Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Singe

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Singe. Singe verd. Sorte de singe d’Afrique, souvent considéré comme un animal fantastique. — Alloit veoir les basteleurs, trejectaires et theriacleurs, et consideroit leurs gestes, leurs ruses, leurs sobressaulx et beau parler : singulierement de ceulx de Chaunys en Picardie, car ilz sont de nature grands jaseurs et beaulx bailleurs de baillivernes en matiere de cinges verds. Rabelais, I, 24. — On voyoit quantité de singes verds et des singes noirs, comme aussi des licornes, des pelicans et des corbeaux blancs, dans l’Isle des Singes. Amadis, VI, 54 (Sainéan, R. S. S., IV, 290). — S’il subloit, c’estoient hottees de cinges verds. Rabelais, IV, 32.

Derriere d’un singe. — La fin de son livre est comme le derriere d’un singe. Car il n’y a si petit enfant qui ne voye une turpitude honteuse. Calvin, Response à un Holandois (IX, 628). — À chasque sault ils descouvrent leur menterie, comme un singe le cul. Marnix, Differens, I, iv, 7.

Patenostre du singe, v. Patenostre.

Faire faire le tour du singe. Obliger à se soumettre, à obéir. — Cestuy-ci est venu à jubé en la fin, et il faudra que les autres passent aussi bien par dessous mon bras, je leur feray faire le tour du singe. Calvin, Serm. sur Job, 93 (XXXIV, 402).

Avoir le vin de singe. Avoir le vin gai. — Tous ceux qui ont le vin de singe, Joyeux, disant le mot… Part auront à nostre piot Pour leur gaillardise et plaisance, Et tous ceux de vin de marmot, Ne tendans qu’à resjouyssance. Var. hist., IV, 57.

Singe. Imitateur. — Il se trouva peu après deux singes qui se perduaderent d’en pouvoir faire tout autant [que Rabelais]. Pasquier, Lettres, I, 8. — Mains qui du corps humain tracez la pourtraiture, Oublirez-vous les mains, chambrieres de Nature, Singes de l’Eternel, instrumens à tous ars…? Du Bartas, 1re Sem., 6e J., p. 288.

(Fém.). Singesse. — Lors en dormant vit une beste inique, Portant face de cinge ou de cingesse. Gringore, Folles Entreprises (I, 47). — Des lors que la singesse ha eu et faonné ses petis, jamais ne les laisse ny habandonne de ses bras jusques à ce qu’ilz soient sevrez et hors de la tette. La Grise, tr. Guevara, II, 18. — Une cingesse en ung certain sacrifice entrée dans le temple de la déesse Ceres troubla toute la cerimonie. Deroziers, tr. Dion Cassius, l. L, ch. 78 (168 vo). — Es cingesses semblent leurs petits cinges plus beaulx que chose du monde. Rabelais, IV, 32. — Les singesses sont extremement folles de leurs petits. Du Pinet, tr. Pline, VIII, 54 (G.). — En son bras gauche avoit une petite singesse qui estoit à luy. Brantôme, Grand prieur de France (IV, 460). — La singesse du cardinal. Aubigné, Sancy, I, 8. — Cettui ci, estant gueux à la porte du pape, fut pris en amitié par sa singesse. id., Faeneste, IV, 20. — Voir Singeteau.