Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Barbier 1

Éditions Édouard Champion (Ip. 482-483).

Barbier 1. Beaucoup d’exemples attestent les fonctions chirurgicales et médicales dont les barbiers étaient chargés autrefois. — Bien te blesseras quelque hurte, dont tu languiras toute ta vie entre les mains des barbiers. Rabelais, II, 14, — Il luy donnoit sept cens mille et troys Philippus pour payer les barbiers qui l’auroient pensé. id., I, 32. — Incontinent l’allèrent veoir quelques uns d’entre eulx… qui le trouvèrent estendu sus un lit, et le barbier environ, qui avoit des bandeaux d’huiles, d’onguens, d’aubins d’eufs et tous les ferrementz en tel cas requis. Des Périers, Nouv. Récr., 11. — Contre ma jambe un baston elle jette. Le sang en sort. O grande cruaulté ! Mais le barbier trouve ma jambe nette Et dit : « Le mal en est au cœur monté. » Melin de Saint-Gelays, Quatrains, etc. (III, 12). — Que peut servir au blessé le conseil, Quand, dédaignant du barbier l’appareil, Luy-mesme ses playes dessire? Tahureau, Poes. div., Contr’amour. — Barbier. Glorieux, podalyrien, medecin des playes… ouvre-veine. M. de La Porte, Epithetes, 45 ro. — Helas ! que j’ay de mal aux dents ! Barbier, n’y sçauriez vous que faire ? Anc. Poés. franç., VII, 80. — Je suis plus craint qu’aymé ; sinon possible des medecins, barbiers et chirurgiens, ausquels je donne force pratiques. Tournebu, les Contens, IV, 2. — Je suis bien venu icy a la malheure. On m’a accordé un demi escu seulement pour mon salaire : il en faudra davantage au barbier pour me penser. J. de Cahaignes, l’Avaricieux, III, 2. — Tien, barbier, saigne-moy : pique fort, as-tu peur ? Passerat, Œuv. Poét., II, 46, — Ce bras qui m’a tiré tant de traits amoureux… Ce bras toujours vainqueur, Ô fiere destinée ! Est ouvert par le fer d’un barbier rigoureux. Desportes, Cleonice, 31. — Ils ne trouverent autre chose que le barbier, qui tastoit le poux de la vieille, laquelle contrefaisoit la mallade. N. de Montreux, 1er Livre des Bergeries de Juliette, Journ. IV, 225 ro. — Le pauvre patient, qui presentant sa playe au barbier…. souffre courageusement la sonde et la lancette. Du Vair, Medit. sur les Ps. de la Penitence, Ps. 31. — On se print à parler du mal des dents et des Barbiers qui les arrachent. Guill. Bouchet, 27e Seree (IV, 177). — Par ainsi se rendirent à la ville et chez un barbier, et le fit fort curieusement penser, dont il se guérit. Brantôme, Disc. sur les Duels (VI, 341). — Voilà mon maistre qui s’est blessé en une jambe ; il faut que je luy aille querir un barbier pour le penser. id., ib., (VI, 483).

Le Roy des Barbiers. — Le Roy des Merciers avoit l’œil sur les poids, aulnes et mesures des Marchands. Le Roy des Barbiers, sur tous les autres Barbiers, ores qu’ils fussent passez maistres en leur mestier. E. Pasquier, Recherches, VIII, 44.

Barbier d’estuves. — Je suis fort bon barbier d’estuves, Pour raser et tondre maujoint. Anc. Poés. franç., I, 84.

Barbier de maujoinct. — Le pape Calixte estoit barbier de maujoinct. Rabelais, II, 30.

Gloire de barbier, glorieux barbier. Dans ces expressions proverbiales, gloire signifie vanité, et glorieux vaniteux. — S’il [le duc de Guise] trouve un marchand par la rue, Le gueux, la vieille, ou l’artisan, Surtout un Prestre, il les salue ; Mais s’il rencontre un Courtisan, Il saute à bas le premier, voire Deust il descendre en un bourbier, Et si cela se faict par gloire, Ce n’est pas gloire de barbier. Aubigné, Pieces Epigrammatiques, 6. — Pourquoy dit-on glorieux barbier ? Beroalde de Verville, le Moyen de parvenir, Consistoire (II, 77).

Lexive de barbier. — Prenez chaux vive trois livres… laquelle sera esteinte en un sceau de lexive de Barbier. Ambr. Paré, XXV, 32.

Barbiere. — Mardon, et Cardion, eunuques de Cleopatra, et… Irades sa barbiere, qui estoient les principaulx personnages par lesquelz Antoine se gouvernoit. Seyssel, Guerres civiles, L. IV extraict de Plutarque, ch. 2. — Et y en a eu aucuns qui y ont laissé la marchandise, le navire, la chair et les oz, si doucement la barbiere a sceu mener le rasoir. Le Maçon, trad. de Boccace, Décaméron, VIII, 10. — Estant fort beau jeune homme, advint qu’une de ces barbieres qui se faisoit nommer madame Blanchefleur… jecta l’œil sur luy. id., ib.

Barbiere d’estuves. — Fort bonne barbière d’estuves Pour raser et tondre le cas. Anc. Poés. franç., I, 103.