Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Menestrier
Menestrier. — (Proverbe). Nous… resemblons aux menestriers, qui ne font jamais bonne chère qu’aux despens d’autruy. Larivey, la Vefve, II, 6. — Leurs Majestés, faisant comme les menestriers, qui ne treuvent point de pire maison que la leur, passerent tous pleins de jours en visittes de belles maisons. P. Hurault, Mém., an 1601 (G.).
Menestriere. Musicienne. — [La fortune] feit voir un homme qui peu avant avoit esté seigneur de toute la Sicile presque… enseigner des menestrieres en plein carrefour. Amyot, Timoléon, 14. — Meton, ayant une menestriere jouant de la fluste, s’en alla en tel equippage. id., Pyrrhus, 13. — Pythagoras… commanda à la menestriere de changer de ton : et par une musique poisante, severe et spondaïque, enchanta tout doucement leur ardeur et l’endormit. Montaigne, III, 46 (I, 380). — Ils recitent aussi d’un dragon amoureux d’une fille ; et d’une oye esprise de l’amour d’un enfant… et d’un belier serviteur de la menestriere Glaucia. id., II, 12 (II, 196). — Marc Antoine fut le premier qui se fit trainer à Rome, et une garse menestriere quand et luy, par des lyons attelez à un coche. id., III, 6 (III, 396-397). — Quelle apparence de raison y avoit-il que Philippe fut amy et familier d’Æchines, fils de la menestriere Glaucothea ? Du Vair, Demosth. pour Ctesiph., p. 508.
(Jeu de mots sur menestrier, au sens habituel, et menestrier dérivé de menestre, soupe). — Quelle est vostre deliberation ? — D’aller de long à ma case : et là faire un pocotin de collation. — … N’y aura il point aussi un peu de menestre ? — Je ne suis point menestrier le soir : c’est à dire menestrophage. H. Estienne, Dial. du lang. franç. ital., I, 373.