier à Guillaume de Champagne, devenu archevêque de Reims, est le plus important, parce qu’il formule enfin l’anathème contre l’erreur. Nous en donnons le texte d’après Denifle, Chartularium Univers. Paris., t. i, p. 8-9 ; cf. Jaffé-Loewenfeld, 12785 (8467).

Cum Chrïstus perfectus Dcus Comme Jésus - Christ Dieu perfectus sit homo, mirum est, parfait est aussi homme parfait, qua temeritate quisquam audet c’est une étrange témérité d’odicere, quod Christus non sit ser dire que Jésus-Christ en aliquid secundum quod homo. tant qu’homme n’est pas un Ne autem tanta possit inEccle- être substantiel. Afin d’empèsia Dei abusio suboriri vel ercher dans l'Église de Dieu l’inror induci, fraternitati tua ? per traduction de pareils excès et apostolica scripta mandamus, la propagation de si graves quatenus convocatis magistris erreurs, nous ordonnons à votre scolarum parisiensium et Refraternité par ce rescrit aposmensium et aliarum circumtolique, de convoquer les maîtres positarum civitatum auctoritate des écoles de Paris, de Reims nostra sub anathemate interdiet des autres villes voisines, et cas, ne quis de cetero dicere d’interdire à tous, en vertu de audeat Christum non esse alinotre autorité et sous peine quid secundum quod homo, quia d’anathème, d’affirmer désorsicut verus Deus ita verus est mais que Jésus-Christ, en tant homo ex anima rationali et huqu’homme, n’est point une réamana carne subsistons. lité substantielle. Car de même qu’il est vrai Dieu, il est aussi véritablement homme subsistant dans le composé d’un corps humain et d’une âme raisonnable.

Cette décrétale d’Alexandre III, insérée dans le Corpus juris, Friedberg, c. 7, X De hsereticis, fut dès lors alléguée par les docteurs et mit fin aux débats. Voir S. Thomas, In IV Sent., 1. III, dist. VI, q. iii, a. 2. Au {{rom-maj|III)e concile de Latran en 1179, si l’on en croit le récit confus de Gautier de Saint-Victor, dans d’Argentré, Colleclio judicioruni, t. i, p. 112, les adversaires exagérés de la scolastique voulurent ranimer la discussion et obtenir la condamnation en bloc dos Sentences de Pierre Lombard, qu’attaquait alors bruyamment Joachim de Flore. Mais les disciples de Pierre, en particulier Adam, évêque de Saint-Asaph, défendirent leur maître et nulle décision ne fut promulguée. En 1215, sous Innocent III, le quatrième concile de Latran condamna au contraire le libelle de Joachim et approuva la doctrine de Pierre Lombard sur la Trinité.

Sources contemporaines. — Représentants de l’adoptianisme : Abélard, In Epist. ad Rom., 1. 1, P. L., t. CLXXVIII, col. 794 sq. ; Roland Randinelli dans Gietl, Die Sentenzen Bolands, Fribourg-en-Rrisgau, 1801, p. 176 ; Pierre Lombard, Sent., . III, dist. VI-X, P. L., t. cxctl, col. 767. — Contre l’adoptianisme : Hugues de Saint-Victor, De sacramentis, 1. II, part. I, surtout Epist-, IV, tx, P. L., t. CLXxvi, col. 376 ; Gerhoch de Reichersberg, passim dans tous ses ouvrages, spécialement dans sa correspondance avec Éberhard, Epist., vii, xxii, P. L., t.cxcm, col. 496, 606 ; Epistola ad Adriamem Param. cod. ms. Admunt., n. 434 (extraits dans Rach, op. cit., p. 391-395 des 80 thèses erronées des dialecticiens) ; L. de gloria et honore Filii hominis, P. L., t. cxciv, col. 1074 sq. ; Liber contra duas hiereses, P. L., t. cxciv, col. 1162, surtout Epist., I, ii, iv ; Arno de Reichersberg, frère de Gerhoch, Apologeticus contra Folmarum, cod. ms. bav. 439 (extraits importants dans Rach, op. cit., p. 471) ; Migne a édité seulement le début, P. L., t. cxcix, col. 1530 ; Joannes Cornubiensis (Jean de Cornouailles), Eulogium ad Alexandrum III, P. L., t. cxcix, col. 1043-1086, traité modéré sur ce sujet, écrit vers 1176 et analysé par d’Argentré, Collectio judiciorum, t I, p. 113-115 ; Apologia pro Verbo incarnato, continens objectiones contra eos qui dicunt Chi’istum non esse aliquid secundum quod est homo, P. L., t. clxxvii, col. 295-316 ; cet ouvrage, faussement attribué à Hugues de Saint-Victor, serait plutôt de Jean de Cornouailles, d’après YHist. litt. de la France, t. xiv, p. 196 ; Gautier de SaintVictor, Contra manifestas et damnatas in conciliis hsereses, quos sophistx Abaitardus, Lombardus, Petrus Pictaviensis et Gilbertus Porretanus, quatuor labyrinthi Franci.-r, uno spiritu aristotelico afflati, libris sententiarum sucrum acuunt, limant, roborant, extraits dans Du Roulay, Historia univers. Paris., t. ii, p. 629-660, et P. L., t. cxcix, col. 1129-1172. Ce pamphlet, écrit après la condamnation de 1177, manque de mesure et de critique, cf. Denifle, Archiv fur Kirchengeschichtc, t. i, p. 405, 416, etc. ; dom Mathoud dans P. L., t. ccxi, col. 789.

Historiens et critiques. — Histoire littéraire de la France, t. xil, p. 140 ; t. xiii, p. 197, 200 ; t. xiv, p. 194 ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Delarc, t. vii, p. 405, 512, et 40* ; 2\{\{e\}\} édit., allem. (Knopfler), t. v, p. 616 et 719 ; Hergenrœthci-, Hist. de l'Église, V" époque, n. 332, trad. Relet, t. iv, p. 293 ; Joseph Rach, Die Dugtnengeschichte des Mittelalters vom christologischen Standpunkte, Vienne, 1875, t. il, p. o90-747 ; cf. M’ticle dans Kirchenlexikon, 2' éd., t. I, p.242 ; K. Wernsr, Geschichte der apologetischen und polemischen Literatur der christliohen Théologie, t. ii, p. 454 ; Gietl, Die Sentenzen Rolands nachmals Papstes Alexander III, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. 175-180 ; Mignon, Les origines de la scolastique et Hugues de Saint-Victor, Paris, 1895, t. ii, p. 54 sq.

E. PORTALIE.

III. ADOPTIANISME. Nouvelles controverses depuis le XIV siècle.


I. Histoire.
II. Sens incontesté du dogme.
III. Critique des systèmes.

I. Histoire.

La formule : Jésus-Christ comme homme est fils adoptif de Dieu, malgré les condamnations de Francfort, reparut au grand jour dès le {{rom-maj|XIV)e siècle, sous le patronage de théologiens renommés. — 1. Duns Scot, d’abord hésitant dans son grand commentaire des Sentences, 1. III, dist. X, Paris, 189 i, t. xiv, p. 406, 409, affirme nettement la probabilité de cette formule. dans les Reportata Parisiensia. ibid., f. xxiii, p. 31Ô. - 2. Durand, IV Scnt., . III, dist. IV, en proclame résolument la vérité absolue. Il est suivi par Dassolis, IV Sent., 1. III, dist. X, et par plusieurs scotistes, tels que Hugo Cavelli, l’annotateur de Scot,

! et del Castillo, De incarn., disp. XVII, q. I, n. 47. —

3. Certains nominaux, Gabriel, Almain, etc., atlénuent l’expression et disent que le Christ est fils adoplif selon son humanité en ce sens seulement, que la. nature humaine est vraiment adoptée ; mais ils oublient que l’adoption, qualité essentiellement personnelle, ne peut être attribuée à la nature seule. — 4. Les grands théologiens des {{rom|xvi)e et {{rom|xvii)e siècles, tout en repoussant la formule de Durand sur Jésus-Christ, fils adoptif, avouent qu’elle n’est pointeondamnée et, ce qui est plus grave, soulèvent de longs débats sur la formule opposée : « Jésus-Christ, en tant qu’homme, est fils naturel de Dieu ; » les uns la rejettent absolument avec Vsambert, In Ill im partem., q. xxiii, a. 4 ; les autres ne l’approuvent qu’avec des réserves.

Sans entrer dans les subtilités de cette controverse, il faut déterminer jusqu'à quel point ces systèmes sont compatibles avec les définitions de Francfort.

II. Sens incontesté du dogme et origine de la controverse.

1° Sens incontesté du dogme. —

Voici trois propositions certainement définies : 1. Le Verbe est fils naturel du Père éternel, et en aucun sens il ne peut être appelé fils adoptif. Le nier, c’est l’hérésie arienne.

I. - li

419 ADOPTIANISME, NOUVELLES CONTROV. DEPUIS LE XIVe SIECLE 420

Voir ÂRIUS. — 2. Jésus-Christ, ou cet homme qui est le C/irisl est le /ils naturel du Père, au moins en vertu de la communication des idiomes fondée sur l’unité de personne. Le nier, c’est l’hérésie nestorienne latente sous l’hérésie adoptianiste. — 3. Jésus-Christ en tant qu’homme (ut homo, in quantum homo) est fils naturel du Père, pourvu que ces mots en tant qu’homme soient entendus de la personne qui est le Christ, et non uniquement de la nature humaine. Le sens est alors celui-ci : le Verbe, unique personne en Jésus-Christ, garde dans son humanité sa propriété inaliénable de fils naturel du Père. C’est là précisément ce que niaient les adoptianistes du vme siècle, et ce que le concile de Francfort voulut sauvegarder, en repoussant le titre de /ils adoplif, donné par Élipand à Jésus-Christ, « comme homme » ou « dans son humanité ». Ni Durand, ni Scot, ni aucun théologien postérieur au XIIe siècle n’a attaqué cette proposition ainsi entendue. On a seulement discuté si l’expression « en tant qu’homme » ne désigne pas plus exactement la nature humaine que la personne : mais c’est là une question de mots que l’usage et des explications suffisent à trancher, quoi qu’il en soit de la rigueur dialectique. Cf. Suarez, De incarti., disp. XLVIII, sect. il, n. 32 ; les Salmanticenses, In III™ partent, disp. XXXIII, n. 67 ; de Lugo, De incarn., disp. XXXI, n. 25.

Origine de la controverse.

Dans cette filiation naturelle de Jésus-Christ telle que l’Église l’a délinie, trois caractères sont à remarquer : I. elle a pour unique fondement la génération éternelle du Verbe, celui-ci gardant son titre de Fils dans toute nature qu’il daigne s’unir ; 2. par suite, elle constitue Jésus-Christ, le Fils naturel du Père seul, et non point de la Trinité, tandis que les justes sont les fils adoptifs des trois personnes ; 3. enfin, due uniquement à la propriété personnelle du Verbe, non à l’union hypostatique en général, cette filiation disparaîtrait si, au lieu du Verbe, le Saint-Esprit ou le Père s’était incarné.

De là surgit un problème tout nouveau : il reste à examiner si, indépendamment de la relation de fils inhérente au Verbe par rapport au Père, le seul fait de l’union de l’humanité à une personne divine (serait-ce le Père ou le Saint-Esprit) ne constitue pas pour cette humanité une filiation par rapport à la Trinité. En d’autres termes, Jésus-Christ n’est-il pas fils de Dieu à deux titres distincts : 1. Fils naturel du Père par sa génération éternelle ; 2. Fils (naturel ou adoptif) de la Trinité par les droits que confère l’union hypostatique ? Telle est la question qu’ont essayé de résoudre les sysfèmes que nous devons juger.

III. Critique des systèmes.

I" système : nouvelle filiation adoptive en Jésus-Christ. — D’après Durand et les auteurs qui l’ont suivi, le Christ, considéré dans son humanité, en vertu des grâces conférées avec l’union hypostatique, est fils adoplif de la Trinité. La grâce sanctifiante constitue les justes fils adoptifs de Dieu : à combien plus juste titre, cette dignité est-elle conférée à Jésus-Christ par l’incomparable grâce qui accompagne l’incarnation ! De plus, si le Saint-Esprit, au lieu du Verbe, s’était incarné dans le Christ, le Christ serait encore Fils de Dieu ; mais il ne serait plus Fils naturel, puisqu’il ne serait point engendré’par le Père. Il serait donc fils adoptif de la Trinité par la grâce.

Ce système, sans être condamné, repose sur une erreur, et serait aujourd’hui téméraire. — 1. Il n’est pas proscrit par les définitions de Francfort, malgré les censures de Cajetan, In IU im partent, q. xxiii, a. 4, de Valentia, de Vasque/, et d’Àlvares. Comme Suarez, De incarn., disp. XLIX, sect. iv, n. 40, et les carmes de Salamanque, disp. XXXIII, n. 39, l’ont prouvé, I adoptianisme condamné à Francfort excluait toute filiation naturelle du Christ, même en vertu de la génération éternelle du Verbe. Durand au contraire pro clame cette filiation naturelle ; seulement il y ajoute une filiation adoptive fondée sur un autre titre. — 2. Ce sstème est pourtant faux, en vertu de ce principe fondamental, que l’adopté doit être une personne étrangère. Or, par rapport à Dieu, Jésus-Christ, même dans son humanité, ne saurait jamais être un étranger, puisque la personne unique de cette humanité est le Fils unique du Père. Ce défaut d’extranéilé exclurait également l’adoption, si le Père ou le Saint-Esprit s’étaient incarnés : car, s’ils n’ont pas le titre de Fils naturel, ils ne sont point des personnes étrangères à la Trinité. — 3. Il y aurait même témérité à soutenir cette erreur, surtout aujourd’hui, après l’accord, unanime depuis trois siècles, de toutes les écoles. D’ailleurs, si le concile de Francfort n’a pas défini ce point, il a pourtant manifesté son horreur pour toute filiation adoptive. Le Sacrosyllabus, rédigé au nom du concile par saint Paulin d’Aquilée, consacrait, dans son chapitre viii, le grand principe de l’extranéité : Adoplivus dici non potest, nisi is qui alienus est ab eo a quo adoptari desiderat. P. L., t. xcix, col. 160. Cf. Suarez, loc. cit., dist. XLIX, sect. ii, n. 2 ; Salmanticenses, dist. XXXIII, n. 38.

2e système : seconde filiation naturelle. — 1° Exposé. — Suarez, De incarn., disp. XI. IX, sect. i, n. 5, sect. ii, n. 24 sq. ; Vasquez, disp LXXXIX, c. xiv, et d’autres théologiens ont vu dans la grâce d’union un titre de filiation, non plus adoptive, comme Durand, mais naturelle. Jésus-Christ serait donc deux fois fils naturel de Dieu, du Père par sa génération, de la Trinité par l’union hypostatique. Ils pensent eux aussi que l’union hypostatique conférant à l’humanité une sainteté substantielle et des droits à l’héritage divin, établit, par là même, une vraie filiation. Comment admettre, pensent-ils, que si le Saint-Esprit se fût incarné dans le Christ, celui-ci ne serait à aucun titre fils de Dieu ? D’autre part toute adoption est exclue par défaut dextranéité. L’union confère donc une filiation naturelle. — 2° Critiqtie. — Ce système, tout ingénieux qu’il est, ne sauvegarde pas l’essence de la filiation naturelle, qui exige une véritable génération et l’identité spécifique du fils avec le père. Où trouver ces conditions dans l’humanité du Christ par rapport à Dieu ? Imaginer une filiation naturelle d’un ordre inférieur est trop arbitraire et peu en harmonie avec les affirmations des Pères. Enfin ceux-ci n’ont jamais reconnu en Jésus-Christ une double filiation, dont l’une serait imparfaite et le rendrait fils de la Trinité et par conséquent de lui-même.

système et conclusion.

Pour ces motifs, il est sage de s’en tenir à l’explication ancienne, aussi simple que rationnelle. En Jésus-Christ, il n’y a par rapport à Dieu qu’une seule filiation qui le constitue Fils naturel du Père éternel. Elle a pour unique fondement la génération du Verbe ; l’union hypostatique est seulement la condition par laquelle le Verbe communique à l’humanité son titre de Fils naturel. L’union hypostatique avec une autre personne que le Verbe n’aurait donc conféré aucune filiation. Si le Père s’était incarné, le Christ serait le Père du Verbe, mais il ne serait ni fils adoptif, par défaut d’extranéité, ni fils naturel, par défaut de génération. Tel est au fond le système des Pères et des grands docteurs du xiiie siècle, d’Albert le Grand, de saint Thomas (surtout dans la Somme, lll a, q. xxxit, a. 3), de saint Iîonaventure. Défendu au xtsiècle par Basile Ponce de Léon, Variarium disputationw/n Rclectio IF, complété par de Lugo, De incarn., disp. XXXI, n. 20 sq. ; Petau, Theol. dog., De incarn., l. VII, c. v ; Thomassin, De incarn., I. VIII, c. i-xin, il a été adopté de nos jours par Franzelin, De Verbo incarnato, th. XXXVIII, et Slentrup, Pru-lectiones ilugmaticss, Christologia, Inspruck, 1888, th. xxxix-xli.

Sources : Les anciens scolastiques traitent la question, & la

suite du Maître îles Sentences, dans le III" livre des Sentences, dist. IV (par exemple Durand) ou surtuut dist. X. C’est là qu’il faut consulter S. Thomas (Cf. Summa, IIP, q. xxiii, a. 4, et q. xxxii, a. 3) ; S. Bonaventure, t’ilit. Quaracchi, t. iii, p. 233 ; Scot, édit. Paris, 18M, t. xiv, p. 403, et t. xxiii, p. 318. Voir aussi Alexandre de Halès, Summa, part. III, q. VIII, a. 4. — Parmi les théologiens plus récents Suarez, De incarn., disp. XLIX ; Salmanticenses, De incarn., disp. XXXIII ; de Lugo, De incarn., disp. XXXI ; Petau, De incarn., l. VII, c. v ; Thomassin, De incarn., l. VIII, c. i-xiii ; Franzelin, De Verbo incarnate-, th. xxxvin ; Stentrup, Christologia, th. xxxix-xi.i.

E. PortaliÉ.