Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Gentilfemme

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Gentilfemme. Femme noble, de haut rang. — Ilz sapenserent que quelque gentilfemme amoureuse, de l’hostel de la royne, le pourroit bien avoir emprunté davantage. Lemaire de Belges, Illustr., I, 20. — Il nest pas bien seant quune nymphe ou gentilfemme seule tienne si longues paroles à aucun homme mortel. id., ib., I, 24. — Ilz… sesbahirent beaucoup, par quel moyen une si grand gentilfemme [la nymphe Pegasis Œnone] sestoit peu et voulu condescendre à prendre le berger Paris pour son espoux. id., ib., I, 26. — La bonne gentil femme sortit… et fist venir son fils. Le Loyal Serviteur, Hist. de Bayart, ch. 2. — Ilz devindrent extremement amoureux de deux gentifemmes espagnolles, mariées à de nobles chevaliers du pais. Des Périers, Nouv. Récr., 128. — Si vous me voulez promettre, comme loyalles gentifemmes, de le tenir secret… voluntiers je le vous diray. Amadis, I, 14. — En la ville d’Allençon… y avoit un procureur… qui avoit espouzé une gentil-femme du païs. Marg. de Nav., Heptam., 1. — De quelle punition diriez vous qu’elle est digne, elle qui se dit estre gentifemme, et neantmoins encore est adultere ? Amyot, Hist. Æthiop., L. I, 5 vo. — Si estes vous tenu par le devoir De noble sang et de chevallerie De resister à fraude et menterie, Et de tant plus à ceux qui par diffames Rendent suspect l’honneur des gentifemmes. Melin de St Gelays, Genevre (II, 333). — Un grand nombre de gentifemmes et autres belles filles avoyent esté menées en ce monastère. H. Estienne, Apol. pour Her., ch. 24 (Il, 56). — Et me feust monstré par des gentilz-hommes siennois plus de quarante gentilzf emmes des plus grandes de la ville, qui pourtoinct le panier sur la teste, plein de terre. Monluc, Commentaires, L. III (II, 55). — L’empereur… ne voulut condescendre à plus douces conditions… que de permettre seulement aux gentilsfemmes qui estoient assiegees avec le duc de sortir leur honneur sauve. Montaigne, I, 1 (I, 4). — La signora Veronica Franca, janti fame venitienne, envoia vers lui pour lui presenter un petit livre de lettres qu’elle a composé. id., Journ. de voyage, p. 168. — Toutes les belles jantifames de Rome s’y virent à loisir : car en Italie elles ne se masquent pas come en France. id., ib., p. 227.

On dit dans le même sens gentille femme. — Je vous supplie… avoir pitié de ceste pauvre gentile-femme. Amadis, I, 34. — Ce faisant, Sire, vous enrichirez un pauvre prince, usant de misericorde à une des plus belles gentillesfemmes du monde. Ib., II, 20. — Le seigneur d’Avannes se retira de la foie amour qu’il portoit à une gentille femme demeurant à Pampelune. Marg. de Nav., Heptam., 215. — Il en fut amoureux et, pource qu’il avoit congé de sa mère d’espouser telle femme qu’il luy plairoit, ne s’enquist sinon si elle estoit gentille femme. id., ib., 30. — Quelques uns debattans à laquelle des deux dames appartenoit faire l’amour à la gentille-femme ou bourgeoyse : vouluront dire la gentille femme estre plus propre, comme celle qui seulement pour son plaisir, sans aucun regard d’argent, aymoit. E. Pasquier, Monophile, L. II (II, 768). — Petrarque se choisit pour maistresse la Laura, gentille-femme provençale. id., Recherches, VII, 5. — Y avoit bien trois mille dames, que gentilles-femmes, bourgeoises qu’autres. Brantôme, des Dames, part. II (I λ, 413).