Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Physicien

Physicien. Celui qui étudie les choses de la nature. — Et ny pouvoient congnoistre medecins ny phisiciens si ma vie errante ou estaincte pourroient retourner en son lieu. Anon., tr. Flammette, ch. vi, 74 ro. — Comme se fut-il demeslé des arguments d’un medecin bon physicien, qui luy eust monstré par raisons naturelles que tous sourds de naissance sont muets. Fauchet, Langue, I, 1. — Je ne veux oublier… ce que me dist ce phisicien medecin… lequel m’asseura que si on frotte le bout de l’arquebuse d’un oignon, et la corde de l’are avec du lard, que jamais le plomb ny la fleche n’iront droit. G. Bouchet, 25e Seree (IV, 146).

Médecin, homme expert en médecine. — Le phisicien fait ses ongnemens pour apenseement guarir son patient. Fabri, Rhetor., l. I, p. 15. — Phisitiens pour reconfort Au debile jusques à mort L’ordonnent. Anc. Poésies, XIII, 75. — A qui le maistre phisicien dist : Ma femme, tu as peut estre pensé que ce fust eau claire : mais il n’en est pas ainsi, ains est une eau composee pour faire dormir. Le Maçon, tr. Decameron, IV, 10. — Le pape fut effrayé de la vision, si bien qu’il luy print un mal de costé qui luy dura fort longtemps, sans que ses medecins et le cardinal le Blana, excellent physicien de ce temps-là peussent cognoistre la maladie et sa cause. Le Loyer, Spectres, IV, 23. — Le fisicien, ou medecin, par le moyen de ses sirops, pillules et medecines, guerit les corps des fievres et autres infirmitez. Larivey, Fidelle, IV, 1.

Plusieurs textes montrent qu’à la fin du xvie siècle et au commencement du xviie ce sens avait vieilli. — Les medecins… furent anciennement… appellez par mot grec physiciens. Pasquier, Pour-parler de La Loy. — Le premier desquels [proverbes] ha ce mot mire pour medecin (qui a aussi esté appelé physicien par nos ancestres). Estienne, Precellence, p. 252. — Les medecins s’appelloyent physiciens, pour s’estudier à la conservation de la nature. Fauchet, Orig. des dignitez, I, 14. — Ceux que nous nommons aujourd’huy medecins estoient pour nos anciens appellez physiciens. Pasquier, Recherches, VIII, 26. — Anciennement en la France nous appellions les medecins physiciens. id., Lettres, XIX, 16. — Lors il me dit qu’il estoit bien marry d’une chose que l’on luy avoit ditte, qui est que vos physiciens (car il usa de ce mot, voulant dire vos medecins), vous avoient defendu d’aller à la chasse. Sully, Œcon. roy., ch. 117 (G., Fisicien).

Physicien. Magicien. — Que te semble de ce fizicien ou negromant…? La Taille, Negromant, II, 1.