Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Partisan

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Partisan. Attaché à un parti ? — Il apprit… La musique, le bal, l’esperon et l’escrime, A forger, à tourner et conduire la lime, Pour n’estre en faction oisif ou partisan. Belleau, Bergerie, Larm. sur René de Lorraine (II, 74). — Je desire patiemment la bonne grace du roy… ne m’offrant point à estre ni son serviteur ni son subject, pour ce que cela est à Sa Majesté sans mon offre, mais je y adjousteray un terme que le maudit siecle fait permettre sans raison. C’est que je voudrois mourir son serviteur partisan. Aubigné, Lettres div., 4 (I, 691).

Celui qui agit en partisan, en homme de parti ? — Quant aux manuscrits, je mets en la commission de mes amis les deux mots : Ure, Seca, exhortant la Fosse d’être en ceci partisan, sans les précédents qui devant Dieu sont lépidités, renvoyant. l’ordre de leur impression au memoire que j’espère en dresser. id., Testament (I, 123).

Partisan de. Prenant parti dans. — Les voicy [les dieux] partisans de noz troubles, pour nous rendre la pareille de ce que tant de fois nous sommes partisans des leurs. Montaigne, II, 12 (II, 281).

Celui qui prend à ferme un impôt ou une fourniture. — Laissons le gaing aux marchands… aux partisans qui n’ont aultre but que d’en amasser aux despens de qui que ce soyt. L’Hospital, Reformat. de la Just., 6e part. (V, 188). — Il me semble desjà voir ceste generation de viperes (je veux dire ces partisans, lesquels soudain qu’ils furent esclos tuerent aussi la France leur mere) il me semble (dy-je) les voir promettre un montjoye d’argent qui se tournera en fumée. Pasquier, Lettres, XII, 2. — Si l’argent n’y estoit, prompt, pour suppléer à ce deffaut, la malignité du temps produisit une vermine de gens, que nous appellasmes, par un nouveau mot, partisans, qui avançoient la moitié ou tiers du denier, pour avoir le tout : race, vrayement, de viperes, qui ont fait mourir la France, leur mere, aussi-tost qu’ils furent esclos. XII, 7, — Une vermine de gens que par un mot malheureusement nouveau, nous avons nommé partisans. XIV, 8. — Sous le feu roy Henry troisiesme… nostre France fut malheureusement peuplée d’une je ne sçay quelle vermine de gens, que nous appellions partisans, ingenieux à la ruine de l’Estat. id., Recherches, I, 35, — Je veux encore plus, démembrant ta province, Je veux de partisan que tu deviennes prince. Regnier, Œuv. posth., Satyre.

(Fém.). Partisane (correspondant au sens actuel de partisan). — Il ne faut pas oublier ce traict de ceux qui furent assiegez à Salone, ville partizane pour Caesar contre Pompeius. Montaigne, II, 34 (III, 195). — Le malin voyant que l’on bat sa partisane et confederee, la chair, il craint et s’enfuit. Fr. de Sales, Lettres, 234 (XII, 857). — La sainte humilité est grande partisane de l’obeissance. 1223 (XVII, 260). — Les bouches qui mesmes avoyent esté sacrees à la verité, partisanes du prince du monde… accusent le peuple de Dieu. Aubigné, Medit. sur le Ps. 84 (II, 139). — Paul IV entra quelque temps en soupçon contre les Collini et Ursini, familles partisanes de l’empereur. id., Hist. univ., I, 9. — Elle avoit perdu la balance et s’estoit faite entièrement partisane des Lorrains. XI, 7. — La roine de Navarre, partisanne de Monsieur… le fit eschauffer de nouvelles haines contre son mari. VII, 20.

Se mêlant aux partis. — Et la victoire neutre errant entre les armes Partizanne esbranloit le cœur de nos gensd’armes. Ronsard, Bocage royal (III, 199).

D’homme de parti. — Tu ne crains point d’offencer ses lois universelles et indubitables, et te piques aux tiennes partisanes et fantastiques. Montaigne, III, 5 (III, 368). — Luy [le cinquième livre] et le dernier, qui est le Jugement, d’un style eslevé, tragicque, pourront estre blasmez pour la passion partizane. Aubigné, Tragiques, Aux lecteurs. — La Haine partisane aussy avec courroux Condamne les advis qui luy semblent trop doux. III (IV, 28). — Le jesuitte Arnou a monstré mes affections aechees et partisannes, comme il dict, en tout ce qui touche la religion et les republiques. id., Lettres d’aff. personn., 15 (I, 312).

(Autre féminin). Partisante. — Celles qui avoyent esté partisantes des Adornes. Le Roy, tr. Aristote, V, 5, Comment.