Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Apostre

Éditions Édouard Champion (Ip. 243).

Apostre. On n’y cognoist Dieu pour les Apostres (proverbe). — Aulieu d’adresser les hommes à Jesus Christ, pour avoir accés à Dieu le Père en uses leurs prieres, on les envoye confusement à sainctz et à sainctes. En sorte (comme le proverbe commun le testifie) qu’on n’y cognoist Dieu pour les Apostres. Calvin, Excuse de Jacques de Bourgogne, édit. Cartier, p. 45. — Cependant que les idoles ont la vogue et sont en usage, voila Dieu qui est obscurci. Et les Papistes mesmes confesseront bien cela en leur proverbe commun, quand ils disent, qu’on n’y cognoist point Dieu pour les Apostres. id., Serm. sur le Deuter., 80 (XXVII, 55). — Ce proverbe diabolique qu’ils tiennent entr’eux, On n’y cognoist Dieu pour les Apostres, a tesmoignage contr’eux qu’ils ont deschiré la gloire de Dieu comme chiens et en ont donné une piece decà et l’autre delà. id., Serm. de l’Ascension, 2 (XLVIII, 599). — Les petis enfans de la Papauté ont cela tout commun quand ils veulent delairer un meslinge confus, On ne cognoist point Jesus Christ pour ses Apostres (disent-ils). Aussi on le voit par experience entr’eux : car autant de nets qu’ils ont ou de sainctes, ce sont autant d’idoles qu’ils adorent. id., Serm. sur l’Harmonie Evangelique, 45 (XLVI, 560). — Les Papistes se condamnent par leur proverbe, quand ils disent qu’on ne cognoist point Dieu pour ses Apostres. Et de faict, ils ont tellement enseveli Jesus Christ qu’il est comme caché en ce monde. id., Serm. sur l’Epitre aux Galates, 5 (L, 330). — On a forgé une garenne d’intercesseurs et advocats, comme les papistes se condamnent de leur propre bouche, quand ils disent qu’on n’y cognoist point Dieu parmi les Apostres. id., Serm. sur la 1re à Timothee, 14 (LIII, 165).

(Fém.). Apostresse. — Quelle grace est celle que Dieu vous fait ! il vous rend apostresses, non en la dignité, ains en l’office et au merite. St François de Sales, Entretiens Spirituels, 6 (VI, 90).