Dictionnaire de théologie catholique/2. VIGOR Simon

Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 740-741).

2. VIGOR Simon, neveu du précédent et publiciste français. — Né vers 1556, il dut entrer dans la cléricature, quoique nous ne puissions dire s’il a jamais reçu les ordres sacrés ni par quelle filière il est arrivé à être membre du grand-conseil. Ses ouvrages témoignent d’une formation théologique qui n’est pas d’un laïque. Les doctrines dont il’prend la défense sont celles dont Edmond Richer s’était fait en Sorbonne l’ardent propagateur. Le De ecclesiaslica et politica potestate libellus de celui-ci avait paru à Paris en 1611. Aussitôt il avait amené la formation, dans la faculté de théologie, de deux partis, l’un groupé autour de Richer et défendant un gallicanisme exacerbé, l’autre qui avait pour chef André Duval et soutenait les droits du Siège romain. C’est au premier que se rattache Vigor. En 1613, il fait paraître à Cologne ( ?), sous le pseudonyme de Theophilus Francus, un livre qu’il avoua d’ailleurs ultérieurement : Ex responsione synodali data Basileæ oratoribus D. Eugenii papæ IV in congregalione generali 3 non. sept. an. 1432, de auctoritale cujuslibel coneilii generalis supra papam et quoslibet fidèles pars prœcipua et in eam comme nlari us. C’est le commentaire, dans le sens richériste, de la réponse faite aux plénipotentiaires envoyés à Bâle par Eugène IV en août 1432, et qui est la plus claire expression de la théorie conciliaire (supériorité du concile sur le pape). Voir ici Bale (Concile de), t. ii, col. 119 au bas. Ce commentaire amena entre autres une réplique de Théophraste Bouju, sieur de Beaulieu, qui publia, en 1613 : Deux avis, l’un sur le livre de M. Ed. Richer « De la puissance ecclésiastique et politique », l’autre sur un livre dont l’auteur ne se nomme point, qui est intitulé : « Commentaire de l’autorité de quelque concile que ce soit sur le pape, de la réponse synodale donnée à Bâle ». Au même temps Duval attaquait la thèse richériste dans son ouvrage : Libelli de ecclesiastica et publica potestate elenchus pro suprema romani pontificis in Ecclesiam authoritale, 1612. Vigor répondit par une Apologia de suprema Ecclesiir auctoritale adversus Andream Duval, Troyes, 1615. — Les polémiques continuant, Vigor donne en français une traduction amplifiée de son Apologia sous le titre : De l’état et du gouvernement de l’Église, divisé en quatre livres : 1. De la monarchie ecclésiastique. — 2. De l’infaillibilité. — 3. De la discipline ecclésiastique.

— 4. Des conciles. La préface est une réponse à la Défense pour la hiérarchie de l’Église et Notre saint père le pape, par Théophraste Bouju. Un peu plus lard Vigor donnait également : Assertio fidei eatholiciv ex quatuor prioribus conciliis œcumenicis et aliis synodis celebralis inter tempora privdirtorum conciliorum, Paris, 1618. Lors de l’agitation qui suivit la

Déclaration de 1682°, on éprouva le besoin de faire revivre les ouvres déjà oubliées de Simon Vigor : Simonis Vigorii in magno consilio regio consiliarii opéra omnia, Paris, 1683. On attribue également à Vigor une Historia eorum qua-acla sunt inter Philippuni Pulchrum regem christianissimum ri Bonifa cium VIII pontificem ex variis srriptoribus ; cette histoire est la série des pièces sur le fameux différend imprimées en 1613. Cette publication porte bien sa date : l’année 1613 est celle de la grande agitation dis milieux parlementaires en faveur du gallica nisme politique. I.a célèbre légende du « complot de

Bourg-Fontaine ». en 1621 ( ?) voir ici Jansénishi.

t. viii, col. 323. fait de Simon Vigor l’un des sept conjurés ; il aurait été chargé pour sa part d’attaquer la puissance ecclésiastique. Il mourut le 29 février 162t. (Test un des représentants les plus caractéristiques, au début du xvir siècle, du gallicanisme a la fois politique et ecclésiastique, tel que Hicher l’i laborait.

Moréri, Le grand dictionnaire, édit. de 1759, t. x, p. 618 ; Michaud, Biographie générale, t. xi.v, p. 391 ; Hurler, Nomenelalor, 3e éd., t. iii, col. 781 ; voir aussi la bibliographie signalée aux art. Duvai. (André), t. iv, col. 1967 et Richer (Edmond), t. xiii, col. 2700 ; voir surtout Puyol, Ed. Richer, Paris, 1896.

É. Amann.