Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/abhorrir

Éditions Édouard Champion (Ip. 11).

Abhorrir. Abhorrer, avoir en horreur. — Plusieurs… ont abhorry le nom de servitude, quilz reputent deshonneste, et ont mieulx aymé endurer le nom destro veincuz. Seyssel, trad. de Thucidide, V, 12 (181). — Le jeune Antiochus… congnoissant et abhorrissant la temerité de ses folles amours, ne sen osait descouvrir à personne. id., trad. d’Appien, Guerre Syriaque, ch. 7. — Les anciens Rommains… abhorrissoient les usures, ainsi que faisoient les Grecz. id., trad. d’Appien, Guerres civiles, I, 7. — Iceulx fuyez, abhorrissez, et haïssez autant que je foys. Rabelais, II, 34. — [Les moines] de tous sont huez et abhorrys. id., I, 40. — Prendre ce que les autres saiges abhourrissent. Maurice Scève, la Deplourable Fin de Flamete, 8. — Amour… les plus meschans recoit, et les desirez abhorrist et dechasse. id., ib., 16. — Quant tu seras a ta bonne congnoissance retournee, tu loueras ce que a ceste heure tu abhorris et desprises. id., ib., 19. — Meilleur, ô Cœur, m’est d’avoir chaste esté En si pudique, et hault contentement : Et abhorrir pour vil contemnernent Le bien, qu’Amour (Amour lassif) conseille. id., Delie, 28. — Elle ha en soy linfluence de Jupiter, du Soleil et des Planettes, desquelles les diables abhorrissent linfluence. Ant. du Moulin, trad. de la Vertu de la Quinte Essence, 127-128. — ilz abhorrissent de frequenter la compagnie des hommes : et ayment les lieux secretz et ombrageux. id., trad. des Complexions des hommes, 281. — Exaltant la virginité jusques au ciel… abhorrissant et refuyant au contraire tout amour, toute feste, et tout plaisir nuptial. Amyot, Hist. Æthiop., L. II, 30 vº. — Toute chose qui délecte noz sentirnens materielz, tombee à l’accomplissement de celuy qui la desiroit, est naturellement plustost, abhorrie qu’aymee. Pontus de Thyard, trad. de l’Amour de Leon Hebrieu, Dial. 1 (p. 4). — Les autres vivent chichement et durement, abhorrissants les sumptueuses et lascives voluptez. Le Caron, Dialogues, I, 2 (72 vº). — Ceulx qui souffroyent de faict tout ce que font les Roys à leurs subjets, detestoyent et abhorrissoyent encore neantmoins ce nom de Roy. Amyot, Antoine, 12. — Il y en a qu’ils refuient, et abhorrissent, et quelques uns mesmes qu’ils ne daignent pas saluer. id., Comm. Concept. contre les Stoïques, 10. — De celle qu’au paravant on aborrissoit, on en cherche si curieusement la figure si que l’on la trouve par tout. St François de Sales, Defense de la Croix, II, 7. C’est cela mesme qu’ilz rejettent et abhorrissent le plus. id., ib., IV, 15.