Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Pelerin

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Pelerin. Voyageur. — Aurora… splendeur ameine, deesse matutine, lespoir des pelirins. Lemaire, Temple d’Honneur (IV, 222). — Lequel [dieu] avoit la charge de pourveoir que les hostelliers feissent honneur et bon accueil aux passans et pellerins. La Grise, tr. Guevara, I, 11. — L’Apostre insiste principalement en cela, qu’ilz se sont nommez pelerins et estrangiers en ce monde. Calvin, Instit., VII, p. 445. — Je vous y logeray… chez un mien amy, fort homme de bien, qui m’a receu chez luy comme un esgaré et pelerin passant. Amyot, Hist. Æthiop., l. II, 24 ro. — Si quelque pelerin arrive Aupres de ta parlante rive, Dy luy à haute vois Que ma Muse… Ronsard, Pièces retr., Au fleuve du Loir. — Ainsi chante l’ouvrier en faisant son ouvrage, Ainsi le laboureur faisant son labourage, Ainsi le pelerin regrettant sa maison. Du Bellay, Regrets, 12. — Cependant que nous sommes comme elongnez de Dieu estans pelerins au monde, Jesus Christ est entre deux, pour nous mener petit à petit à une pleine conjonction. Calvin, Instit., II, xv, 5. — Nous sommes pelerins ici bas… nous n’avons point une demeure permanente sinon avec Dieu. id., Serm. sur prem. à Timothee, 52 (LIII, 623). — Un pelerin, qui sur le tard rencontre Un fourchu carrefour, s’arreste court. Du Bartas, Uranie, p. 418. — Telle ardeur.…. ne peut estre temperée.… par l’apprehension des calamitez que souffrent journellement les pelerins de l’Ocean. Cholières, 1re Matinée, p. 19. — Cy devant j’ay esté sur le dos de la terre Pelerin estranger, qui douteusement erre. Chassignet, Mespris, p. 173. — Le chemin raboteux ou montueux, quoy qu’il soit court, fatigue et lasse le pelerin. Fr. de Sales, Serm. rec., 56 (X, 228).

Faire un pelerin. Se cotiser pour envoyer quelqu’un en pèlerinage. — Faisons, dist Panurge, quelque bon et beau veu… Zalas, faisons un pelerin. Cza, ça, chascun boursille à beaulx liards. Rabelais, IV, 20.

Pelerin. Étranger. — Lung de ses parens estoit citoyen et lautre forain et pelerin. G. Michel, tr. Suétone, II, 52 vo. — Ce sont les bornes de nostre pais, et n’y a nul qui au dedans d’icelles se doive estimer banny, ny pelerin ou estranger. Amyot, Du bannissement, 5. — Celuy qui a une ville affectee est estranger et pelerin de toutes les autres. 8. — Oyez dire metonomie, metaphore, allegorie et autres tels noms de la grammaire, semble-il pas qu’on signifie quelque forme de langage rare et pellegrin ? Montaigne, I, 51 (I, 420).

(Adj.). De voyage. — Titius… va en voiage, mene son fils garsonnet, et la jument, pour tant les porter que leurs hardes pelerines. Du Fail, Eutrapel, 27 (II, 80).

Errant, vagabond. — Il fauldra a longuement parler que sa pensee soit legiere, vague, inconstante et pelerine. Changy, tr. Instit., I, 3.

Étranger. — Il institua les vectigaulx nommez portoires des pelerines marchandises : comme poivre, succre, canelle. G. Michel, tr. Suétone, I, 20 ro. — Son or et argent monnoyé de toutes figures et impressions, tant pecune royalle que pelerine. II, 82 vo. — Les nations pelerines et estrangeres. Noguier, Hist. tolos., L’imprimeur à lecteur (G.). — Lui, en éclat d’un pourpre souverain Avecq’ un brun pelerin d’un clair lustre Tiroit des traits cretois. Des Masures, tr. Eneide, XI, p. 601.