Dictionnaire de la langue française du seizième siècle/Abismer

Éditions Édouard Champion (Ip. 12).
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Abismer. Faire disparaître, anéantir, effacer. — Je congnoy bien la tienne affection, Qui est d’Amour la Foy en ton desir, Pour abismer l’ennuyeulx desplaisir Qui te detient pour ung tien amy mort. P. du Val, Dial. du Contemnement de la Mort (Théâtre Mystique, p. 133). — Je ne pouroys sans Grace aulcun bien faire En tant que Grace abisme les forfaictz Des vrays croyans, en vray amour refaictz. id., Morallité à six personnages (Ib., p. 137). — En toute autre sumptuosité de faire jouer jeux, et donner festins publiques, il abysma, par maniere de dire, la magnificence de tous ceulx qui s’estoyent efforcez d’en faire auparavant. Amyot, César, 5.

(Intransitif.) S’abimer, s’engloutir. — Si que les nefz sans crainte d’abismer Nageoient en mer à vailles avollées. Marot, Ballades, 7. — Mais si d’un œil foudroyant elle tire Dessus mon chef quelque traict de son ire, J’abisme au fond de l’eternelle nuit. Du Bellay, l’Olive, 81. — Et quelqu’autre bien loing, en danger d’abysmer. id., Regrets, 34. — Voyant mon cher Seigneur au danger d’abysmer, me p]aist de courir une mesme fortune. id., ib., 49.